Les recherches anthropologiques modernes et la sociologie génétique - article ; n°1 ; vol.5, pg 591-600
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Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1904 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 591-600
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1904
Nombre de lectures 10
Langue Français

Extrait

Francesco Cosentini
Les recherches anthropologiques modernes et la sociologie
génétique
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, V° Série, tome 5, 1904. pp. 591-600.
Citer ce document / Cite this document :
Cosentini Francesco. Les recherches anthropologiques modernes et la sociologie génétique. In: Bulletins et Mémoires de la
Société d'anthropologie de Paris, V° Série, tome 5, 1904. pp. 591-600.
doi : 10.3406/bmsap.1904.7902
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1904_num_5_1_7902F. COSENTINI. — RECHERCHES ANTHROPOLOGIQUES ET LA SOCIOLOGIE GÉNÉTIQUE 591
LES RECHERCHES ANTHROPOLOGIQUES MODERNES ET LA SOCIOLOGIE
GÉNÉTIQUE
Par M. Francesco Cosentini.
Il y a entre les diverses sciences cette même connexion, ces mêmes rap
ports intimes, qu'on remarque entre les phénomènes qu'elles étudient.
Leibniz avait dit justement que les sciences, s'abrègent en s'augmentant.
En effet, on ne peut constituer un véritable organisme scientifique, une
explication suffisante et unitaire des phénomènes naturels et sociaux, que
si l'on compare et harmonise les résultats des sciences, qui., à plusieurs
égards, analysent le monde humain et naturel.
J'ai démontré dans mon cours de sociologie génétique, fait à l'Univers
ité Nouvelle de Bruxelles, qu'on peut ou plutôt qu'on doit effectuer cette
aiJe mutuelle, à l'égard de deux sciences, qui ont vouées leurs recherches
à l'étude très ardue de l'homme primitif et de la société primitive, l'anthro
pologie et la sociologie.
Je trouve que l'anthropologie peut fournir une contribution très pré
cieuse à l'étude de la société primitive et peut faire éviter les généralisa
tions trop arbitraires et trop hâtives de la sociologie génétique, car elle
apporte une analyse de faits positifs très bien documentée. Par contre la
sociologie génétique peut donner à ces faits une signification plus large,
les comparer avec les autres phénomènes de la société primitive, et peut
par suite nous présenter une vue d'ensemble plus exacte et plus complète.
A deux égards, l'anthropologie peut être utile à la sociologie généti
que : 1° par les recherches sur l'anthropologie préhistorique (palethno-
graphie) ; 2° par l'étude approfondie des peuples sauvages modernes.
Si les données palethnographiques, qui nous mettenten communication
plus directe avec le monde primitif, étaient complètes, la question
serait tout à fait résolue. Mais il est certain que ces données sont frag
mentaires, et par conséquent, si Ton veut les interpréter et les coordonner,
on doit faire le même effort que pour consulter un manuscrit mutilé,
aux caractères évanouis, rongé et moisi d'un bout à l'autre.
Mais l'anthropologie peut aussi étudier le passé dans le présent, com
parer les données fragmentaires préhistoriques à celles que nous offre
l'homme primitif par l'analogie frappante des conditions du milieu naturel
et social. A cet égard, l'anthropologie peut établir des comparaisons très
utiles entre l'homme paléolithique et néolithique et ces sauvages, qui
demeurent encore à l'âge de la pierre, ne faisant pas encore usage des
métaux.
Examinons donc quels résultats ces deux catégories d'investigations
anthropologiques apporteront à la pociologic génétique.
Avant tout, les données de la palethnologie ont contribué à résoudre
une question, très importante pour la sociologie génétique. 592 17 NOVEMBRE 1904
Dans le monde primitif, l'espèce humaine eut-elle un seul centre ou
plusieurs centres de formation ? Cette question a une très grande
importance pour la sociologie, car il s'agit de savoir si l'on peut donner
une seule explication et formuler une théorie unique, ou si, de même que
