Mortalité de la population européenne de Guyane française au début du XVIIIe siècle - article ; n°6 ; vol.34, pg 1087-1100

Jean Hurault, Louis Henry

Description

Population - Année 1979 - Volume 34 - Numéro 6 - Pages 1087-1100
Henry Louis et Hurault Jean. — Mortalité de la population européenne de Guyane française au début du XVIIIe siècle. Grâce à des registres paroissiaux bien tenus et à un recensement nominatif de toute la population en 1737, on peut étudier la mortalité de la population de souche européenne de la Guyane française de 1700 à 1736, étude d'un intérêt exceptionnel en raison de l'époque et du climat equatorial numide, néfaste aux Européens. En dépit de la qualité des données, certains renseignements, âge, date de sortie d'observation, date de décès manquent parfois, ce qui a obligé les auteurs à encadrer au mieux la réalité. Les résultats sont finalement comparés à ceux de la France au xvme siècle.
Henry Louis and Hurault Jean. — The mortality of the European Population of French Guyana at the Beginning of the Eighteenth Century. By using well kept parochial records and a nominal census of the entire population which was taken in 1737, it has proved possible to study the mortality of the population of European stock in French Guyana between 1700 and 1736. This study is of great interest because of the period to which it relates and because it shows the deleterious effects of a humid equatorial climate on Europeans. In spite of the high quality of the data, some information is occasionally missing; e.g. age, the date when observation ceased of the date of death. This makes it necessary to use estimates. Finally, the results are compared with those applying to France during the eighteenth century.
Henry Louis y Hurault Jean. — La mortalidad de la población europea de la Guayana francesa a comienzos del siglo XVIII. Gracias a la existencia de registros parroquiales bien conservados y a la realización de un censo nominativo de toda la población de la Guayana francesa en 1737, se puede estudiar la mortalidad de la población de ascendencia europea de esta región en el periodo que va de 1700 a 1736. Este estudio tiene un valor histórico excepcional, mas aun si se tiene en cuenta que el clima ecuatorial húmedo era nefasto para los Europeos. Los autores se han visto obligados a apreciar en la mejor forma posible una realidad para la cual la calidad de algunos datos no es satisfactoria, edad, fecha de salida de la observación, ausencia de la edad al morir. Los resultados se comparan finalmente con los de Francia en el siglo XVIII.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: POPULATION0
• Publié le: 01 janvier 1979
• Nombre de lectures: 20
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Louis Henry
Jean Hurault
Mortalité de la population européenne de Guyane française au
début du XVIIIe siècle
In: Population, 34e année, n°6, 1979 pp. 1087-1100.
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Henry Louis, Hurault Jean. Mortalité de la population européenne de Guyane française au début du XVIIIe siècle. In:
Population, 34e année, n°6, 1979 pp. 1087-1100.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1979_num_34_6_18164Résumé
Henry Louis et Hurault Jean. — Mortalité de la population européenne de Guyane française au début
du XVIIIe siècle. Grâce à des registres paroissiaux bien tenus et à un recensement nominatif de toute la
population en 1737, on peut étudier la mortalité de la population de souche européenne de la Guyane
française de 1700 à 1736, étude d'un intérêt exceptionnel en raison de l'époque et du climat equatorial
numide, néfaste aux Européens. En dépit de la qualité des données, certains renseignements, âge,
date de sortie d'observation, date de décès manquent parfois, ce qui a obligé les auteurs à encadrer au
mieux la réalité. Les résultats sont finalement comparés à ceux de la France au xvme siècle.
Abstract
Henry Louis and Hurault Jean. — The mortality of the European Population of French Guyana at the
Beginning of the Eighteenth Century. By using well kept parochial records and a nominal census of the
entire population which was taken in 1737, it has proved possible to study the mortality of the population
of European stock in French Guyana between 1700 and 1736. This study is of great interest because of
the period to which it relates and because it shows the deleterious effects of a humid equatorial climate
on Europeans. In spite of the high quality of the data, some information is occasionally missing; e.g.
age, the date when observation ceased of the date of death. This makes it necessary to use estimates.
Finally, the results are compared with those applying to France during the eighteenth century.
Resumen
Henry Louis y Hurault Jean. — La mortalidad de la población europea de la Guayana francesa a
comienzos del siglo XVIII. Gracias a la existencia de registros parroquiales bien conservados y a la
realización de un censo nominativo de toda la población de la Guayana francesa en 1737, se puede
estudiar la mortalidad de la población de ascendencia europea de esta región en el periodo que va de
1700 a 1736. Este estudio tiene un valor histórico excepcional, mas aun si se tiene en cuenta que el
clima ecuatorial húmedo era nefasto para los Europeos. Los autores se han visto obligados a apreciar
