Les Tamang vus par l un d eux - article ; n°1 ; vol.6, pg 27-58
35 pages
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Les Tamang vus par l'un d'eux - article ; n°1 ; vol.6, pg 27-58

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Description

L'Homme - Année 1966 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 27-58
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Alexander William Macdonald
Les Tamang vus par l'un d'eux
In: L'Homme, 1966, tome 6 n°1. pp. 27-58.
Citer ce document / Cite this document :
Macdonald Alexander William. Les Tamang vus par l'un d'eux. In: L'Homme, 1966, tome 6 n°1. pp. 27-58.
doi : 10.3406/hom.1966.366754
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1966_num_6_1_366754LES TAMANG
VUS PAR L'UN D'EUX
par
ALEXANDER W. MACDONALD
Quinze ans après l'ouverture du Népal à la recherche occidentale, nous ne
possédons toujours qu'une monographie ethnographique professionnelle sur une
collectivité de l'arrière-pays : celle du professeur Ch. von Furer-Haimendorf qui
traite des Sherpa de la région de Solu-Khumbu1. C'est peu de chose lorsqu'on
considère les dimensions et la fragmentation culturelle d'un terrain physiquement
difficile d'accès et qui exige des chercheurs une formation linguistique sérieuse.
Par exemple, les informations en langues occidentales que nous possédons sur
les Tamang sont en général d'une qualité médiocre2. La contribution la plus
sérieuse à notre connaissance de ce groupe ethnique, parue ces dernières années,
est sans doute celle du même professeur von Furer-Haimendorf, Ethnographie
Notes on the Tamangs of Nepal3. Cependant, cet article ne concerne que les Tamang
qui vivent à l'est de Kathmandou ; or de nombreuses collectivités tamang habitent
aussi les régions au sud, à l'ouest et surtout au nord-ouest de la capitale4.
Compte tenu de la faiblesse de nos informations, il paraît utile d'attirer
l'attention sur un petit livre susceptible d'intéresser à la fois les ethnologues et
les tibétologues, intitulé Tambâ kaiten5 : son sous-titre népalais «■ Généalogie,
mœurs, coutumes et chansons des Tamang » en précise le contenu. Le livre a été
publié à Darjeeling en 19596 et son auteur, Sri Santabïr Làmâ (Pâkhrin), qui fut
longtemps gouverneur d'Ilâm, est actuellement, si je ne me trompe, membre du
National Panchayat7. L'auteur paraît ignorer le tibétain ainsi que l'anglais et il
m'a semblé utile, en rendant compte de son livre, d'indiquer brièvement, en notes,
certaines correspondances tibétaines qui aideront peut-être à mieux comprendre
les sources tibétaines de la culture tamang. Ce faisant je ne cherche pas à nier
les influences hindoues qui ont agi sur la même culture.
* En raison de leur importance les notes de cet article sont reportées in fine. 28 A. W. MACDONALD
D'où vient la dénomination Tamang ? En anglais on écrit Tamang ou
Thamang8. D'autre part le mot Murmi est utilisé pour désigner le même groupe
ethnique dans certaines sources anglaises, qui s'appuient souvent sur des info
rmations recueillies dans l'est, en particulier à Darjeeling, hors du Népal politique.
En fait Murmi n'est peut-être qu'une appellation tibétaine désignant les « gens
de la frontière » {mur « à la frontière » -J- mi « homme »)9. Le professeur von Fùrer-
Haimendorf n'a pas entendu le mot Murmi employé spontanément au Népal
même10 et mes propres sondages confirment cette impression11. En népâli on écrit
Tamang, Tâmâng ou Tamang12. G. N. Roerich, dans un article intitulé Problèmes
fondamentaux de la linguistique tibétaine1*, écrit : « Tamang signifie cavalerie
(rta-mans) ». C'est un lapsus étrange car mans, parfait de man-ba, signifie « être
riche en, avoir beaucoup de » : il faudrait traduire rta-mans par « riche en chevaux »
et non par « cavalerie ». Certes man est employé comme pluriel dans la langue
vulgaire mais rta-man signifie « de nombreux chevaux » et nullement « cavalerie ».
D'ailleurs, de nos jours, les Tamang ne sont renommés ni comme éleveurs ni comme
cavaliers. A propos de la remarque de Roerich, on relève avec intérêt que son
