Les techniques de planification de la santé : Comment progresser ? - article ; n°3 ; vol.1, pg 41-74
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Sciences sociales et santé - Année 1983 - Volume 1 - Numéro 3 - Pages 41-74
Jérôme Dumoulin : Les techniques de planification de la santé. Comment progresser ?
Cet article critique la sophistication des méthodes de planification de la santé préconisées pour le Tiers-Monde, à partir de la situation de la République du Congo. L'épidémiologie est jugée peu utile, car d'autres critères de nature variée orientent nécessairement les choix de priorités et la définition de programmes. Le recensement des moyens médicaux souligne uniquement les pénuries et occulte les problèmes structurels. Ceci aboutit à multiplier les équipements pour tenter de rattraper le modèle de la médecine occidentale, sans diagnostiquer la nature des problèmes concrets, donc sans pouvoir atteindre le modèle ni proposer d'alternative. En matière d'hygiène et d'action médico-sociale, sont également proposées des normes irréalistes. La planification de la santé apparaît plus un discours incantatoire sur la santé et la médecine qu'un moyen opératoire pour élever le niveau de santé.
Jérôme Dumoulin: The technics of health planification. How to progress?
Using the situation of the Republic of Congo as a starting point this article criticizes the sophistication of the health-planning methods recommended for the Third World.
Epidemiology is thought to be of little use because other criteria of various kinds necessarily determine the choice of priorities and the definition of programmes. A survey of medical means only emphasizes the shortages, and fails to show structural problems. The outcome is a multiplication of equipments in order to try to catch up with the model of occidental medicine, without diagnosing the nature of concrete problems, and therefore doesn't suggest any other alternative.
As far as hygiene and médico-social action are concerned, unrealistic norms are also proposed. Health planification appears as being more an incantatory discourse on health and medicine than an effective means of rising the health standard.
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jérôme Dumoulin
Les techniques de planification de la santé : Comment
progresser ?
In: Sciences sociales et santé. Volume 1, n°3-4, 1983. pp. 41-74.
Abstract
Jérôme Dumoulin: The technics of health planification. How to progress?
Using the situation of the Republic of Congo as a starting point this article criticizes the sophistication of the health-planning
methods recommended for the Third World.
Epidemiology is thought to be of little use because other criteria of various kinds necessarily determine the choice of priorities and
the definition of programmes. A survey of medical means only emphasizes the shortages, and fails to show structural problems.
The outcome is a multiplication of equipments in order to try to catch up with the model of occidental medicine, without
diagnosing the nature of concrete problems, and therefore doesn't suggest any other alternative.
As far as hygiene and médico-social action are concerned, unrealistic norms are also proposed. Health planification appears as
being more an incantatory discourse on health and medicine than an effective means of rising the health standard.
Résumé
Jérôme Dumoulin : Les techniques de planification de la santé. Comment progresser ?
Cet article critique la sophistication des méthodes de planification de la santé préconisées pour le Tiers-Monde, à partir de la
situation de la République du Congo. L'épidémiologie est jugée peu utile, car d'autres critères de nature variée orientent
nécessairement les choix de priorités et la définition de programmes. Le recensement des moyens médicaux souligne
uniquement les pénuries et occulte les problèmes structurels. Ceci aboutit à multiplier les équipements pour tenter de rattraper le
modèle de la médecine occidentale, sans diagnostiquer la nature des problèmes concrets, donc sans pouvoir atteindre le modèle
ni proposer d'alternative. En matière d'hygiène et d'action médico-sociale, sont également proposées des normes irréalistes. La
planification de la santé apparaît plus un discours incantatoire sur la santé et la médecine qu'un moyen opératoire pour élever le
niveau de santé.
Citer ce document / Cite this document :
Dumoulin Jérôme. Les techniques de planification de la santé : Comment progresser ?. In: Sciences sociales et santé. Volume
1, n°3-4, 1983. pp. 41-74.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/sosan_0294-0337_1983_num_1_3_947Sociales et Santé - n° 3-4 - Septembre 1983 Sciences
LES TECHNIQUES DE PLANIFICATION
DE LA SANTÉ : COMMENT PROGRESSER?
Jérôme Dumoulin*
Sous de nombreuses impulsions, en particulier de la part
de l'Organisation Mondiale de la Santé, les méthodes de
planification de la santé dans le Tiers-Monde se sont beau
coup développées et affirmées, à tel point que cette planifica
tion semble disposer des outils qui lui permettent de remplir
ses objectifs : organiser l'élévation maximum du niveau de
santé d'une population pendant une période pluriannuelle.
Mais lorsqu'on dresse un bilan des expériences de planifica
tion de la santé, on peut y voir des insuffisances méthodolog
iques et des problèmes tenant aux contradictions des pays
concernés [1]. Ce bilan décevant tient-il à l'utilisation de
méthodes de planification trop frustes qui n'utilisent qu'un
petit nombre de paramètres ou bien n'y a-t-il pas d'autres
causes ?
