Pour une cartographie des assolements en France au début du XIXe siècle - article ; n°3 ; vol.31, pg 631-643

François Sigaut

Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1976 - Volume 31 - Numéro 3 - Pages 631-643
Despite the sketch which Marc Bloch proposed forty-five years ago, the mapping of early crop rotation in France has since made little progress. The sources, however, are not wanting. It is perhaps for lack of an adequate technological analysis that this problem has been, until now neglected.
This article proposes a typology of crop rotation based primarily upon the way in which plots are prepared and the season at which this is done and, more particularly, on the notion of fallow land. The distinction between fallow and idle land is often misunderstood yet it is one of the keys to the problem. The number of consecutive grain harvests turns out to be a less important criterion. Next follow criteria such as the presence or absence of idle land and the introduction of industrial and fodder crops into the rotation, whose biennial structure nevertheless often remains recognizable. This typology is as yet quite rudimentary and the map which I propose only tentative. But a definitive document could only be produced by a collective effort; the pur pose of this article is to appeal for such an undertaking.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: ANNALES_ECONOMIES_SOCIETES_CIVILISATIONS
• Publié le: 01 janvier 1976
• Nombre de lectures: 29
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

François Sigaut
Pour une cartographie des assolements en France au début du
XIXe siècle
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 31e année, N. 3, 1976. pp. 631-643.
Abstract
Despite the sketch which Marc Bloch proposed forty-five years ago, the mapping of early crop rotation in France has since made
little progress. The sources, however, are not wanting. It is perhaps for lack of an adequate technological analysis that this
problem has been, until now neglected.
This article proposes a typology of crop rotation based primarily upon the way in which plots are prepared and the season at
which this is done and, more particularly, on the notion of fallow land. The distinction between fallow and idle land is often
misunderstood yet it is one of the keys to the problem. The number of consecutive grain harvests turns out to be a less important
criterion. Next follow criteria such as the presence or absence of idle land and the introduction of industrial and fodder crops into
the rotation, whose biennial structure nevertheless often remains recognizable. This typology is as yet quite rudimentary and the
map which I propose only tentative. But a definitive document could only be produced by a collective effort; the pur pose of this
article is to appeal for such an undertaking.
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Sigaut François. Pour une cartographie des assolements en France au début du XIXe siècle. In: Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 31e année, N. 3, 1976. pp. 631-643.
doi : 10.3406/ahess.1976.293741
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1976_num_31_3_293741UNE CARTOGRAPHIE DES ASSOLEMENTS EN FRANCE POUR
AU BUT DU XIXe SI CLE
est en 1931 il plus de quarante ans que Marc Bloch en publiant ses
Caractères originaux. donnait la première synthèse de ce on savait alors sur
la répartition géographique des assolements en France Synthèse encore
valable dans ses grandes lignes mais on pas essayé ici semble-t-il
de transcrire sur carte On peut se demander pourquoi cet essai pas été tenté
Les indications rassemblées par Marc Bloch il est vrai étaient pas suffisantes
elles seules pour permettre une cartographie même schématique Mais on
pouvait les compléter Marc Bloch lui-même en avait suggéré le moyen cette
méthode régressive lire histoire rebours qui consiste aller du
connu inconnu est-à-dire bien souvent du récent ancien
Or il se trouve justement que les sources relatives agriculture sont une
abondance et une qualité tout fait remarquables au début du xixe siècle
Pourquoi ne pas exploiter cette documentation que Marc Bloch toujours lui
hésitait pas utiliser occasion est ce que nous avons commencé faire
et la carte des assolements qui est présentée ici est un des résultats de cette
entreprise
Résultat tout fait provisoire il faut le dire tout de suite Notre travail est
un essai car le sujet est beaucoup trop vaste et trop complexe pour un
seul chercheur puisse prétendre en venir matériellement bout Seul un travail
collectif pourra permettre de parvenir des résultats définitifs Mais en
attendant une telle collaboration puisse instaurer il faut bien avancer même
si est au prix erreurs peu près inévitables ce stade erreur cet
avantage du reste elle appelle la correction ce par quoi en définitive elle
contribue au progrès Notre but est que cette carte puisse servir hypothèse
