Malthus, Ricardo et les villages désertés en Espagne au XVIIIe siècle - article ; n°1 ; vol.41, pg 201-216
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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1986 - Volume 41 - Numéro 1 - Pages 201-216
Malthus, Ricardo and Deserted Villages in 18th Century Spain
Historians maintain that the reforms attempted by Charles III produced a prosperous peasant society while nineteenth century disentail increased social and political evils. This article identifies the Malthusian and Ricardian pressures (of population growth and landowners' exactions) bearing down on Old Regime rural communities. Using the case of the province of Salamanca, it shows that creating a society of small farmers perpetuate the Malthusian trap, while disentail furthered the Ricardian trap by favoring large ownership. Disentail succeeded because it increased commercialization and agricultural income.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Richard Herr
Malthus, Ricardo et les villages désertés en Espagne au XVIIIe
siècle
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 41e année, N. 1, 1986. pp. 201-216.
Abstract
Malthus, Ricardo and Deserted Villages in 18th Century Spain
Historians maintain that the reforms attempted by Charles III produced a prosperous peasant society while nineteenth century
disentail increased social and political evils. This article identifies the Malthusian and Ricardian pressures (of population growth
and landowners' exactions) bearing down on Old Regime rural communities. Using the case of the province of Salamanca, it
shows that creating a society of small farmers perpetuate the "Malthusian trap", while disentail furthered the "Ricardian trap" by
favoring large ownership. Disentail succeeded because it increased commercialization and agricultural income.
Citer ce document / Cite this document :
Herr Richard. Malthus, Ricardo et les villages désertés en Espagne au XVIIIe siècle. In: Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 41e année, N. 1, 1986. pp. 201-216.
doi : 10.3406/ahess.1986.283266
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1986_num_41_1_283266RICHARD HERR
MALTHUS RICARDO ET LES VILLAGES SERT
EN ESPAGNE AU XVIIIe SI CLE*
agissant de histoire contemporaine de Espagne les réformes du
xvme siècle constituent une cause célèbre Si elles avaient réussi ou si
leurs buts avaient été atteints au temps des régimes libéraux du xixe siècle
Espagne se serait transformée en un pays de paysans relativement prospères
comme la France influence néfaste des grands propriétaires qui dominèrent
en fait économie de Castille et Andalousie et la politique de tout le pays
la Seconde République aurait été éliminée La campagne aurait fourni
un marché pour une industrie naissante et Espagne ne serait pas devenue le
jouet des nations développées de Europe septentrionale est du moins ainsi
on peut résumer opinion commune des hommes tat et des historiens
qui ont déploré la condition de Espagne contemporaine Dans cet article nous
voudrions considérer la pertinence de ces conceptions
En mars 1766 Madrid une émeute sérieuse dura trois jours et for le roi
Charles III fuir la capitale Cette émeute est connue communément dans
histoire Espagne sous le nom de mot de Esquilache après le nom du
Premier Ministre qui concentra sur lui les haines de la foule Après cet événe
ment madrilène des soulèvements analogues se produisirent dans autres villes
de Castille nombreuses Pour répondre aux problèmes suscités par cette crise
Charles III désigna une nouvelle équipe de ministres et de conseillers qui tous
avaient la réputation être éclairés parmi eux citons le Comte Aranda
futur ambassadeur Versailles Pedro Rodr guez de Campomanes écono
miste espagnol le plus sagace de époque et Pablo de Olavide ami des philoso
phes fran ais devenu intendant de Seville2 Cette équipe mit en chantier une
série de réformes dans enseignement et glise ainsi que dans le monde agri
cole est ce dernier point qui nous concerne ici
Annales ESC janvier-février 1986 01 pp 201-216 DOMAINES DE LA RECHERCHE LES
explication traditionneue du mot de Esquiladle est chercher du
côté des jésuites On les accusait avoir excité cette rébellion est une des
raisons avait données Charles III pour les expulser de ses domaines en 1767
Les conseillers du Roi savaient pourtant que une des causes fondamentales des
émeutes tenait aux prix élevés du pain qui eux-mêmes étaient la conséquence de
plusieurs années de mauvaises récoltes objectif principal des réformes
agraires visait augmenter la production des biens alimentaires et surtout du
froment ceci afin éviter le risque de nouveaux soulèvements populaires