Le problème est plutôt que les techniques médicales et
planificatrices sont dans l'incapacité d'élever significative-
ment par elles-mêmes le niveau de santé dans un pays :
« l'amélioration de la santé n'est pas une question de technol
ogie — même si elle peut y contribuer — mais s'inscrit
comme un choix politique qui oriente l'ensemble du projet
politique d'une société » [8].
Ce préalable ne concerne pas seulement la
santé, il touche l'ensemble du développement : « Les techni
ques de planification mises en œuvre dans le Tiers-Monde
depuis plus de dix années ont été incapables d'entraîner le
moindre changement fondamental » [2]. Les progrès décisifs
ne peuvent se produire que lorsque survient une évolution
profonde de l'ensemble de la société.
* Economiste, IREP - Développement, C.N.R.S., B.P. 47X, 38040 Grenob
le Cedex. JÉRÔME DUMOULIN 42
Doit-on pour autant se désintéresser des techniques de
planification de la santé en considérant qu'elles n'ont pas
d'importance? Certainement pas, pour au moins les raisons
suivantes :
1 - La plupart des pays affichent une volonté de réaliser une
évolution profonde de leur société; aucun dirigeant d'un
pays du Tiers-Monde ne peut affirmer que la situation de son n'appelle pas ces évolutions. Bien que la nature des
évolutions souhaitées soit très variable, et que ces orienta
tions se traduisent inégalement dans les faits, le planificateur
ne peut nier l'existence de cette intention et il doit disposer
des outils permettant de la mettre en œuvre.
2 - Qu'une évolution profonde se réalise ou ne se réalise pas
dans un pays, il existe toujours des degrés de liberté pour
faire évoluer un domaine particulier : tout n'est pas entièr
ement déterminé par la situation générale d'un pays. En
outre, puisque les degrés de liberté sont d'autant plus import
ants que les évolutions sont profondes, il faut encore plus,
dans ce cas-là, disposer de moyens pour déceler ce qu'il est
possible de faire.
3 - Le volontarisme politique ne suffit jamais à faire sauter
toutes les contraintes, toutes les pénuries. Celles-ci doivent
être précisément évaluées dans tous les cas pour pouvoir
identifier les actions et séquences d'actions les plus efficaces.
4 - La planification pragmatique (voir [13]), fondée sur l'i
ntuition et l'expérience, a pour inconvénient qu'elle a ten
dance à être soumise à l'influence de groupes de pression
puissants (les classes dominantes, le corps médical, les firmes
médico-pharmaceutiques poussent au développement des
soins spécialisés, par exemple). De ce fait, les conceptions des
planificateurs reflètent ces intérêts spécifiques, et les déci
sions prises s'appuient sur des informations et des analyses
partiales.
On a donc besoin de méthodes de planification de la
santé, même si l'efficacité de ces méthodes dépend fortement
de l'ampleur des évolutions qui transformeront la société
concernée. Quelles méthodes faut-il alors utiliser? Ces
méthodes ne doivent pas simplement accompagner le déve
loppement spontané tous azimuts des services sanitaires : ces
services marchent en général très mal et l'ampleur des pro
blèmes n'est pas à leur mesure. Il faut donc disposer de
méthodes pour élaborer d'autres stratégies.
Les élargissements des méthodes les plus couramment
proposés (par exemple par l'école de santé publique de San- TECHNIQUES DE PLANIFICATION DE LA SANTÉ 43
tiago et la Pan American Health Organisation) semblent cor
respondre à ces besoins. Ils s'orientent dans plusieurs
directions :
— recherche d'une plus grande rationalité de la démarche
par une meilleure articulation des étapes que sont l'analyse
de la situation, la définition des objectifs, la définition des
moyens, la mise en œuvre du plan et l'évaluation de ses
résultats ;
— utilisation de disciplines scientifiques de plus en plus
nombreuses : santé publique, calcul économique, sociologie,
analyse de système, statistique, informatique, etc.. ;
— domaine couvert par la planification plus vaste : on passe
des investissements médicaux hospitaliers à l'ensemble des
éléments des services médicaux, puis à des él
éments qui ont une influence sur la santé.
Ces élargissements méthodologiques peuvent remettre
en cause une certaine conception de la planification de la
santé qui consiste à organiser le développement des services
médicaux préventifs et curatifs pour mettre en avant une
conception de la santé beaucoup plus large où celle-ci n'est
pas simplement l'envers des maladies identifiées et où une
politique de santé est un aspect de l'ensemble des politiques
(par exemple, les politiques des revenus, de l'emploi, du
développement, etc. peuvent &#

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