Pour une Université internationale au service des pays sous-développés - article ; n°1 ; vol.1, pg 17-26
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Description

Tiers-Monde - Année 1960 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 17-26
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 23
Langue Français

Extrait

Georges Fischer
Henri Laugier
Pour une Université internationale au service des pays sous-
développés
In: Tiers-Monde. 1960, tome 1 n°1-2. pp. 17-26.
Citer ce document / Cite this document :
Fischer Georges, Laugier Henri. Pour une Université internationale au service des pays sous-développés. In: Tiers-Monde.
1960, tome 1 n°1-2. pp. 17-26.
doi : 10.3406/tiers.1960.1171
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1960_num_1_1_1171POUR
UNE UNIVERSITÉ INTERNATIONALE
AU SERVICE
DES PAYS SOUS-DÉVELOPPÉS
A propos du Colloque Abidjan-Dakar
par G. Fischer et H. Laugier
Entre le 14 et le 20 décembre 1959 se sont tenus, par moitié à Dakar, par
moitié à Abidjan, les séances d'un colloque très vivant, très actif, souvent agité,
consacré aux besoins en recherche et en enseignement dans les pays qui, dans
la Communauté (et en fait dans le vaste monde), aspirent à rattraper
les délais les plus courts, les retards en équipement scientifique et technique
qui leur ont été imposés par les hasards de la géographie ou les péripéties de
l'histoire (1).
En fait l'objet du colloque était de rechercher les moyens de promouvoir
la recherche dans les États africains et d'organiser efficacement la coopération
dans le domaine des sciences et des techniques, entre pays placés à la pointe
de la civilisation moderne, et pays en voie de décolonisation, restés attardés
sur la route du progrès, soucieux de rejoindre rapidement les pelotons de
tête. Le problème était de tenter de préciser les besoins matériels et humains,
immédiats, prochains ou lointains, des pays sous-développés ; et de définir
l'aide la plus efficace, que les pays avancés peuvent leur apporter dans ces
domaines.
Le problème n'est pas aussi simple qu'on peut le croire, et, aux observa
teurs attentifs, il est apparu que des divergences de point de vue
(1) Quelques séances de rodage furent nécessaires pour que l'objet du colloque apparût
clairement à tous, certains participants ayant, à la surprise de beaucoup et à l'indignation
de quelques-uns (particulièrement de nos collègues africains), jugé que le milieu et le moment
étaient propices à un règlement de comptes entre institutions scientifiques métropolitaines,
d'autres ayant ingénument estimé que l'objet essentiel du colloque était de montrer aux
participants européens, ou africains, les réalisations certes souvent remarquables, accomplies
par le Sénégal ou la Côte-d'I voire de la France d'Outre-Mer.
17 G. HSCHER ET H. LAUGIER
sérieuses existent entre les participants, donneurs ou receveurs, dans l'orga
nisation de cette coopération scientifique et technique nécessaire. Ces diver
gences, si elles se sont manifestées discrètement aux observateurs subtils,
n'ont pas été réellement explicitées et traitées. Énoncer et préciser ces diver
gences, les mettre sans ménagement sous les projecteurs avec toute la sincérité
intellectuelle possible, faire un effort pour en réduire au maximum la portée,
tel est le but de cet article.
De quoi s'agit-Д ? Plaçons-nous d'abord sur le terrain national.
La France se trouve aujourd'hui en face de peuples qui, dans des conditions
diverses, accèdent à une autonomie interne, à une autodétermination, à la
reconnaissance de leur personnalité, à l'exercice d'une souveraineté interna
tionale, à l'indépendance pure et simple. La France doit accepter, et accepte
maintenant, ces changements de statut, et offre sincèrement son aide aux jeunes
gouvernements; nous ne traiterons pas ici de l'aide matérielle ou financière,
qui était assez extérieure (quoique tout soit solidaire), aux préoccupations du
colloque Dakar- Abidjan; nous ne traitons ici que de l'aide intellectuelle, dont
l'importance et la nécessité sont tous les jours plus universellement reconnues.
L'on peut, certes, avoir des opinions diverses sur les sentiments qui
