Les régulations sociales face au système industriel mondial - article ; n°120 ; vol.30, pg 823-846
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Description

Tiers-Monde - Année 1989 - Volume 30 - Numéro 120 - Pages 823-846
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marc Humbert
Les régulations sociales face au système industriel mondial
In: Tiers-Monde. 1989, tome 30 n°120. pp. 823-846.
Citer ce document / Cite this document :
Humbert Marc. Les régulations sociales face au système industriel mondial. In: Tiers-Monde. 1989, tome 30 n°120. pp. 823-
846.
doi : 10.3406/tiers.1989.3880
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1989_num_30_120_3880LES RÉGULATIONS SOCIALES FACE
AU SYSTÈME INDUSTRIEL MONDIAL
par Marc Humbert*
Comment une société peut-elle devenir industrielle! Telle est à notre
avis la question fondamentale posée à l'économiste par le monde contem
porain depuis que quelques sociétés ont ouvert la voie au xixe siècle,
suivies avec difficulté par d'autres, peu nombreuses, bien que certaines aient
montré, ces dernières années, que cela était encore possible — et ceci en
dépit d'analyses économiques et idéologiques pour le moins contradict
oires — , mais alors que la majorité d'entre elles sur la planète semble
s'épuiser à trouver le chemin de l'industrialisation et que près d'un milliard
d'hommes luttent toujours dans des conditions misérables pour une survie
précaire. Pour mieux cerner la réponse à donner à cette question, cet article
expose les grandes lignes d'un essai de théorisation.
Après avoir situé, principalement par rapport aux théories de la régu
lation1 notre problématique et les travaux qu'elle a suscités, trois éléments
originaux constitutifs de cette problématique seront présentés successive
ment : l'analyse de l'évolution des « forces productives », le recours à
l'approche systémique et la définition du concept de Système industriel
mondial. Des exemples tirés d'une part d'analyses réalisées sur l'industrie
électronique mondiale, d'autre part concernant le Mexique et l'Europe
illustreront ensuite notre propos.
UNE PROBLÉMATIQUE ET DES TRAVAUX ORIGINAUX
Dans le cadre du gerdic, nous menons des travaux qui s'inscrivent à
l'intersection de trois champs de recherche tels que les définissent l'Economie
* Professeur à l'Université de Rennes I, gerdic/ua cnrs 1240.
1 . Ce texte a servi de base à une communication présentée au colloque sur la Théorie de la
Régulation, Barcelone, juin 1988, à la session sur les Enjeux sociaux de la Technologie.
Revue Tiers Monde, t. XXX, n" 120, Octobre-Décembre 1989 MARC HUMBERT 824
industrielle, l'Economie du Développement et l'Economie internationale.
Nous avons eu l'occasion de partager ce domaine de préoccupation avec
des membres du cernea, pour une recherche collective menée entre 1983
et 1987 ayant donné matière à publication d'un ouvrage Les Tiers Nations
en mal ďindustrie (1988). Notre problématique y a été retenue dans son
aspect central mais avec des compléments et des amendements que nous
approuvons parfois complètement, parfois partiellement, avec lesquels,
dans quelques cas peu nombreux, nous sommes en désaccord. Chacun, cet ouvrage, garde sa part de jugement et d'analyse même si un
accord s'est réalisé sur des hypothèses fortes et les travaux à poursuivre
tant pour compléter une construction théorique que pour développer des
analyses empiriques, comme il se doit toujours dans une démarche collective.
Au cœur de notre problématique s'inscrit l'orthogonalité fondament
ale à maîtriser par toute politique (ou stratégie) industrielle (ou d'indust
rialisation) et dont l'importance a été présentée voici déjà quelque temps
(par exemple Humbert, 1981 et 1986). Dans l'ouvrage collectif cité ci-dessus,
on peut lire des textes très explicites d'adhésion à cet aspect central. Philippe
Hugon écrit par exemple :
« "Les Tiers Nations en mal d'industrie" sont au cœur de la
confrontation de deux logiques et dynamiques propres : celle de méso
systèmes productifs trouvant leur cohérence et dynamique à l'échelle
mondiale, même si ce processus est inégalement achevé selon les filières,
et celle des systèmes socionationaux aux cohérences et finalités spéci
fiques, aux pouvoirs inégaux et aux capacités organisationnelles diffé
rentes, même si les "Etats-Nations" sont des espaces très inégalement
achevés de cohérence sociétale » {op. cit., p. 8).
