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Publié par | POPULATION0 |
Publié le | 01 janvier 1984 |
Nombre de lectures | 17 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 2 Mo |
Extrait
Francisco Munoz Perez
Michèle Tribalat
Mariages d'étrangers et mariages mixtes en France. Evolution
depuis la Première Guerre
In: Population, 39e année, n°3, 1984 pp. 427-462.
Citer ce document / Cite this document :
Munoz Perez Francisco, Tribalat Michèle. Mariages d'étrangers et mariages mixtes en France. Evolution depuis la Première
Guerre. In: Population, 39e année, n°3, 1984 pp. 427-462.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1984_num_39_3_18000Résumé
Muňoz-Perez Francisco et Tribalat Michèle. — Mariages d'étrangers et mariages mixtes en France.
Evolution depuis la Première Guerre. Depuis la Première Guerre mondiale, le nombre de mariages
d'étrangers avec des Français, comme celui des unions entre étrangers, a évolué en France au gré de
grands courants d'immigration. Au début des années 1980, les premiers étaient au nombre de 20 000,
les seconds de 6 000. Mais ces derniers sont très sous-estimés en raison de nombreux mariages non
enregistrés, célébrés dans les pays d'origine. Depuis soixante ans, les nationalités en cause dans les
unions mixtes ont changé : les mariages avec des Belges, les plus nombreux dans le premier quart de
siècle, ont été remplacés ensuite par ceux d'Italiens et d'Espagnols; de nos jours, les mariages avec
des Portugais et des Algériens sont sur le point d'occuper la première place. La proportion de mariages
mixtes varie beaucoup d'une communauté à l'autre et semble aller de pair avec l'ancienneté
d'implantation : élevée chez les Espagnols et surtout chez les Italiens, plus faible chez les Portugais et
les Maghrébins. Les données ne permettent pas de savoir si la spécificité culturelle de ces derniers
constituent un frein pour la mixité, sauf peut-être chez les Algériens. Quoi qu'il en soit, une tendance à
se marier au sein de la communauté, plus marquée encore chez les femmes, demeure, même dans les
communautés les plus anciennes.
Abstract
Muňoz-Perez Francisco et Tribalat Michèle. — Marriages of aliens and mixed marriages in France.
Development since the First World War. Since the First World War, the number of between
aliens and French citizens, just like the number of marriages between aliens, has depended on major
immigration flows. During the early 1980's, there were 20,000 of the former and 6,000 of the latter
marriages. However, marriages between aliens are underestimated on account of under- recording as
many were solemnized in the countries of origin. Over the last sixty years, the nationalities of persons in
mixed marriages have changed : marriages with Belgians, very numerous during the first quarter of the
century, were replaced by those with Italians and Spaniards; today, marriages with Portuguese and
Algerians are about to take the first place. The proportion of mixed varies greatly from one
community to another and seemingly depends on the length of stay : long, as regards Spaniards and
especially Italians, and shorter for Portuguese and North Africans. The data do not allow us to discover
whether the specific cultural nature of North Africans acts as an obstacle to mixed marriages, except
perhaps for Algerians. Nonetheless, there is still a tendency to marry within one's community; this is
more noticeable for women, even in the oldest communities.
