Punta Santa Ana et Bahía Buena : deux gisements sur une ancienne ligne de rivage dans le détroit de Magellan - article ; n°1 ; vol.66, pg 133-204
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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1979 - Volume 66 - Numéro 1 - Pages 133-204
72 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Extrait

Omar R. Ortiz-Troncoso.
Punta Santa Ana et Bahía Buena : deux gisements sur une
ancienne ligne de rivage dans le détroit de Magellan
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 66, 1979. pp. 133-204.
Citer ce document / Cite this document :
Ortiz-Troncoso. Omar R. Punta Santa Ana et Bahía Buena : deux gisements sur une ancienne ligne de rivage dans le détroit de
Magellan. In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 66, 1979. pp. 133-204.
doi : 10.3406/jsa.1979.2175
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1979_num_66_1_2175SANTA ANA ET BAHIA BUENA : PUNTA
DEUX GISEMENTS
SUR UNE ANCIENNE LIGNE DE RIVAGE
DANS LE DÉTROIT DE MAGELLAN
par Omar R. ORTIZ-TRONCOSO
INTRODUCTION
Si nous révisons l'histoire de la recherche en Patagonie australe, nous nous
trouvons face à un fait fondamental : à la fin du xixe et au début du xxe siècle,
en l'absence d'une certitude sur la haute antiquité de l'homme américain,
les études ont été orientées vers la recherche des ancêtres immédiats des groupes
ethniques historiques. La forte influence de Hrdlička — l'autorité de l'époque —
contribuait à soutenir l'idée de la courte antiquité de l'homme en Amérique ;
son American homotype fut aussi un lourd fardeau dont les préhistoriens tar
dèrent à se débarrasser. D'autre part, les sociétés indigènes de l'extrême-Sud
apparaissaient comme arrêtées indéfiniment dans le temps. Personne ne soup
çonnait chez elles une évolution et on ne reconnaissait pas leur parfaite adap
tation à un milieu si hostile. Par contre, on supposait que ce milieu avait stoppé
leur évolution comme une barrière infranchissable, les conservant jusqu'à
l'époque historique dans un état comparable à celui des sociétés préhistoriques
du Vieux Monde, et les transformant ainsi en « fossiles vivants ».
Signalons au passage, que la recherche dans la Patagonie chilienne a débuté
tout à fait indépendamment de celle du reste du pays. Ainsi, le livre de José
Toribio Medina Los aborigènes de Chile, qui date de 1882 et qui constitue sans
doute la première œuvre conçue sur une base plus ou moins scientifique con
cernant la préhistoire de ce pays, ne consacre dans ses 416 pages que quelques
paragraphes à l'extrême-Sud. L'ignorance générale qui régnait à propos de
ce territoire dans le reste du Chili, son accès difficile et sa faible population,
expliquent certainement cette attitude. En 1922, Zaborowski, dans un cours
d'ethnographie, disait : SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES 134
« De quelle mise en valeur sont susceptibles de pareilles régions ? Les Chiliens n'en
savent rien et ne s'en préoccupent en aucune manière. Ont-elles seulement été peu
plées jadis ? La Terre de Feu a ses autochtones célèbres, les Fuégiens, comptés comme
les plus dégradés des hommes. Donc il n'y a pas impossibilité absolue à ce que le ter
ritoire du Magellan chilien ait été occupé jadis par des sauvages du même genre »
(Zaborowski 1922 : 142).
En revanche, l'Argentine mettait déjà en valeur ses territoires du Sud, et le
démarrage de l'étude de la préhistoire patagonienne est dû précisément à des
institutions telles que le Musée de La Plata, à des sociétés savantes, ainsi qu'à
des chercheurs de ce pays ou en relation avec lui.
Les travaux de Junius Bird, entre 1932 et 1937, ne furent nullement une
prolongation de ceux qui viennent d'être indiqués. En réalité il s'agissait d'une
phase tout à fait nouvelle dans la recherche. Son principe était, pour l'essentiel,
celui de l'accumulation progressive de matériaux obtenus par des travaux
systématiques pour aboutir à la création d'un tableau général de la préhistoire
du Chili austral, incluant plusieurs périodes. Ses idées constituèrent pendant
des années le seul pilier de la connaissance archéologique de la Patagonie, citées
davantage dans les ouvrages concernant, soit la région, soit l'Amérique entière.
