Qu est-ce que la philosophie scolastique ? Les notions fausses et incomplètes (suite et fin) - article ; n°19 ; vol.5, pg 282-296
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Qu'est-ce que la philosophie scolastique ? Les notions fausses et incomplètes (suite et fin) - article ; n°19 ; vol.5, pg 282-296

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Revue néo-scolastique - Année 1898 - Volume 5 - Numéro 19 - Pages 282-296
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Publié le 01 janvier 1898
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Langue Français
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Extrait

Maurice De Wulf
Qu'est-ce que la philosophie scolastique ? Les notions fausses
et incomplètes (suite et fin)
In: Revue néo-scolastique. 5° année, N°19, 1898. pp. 282-296.
Citer ce document / Cite this document :
De Wulf Maurice. Qu'est-ce que la philosophie scolastique ? Les notions fausses et incomplètes (suite et fin). In: Revue néo-
scolastique. 5° année, N°19, 1898. pp. 282-296.
doi : 10.3406/phlou.1898.1610
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-5541_1898_num_5_19_1610XIII.
Qu'est-ce que la Philosophie scolastique ?
Les notions fausses et incomplètes.
(Suite et fin *.)
Dans la première partie de cet article, nous avons passé en
revue les principales définitions extrinsèques que donnent de
la scolastique la plupart des historiens de la philosophie
médiévale. Les uns, interrogeant l'étyniologie, disent que la
scolastique est la philosophie enseignée dans les écoles du
moyen âge. D'autres cherchent son génie constitutif dans sa
méthode, ses procédés, sa mise en œuvre, bref dans ce qui
tient à l'appareil extérieur de renseignement. Presque tous
ajoutent que la philosophie scolastique et la philosophie
médiévale se recouvrent, et définissent un ensemble de spécu
lations par l'espace de temps sur lequel elles s'étendent.
III.
A côté de ces définitions extrinsèques dont nous avons
reconnu l'insuffisance ou la fausseté, il nous faut, pour achever
l'œuvre négative entreprise dans ce travail, examiner un
groupe de définitions intrinsèques que les auteurs com
binent diversement avec les premières. Pour être moins super-
*) Voir la livraison de mai, 189S, p. 141. que la philosophie soolastique 1 qu'est-ce
ficielles que celles-ci, elles n'en sont pas moins incomplètes
ou entachées d'erreurs. — Elles nous ouvrent l'entrée de
l'édifice, au lieu de nous arrêter à la façade extérieure, mais
elles ne nous conduisent pas jusqu'au sanctuaire où se reflètent
l'idée génératrice du monument scolastique, et l'âme de ceux
qui en furent les architectes.
Voici d'abord un vieux préjugé — légué d'âge en âge —
qui fait de la doctrine scolastique un pur décalque du péri-
patétisme.
Est-ce peut-être parce que les scolastiques eux-mêmes ont mis
tant d'opiniâtreté à se réclamer d'Aristote, qu'on les a accusés
de suivre le stagyrite « comme une chèvre suit une chèvre
dans les sentiers de la montagne » 'l Ne les croyons pas toujours
sur parole, quand les docteurs du moyen âge se vantent de
marcher sur les pas d'Aristote. Sans compter que leurs con
naissances en histoire de la philosophie sont souvent rudimen-
taires, ils altèrent de parti pris la portée des textes qu'ils
invoquent.
Tout le monde sait que le moyen âge professe à l'endroit de
la propriété littéraire des idées diamétralement opposées à
celles de nos contemporains. La recherche et la profession
du vrai constituent le souci capital des scolastiques, la priorité
d'une découverte les intéresse peu ou point. Ils attribuent
aisément à autrui un bien qui ne lui revient pas, comme
eux-mêmes ne songent pas à protester, quand on les dépouille.
L'Aristote de saint Thomas, comme l'Aristote d'Andronicus
de Rhodes, d'Alexandre d'Aphrodisias, de Themistius, de
Simplicius, d'Averroès, est un Aristote habillé ; chaque com
mentateur lui impose sa mode.
En eût-il pu être autrement ? Un homme peut-il suivre si
exactement les pas d'autrui, que rien ne trahisse son empreinte
personnelle ? Est-il possible surtout qu'une série de généra
tions ait abdiqué devant l'autorité d'un penseur, tous les droits ■
284 M. DE WULF.
et tous les besoins de la recherche spontanée du vrai ? Encore