Resumen
Muňoz-Perez Francisco y Tribalat Michèle. — Matrimonies entre extranjeros y matrimonies mixtos en
Francia. Evolución desde la primera guerra mundial. El numero de matrimonios mixtos (extranjeros con
franceses) y el de extranjeros entre si, ha evolucionado en el mismo sentido que las grandes corrientes
de immigración, después de la primera guerra mundial. Actualmente este numero oscila en torno a 20
000 en el caso de los matrimonios mixtos y en torno a 6 000 en el caso de los matrimonios de
extranjeros. Pero los entre extranjeros adolecen de omisiones considerables debido a que
muchos de ellos no se registran en Francia, sino en los países de origen de los contrayentes. En los
primeros 25 aňos de este siglo, los matrimonios mixtos más frecuentes se realizaban primero con
Belgas, enseguida con Italianos y Espafioles. Actualmente los matrimonios mixtos más frecuentes se
realizan con Portugueses y Argelinos. La proportion de mixtos varia mucho de una
comunidad a otra y parece estar asociada a la antiguedad de la implantation : más elevada en el caso
de los Espaňoles e Italianos que en el de los Argelinos e immigrantes del Maghreb. Los datos
disponibles no permiten apreciar si las características culturales específicas de los Maghrebinos
constituyen un freno para la consumación de matrimonios mixtos, salvo tal vez en el caso de los
Argelinos. De todas maneras existe una tendencia a contraer matrimonio en el seno de cada
comunidad, más acentuada en el caso de las mujeres, incluso en las comunidades de implantación
más antigua.MARIAGES D'ÉTRANGERS
ET MIXTES
EN FRANCE :
Évolution depuis la Première Guerre
population en France, On connaît à en la particulier population encore mal les d'accueil. la mariages nuptialité Pourtant, mixtes, des étrangers ces qui unions mêlent résidant consticette
tuent un élément essentiel pour juger de l'insertion des commun
autés étrangères en France. Et cela d'autant plus que leur nombre
est loin d'être négligeable : un million de ces mariages ont été
conclus depuis la Première Guerre. Francisco Muňoz-Perez et
Michèle Tribalat *, tracent ici, à partir des données d'état civil
disponibles, les grandes lignes de l'évolution des mariages
d'étrangers en France et apportent une première vue générale de
ce phénomène.
Sur 315 000 mariages conclus en France en 1981, 26000 l'ont été
entre conjoints dont l'un, au moins, est étranger. Ces mariages comportent
deux catégories d'unions, d'importance numérique inégale, qui traduisent
des comportements différents. Les mariages d'étranger(e)s avec des
Français(es), 20 300 en 1981, révèlent une certaine intégration dans le pays
d'accueil, qui n'existe pas nécessairement dans le cas d'un mariage entre
étrangers, 5 700 en 1981. C'est pourquoi nous accorderons une attention
particulière aux mariages mixtes (l), sans négliger pour autant les unions
entre étrangers, complément indispensable à une vue d'ensemble.
Pour la commodité de l'exposé, nous distinguerons les différentes
catégories d'unions par les termes suivants :
• mariages mixtes : les mariages où l'un seulement des conjoints est
étranger, dont mariages étranger-Française et mariages étrangère- Français.
•entre étrangers : les mariages où les deux sont
étrangers.
• mariages d'étrangers : l'ensemble de tous ces mariages.
* Chercheurs à l'INED.
О L'emploi du terme « mixte », appliqué aux seuls mariages entre un(e) étranger(e)
et un(e) Français(e), est quelque peu restrictif, car un certain nombre d'unions entre étrangers
concernent des époux de nationalité différente. Mais leur signification sur le plan de
l'insertion dans le pays d'accueil nous paraît peu comparable à celle que révèle la première
catégorie de mariages. Par ailleurs leur importance numérique est, d'après les données
disponibles, négligeable, sauf peut-être pour les Maghrébins.
Population, 3, 1984, 427-462. 428 MARIAGES D'ÉTRANGERS
I. — L'évolution générale
depuis la Première Guerre
Si, en dehors des deux guerres, le nombre de mariages entre étrangers
a beaucoup varié, celui de mariages mixtes a connu, au contraire, peu de
changements pour une si longue période. Cette relative stabilité est aussi
perceptible sur l'écart entre l'importance des deux types d'unions mixtes,
les mariages entre Françaises et étrangers restant toujours beaucoup plus
nombreux (figure 1).
• Après la chute brutale provoquée par le déclenchement de la
Grande Guerre (figure 1, et Annexe I tableau I), une franche reprise pour
les unions étranger-Française apparaît dès 1915, en raison du manque
d'hommes (retenus au front, morts ou prisonniers), mais seulement à partir
de 1919 pour les unions étrangère-Français. Après la pointe de 1920 et le
reflux qui suit, les mariages mixtes évolueront lentement à la hausse en
raison des fortes immigrations (Annexe I, tableau III). Mais le déficit
d'hommes français a encore favorisé les mariages étranger-Française,
beaucoup plus nombreux que les unions symétriques (2).
Cependant, le