Mythe et organisation sociale en Afrique occidentale - article ; n°1 ; vol.29, pg 119-138
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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1959 - Volume 29 - Numéro 1 - Pages 119-138
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1959
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Germaine Dieterlen
Mythe et organisation sociale en Afrique occidentale
In: Journal de la Société des Africanistes. 1959, tome 29 fascicule 1. pp. 119-138.
Citer ce document / Cite this document :
Dieterlen Germaine. Mythe et organisation sociale en Afrique occidentale. In: Journal de la Société des Africanistes. 1959, tome
29 fascicule 1. pp. 119-138.
doi : 10.3406/jafr.1959.1900
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1959_num_29_1_1900MYTHE ET ORGANISATION SOCIALE
EN AFRIQUE OCCIDENTALE
(suite)
PAR
G. DIETERLEN
Dans un article intitulé Mythe et Organisation Sociale au Soudan
Français, nous avons publié, en 1955, les premiers renseignements
recueillis sur une structure socio-mythique et historique à la fois,
propre à un très grand nombre de populations de cette région, codif
iée, sinon instaurée au xine siècle, lors de la domination des Keita,
ou Masaré (Empire du Mali).
Nous apportons aujourd'hui un complément d'informations à cette
enquête, recueillies au cours de nos dernières missions, auprès d'info
rmateurs appartenant à diverses populations (Malinké, Bambara, Do-
gon, Peul, Bozo et Marka). Elles témoignent de l'unité de ce système
de représentations, à la fois géographique, social et religieux, sur un
espace considérable en Afrique Occidentale qui dépasse le cadre ter
ritorial indiqué précédemment.
Ces représentations intéressent notamment quatre régions princi
pales, le Mandé, le Macina, le lac Débo et le Ghana ; elles sont en rela
tion avec divers éléments du mythe dont nous avons résumé la ver
sion mandingue dans notre précédent article. Les enquêtes récentes
nous permettent d'apporter ici un bref développement de ce mythe
sur un point particulier x :
« Après sa descente sur terre, dans l'arche, et la chute de la première
pluie, Faro remonta au ciel 2. A la fin de l'orage, apparut le premier
arc-en-ciel, son « chemin dans le ciel », témoin de son rôle à la fois
sur la terre et dans l'atmosphère. Tandis que l'eau douce, mâle, s'épan-
dait pour donner naissance au Niger, l'arc se leva au-dessus du Mandé
et s'étendit d'abord jusqu'au lac Débo. Puis il obliqua, l'une de ses
extrémités reposant dans la région de Dya (Macina), l'autre dans celle
1. Pour éviter des répétitions inutiles, nous demandons à nos lecteurs de se référer à la partie de
notre article qui traite du mythe. Journal de la Société des Africanistes, tome XV, 1955, p. 39 à p. 76.'
2. Cf. Mythe et Organisation sociale au Soudan Français, p. 46. 120 SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
d'Accra (Ghana). Cette extension marquait la domination de Faro aux
« quatre points cardinaux de l'espace », ouest-est par le cours du Niger,
du Mandé au lac Débo, et nord-sud par Г arc-en-ciel de Dya à Accra.
« Non loin de l'actuel Accra, Faro créa l'eau de mer, femelle, et les
cauris. Et tandis qu'il était représenté dans l'eau douce par le poisson
mannogo ble (Hétérobranches bidorsalis), il fut représenté dans l'eau
de mer par le poisson mannogo dye ou mannogo ba1. Il prit ainsi
possession des eaux dont il est le maître dans le ciel et sur terre. »
Sur un plan parallèle, les principes spirituels jumeaux de Faro,
ni et dya, se situèrent également dans les eaux.
« Ses deux ni sont dans l'eau du Niger (le ni femelle) et du Bani (le
mâle), issus théoriquement de l'écoulement de l'eau depuis la mare
initiale de Kri Кого au Mandé, et qui représentent son corps 2.
« Les deux dya se séparèrent des ni, à Dyafarabé, pour prendre
le Dyaka au moment de l'apparition de l'arc en-ciel.
« Le dya femelle eut pour siège l'eau douce mâle et resta dans la
mare de Dya, point terminal de l'eau qui, depuis Dyafarabé, avait
pris le Dyaka. Il préserve là les principes spirituels des êtres humains
dont le dya siège également dans la mare, ceux des poissons, et enfin
ceux des céréales.