en la mejor forma posible una realidad para la cual la calidad de algunos datos no es satisfactoria,
edad, fecha de salida de la observación, ausencia de la edad al morir. Los resultados se comparan
finalmente con los de Francia en el siglo XVIII.MORTALITE
DE LA POPULATION
EUROPÉENNE
DE GUYANE FRANÇAISE
AU DÉBUT DU XVIIIe SIÈCLE
Les tropiques ont de tout temps attiré voyageurs et avent
uriers, mais ils ont inquiété les colons européens jusqu'au
XXe siècle car leur climat avait la réputation d'être mals
ain. Pour savoir à quel point cette crainte était justifiée
et représentait un obstacle réel aux migrations outre-mer, il
faut pouvoir comparer la mortalité ancienne des Européens
en Europe et sous les tropiques, donc déterminer l'une et
l'autre. Or, si l'on commence à bien connaître la mortalité
des adultes en France au xvine siècle (1), on ignorait jusqu'à
maintenant tout des risques encourus sous d'autres latitudes.
Louis Henry, dont la grande enquête démographique sur la
France ancienne est bien connue des lecteurs de Popul
ation, et Jean Hurault, qui a déjà consacré plusieurs
études à la Guyane française (2) produisent ici, pour la pre
mière fois, des quotients de mortalité d'une population du
xviiie siècle transplantée dans un climat qui n'est pas le
sien, loin s'en faut, puisqu'il s'agit de la Guyane. On imagine
aisément l'intérêt que ces nouvelles données vont représenter
pour les historiens, les biologistes et les écologistes.
(D Yves Blayo. «La mortalité en France de 1740 à 1829». Population,
numéro spécial 1975, 123-142.
<2> «La population des Indiens de Guyane française». Population, 4, 1965,
603-632; 5, 1965, 801-828; 2, 1966, 333-356.
Population, 6, 1979, pp. 1087-1100. 1088 MORTALITÉ DE LA POPULATION EUROPÉENNE
De 1676 à 1792, la colonie de Cayenne est restée sans interruption
sous une administration française et une population blanche a tenté
obstinément d'y faire souche. Elle n'a pas été directement touchée par
les guerres entre la France et l'Angleterre et n'a subi aucune catastrophe.
La mortalité qui la frappait ne dépendait donc que des conditions de
vie, du milieu physique et du climat, l'un et l'autre représentatifs des
régions équatoriales humides; comme c'est, de plus, la seule colonie
française qui ait été fondée, puis maintenue avec persévérance, dans ce
domaine bioclimatique réputé néfaste aux Européens, l'étude de la
mortalité de ceux-ci est d'un intérêt exceptionnel. Grâce à l'isolement
de cette population, à sa dimension réduite et à son encadrement par
un clergé relativement nombreux et zélé, la tenue des registres parois
siaux a été bien assurée et nous possédons une série continue des actes
d'état civil depuis la fondation de la colonie en 1664 (3). Nous n'avons
cependant dépouillé ces registres qu'à partir de 1680, un sous-enregis
trement non négligeable étant à craindre dans les années d'installation;
le dépouillement a été poursuivi jusqu'à l'année 1792 inclusivement,
mais pas au-delà, car les troubles de l'époque révolutionnaire entraî
nèrent dès le début de 1793 la fuite d'une partie des habitants de souche
européenne.
Le dépouillement, étalé sur de nombreuses années, a conduit à
la constitution d'un fichier de la population et à la reconstitution des
familles. Ces opérations, menées par Mlle P. Desrue puis par Mme
J. Le Boulaire, n'ont pas été sans difficultés, car si l'enregistrement s'est
avéré d'une qualité comparable à celui des paroisses françaises de la
même époque, l'emploi quasi général de surnoms (4) a posé bien des
problèmes. La presque totalité des indéterminations a finalement été
levée.
Nous avons parallèlement étudié les archives relatives à la Guyane
française, notamment le fonds Cl 4 (correspondance générale), la série
D2-C relative aux troupes de la Marine et les manuscrits conservés à la
Bibliothèque nationale. Les recensements nominatifs de 1709, 1716,
1722 et 1737, dépouillés et mis sur fiches avec la collaboration de
MUe A. M. Chapelle, ont été utilisés concurremment aux actes d'état
civil; le recensement de 1737 est le plus complet, car il s'étend à toute
la colonie et donne le prénom, le nom et l'âge des épouses, le prénom
et l'âge des enfants.
(3> Cette série est celle des copies ou des deuxièmes minutes, envoyées
en France. Elle se trouve aux Archives de la France d'Outre-Mer. En Guyane,
il ne reste rien des originaux ou des premières minutes, détruites par l'humidité
et les termites.
<4' Cette fréquence des surnoms s'explique par le recrutement presque
exclusif des habitants à partir de la garnison. L'analogue se rencontre au
Canada pour les soldats devenus habitants. DE GUYANE FRANÇAISE 1089
Après 1737, on trouve encore deux recensements nominatifs, en
1754 et 1772, mais limités aux chefs d'exploitation.
Dans ces conditions, l'étude de la mortalité de la population civile
n'était guère possible que sur une période plus ou moins longue s' ache
vant à la fin de 1736. L'examen des fiches de famille nous a conduits
à rejeter tous les couples unis avant 1700, en raison de la trop grande
fréquence des lacunes sur le destin des conjoints (5); pour la mortalité
des enfants nous avons gardé ceux qui sont nés en Guyane de 1700
à 1736 de parents mariés de 1690 à 1736, dont l'un, au moins, est
mort en Guyane ou a vécu jusqu'au 1er