Migrations de main-d œuvre dans le monde arabe : l envers du Nouvel Ordre économique - article ; n°103 ; vol.26, pg 665-679
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Migrations de main-d'œuvre dans le monde arabe : l'envers du Nouvel Ordre économique - article ; n°103 ; vol.26, pg 665-679

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Tiers-Monde - Année 1985 - Volume 26 - Numéro 103 - Pages 665-679
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Fred Halliday
Migrations de main-d'œuvre dans le monde arabe : l'envers du
Nouvel Ordre économique
In: Tiers-Monde. 1985, tome 26 n°103. Les migrations internationales au Moyen-Orient (sous la direction de Gilbert
Beaugé). pp. 665-679.
Citer ce document / Cite this document :
Halliday Fred. Migrations de main-d'œuvre dans le monde arabe : l'envers du Nouvel Ordre économique. In: Tiers-Monde.
1985, tome 26 n°103. Les migrations internationales au Moyen-Orient (sous la direction de Gilbert Beaugé). pp. 665-679.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1985_num_26_103_3450MIGRATIONS DE MAIN-D'ŒUVRE
DANS LE MONDE ARABE
L'ENVERS DU NOUVEL ORDRE ÉCONOMIQUE
par Fred Halliday*
U expansion des années yo
Le monde arabe comprend 18 Etats, et sa population en 1980 s'élevait
à environ 150 millions d'habitants1. Cependant, deux facteurs essentiels
au développement économique, la population et le pétrole, se répar
tissent de façon inégale entre ces différents Etats. Les Etats privés de
pétrole ont tendance à avoir une importante, alors que c'est
l'inverse pour les Etats pétroliers (cf. tableau 1). Les premiers ont
besoin de capitaux, les seconds ont besoin d'accroître leur force de
travail. Toutefois, la possibilité abstraite d'une coopération mutuelle
bénéfique pour ces deux catégories d'Etats est loin de se réaliser. Au
contraire, on observe un processus d'inégalité croissante et de détério
ration des ressources humaines et productives du monde arabe, d'abord
entre les Etats riches en pétrole et les Etats à forte population, puis l'ensemble du monde arabe et les économies industrialisées, dont les
pays arabes, par le biais des achats pétroliers, tirent leur véritable richesse.
Malheureusement pour le monde arabe, le bien-être matériel que
procure le pétrole pour quelques décennies encore est en train d'être
gaspillé. Alors que les Etats membres de I'opep sont parvenus à négocier
des augmentations impressionnantes du prix du pétrole, surpassant
ainsi les autres Etats du Tiers Monde dans le contrôle des termes de
* London School of Economies.
i. Outre les 18 Etats énumérés dans le tableau 1, trois autres pays sont membres de la
Ligue arabe : la Somalie, Djibouti et la Mauritanie. Etant donné que, dans ces pays, l'arabe
n'est pas la première langue, ils ont été exclus de cette étude. Sur ces trois pays, la Somalie
envoie un nombre important d'émigrés vers les Etats pétroliers. Un quatrième pays, la
Palestine, compte plus de trois millions d'habitants répartis entre les territoires occupés par
Israël et les autres pays arabes voisins ; les communautés palestiniennes en exil sont comprises
dans les totaux pour les pays de résidence.
Revue Tiers Monde, t. XXVI, n» 103, Juillet-Septembre 1985 666 FRED HALLIDAY
I. — - Population des Etats arabes Tableau
(en millions)
Pays Pays
exportateurs non exportateurs
de pétrole Population de pétrole Population
Algérie 18,2 Egypte 3«»9
12,6 Maroc 19,3 Iraq
Arabie Saoudite Soudan Illustration non autorisée à la diffusion 6,5 17,9
Libye Syrie 8,6 2.9
Koweit Tunisie 6,2 1,3
Emirats arabes unis I,O Yémen Nord 5,7
Jordanie Oman o,8 3,i
Bahrein Liban o,35 2,7
Qatar Yémen Sud 0,25 i,9
Total 43,90 Total 104,5
Sources : Pour l'Arabie Saoudite, les Emirats, Oman, Bahrein et Qatar,
estimations de l'auteur. Pour les autres, World Development Report (Washington,
DC, World Bank, 1981).
l'échange, ce progrès apparent dans la lutte pour un Nouvel Ordre éc
onomique a été largement illusoire, et s'est même soldé par des consé
quences négatives : illusoire parce qu'il a permis aux Etats producteurs
de différer le développement de leurs propres ressources internes (agri
culture, industrie, formation professionnelle et éducation) et d'opter
plutôt pour une dépendance vis-à-vis du palliatif temporaire que
constituent les revenus pétroliers. Loin d'aider les Etats du Tiers Monde
moins fortunés à briser le cycle de la pauvreté et à participer au Nouvel
Ordre économique, les Etats producteurs de pétrole ont en fait imposé
de nouveaux rapports d'exploitation.