animent ces jeunes nations et leurs gouvernements, mais c'est un fait qu'ils
ont l'impression de briser des chaînes que leur avait imposées un colonialisme
aujourd'hui en déroute; c'est un fait qu'ils souhaitent respirer à pleins poumons
l'air de la liberté; c'est un autre fait que certains mesurent et acceptent
d'affronter tous les risques que cette libération comporte; et c'est un autre
fait encore, qu'ils attendent de l'ancienne métropole qu'elle leur installe sur
leur territoire un enseignement supérieur et un équipement matériel et humain
de recherche, semblables à ceux qui existent dans la métropole elle-même;
ils souhaitent des facultés, des universités, des centres de recherche, semblables
aux universités françaises ; ils repoussent, pour la plupart, avec plus ou moins
d'indignation, mais toujours avec fermeté, toute structure spéciale d'enseigne
ment adaptée à leur situation; tout enseignement de ce genre est qualifié
d'enseignement au rabais, d'enseignement sur mesure, et considéré comme
une séquelle intolérable des relations anciennes entre colonisateurs et colonisés.
Or, c'est ici que la franchise la plus totale est nécessaire. Si dévoués que
soient la France, son gouvernement, ses institutions universitaires et son
peuple à la promotion rapide des pays récemment décolonisés, il n'est pas
possible de créer prochainement des universités semblables aux universités
françaises, dans toutes les capitales ou grandes villes de la Communauté. La
France pourrait, à la rigueur, par un effort démesuré, créer en quelques années
des bâtiments universitaires dans tous les centres de la Communauté; mais elle
18 UNE UNIVERSITÉ INTERNATIONALE DES PAYS SOUS-DÉVELOPPÉS
ne peut les équiper avec un personnel venu de France, ayant une qualité
moyenne égale à la qualité moyenne du personnel des universités françaises ;
ce personnel en France est déjà trop peu nombreux pour satisfaire aux besoins
urgents de la métropole, qui s'accroissent tous les jours en fonction de la
poussée démographique récente, en fonction du développement des sciences
et des techniques, en fonction de la prolongation de la scolarité, en fonction
de la nécessité d'organiser une instruction continue pour les adultes dans
toutes les activités professionnelles. Dans le plan que l'on prépare pour
l'équipement scientifique et technique, répondant à ces besoins nationaux, il
est clair et évidemment entendu que la France doit consentir un effort croissant
dans le domaine de la formation des hommes, et que cet effort doit tenir compte
de ses responsabilités vis-à-vis des pays africains, particulièrement de ceux de
langue française. Mais il faut écarter délibérément la possibUité que la France,
dans une espèce d'expansion intellectuelle, de nouveau colonisatrice, aurait à
exporter un personnel suffisant en nombre et en qualité pour satisfaire au
cours des prochaines générations aux besoins réels de ces jeunes peuples en
essor explosif, animés par de légitimes ambitions dans les domaines des
sciences, des techniques et de la culture. Nous pensons qu'il n'est pas aventuré
de dire que cette possibilité n'existe pas davantage pour d'autres pays du
monde, même les plus grands, par leur population et la richesse de leur
équipement.
Dès lors l'attention des planificateurs doit êtreat tirée fermement sur les
points suivants :
i° L'effort qui consiste à tenter d'importer au cours des prochaines
générations, dans les pays sous-développés, des hommes de science ou de
recherche des pays avancés, doit être certes poursuivi et amplifié; cependant
si grand qu'on puisse l'imaginer, il ne sera jamais qu'un appoint, fort utile
sans doute, mais dont l'efficacité sera sans commune mesure avec l'ampleur
et l'urgence des besoins intellectuels à satisfaire.
2° L'effort puissant, l'effort urgent, l'effort prioritaire qui doit être
accompli, doit viser à la formation de cadres intellectuels, scientifiques et
techniques africains, capables dans les délais les plus brefs de prendre eux-
mêmes en mains les destinées de leur patrie, et faisant appel, eux-mêmes, dans
le cadre de leur organisation et de leurs structures nationales pro

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