Michelet et Lamennais (d après des documents inédits)  - article ; n°10 ; vol.5, pg 129-144
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Michelet et Lamennais (d'après des documents inédits) - article ; n°10 ; vol.5, pg 129-144

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Description

Romantisme - Année 1975 - Volume 5 - Numéro 10 - Pages 129-144
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Louis Le Guillou
Michelet et Lamennais (d'après des documents inédits)
In: Romantisme, 1975, n°10. pp. 129-144.
Citer ce document / Cite this document :
Le Guillou Louis. Michelet et Lamennais (d'après des documents inédits) . In: Romantisme, 1975, n°10. pp. 129-144.
doi : 10.3406/roman.1975.5868
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/roman_0048-8593_1975_num_5_10_5868MIŒELET ET LAMENNAIS
(d'après des documents inédits)
Si nous n'avions pas la chance de posséder le très beau livre de
Paul Viailaneix, La Voie royale, Essai sur l'idée de peuple dans l'œu
vre de Michelet, je crois que nous en serions encore à nous poser de
nombreuses questions sur l'existence même de relations entre Michelet
et Lamennais. Car si Gabriel Monod, Jean-Marie Carré et P. de Lalle-
mand ont écrit beaucoup de belles et doctes choses sur Michelet et La
martine, Michelet et Victor Hugo, Michelet et Sainte-Beuve, Michelet
et Montalembert, Michelet et Taine, ils n'ont pas soufflé mot de l'amit
ié de Michelet et de Lamennais. Comme il s'agit la — du moins je
l'espère — d'un simple oubli, je vais tenter de réparer cette lacune et
de montrer la profondeur et la cordialité des relations entre les deux
hommes, relations que jamais aucune ombre sérieuse ne vint obscurcir.
Ce fut par l'intermédiaire de Montalembert que Michelet, qui a lu,
dès 1826, V Essai sur l'Indifférence et en a été fortement marqué x connut
Lamennais. Montalembert avait été non l'élève de Michelet, comme l'ont
prétendu le Père Lecanuet, G. Monod et bien d'autres, mais son dis
ciple. Comment aurait-il pu en être 1 élève, puisqu'il n'entra à Sainte-
Barbe — et en rhétorique, qui ne comportait pas de classe d'histoire ! —
qu'en 1826 et que Michelet, qui n'y enseigna jamais que jusqu'à la classe
de 3e, fut nommé, en janvier 1827, professeur de philosophie et d'his
toire à l'Ecole Normale ? x ш. Mais le jeune Montalembert n'hésitait
pas à demander les services du jeune agrégé — en juillet 1827, il le
prie de lui prêter un ouvrage sur le Moyen-Age pour préparer le con
cours général (concours général où il obtiendra d'ailleurs le second
prix d'honneur) — à lui rendre visite le 24 juillet 1828 : « Visite à
M. Michelet, note-t-il dans son Carnet inédit, conversation philosophi
que du plus haut intérêt » 2, et encore le 27 mai 1830 : t Visite à
l'admirable Michelet qui revient d'Italie et qui m'a donné des détails
pleins d'intérêt et de consolation sur les mœurs et les dispositions de la
population italienne. D la croit pleine de force et d'énergie, il vante
surtout la Romagnole et après eux les Piémontais. Б a vu Manzoni et
en est enchanté » *. MICHELET CENT ANS APRES 130
II lui écrit de même, fin avril - début mai 1831 — je pencherais
même pour le 19 ou 20 avril — la lettre suivante : « Vous êtes mille
fois trop reconnaissant, Monsieur, je voudrais vous rendre un service
plus réel que celui dont vous me savez autant de gré, c'est de vous faire
connaître M. de Lamennais. И est à Paris pour deux ou trois jours, et,
si vous pouvez vous dérober à vos occupations assez de temps pour venir
au bureau de l'Avertir, demain ou jeudi matin, je vous conduirai chez
lui » 4. Cette entrevue eut-elle vraiment lieu ? je la crois probable,
puisque le 18 avril, Lamennais répond à Montalembert : « Ce sera, n'en
doutez pas, avec le plus grand plaisir que je recevrai R. Ramu. Dites-
lui, je vous prie, combien je serai charmé de causer avec lui. Il en sera
certainement de même à l'égard de M. Lerminier et de M. Michelet.
J'ai déjà lu Y Introduction de ce dernier. Il y a un vrai talent dans cet
ouvrage et des idées justes mais aussi, à mon avis, de grandes erreurs qui
tiennent presque toutes au point de départ » 5.
Ce qu'étaient les erreurs de l'Introduction à l'histoire universelle
