Les voyelles nasales des langues léchites - article ; n°1 ; vol.5, pg 24-37
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Description

Revue des études slaves - Année 1925 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 24-37
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1925
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Prince N. S. Troubetzkoy
Les voyelles nasales des langues léchites
In: Revue des études slaves, Tome 5, fascicule 1-2, 1925. pp. 24-37.
Citer ce document / Cite this document :
Troubetzkoy N. S. Les voyelles nasales des langues léchites. In: Revue des études slaves, Tome 5, fascicule 1-2, 1925. pp. 24-
37.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1925_num_5_1_7329LES VOYELLES NASALES
DES LANGUES LÉCHITES,
РАН
LE PRINCE N. TROUBETZKOY.
I
En polonais littéraire les consonnes nasales ne sorft pas admises
devant certaines consonnes. La langue moderne ne présente des
consonnes nasales que devant des occlusives, et en principe l'o
cclusion de la nasale se produit au même endroit que celle de
l'occlusive suivante : kont, domb, аоща. Les semi-occlusives présen
tent une occlusion moins énergique que les occlusives, et devant с ,
dz, é, dí ľocclusion de la nasale est toujours plus faible que devant
t, d. Ce relâchement de ľocclusion des nasales se traduit par une
faible nasalisation de la voyelle précédente, du moins de la partie
finale de cette voyelle : zujoônc, doôâé. Devant les spirantes, qui
ne comportent aucune occlusion, les consonnes nasales ne sont pas
du tout admises, mais, en revanche, ce n est que devant les spi
rantes qu'apparaissent les vraies voyelles nasalisées : vos, dôzyé,
vô%ac , jînâsy , ïstyqkt, тйкик, etc. Les liquides latérales, l, l, pré
sentent une occlusion incomplète, car les parties latérales de la
cavité buccale restent ouvertes; devant ces liquides l'ancienne
langue semble avoir aussi admis des voyelles nasalisées (*vzfił,
*zglmli) M, tuais pas de consonnes nasales.
On voit donc que la place et le degré de ľbcclusion des con
sonnes nasales préconsonantiques dépendent exclusivement de
l'articulation de la consonne suivante : si cette dernière comporte
une occlusion énergique, la nasale est forte; — si la consonne
suivante comporte une occlusion faible, la nasale est faible aussi;
(l> La lanjju« moderne présente dans cette position des voyelles non nasalisées.
Revue des Eludes slaves, tome V, ідзб, fasc. 1-2. VOYELLES NASALKS DES LANGUES LECHITES. 25 LES
— et si la consonne suivante ne comporte pas d'occlusion du tout,
la nasale est articulée sans occlusion et, par conséquent, se réduit
à la nasalisation de la voyelle précédente. Ce n'est que l'abaiss
ement du voile du palais qui est essentiel pour la nasale préconso-
nantique : tout le reste dépend du caractère de la consonne sui
vante. Comme la place et l'existence même de l'occlusion de la
nasale préeonsonantique dépendent du contexte phonétique, le
sentiment subjectif du sujet parlant en fait abstraction : pour un
Polonais les premières syllabes de mois tels que dom-browa, doy-
ga, dô-iyè sont identiques. Les groupes on, обп, oôti, оц, от, б
devant consonnes s'unissent dans la conscience du sujet parlant en
une seule image phonologique, en un seul « phonème ».
A la fin des mots les rapports sont autres. Ici le caractère de la
nasale ne dépend pas des conditions phonétiques extérieures : dans
koń,za-kon, vil-кот (datif pluriel), ре-кб (3е personne du pluriel),
les groupes -on, -on, -от, -б sont pour le sujet parlant des pho
nèmes indépendants. C'est avec l'un de ces quatre phonèmes [Ań,
An, Am, vi) que la conscience linguistique est obligée d'identifier
le phonème « voyelle -f- consonne nasale préeonsonantique ». La
conscience linguistique polonaise l'identifie avec A. De là une par
ticularité de la conception des « voyelles nasales » en polonais :
un Polonais sans connaissances phonétiques spéciales perçoit la
première syllabe du mot kontek comme identique à la dernière syl
labe du mot рекб, tandis qu'un étranger l'aurait identifiée avec la
dernière syllabe du mot zakon^. De là aussi la graphie polonaise
kąt, pętać, dąb, pępek, dągn, гфа^, graphie capable d'induire en
erreur ceux qui ne connaissent le polonais que par l'écriture.