les centres de formation sont nombreux et différents, différentes et nomb
reuses doivent aussi être les formes de société, et les manières
suivant lesquelles l'homme s'est élevé de l'animalité primitive à la civi
lisation.
Le débat scientifique a été long et acharné. Les deux théories du mono--
génisme et du polygénisme se sont disputé le terrain. Il ne manqua pas non
plus une théorie conciliatrice, laquelle même acceptant la conception d'un
monogénisme originaire, a reconnu nécessaire d'admettre le polygénisme
à l'aube de la civilisation.
Certainement le besoin qu'a notre intelligence de réduire les faits à unité
de principe, de formuler une théorie harmonique, autant que possible, et
de donner ainsi une explication complète des faits, de même que le sou
venir d'une fausse tradition biblique, a conduit au monogénisme. Et
Haeckel, poussé de son monisme rigoureux, a construit l'arbre généalo
gique de l'espèce humaine, et a placé à la base de celui-là le couple pri
mitif, la lémurie.
Au contraire, il nous semble évHent, que le polygénisme est non seul
ement une conséquence logique de la théorie darwiniste, mais qu'il est con
firmé par les résultats de toutes les données préhistoriques.
Le polygénisme est une conséquence logique et immédiate du darwinis
me. En effet, si les variations successives, déterminées par l'adaptation
aux nouvelles conditions d'existence héréditaires, ont formé des races,
des variétés et enfin des espèces nouvelles, lorsque l'homme s'éloigna
de ses ancêtres anthropoïdes, il dut être soumis déjà à un procédé de
differentiation, qui permit la distinction des types et des variétés, qui,
en conservant leurs caractères particuliers, purent être considérés comme
de vraies races.
Les données scientifiques confirment notre induction logique. Si la
géologie a montré en toute partie de la terre la présence des couches
caractéristiques des époques tertiaire et quaternaire, dans lesquelles
l'homme fit son apparition, si la paléontologie a démontré qu'à chaque
époque géologique correspondent partout les mêmes espèces fossiles,
même en Amérique: pourquoi alors l'homme, qui est dérivé d'eux, a-t-il
dû naître, dans une seule région et non pas dans toutes ces régions,
qui présentent des restes fossiles de l'époque tertiaire et quaternaire?
C'est une donnée de fait irréfutable, que les précurseurs du genre
humain constituaient déjà une espèce répandue sur la terre et qu'ils devaient
déjà présenter de remarquables différences, conformément à la diversité
du milieu, où ils vivaient, et de leur dérivation.
La présence de l'homme dans toutes les parties de la terre est désormais
un fait incontestable, assuré par la pale.tmologie, qui démontre que le
genre humain ne se propagea pas, comme l'on croit généralement, de l'Asie CONSENTING — RECHERCHES ANTHROPOLOGIQUES ET LA SOCIOLOGIE GÉNÉTIQUE 593 P.
en Europe, mais que même l'Europe eut dans les temps préhistoriques
des centres de formation sociale; ou plutôt, les données phéhistoriques
les plus reculées, que nous connaissons à présent,, sont généralement celles
qui ont été observées en Europe.
Pour admettre l'unité originaire du genre humain, il faudrait admettre
les migrations. Mais il faut observer que l'homme primitif, ainsi que le
sauvage moderne, n'est pas à même d'émigrer, d'abord parce qu'il tend à
demeurer, où il a assuré son existence, ensuite parce que la migration ne
réussit que, lorsque l'homme a déjà connaissance de sa propre force, à
cause de l'organisation sociale, quand la population est devenue déjà
surabondante, et aspire à une amélioration de vie.
Les émigrations n'ont pu généralement pas se produire dans les temps
primitifs; elles sont déjà un indice de civilisation, et elles ont dû être effec
tuées à l'époque historique. Mais, quoi qu'il en soit, elles n'ont pu jamais
être accomplies à de grandes distances, comme les monogénistes le préten
dent, puisque les migrations arrivées à l'époque historique ne nous en don
ne

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