publiée dans la première quinzaine d'avril 1831, le rédacteur, anonyme
— on pense généralement qu'il s'agit du baron d'Eckstein6 — de la
présentation de l'opuscule dans L'Avenir du 1er mai 1831, les dénonce
sans ambages tout en gardant d'ailleurs beaucoup de mesure, en manif
estant même une grande sympathie pour leur jeune auteur. « Nous de
vons à nos lecteurs de leur signaler l'ouvrage que vient de faire paraître
M. Michelet déjà si honorablement connu du monde littéraire et scien
tifique par sa belle traduction de la Scienza nuova de Vico, par son
Précis de l'histoire moderne, et par le chapitre de son Histoire romaine
dont quelques amis privilégiés ont reçu la précieuse confidence. Dans l'es
sai que nous annonçons aujourd'hui, M. Michelet nous semble avoir
imprimé un nouveau mouvement à la philosophie de l'histoire. Cette
science encore si incomplète en France et peut-être partout, a fait, selon
nous, un pas de plus, grâce à M. Michelet, qui n'a pas voulu lui per
mettre de rester là où l'avait laissée M. Cousin. Le principe fondamental
de l'auteur, la lutte perpétuelle et universelle de la fatalité avec la liberté,
n'est nullement le nôtre; on sait combien cette vue de l'histoire nous
semble loin de suffire à la conscience et aux souvenirs de l'humanité.
Mais c'est déjà beaucoup que d'écrire l'histoire sous l'influence d'une
idée, haute et profonde, c'est déjà beaucoup que de vouloir reconstruire
l'histoire que le grand dissolvant du XVIIe siècle a si cruellement dé
composée, et substituer quelque chose d'affirmatif et de général à ces
éternelles négations qui ont si longtemps épuisé le génie français. Le
temps et l'espace nous manquent pour combattre et discuter en détail
toutes les opinions du jeune et savant écrivain ; nous aimons mieux don
ner à nos lecteurs une idée de la puissante originalité de sa pensée et
de l'éclat poétique de son style, par des citations assez étendues. Plus MICHELET ET LAMENNAIS 131
tard nous reviendrons sur cet ouvrage et, en faisant connaître quel
ques-unes des œuvres de la nouvelle école historique de l'Allemagne,
et principalement de l'illustre Goerres, nous les rapprocherons des idées
que M. Michelet vient de lancer au milieu de nous, dans un langage emp
reint à la fois de la verve du jeune homme et de la profondeur du so
litaire » 7.
Suivaient plusieurs pages de citations dont nous extrayons celle-ci
que Lamennais n'aurait pas reniée, encore que peut-être la dernière
phrase eût pu le laisser perplexe :
« Le Christianisme a constitué l'ordre moral ; il a posé dans léga-
lité devant Dieu un principe qui devait plus tard trouver dans le monde
civil une application féconde. Cependant les circonstances qui entou
rèrent son fardeau l'ont rendu moins favorable à l'action commune, à la
vie sociale, qu'à la contemplation inactive et solitaire- Lorsqu'il parut,
Dieu était encore captif dans le matérialisme et la sensualité païenne :
l'homme était emprisonné dans l'étroite enceinte de la cité antique. Le
christianisme délivra l'homme en brisant la cité, affranchit Dieu en
brisant les idoles. A ce moment unique, l'homme, entrevoyant pour la
première fois sa patrie divine, languit pour elle d'un incurable amour,
croisa les bras, et les yeux vers le Ciel, attendit le moment de s'y élancer.
Quand sera-ce, grand Dieu ? Ouvriers impatients et paresseux, qui vous
asseyez et réclamer votre salaire avant le soir, vous demandez le Ciel,
mais qu'avez-vous fait de la terre que Dieu vous a confiée ? Vous voilà
divisés en royaumes, en monarchies, parlant vingt langues diverses. Que
devient la cité universelle et divine, dont la charité chrétienne vous avait
donné le pressentiment et que vous avez promis de réaliser ici-bas ?
« Si le sens social doit nous ramener à la religion, l'organe de cette
révélation nouvelle, l'interprète entre Dieu et l'homme, doit être le
peuple sociable entre tous. Le monde moral eut son Verbe dans le
christianisme, fils de la Judée et de la Grèce ; la France expliquera le
Verbe du monde social que nous voyons commencer >.
Faute de documents, il est difficile d'en savoir plus sur les rapports
de Michelet et de Lamennais à cette époque, mais, lor

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