« Le dya mâle remonta au ciel depuis la mare de Dya, redescendit
à l'autre extrémité de Г arc-en-ciel, dont le point d'impact est une
lagune proche d'Accra, et pénétra l'eau de mer (koko dyi « eau de sel »).
Il préserve au ciel les jumelles des dya des humains qui y siègent,
parallèlement à ceux qui siègent dans la mare, associant ainsi les deux
principes égaux et de sexe opposé 3.
« Après les premiers événements qui marquèrent l'apparition de
l'homme sur la terre 4 et le développement des familles issues des
ancêtres mythiques, le troisième, Simboumba Tangnagati, quittant
momentanément le Mandé, se rendit à l'extrémité de l'arc, et, près
de la lagune et de la mer, édifia un sanctuaire, réplique de celui
du Mandé. Il y prononça « les paroles » énoncées précédemment sur le
cours du Niger ».
Nous avons exposé dans notre précédent article qu'à la suite du
développement territorial de l'Empire mandingue, un certain nombre
1. On ne prononce pas, par respect, le nom du mannogo dye, mais on le nomme sume, au Mandé ;
il s'agit d'un silure marin (aryx).
Les noms sont donnés en langue malinké, dans la première partie de cet article.
2. Mythe et organisation sociale au Soudan français, p. 45.
3. Ainsi la mare de Dya est-elle le symbole de la « mare de famille » (ou du puits qui la remplace)
adjointe à chaque groupe ethnique familial dans les sociétés soudanaises. Le dya mâle d'un homme
est dans la mare et son dya femelle au ciel, sous la garde de Faro, et inversement pour une femme.
Cf. G. Dieterlen, Essai sur la religion bambara, P. U. F., Paris, 1952.
4. Mythe et organisation sociale au Soudan français, p. 43 à p. 46. ET ORGANISATION SOCIALE EN AFRIQUE OCCIDENTALE 121 MYTHE
de « familles » — dont nous avons donné la liste — considérées comme
apparentées ou alliées aux Kéita, avaient exercé l'autorité politique
dans divers territoires d'Afrique Occidentale, où elles avaient acquis
parfois, par la suite, leur autonomie К S'appuyant sur leurs structures
traditionnelles et en fonction des représentations exposées ci-dessus,
elles édifièrent des sanctuaires et des demeures familiales, établirent
des cultes et des rites réguliers. Après quelques informations complé
mentaires sur le sanctuaire de Kangaba, nous exposerons celles que
nous venons de recueillir auprès des Traoré et des Bozo de Dya au
Macina, des Dogon, et des Ga d'Accra.
I. Kangaba. Sanctuaire du Mandé.
L'étude détaillée de l'architecture et des peintures noires, rouges et
blanches exécutées à l'intérieur et sur le sanctuaire de Kangaba (ou
Kaba), nous permet un premier commentaire (cf. PI. I, 1 et II). Le
sanctuaire, kamâ blô « vestibule des clavicules », représente celles du
Dieu créateur, Mangala. A l'intérieur sont peints les 266 « signes »
fondamentaux qui préfiguraient l'univers, « pensé et graphiquement
représenté dans son ensemble, avant sa réalisation » 2. Les peintures
externes représentent, selon la formule malinké, « la « sortie » des
hommes et des graines qui se sont multipliés dans le monde, hors du
grain initial, après la descente de Faro sur terre ».
Le toit fait de paille de ti dye (ou tyekala) (Andropogon Scheenantus,
var. gigantus) compte théoriquement 60 spires, ko (lit. enroulement),
et comporte 6 arêtes : 66 correspond au nombre de vibrations, figu
rées par les spires zigzagantes de la paille, qui animaient le « grain »
qui devait réaliser l'univers, symbolisé actuellement par le grain de
fonio 3. Il est soutenu par une armature et surmonté d'un faîte (mindyo
ou borimale) fait d'une fourche de sunzun (Diospyros mespiliformis).
Les deux portes sont situées à l'est et à l'ouest. Elles sont en
bois de lenge (Afzelia africana), arbre qui est l'objet d'un culte ; elles
n'ont pu être taillées que par un forgeron et après un sacrifice 4. Les
1. Mythe et organisation sociale au Soudan français, p. 40 et ss..
2. Voir la relation de la réfection septennale du sanctuaire de Kangaba (en 1954) dans Mythe et
Organisation sociale au Soudan Français, p. 64 à 75. Sur les 266 « signes

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