une fois, les nombreux modernes qui perpétuent les étroites
conceptions des philosophes de la Renaissance et du xvine
siècle, s'obstinent avec eux à ne pas prendre au sérieux les
temps dont ils refont l'histoire.
Aussi bien, il est démontré depuis longtemps que les scola-
stiques ont corrigé et complété Aristote. La théodicée, la
théorie des causes efficientes, de l'intellect agent, de l'immort
alité personnelle et de la béatitude sont de vraies conquêtes
du génie médiéval sur la philosophie grecque. Talamo a ras
semblé la plupart de ces innovations dans son livre sur YAri-
stotélisme de la Scolastique, mais il conviendrait de les grouper
suivant la pensée organique qui les réduit à l'unité, afin de
pouvoir opposer la synthèse scolastique à la synthèse aristo
télicienne.
Dans un second ordre d'idées, on cherche à dégager la
part des systèmes autres que le péripatétisme et dont on
retrouve la déteinte chez les grands docteurs médiévaux. De
divers côtés, on a entamé l'immense travail monographique
que cette étude comporte l). C'est ainsi que la patristique
insuffle le créatianisme dans la scolastique ; le platonisme, ses
idées sur l'indépendance de l'âme ; le pythagoréisme, sa
conception de l'exemplarisme ; le stoïcisme, sa doctrine
morale etc. Nous nous réservons de montrer ailleurs 2) que la
scolastique s'est assimilé toutes ces influences suivant son
génie propre et qu'elle constitue dans sa forme la plus parfaite
un éclectisme indépendant et original.
Passons à une seconde opinion sur la scolastique, non moins
accréditée et non moins fallacieuse.
1) Citons les ouvrages de MM. Baeumker et Picavet.
2) Dans un volume sous presse sur Y Histoire de la Philosophie et principa
lement de la Philosophie médiévale. Ce volume formera le tome IV du Cours
de philosophie publié par M. D. Mercier. que la philosophie soolastique ? 285 qu'est-ce
S'il faut en croire tous ceux qui se rattachent à l'école de
Cousin, la scolastique se réduit à une dispute éternelle sur les
universaux. M. Hauréau appelle cette dispute le problème
scolastique par excellence, et c'est bien à ses yeux l'unique
problème que la scolastique agite, car il ne demande autre
chose à la longue série des docteurs qui défilent dans ses études
historiques, que leur avis sur les trois interrogations de Por
phyre.
On a trop longtemps perdu de vue la portée que revêt la
question des universaux dans la célèbre introduction de
Ylsagoge de Porphyre. Le philosophe alexandrin décompose
ainsi la difficulté qu'il propose : 1° Les genres et les espèces
existent-ils dans la nature ou ne consistent-ils que dans de
pures fictions de l'esprit ? 2° (S'ils constituent des choses) sont-
ce des choses corporelles ou incorporelles l 3° Existent-ils en
dehors des êtres sensibles ou sont-ils réalisés en eux ? :) II est
aisé de voir que dans ce texte, Porphyre se place sur l'exclusif
terrain de la métaphysique. Dans la première question — qui
commande les deux autres — la réalité absolue des universaux,
leur existence ou leur non-existence est le point en litige.
Or, si l'on poursuit l'étude de la question des universaux à
l'époque de la grandeur de la scolastique, on s'aperçoit sans
peine qu'elle déborde de toutes parts les cadres étroits où
elle était circonscrite par le philosophe alexandrin, et à son
exemple par les premiers glossateurs du moyen âge. A la fin
du xne siècle, le point de vue métaphysique est complété par
le point de vue critériologique et psychologique qui seul peut
jeter une pleine lumière sur la valeur des notions universelles.
Rien de plus intéressant dans l'histoire du ixe au xn6 siècle
que l'élargissement graduel de ce domaine de la controverse.
La solution intégrale du problème des universaux soulève tour
!) Mox de generibus et speciebus illud quidem sive subsistant sive in midis
intellectibus posita sint sive subsistentia corporalia sint an incorporalia, et
utrum separata a sensibilibus an in sensibilibus posita et circa haec cousis-
tentia. dicere recusabo.
REVDE NÉO-SCOLASTIQUE. 19 286 M. DE WULF.
à tour de délicats problèmes de métaphysique, de physique,
de psychologie, de théodicée l). Elle a des attaches étroites avec
les théories de l'essence, de l'individuation, de l'ab

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