О Notons cependant que cette perception des croupes « AN -j- consonne » comme
« A -f- consonne» n'est possible que dans les cas où le groupe AN n'est pas partage
en deux parties par l'analyse étymologique : bien que éenk'i «mince» renferme le
même groupe -enk- que rvnk'i « de la main» , ce groupe est perçu dans renki comme
« ë -j- k » et dans éenk'i comme « en -j- k » , parce que ссЛк'і s'associe avec éeûutk'i ,
сешупу. Il arrive même qu'une voyelle réellement nasalisée est perçue comme
voyelle pure suivie d'une consonne nasale :.par exemple sj'Tslvo »cochonnerie»,
perçu comme áf'in-stwo par association avec ij'ina. C'est que la langue est non seu
lement un système de phonèmes, mais aussi un système de représentations mor
phologiques, et que ces deux côtés de la conscience linguistique ne peuvent être
séparés l'un de l'autre que par une abstraction théorique.
(î) Dans les mots étrangers empruntés à date récente , les groupes « voyelle -f- na
sale préconsonanlique », aussi bien que les voyelles vraiment nasalisées, sont rendus
par des graphies «étymologiques» : banka, bronz (=řmz), komfort (= krJfort) , etc.
Il en est de même pour les cas où l'analyse morphologique coupe en deux la voylle
nasalisée ou le groupe «AN» : warunki (cf. warun-ek), cienki (cf. cien-iutki),
świńttwo (cf. éwinia = if 'іп-а). 26 PRINCE N. TROUHKTZKOY.
Les rapports phonétiques décrits ci-dessus n'existent pas seul
ement dans le polonais littéraire, mais aussi dans la majorité des
parlers populaires polonais. Cependant, il y a certains parlers où
les consonnes nasales ne sont pas admises même devant les occlu
sives et les semi-occlusives , et où les voyelles nasalisées apparaissent
non seulement devant les spirantes mais aussi devant les occlu
sives <;t les semi- occlusives : zôp, zajôc, dôga, etc. K. Nitsch
signale cette prononciation au Sud — on Silésie, dans la région
des Carpalhes, et au Nord-Ouest — en Prusse occidentale (plus
exactement, entre le cours inférieur de la rivière Sępolna
et le cours supérieur de la Janka) et dans certains parlers de
la Mazovie (Encykl. polska, Jeżyk polski, II, p. 268). Entre le
type zôp, kôt, dôga, d'une part, et zomp, kont, donga,de l'autre,
il y a encore une prononciation intermédiaire : zômp, kônt,
dônga, dont il est difficile de fixer exactement les limites géogra
phiques.
Qui'l est le rapport génétique entre les trois types zôp, zômp et
zomp? Est-ce zôp qui, par l'intermédiaire de zômp, s'est transformé
en zomp, ou, au contraire, zomp qui est devenu zôp en passant par
zômp? Pour répondre à cette (juestion, il faut examiner le con
texte dans lequel les trois types en question apparaissent dans les
parlers polonais, (let examen nous apprend que tous les parlers
silésiens connaissant le type zôp remplacent le groupe voyelle -\- con
sonne nasale à la fin des mots par des voyelles nasalisées (spyvô
— śpiewam, s %tt>pà = z chłopem, etc.; voir K. Nitsch, Materjaty
i prace Komisji jfíiykowcj , IV, p. 160), que certains parlers mazo-
viens connaissant le lypezôy; changent les voyelles pures en voyelles
nasalisées devant les сомѕоппеѕ nasales і^іш mëm iänku — o тут
wianku, etc.), et <[ue l'on peut en dire autant de certains parlers
présentant le type zômp (ainsi p. ex. des parlers «kujaves», pour
lesquels K. Nitsch cite les formes zômp, b"oéôn, Encykl. polska,
И, р. 397). Ces faits indiquent clairement que le type zôp est issu
de zômp et ce dernier de zomp. Les voyelles nasalisées existant
déjà dans le système phonétique de la langue (à la fin des mots et
devant les spirantr\s), certains parlers ont tendu à nasaliser aussi
les voyelles pures devant les consonnes nasales. Cette tendance
générale se manifestait de manière différente selon le dialecte :
dans certains parlers la « nasalisation secondaire » se produisait
devant toutes les nasales [zomp > zômp , spevam > spçrôm , s'a no >
.svïwo); dans d'autres, seulement devant les nasales finales (xprvôm,
— mais zomp, .vmo), — dans d'autres encore, devant les nasales LES VOYELLES NASALES DES LANGUES LECHITES. 27
non suivies de voyelles [spevom, zômp, — mais

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