collaborateur tibétain Dge' dun chos'phel écrit dans son Deb ther dkar-po (fol. 12a),
publié à Lhasa en 1946, que rta-man serait une déformation de rta-dmag « armée
de chevaux », c'est-à-dire « cavalerie »14.
* * *
Nous passerons sous silence la préface du Tambâ kaiten et nous commencerons
par donner en traduction de larges extraits de l'introduction (p. k.-jh), où l'auteur
explique en népâli les buts de sa publication. Ceux-ci, nous le verrons, sont essen
tiellement pratiques et nous ne ferons pas ici grief à l'auteur, folkloriste militant,
de ne pas avoir écrit un livre d'ethnologie. Laissons-le parler :
« Depuis une vingtaine d'années je me suis appliqué à recueillir des traditions
(paramparâ) , des généalogies (vamsâvali) et des renseignements oraux concernant
les mœurs et coutumes (rimthim) du peuple (jâti) des Tamang. J'ai recherché
d'où vient leur Bouddhisme et quel est leur pays d'origine. J'ai réussi à me procurer
quatre livres (pustakharu) en écriture tibétaine et en langue tamang. Ces livres
s'appellent Tambâ kaiten, Ruichen cyopge, Jikten tâmchyo et Ramâ. J'ai entendu
dire qu'il en existe d'autres.
» Tambà signifie ' poète ' et ' historien ' (kavi ra itihâskâr) et kaiten ce que
le poète écrit après réflexion (tambâle bicâr garï lekhekâ), ce qui explique le titre
du livre Tambâ kaiten15. Rui signifie jât16 et chen ' nom '. Cyopge signifie ' dix-
huit '. La généalogie (vamsâvali) qui traite des Dix-huit jât des Tamang s'appelle
donc Ruichen cyopge1'1. Jikten veut dire ' somme, essence de la religion ' et tâmchyo
' livre de discours ' (kurâko fiustak) . Le livre où est consigné l'essentiel de la religion
s'appelle donc Jikten tâmchyo18. Ramâ (gïtko tàl-sur : tâl ' battement des mains ' -f- LES TAMANG VUS PAR L UN D EUX 2O,
sur ' note de musique, mélodie, accord musical ') est un livre qui contient des
chants rythmés chantés à l'occasion des mariages19.
» Dans le Tambd kaiten sont donnés des témoignages concernant les mœurs et
coutumes des Tâmang.
» Dans le Ruichen Cyoftge sont décrits les jât et les divinités familiales (kulde-
vatâ)20 des Tâmang.
» Dans le Jijten tâmchyo est racontée l'origine de la création et de la
nature.
» Dans le Ramâ sont rapportées des chansons en langue tâmang.
» En dehors des quatre livres qui viennent d'être mentionnés, les hvâi21
relatent d'importantes traditions et histoires du peuple tâmang. Les paroles
des hvâi ne plaisent pas seulement aux Tâmang mais à quiconque prend plaisir
à la musique. On y trouve des données sur la religion, la vie sociale, l'ascèse, sur
les espoirs, les rêves, l'imagination des Tâmang ainsi que les solutions de certains
problèmes.
» Parmi les chansons des anciens villages du Népal, celles des Tâmang ne sont
pas seulement intéressantes et belles, elles sont également instructives. On les
apprécie dans la société népalaise. Le Tambâ qui composa ces chansons les conserva
pour sa propre tâmang. Il est du devoir de chaque Tâmang de rechercher
les hvâi composés par les Tambâ. En parler tâmang on ne dit pas gît mais hvâi.
Lors des réunions, au lieu de dire : ' Chantons des chansons ' les Tâmang disent :
' Hvâi gogo '.
» La musique ne fait pas seulement plaisir à la race humaine, elle diffuse la
culture, les devoirs de caste, la religion, et les obligations de travail. Les indi
vidus qui n'y prennent pas plaisir sont peu nombreux dans ce monde. Chaque
jât a sa musique propre ; cet art est le miroir et l'ornement de la race humaine.
L'homme des temps anciens chantait la nature ; le temps passant, on composa
des chants, on les recueillit, on en fit le Ved22, et partant du Ved on les
Sâstra et les Purâna, etc.
» Le pays d'origine (kendrasthdn) des Tâmang se trouve dans East nos 1, 2 et 3
et dans West nos i et 2. J'ai envoyé des hommes à l'est, à l'ouest et dans la vallée
de Kathmandou pour qu'ils s'informent des traditions, des mœurs et coutumes
et des hvâi des Tâmang, et je publie ici le résultat de l'enquête. Bien qu'il y ait
des différences dans le parler des habitants des districts de l'est et de l'ouest,
à Sindhu P

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