de travail abord pour préciser la situation au début du xixe siècle ce sera le
plus facile ensuite pour remonter dans le temps par la recherche systéma
tique des changements qui se sont produits ici et là
La courte note explicative qui suit porte surtout sur analyse des principaux
types assolement attestés en France Car est sans doute en partie faute une
méthodologie assez sûre dans ce domaine que la question moins avancé elle
ne aurait pu assolement est avant tout un fait technique est donc avant
631 EN COURS RECHERCHES
Les assolements en France au début du XIXe siècle
Systèmes assolement avec jachère système assolement
biennal sans jachère
système assolement avec cultures
triennal industrielles et fourragères
quadriennal pâtis
632 SIGAUT LES ASSOLEMENTS EN FRANCE
tout dans analyse des techniques agricoles des techniques fie préparation du
champ notamment il faut en chercher les facteurs explicatifs est sur cet
aspect on insisté le plus autant que le permettait le cadre limité de cette
note
Ce travail est pas absolument rigoureux sur le plan chronologique La date
médiane des sources utilisées se situe vers 1820 mais éventail des dates réelles
va de 1750 aux alentours de 1900 On bien sûr essayé de tenir compte le
mieux possible des distorsions ainsi introduites mais il reste toujours une marge
incertitude En outre contrairement aux règles habituelles on dû renoncer
donner des références précises ce travail repose sur une bibliographie de plus
de 400 titres il était hors de question de reproduire ici on en trouvera
seulement une courte présentation la fin
assolement biennal
Les blés hiver froment ou seigle étaient de très loin la première produc
tion de agriculture en France on le sait On leur appliquait le plus souvent les
mêmes techniques de préparation Dans les régions de culture permanente la
grande méthode de des blés hiver était une technique origine
méditerranéenne la jachère
La jachère ou guéret ou encore versarne sombre somari cultivage
estivade co tive etc. était ensemble des labours de printemps et été jugés
nécessaires pour préparer les semailles automne Il en fallait au moins trois et
six ou huit est en général entre le second et avant-dernier ou le der
nier labour on épandait le fumier
Comme il fallait donner le premier labour dès avril mai ou juin suivant les
régions en principe avant que les mauvaises herbes aient pu mûrir leurs
graines) et comme la moisson était jamais terminée avant juillet ou août on
voit il était pas possible de recommencer préparer un champ avant le
printemps de année qui suivait la récolte Jusque-là pendant cet intervalle de
huit dix mois le champ était pas en jachère comme on le dit souvent mais
en chaume en éteule ou restouble en sicot ou écot etc est en particulier sur
les chaumes avait lieu pour essentiel la vaine-pâture et non dans les
guérets où les animaux entre deux labours auraient pas trouvé grand-chose
manger La vaine-pâture était même interdite dans les jachères par la Coutume
de Normandie aussi bien que par les baux de fermage de la Grèce antique
Il est essentiel en tous cas de bien distinguer la jachère terre labourée des
chaumes ou des friches est pour avoir pas compris cette distinction que
René Musset par exemple pas su analyser la structure des assolements du
Bas-Maine comme du reste le lui avait déjà reproché Marc Bloch
Cela étant est-ce que assolement biennal Rien autre en réalité que
la monoculture des grains automne Du premier labour la récolte le cycle
cultural complet dure 14 16 mois et est pour cette seule raison on ne
sème pas du blé deux années de suite est le calendrier qui est en cause et non
une soi-disant nécessité de laisser reposer une terre fatiguée Il dans le
vocabulaire traditionnel de agriculture en Europe occidentale notre con
naissance aucun mot aucune expression qui évoque tant soit peu cette idée de
repos
633 EN COURS RECHERCHES
ailleurs assolement biennal strict ne laisse que fort peu de repos au
sol on recommence labourer dès année qui suit la moisson Si les
terres sont abondantes rien oblige procéder ainsi et il est tout fait loisible
aller jacherer un autre champ dans une terre neuve dont on peut espérer
davantage de produit était probablement le cas dans le monde antique
puisque jachère se traduit par neios en grec et par novalis en latin Dans ce
cas la succession biennale jachère/blé est suivie par un nombre plus ou moins
grand années de friche
était aussi le cas vers 1840 de certaines communautés de Corse orientale
où assolement était collectif Le terroir était divisé en un plus ou moins grand
nonibre de soles suivant son étendue relative Chaque sole était tour de rôle
mise en jachère ensemencée récoltée après quoi on la laissait en friche pâturée
pendant que les autres soles étaient leur tour cultivées
Mais est dans le sud et est du Massif Armoricain Bas-Poitou Anjou
Pays Nantais Bas-Maine que assolement biennal avec friche forme véritable
ment un bloc compact cartographiable échelle de notre travail La friche es