Politique, entrepreneurs et développement au Pakistan et au Bangladesh - article ; n°124 ; vol.31, pg 921-938
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Tiers-Monde - Année 1990 - Volume 31 - Numéro 124 - Pages 921-938
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Stanley Kochanek
Politique, entrepreneurs et développement au Pakistan et au
Bangladesh
In: Tiers-Monde. 1990, tome 31 n°124. pp. 921-938.
Citer ce document / Cite this document :
Kochanek Stanley. Politique, entrepreneurs et développement au Pakistan et au Bangladesh. In: Tiers-Monde. 1990, tome 31
n°124. pp. 921-938.
doi : 10.3406/tiers.1990.3963
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1990_num_31_124_3963ENTREPRENEURS POLITIQUE,
ET DÉVELOPPEMENT
AU PAKISTAN ET AU BANGLADESH
par Stanley A. Kochanek*
L'Etat pakistanais créé en 1947 a été détaché du sous-continent indien pour
donner aux Indiens musulmans une patrie. Tant sur le plan social, économique
que politique, les territoires qui en faisaient partie étaient parmi les régions
les moins développées de l'Inde unie. La population pakistanaise était inéga
lement répartie entre les zones occidentales et orientales du pays, et séparée par
plus de 1 500 km de territoire indien; elle était très diversifiée sur le plan ethnique,
social et linguistique, en grande partie illettrée et majoritairement rurale et agri
cole. La société restait principalement fondée sur la famille, la parenté, la caste
et la tribu, elle avait peu de contacts avec le monde moderne, et était faiblement
cimentée et intégrée à l'échelle nationale.
Le mouvement pakistanais a uni temporairement les diverses composantes de
l'Islam indien autour d'un nationalisme musulman sous l'autorité charismatique
de Quaid-i-Azam Mohammed Ali Jinnah1. Mais ce mouvement n'a pas réussi
à vaincre les particularismes et à souder ces identités et ces intérêts en une
nation pakistanaise, et le pays a été divisé après une guerre civile brève mais
sanglante en 1971 en deux Etats : le Pakistan et le Bangladesh. Les deux pays
luttent maintenant pour atteindre un certain niveau de croissance et de déve
loppement industriel; mais chacun dispose néanmoins de capacités ou de possi
bilités très différentes, notamment dans le domaine de l'entreprise.
* Professeur de sciences politiques, Pennsylvania State University. Cet article est traduit de
l'anglais par Claude Paix.
La matière de cet article est en grande partie tirée de mon livre, Interest groups and Develop
ment : Business and Politics in Pakistan, Delhi, Oxford University Press, 1983, et de mes
recherches actuelles sur les rapports entre le monde des affaires et le gouvernement au Ban
gladesh.
1 . Pour un nouvel état de la bibliographie sur le séparatisme musulman, voir Studies in the
Development of Muslim Separatism, in W. Eric Gustafson, éd., Pakistan and Bangladesh,
Bibliographic Essays in Social Science, Islamabad, University of Islamabad Press, 1976, p. 1-58.
Revue Tiers Monde, t. XXXI, n° 124, Octobre-Décembre 1990 922 Stanley A. Kochanek
LE DÉVELOPPEMENT DU CAPITAL MUSULMAN
Si certains musulmans ont été dans l'Inde britannique des commerçants et
négociants très actifs, la majeure partie des échanges, de l'industrie et des
activités bancaires était aux mains des Hindous, des Parsis et des Européens.
Les musulmans situés au sommet de la hiérarchie sociale étaient le plus souvent
propriétaires fonciers et avaient tendance à s'orienter vers les carrières de l'armée
ou de l'administration. Les affaires étaient réservées aux communautés castées
pour lesquelles le commerce et le négoce étaient une activité traditionnelle
héréditaire.
Une poignée de négociants devint active à Calcutta et dans l'Inde de l'Est.
Mais les plus grandes communautés commerçantes et celles qui se développèrent
avec le plus de succès étaient installées à l'ouest. Bien avant que les Anglais ne
se soient implantés en Inde, celles des Bohras, des Mémons et des Khojas s'étaient
montrées entreprenantes dans les échanges avec le Moyen-Orient et l'Afrique
orientale8.