Jacques de Bandt, dans un texte que nous co-signons, précise
« Volonté nationale, finalité sociale, la politique d'industrialisation
née dans cette logique horizontale se heurte cependant à la logique
verticale du système industriel et à son évolution mondiale » {op. cit.,
p. 107).
Cette orthogonalité ouvre en outre un champ empirique d'analyse
spécifique qui exige de définir et étudier un système industriel mondial,
peut-être des industries mondiales, leur fonctionnement, leur impact sur
les systèmes socionationaux, et leur relation avec le Système industriel
mondial. Vaste programme assurément, dont, après dix années de travail,
les résultats restent encore limités à faire valoir. Ils sont principalement liés
à une approche originale de l'histoire économique contemporaine et des
mutations technologiques mondiales servant de cadre aux analyses nom- LES RÉGULATIONS SOCIALES FACE AU SYSTÈME INDUSTRIEL MONDIAL 825
breuses et fouillées sur l'industrie électronique menées par plusieurs
chercheurs, avec des collaborations extérieures à notre Centre de
recherche, ainsi qu'à quelques travaux spécifiques sur quelques Tiers
Nations (Mexique depuis longtemps, Brésil et Chine en cours, Cameroun).
Ils ont donné lieu à beaucoup d'articles de revue, à de nombreuses commun
ications à des colloques, à des thèses, et ce qu'il importe de souligner, c'est
l'existence d'une masse importante de recherches sur ce domaine au cours
d'une période déjà longue, en parallèle avec des approches macro-écono
miques en termes de régulation dont elles semblent, à l'évidence, assez
éloignées.
Notre approche a longtemps paru et paraît certainement encore à
nombre de « régulationistes » comme inutile et vraisemblablement fausse.
En effet, quand l'approche régulationiste ambitionne de construire une
alternative à la théorie de l'équilibre général, elle prétend devenir le nouvel
« alpha et oméga », la nouvelle théorie économique dominante exclusive
de toute autre. Persévérer à travailler ailleurs pourrait alors paraître
comme un non-sens, à moins que ne soit reconsidéré ce caractère exclusif.
En effet, d'autres, comme nous, travaillent en parallèle à « la régulation »,
souvent en estimant cette approche pour la gigantesque quantité de travail
réalisé et pour « la théorie » qu'elle a produite. En outre on observe un
foisonnement des conceptions régulationistes et des problèmes qu'elles
veulent résoudre. Il faut aussi, par exemple, concilier certains énoncés tels
que « la » et « les » crise(s) d'aujourd'hui, le fait qu'il existe « des
échanges inter-systèmes productifs [nationaux] mais pas de marché mond
ial » (Gérard de Bernis, 1987, p. 946) avec l'affirmation de « la désar
ticulation interne des économies nationales des pays industrialisés » (ibid.,
p. 1084), et encore la nécessité dans Aspects de la crise (cepremap, 1987,
p. 49) de faire figurer que « la Nation n'est plus l'espace sur lequel
s'opère l'ajustement entre normes de production et consommation » (et
toutes les liaisons notées « II ») ou enfin dans Technical change and the
theory of a regulation » (Robert Boyer, 1987, p. 24, p. 34) de devoir parler
de « new industrial system » et se confronter aux résultats de Science
and technology researches. Il y a là quelques aspérités citées parmi d'autres
qui pourraient inciter à des ouvertures, quelques regards croisés qui être jetés sur d'autres approches, ce à quoi tend d'ailleurs égale
ment un ouvrage synthétique de R. Boyer (1986).
Certes, « le chercheur en économie est peu enclin à changer de système
d'interprétation; au contraire, il est incité à persév

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