Localisations industrielles et bassins d emploi - article ; n°2 ; vol.3, pg 375-394
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Espace, populations, sociétés - Année 1985 - Volume 3 - Numéro 2 - Pages 375-394
La politique gouvernementale de décentralisation, le déclin des vieilles régions industrielles, la crise et les politiques de redéploiement des entreprises ont produit une nouvelle géographie industrielle de la France. Les caractéristiques des bassins d'emploi sont devenues le facteur majeur des stratégies de localisation, en particulier l'intérêt pour les bassins d'emploi ruraux. Les villes industrielles ne sont pas toujours sans attrait mais souvent la reconversion des vieux bassins industriels est difficile, entraîne une déqualification de la main-d'œuvre ou remplace une main-d'œuvre masculine par une main-d'œuvre féminine non qualifiée. Dans le Nord et en Lorraine, le déclin industriel frappe à l'échelle régionale. Il ne faut pas perdre de vue que toute opération de (re)localisation industrielle modifie les dimensions et caractéristiques des bassins d'emploi.
Industrial location and employment basins
Governmental decentralization policy, old industrial areas decline, crisis and entrepreneurial new location policies have led to a new industrial geography of France. Employment basins characteristics are now the main factor regarding location strategies, mainly an interest for rural ones. Old industrial towns are sometimes quite attractive, but more often reconversion is difficult in old industrial areas, or it leads to manpower dequalification, or yet to substitution of male manpower by a young unqualified female. In North and Lorraine, industrial decline affects the whole region. One must bear in mind that every industrial (re)location modifies employment basins dimensions and characteristics.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Raymond Guglielmo
Localisations industrielles et bassins d'emploi
In: Espace, populations, sociétés, 1985-2. Chômage, non-emploi, sous-emploi. pp. 375-394.
Résumé
La politique gouvernementale de décentralisation, le déclin des vieilles régions industrielles, la crise et les politiques de
redéploiement des entreprises ont produit une nouvelle géographie industrielle de la France. Les caractéristiques des bassins
d'emploi sont devenues le facteur majeur des stratégies de localisation, en particulier l'intérêt pour les bassins d'emploi ruraux.
Les villes industrielles ne sont pas toujours sans attrait mais souvent la reconversion des vieux bassins industriels est difficile,
entraîne une déqualification de la main-d'œuvre ou remplace une main-d'œuvre masculine par une main-d'œuvre féminine non
qualifiée. Dans le Nord et en Lorraine, le déclin industriel frappe à l'échelle régionale. Il ne faut pas perdre de vue que toute
opération de (re)localisation industrielle modifie les dimensions et caractéristiques des bassins d'emploi.
Abstract
Industrial location and employment basins
Governmental decentralization policy, old industrial areas decline, crisis and entrepreneurial new location policies have led to a
new industrial geography of France. Employment basins characteristics are now the main factor regarding location strategies,
mainly an interest for rural ones. Old industrial towns are sometimes quite attractive, but more often reconversion is difficult in old
industrial areas, or it leads to manpower dequalification, or yet to substitution of male manpower by a young unqualified female.
In North and Lorraine, industrial decline affects the whole region. One must bear in mind that every industrial (re)location modifies
employment basins dimensions and characteristics.
Citer ce document / Cite this document :
Guglielmo Raymond. Localisations industrielles et bassins d'emploi. In: Espace, populations, sociétés, 1985-2. Chômage, non-
emploi, sous-emploi. pp. 375-394.
doi : 10.3406/espos.1985.1048
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/espos_0755-7809_1985_num_3_2_1048POPULATIONS SOCIÉTÉS 1985-11 pp. 375-394 ESPACE
LOCALISATIONS guglielmo r. (*>
INDUSTRIELLES
ET BASSINS D'EMPLOI
traduite entre développement triplé non plus La en les vigoureuse par vingt calqué mêmes un ans, ne sur formidable dates s'est de la croissance géographie 1954 pas de à réparti 6,7 développement 1974, économique millions dé également tandis l'industrie à que 8,3 qui de à la héritée travers a l'industrie, millions population suivi de le la la de territoire deuxième révolution dont active personnes. la dans français. production guerre industrielle l'industrie Spatialement, mondiale Il ne a s'est au presque passait XIXe s'est pas ce
siècle et des créations de l'entrre-deux-guerres. Il a au contraire profondément remanié
cette géographie sous l'effet, d'abord de la politique de décentralisation, puis du déclin
des vieilles régions industrielles.
Plus récemment, la crise et la politique du «redéploiement» ont accentué cette
évolution, en la modifiant dans quelques détails significatifs. Enfin, ces toutes dernières
années, les localisations industrielles semblent manifester, encore timidement, de nouvelles
tendances, qu'il serait utile de préciser, tant par l'exploitation des statistiques et documents
les plus récents que par une multiplication d'enquêtes sur le terrain.