Ces réformes se sont effectuées dans deux directions le roi une part qui
se conformait sur ce point aux conseils de ses ministres ordonna aux municipa
lités de Andalousie et de Estrémadure de distribuer des terres vacantes et
communales sous forme de parcelles aux paysans qui manquaient un
domaine propre Ceux-ci avenir devaient payer un loyer raisonnable et on
espérait ils deviendraient de la sorte agriculteurs indépendants3 En second
lieu le roi établit des colonies agricoles dans certaines régions désertées Les
plus importantes de ces se trouvaient sur la route de Madrid Seville
il agissait de nouveaux établissements dits de Sierra Morena et Andalousie
Olavide en personne dirigea la fondation habitats dans la Sierra Morena4
Les deux programmes inspiraient de convictions fermement établies on
pensait dans les allées du pouvoir que pour être un bon cultivateur efficace
productif et excellent sujet du roi comme de tat il fallait être laboureur tra
vailler une petite propriété possédée part entière ou pour le moins une
exploitation suffisante dans cette seconde hypothèse on souhaitait que le tra
vailleur ait un bail emphytéotique qui lui permette de jouir une grande stabi
lité tout en payant un loyer modeste Cette idée venait tout droit des temps clas
siques et de la Renaissance5 elle était fort la mode au xvnie siècle bien
elle ne fût pas conforme la doctrine célèbre des physiocrates Rousseau et
ses partisans défendaient des doctrines similaires mais on les trouvait aussi
chez Voltaire celui-ci soulignait dans son Dictionnaire philosophique que les
citadins de Paris et les riches négociants étaient pas capables aimer leur
pays. Seuls les petits propriétaires soucieux de protéger leurs intérêts terriens
pouvaient véritablement affirmer ils avaient une patrie6 On revenait idée
classique selon laquelle il faut cultiver son jardin Cette opinion avait des
partisans fort convaincus aux tats-Unis Jefferson en était le grand-prêtre
Olavide et Campomanes étaient ralliés la même thèse donner une parcelle
convenable un laboureur et sa famille dans des conditions de suffisante per
manence leur donner aussi le droit de clôturer le tout mais non point de ras
sembler des terrains par mariage héritage ou vente et cela dans des villages où
il avait ni seigneur ni ordre religieux était faire la meilleure réforme
agraire possible7 est cet idéal on essaya de réaliser dans les colonies et
terres vacantes du sud et sud-ouest de Espagne
Dans une certaine mesure on peut considérer que les colonies de Sierra
Morena et Andalousie ont effectivement réussi puisque les villages existent
encore Pourtant le projet établir des paysans sur les terrains communaux et
vacants pas donné de bons résultats tant en faut On peut citer plusieurs
raisons qui pourraient expliquer cet échec essentiel demeure les seigneurs et
gros propriétaires qui dominaient les municipalités opposaient la réforme et
exécutaient pas les ordres du roi8 La fameuse expression Obedezco pero no HERR VILLAGES SERT EN ESPAGNE AU XVIII SI CLE
FIG Croquis de localisation colonies de Sierra Morena
colonies Andalousie
cumplo obéis mais je exécute pas résume bien cette attitude On peut
en conclure que ces gens voyaient dans la réforme une atteinte leur pouvoir
idée du changement agraire est pas morte pour autant trente ans plus
tard pendant la Révolution fran aise elle réapparut sous une forme nouvelle
Un conseiller qui appartenait la génération suivante Gaspar Melchor de
Jovellanos fut chargé de rédiger un projet de loi agraire Le résultat de
cette mission se concrétisa dans le fameux Informe de ley agraria Mémoire sur
la loi agraire) publié en 17959 Inspiré en partie par Adam Smith Jovellanos
proposa le marché libre de la terre dans la mesure du possible cette époque
Certes il osait pas proposer abolition des mainmortes ecclésiastiques et celle
des majorais de la noblesse mais il se faisait avocat une redistribution des
terres aux petits cultivateurs dans les conditions les plus favorables
Jovellanos défendait le libre marché de la propriété il ne croyait pas pour
autant efficacité des grandes exploitations au contraire il adhérait pleine
ment idéologie qui voyait dans le petit propriétaire un agent de la prospérité
rurale10 Néanmoins en tant que partisan déterminé du libre-échange Jovel
lanos était convaincu que la liberté économique aboutirait inévitablement une
société de laboureurs indépendants partout où le permettaient les conditions
naturelles11 Plus efficaces plus productifs ces laboureurs pourraient payer
des prix achat ou des loyers plus élevés en échange de la terre que les grands
propriétaires absentéistes se b

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