En 1980, plus de 3 millions d'Arabes avaient émigré vers d'autres
Etats du monde arabe, et on estime approximativement à 1,8 million le
nombre des émigrés non arabes qui s'étaient joints à la force de travail
importée par les producteurs de pétrole2. Dans trois Etats, les immigrés
représentent plus de la moitié de la population globale et, dans cinq
2. L'étude type sur les migrations arabes est celle de J. S. Birks et C. A. Sinclair, Arab
Manpower, London, Croom Helm, 1980, dont les résultats ont été amplement diffusés par
leurs auteurs dans toute une série d'articles et de journaux spécialisés. On trouve un premier
essai visant à établir le contexte de l'analyse des processus migratoires chez Roger Owen,
The arab economies in the 70's, Merip Report, n° 100-101, oct.-déc. 1981. Pour un approfon
dissement des questions soulevées dans cet article, cf. Fred Halliday, Labour Migration in the
Middle East, Merip Report, n° 59, août 1977. MIGRATIONS DE MAIN-D'ŒUVRE 667
autres, ils représentent de 40 à 75 % de la population active. En outre,
les flux salariaux en provenance des pays producteurs de pétrole vers
les pays exportateurs de main-d'œuvre ont créé une nouvelle économie
panarabe, au sein de laquelle les pays dépourvus de pétrole sont devenus
de plus en plus dépendants des revenus épargnés par leurs ressortis
sants en exil. Bien que ces processus ne remontent qu'à la période posté
rieure à 1973, ils nous permettent malgré tout de tirer de façon raison
nable un certain nombre de conclusions pessimistes.
Quatre types de migration interarabe
La relative nouveauté de ces migrations consécutives au pétrole dans
les années 70 ne devrait pas occulter le fait qu'historiquement le monde
arabe a été le lieu d'une multitude de mouvements de population causés
par l'internationalisation des rapports capitalistes.
Le premier type concerne les à l'intérieur même des
Etats de la région qui sont dus à la croissance des principaux centres
urbains où se concentre la vie économique et politique. Ce processus
d'urbanisation a impliqué un plus grand nombre de migrants que les
mouvements d'Etat à Etat et aura vraisemblablement des conséquences
politiques plus difficiles à contrôler.
Après tout, la révolution iranienne a eu lieu dans un contexte de
migration rapide résultant de l'expansion pétrolière et ce fut la première
révolution importante du Tiers Monde à se dérouler entièrement dans
les villes (cf. tableau 2).
Tableau 2. — Population urbaine en % de la population totale
i960 Etats 1980
Algérie 30 44
Egypte 38 45
Iraq . 43 72
Jordanie 43 56 Illustration non autorisée à la diffusion
Koweït 72 88
Liban 44 76
Libye 23 52
Maroc 29 41
Arabie Saoudite 30 67
Soudan 10 25
Tunisie 36 52
Source : World Development Report, 1981. 668 FRED HALLIDAY
Le second type de migration concerne les mouvements de migrants
arabes vers le monde non arabe. Vers la fin du xixe et le début du
xxe siècle, l'exemple le plus frappant en est l'émigration des Libanais,
chrétiens pour la plupart, vers l'Amérique du Nord et du Sud et, à
moindre échelle, vers l'Afrique de l'Est et quelques villes européennes3.
Parallèlement, mais de façon moins visible, il y eut une émigration
substantielle des habitants de la région d'Arabie du Sud connue sous le
nom d'Hadramut, vers l'Asie du Sud-Est et l'Afrique de l'Est où ils
formèrent des communautés marchandes. Durant la première moitié
de ce siècle, il y eut un flux de migrants à partir des Yémens du Nord et
du Sud vers les ports de l'Europe et de l'Amérique du Nord où ils for
mèrent des communautés permanentes utilisées plus tard à de nouvelles
catégories d'emploi4. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l'émi
gration en provenance du monde arabe représente le flux le plus import
ant des migrations de main-d'œuvre en provenance du Tiers Monde
et se dirigeant vers l'Europe occidentale. La plus importante de ces

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