La décentralisation industrielle
La de l'industrie a d'abord été une politique gouvernementale visant
en principe à enrayer la congestion parisienne. Dans un premier temps, ses succès sont
restés fort modestes : les techniques n'ont encore guère changé et requièrent toujours une
forte proportion d'ouvriers qualifiés, qu'on trouve surtout dans les grandes villes; la
transmission des décisions et le contrôle de leur application impliquent encore la proximité
géographique du siège de l'entreprise; la spéculation foncière en région parisienne n'en
est qu'à ses débuts et le projet politique de desserrer l'étreinte de la banlieue rouge n'est
pas réalisable dans l'immédiat. Coincées par les mesures dissuasives des pouvoirs publics,
les firmes industrielles sont bien obligées d'implanter hors de l'agglomération parisienne
les premières extensions de leur capacité de production qu'appellent les débuts de la
croissance. Mais elles cherchent à rester aussi près que possible de Paris et des grands axes
de communications. Jusque vers 1960, les nouvelles implantations ne s'éloignent guère à
plus de 150 km de la capitale 1.
Au contraire, à partir des années 60, la décentralisation industrielle, sans cesser d'être
une stratégie gouvernementale, devient aussi celle des entreprises. L'essor de la spéculation
(*) Sentier des Vaux de Rome 18, F-94800 Villejuif.
1 PIERRE George, «Nécessité et difficultés d'une décentralisation industrielle en France», Ann. de Géographie,
janv.-févr. 1961, pp. 25-36. 376 ESPACE POPULATIONS SOCIÉTÉS 1985-11
foncière parisienne les incite à vendre les terrains et établissements qu'elles ont dans la
capitale et dans sa proche banlieue ou à les spécialiser dans les activités les plus «nobles»
(direction, recherche, fabrications de très haute technicité, etc.), qui sont aussi les plus
difficilement «délocalisables». Par ailleurs, le développement des lignes aériennes et de
l'informatique ne cessent d'améliorer les possibilités d'une gestion à distance. Mais surtout,
la mécanisation, l'automatisation des processus de production (chaînes de fabrication ou
de montage) tendent à se généraliser. Plutôt que des travailleurs qualifiés, elles requièrent
un personnel d'O.S. que les entreprises vont plus particulièrement recruter à bon compte
dans les régions rurales, parmi les petits exploitants agricoles (ou parmi leurs fils et leurs
filles), chassés de la terre par la concentration dans l'agriculture, qu'accélère la loi
d'orientation de 1960.
Les firmes décentralisatrices vont ainsi réaliser une segmentation géographique de leur
processus de production, implantant en province les phases plus ou moins automatisées
de ce processsus et réservant à la région parisienne les tâches «nobles» qu'on a vues 2.
C'est alors (1960-75) la grande période de la décentralisation industrielle, qui gagne
notamment les marges occidentales et méridionales du bassin parisien, puis la Bretagne,
le Poitou, les Charentes, le Limousin, souvent avec de grosses usines (Renault au Mans,
Citroën à Rennes, etc.). Mais, comme au temps de la révolution industrielle, le Massif
Central, le Sud-Ouest et le Midi Méditerranéen restent encore à l'écart de cette grande vague
d'implantation d'usines, à quelques rares exceptions près.
Là crise économique qui éclate en 1974 ne met pas fin à cette politique de
décentralisation industrielle et les mesures dissuasives mises en place en 1954-55 (redevance
et agrément) ne sont pas pour autant abolies. Elle la freine cependant considérablement,
d'autant plus que, surtout depuis la fin des années 60, la division géographique du travail,
qui s'instaure ainsi à l'intérieur du territoire national, est de plus en plus concurrencée par
une division internationale, à laquelle les firmes françaises participent activement.
Le «redéploiement»
La crise n'a pas seulement freiné la décentralisation industrielle, elle en a aussi modifié
les aspects et, dans une certaine mesure, les impacts régionaux. Et la politique de
«redéploiement», pratiquée sous le septennat giscardien, n'a pas seulement concerné les
aspects économiques et financiers de l'industrie. Elle a bel et bien été aussi une politique
spatiale, sensiblement différente de la décentralisation industrielle des belles années de la
croissance.
Elle a en effet consacré l'abandon de la politique d'aménagement régional polarisé
autour des métropoles d'équilibre et de quelques capitales régionales, lancée par la DATAR
en 1964, et dont le volet industriel était l'implantation d'usines importantes dans ces grandes
agglomérations ou dans leur proximité immédiate. Elle lui a substitué:
Une politique de localisation d'établissements beaucoup plus modestes dans des villes petite

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