A la différence des castes commerçantes hindoues les plus importantes, très
peu de communautés commerçantes musulmanes sont passées du commerce à
l'industrie, et celles qui l'ont fait n'ont pas toujours réussi. Qu'il s'agisse du
commerce ou d'autres activités, la plupart des commerçants musulmans n'ont
pas saisi les opportunités qui leur étaient offertes par la colonisation britannique,
ou bien, comme ils en étaient persuadés, en ont été empêchés par la majorité
hindoue.
Cette situation commune aux musulmans dans le commerce et l'industrie
en Inde est celle qui prévalait dans les zones pakistanaises. A l'est comme à
l'ouest du pays, l'industrie et la banque étaient presque entièrement aux mains
des Hindous, des Parsis et des Européens. Mais la partition a eu d'importantes
conséquences sur le négoce et le commerce, notamment à l'ouest où les commun
autés hindoues qui contrôlaient les échanges et la banque se sont jointes à
l'exode des réfugiés vers l'Inde.
Le déferlement des castes commerçantes hindoues venant de l'ouest du
Pakistan y a été en partie compensé par l'afflux massif des communautés musul
manes commerçantes traditionnelles originaires de Bombay et du Gujarat.
La plus grande communauté qui émigra vers le Pakistan a été celle des
Mémons Halai des villes du Gujarat comme Bantva, Dhoraji, Jetpur, Kutiyana
et Vanthali, qui comptait 100 000 membres répartis dans l'ensemble de la
pyramide sociale du plus pauvre au plus riche3. Musulmans sunnites connus
2. Thomas T. Timberg, Industrial Entrepreneurship Among the Trading Communities of
India : How the Pattern Differs, Cambridge, Center for International Affairs, Harvard Univ
ersity, 1969, p. 74-78 ; Radhe Shyam Rungta, The Rise of Business Corporations in India,
Cambridge, Cambridge Univ. Press, 1970 ; V. I. Pavlov, The Indian Capitalist Class, Bombay,
People's Publishing House, 1964, p. 79.
3. Voir Gustav F. Papanek, The Development of Entrepreneurship, Economic Review, 52
(May 1962), p. 46-66 ; Hanna Papanek, Pakistan's New Industrialists and Businessmen : focus
on the Memons, in Milton Singer, éd., Entrepreneurship and Modernization of Occupational entrepreneurs et développement au Pakistan et au Bangladesh 923 Politique,
pour être spécialisés dans le commerce des épices (kirana) et du tissu, ils étaient
fortement unis, menaient une vie frugale, travaillaient dur, vivaient en groupes
familiaux très structurés et étaient dans leur écrasante majorité engagés dans
leurs activités commerciales traditionnelles. Ils étaient conservateurs et très
pratiquants. Etablis en grande partie à Karachi, les Mémons se sont rapidement
déplacés pour combler le vide causé par le départ des négociants hindous et,
prenant la suite de leurs affaires dans l'importation du textile, ils ont vite
étendu leurs activités à l'industrie. Du textile, ils sont passés à la banque, aux
assurances et à la production d'autres biens de consommation, et en peu de
temps ils sont devenus la communauté commerçante la plus importante du
Pakistan et les principaux industriels du pays.
D'autres communautés musulmanes commerçantes traditionnelles parlant le
gujarat les ont rejoints à Karachi. En faisaient partie les Dawoodi Bohras de
Bombay, les Khojas Ismailis de Bombay et d'Afrique de l'Est et les Khojas
Isnasheris4. Comme les Mémons, ces communautés étaient très unies et bien
structurées, endogames, organisées en conseils sur le modèle panchayat, et chacune
avait un sens élevé de la solidarité religieuse. Mais, contrairement aux Mémons,
toutes trois appartenaient à différentes sectes chiites.
En dehors de Karachi, un centre industriel et d'affaires important, bien que
secondaire, se développa autour des régions de Lahore-Lyallpur au Penjab où
un groupe, qui se fit bientôt connaître comme les Chiniotis ou Sheikhs penjabis,
se développa5. Beaucoup de Chiniotis avaient émigré à Calcutta sous l'occupation
anglaise et y étaient devenus actifs dans le commerce et l'industrie. Tradition
nellement, ils avaient joué un rôle important dans le négoce des peaux et cuirs,
une activité commerciale « impure » inacceptable pour les castes commerçantes
traditionnelles hindoues. Aussi les musulmans qui entraient dans cette branche
ne rencontraient-ils que peu ou pas de concurrence et, du commerce des peaux,
quelques-uns en ét

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