C'était heureusement un pilier assez solide puisqu'il se référait à des gisements
réputés comme les grottes du Mylodon, de Palli Aike et la grotte Fell, où la
séquence stratigraphique couvrait onze millénaires (Bird 1946). Mais ceci nous
amène à reconnaître une étape plus récente et non moins intéressante, celle
ouverte par les missions françaises au Chili austral (1946-1968), d'abord sous
la direction de Joseph Emperaire et, ensuite, d'Annette Laming- Emperaire.
Il s'agissait, une nouvelle fois, d'une perspective différente, désormais consa
crée à l'obtention d'une vision non seulement stratigraphique, mais aussi met
tant en valeur la forme d'occupation de l'habitat. D'autre part, l'étude de l'indus
trie et sa localisation chronologique, qui était autrefois le but essentiel de la
recherche, s'accompagne et se complète maintenant d'autres données non
moins importantes, parmi lesquelles les analyses des variations climatiques et,
à partir de celles-ci, de la flore et de la faune. Enfin, nos travaux de ces dernières
années nous ont permis l'étude de quelques gisements côtiers qui se trouvent
en rapport avec les anciennes lignes de rivage.
Malgré l'abondante bibliographie existant sur la Patagonie, celle en rapport
direct avec notre sujet est assez réduite, ce qui explique que les points de repère
sont peu nombreux. Les plus souvent cités proviennent des recherches des
missions françaises, spécialement de celles effectuées par J. Emperaire dans
un amas de coquilles de l'île Englefield, dans la mer d'Otway. Les parallèles
qui peuvent être établis entre ce gisement et les sites de Punta Santa Ana et
Bahia Buena constituent le noyau de cette publication. En effet, le vrai point
de départ pour la connaissance du passé lointain des populations côtières de cette
région fut donné par les découvertes des gisements de l'île Englefield et de
Ponsonby (ce dernier dans l'île Riesco) , dans le secteur des mers intérieures
Otway et Skyring (Emperaire et Laming 1961). Précédemment, on avait trouvé
seulement des vestiges qui, par leur uniformité, avaient créé l'impression d'une
monotonie culturelle inaltérable au long des siècles. Il faut mettre en relief ce
fait : Englefield a été le site qui changeait l'image en démontrant l'existence PUNTA SANTA ANA ET BAHIA BUENA 135
d'un équipement culturel différent à une époque reculée, testée tant par la
géologie que par le Garbone-14.
A partir de 1965, nous avons effectué, sans discontinuité, des prospections
le long des côtes de la région magellanique où nous avons trouvé une grande
quantité de sites archéologiques appartenant à une époque relativement récente,
parfois même à l'époque historique, placés tout près de la ligne actuelle des
hautes marées. Heureusement, notre insistance dans les prospections a eu des
résultats favorables en 1972 avec la découverte des gisements de Punta Santa
Ana et de Bahia Buena, découvertes non pas dues au hasard, mais plutôt à
la nécessité de trouver des sites dont la position par rapport au niveau de la
mer (12 m dans ce cas) garantirait une certaine ancienneté (Ortiz-Troncoso
1975). L'intérêt que nous avons porté à ces gisements ne signifie point un mépris
des sites plus récents. Assurément, l'étude des nomades côtiers les plus anciens
permettra, dans le futur, de placer plus exactement les sites récents dans le
grand tableau du passé. Outre cela, le traitement des habitats au sens ethno
logique vient de débuter, et l'excès de rigueur stratigraphique cède maintenant
le pas à des intérêts nouveaux qui vont plus loin que la seule récupération d'une
industrie stratifiée. Dans cette optique, l'application des idées concernant
l'analyse physique et chimique du contenu des amas de coquilles, pourra se faire
sur les centaines de sites côtiers encore intacts afin d'arriver à des estimations
de la population.
En outre, nous croyons que les gisements archéologiques ont une première
valeur par le fait qu'ils contiennent des vestiges, parfois des indications stra*
tigraphiques, et que cette première va

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