Rapports agriculture-industrie et « socialisme Ujamaa » en Tanzanie - article ; n°64 ; vol.16, pg 805-820
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Tiers-Monde - Année 1975 - Volume 16 - Numéro 64 - Pages 805-820
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Aly Traoré
Rapports agriculture-industrie et « socialisme Ujamaa » en
Tanzanie
In: Tiers-Monde. 1975, tome 16 n°64. pp. 805-820.
Citer ce document / Cite this document :
Traoré Aly. Rapports agriculture-industrie et « socialisme Ujamaa » en Tanzanie. In: Tiers-Monde. 1975, tome 16 n°64. pp. 805-
820.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1975_num_16_64_2589RAPPORTS AGRICULTURE-INDUSTRIE
ET « SOCIALISME UJAMAA »
EN TANZANIE
par Aly Traoré*
Aujourd'hui comme hier, en Tanzanie comme ailleurs, des rapports
cohérents et efficaces entre l'agriculture et l'industrie d'un Etat ne peuvent
naître qu'avec un développement autonome. Nous allons voir comment les
autorités conçoivent la théorie et la pratique du « socialisme Ujamaa » fondé,
comme on le sait, sur la priorité donnée à l'agriculture, et comment cette
agriculture pourra être reliée à l'industrie dans une stratégie globale de déve
loppement dont la base fondamentale sera le self-reliance, c'est-à-dire comptons
sur nos propres forces, Г autosuffisance.
I. — Vers « le socialisme Ujamaa »
En swahili, « Ujamaa » signifie « travailler et vivre ensemble ». Il est devenu
la base du socialisme tanzanien dont les objectifs et les moyens ont été exprimés
dans la déclaration d'Arusha, du 5 février 1967. D'après cette déclaration, la
Tanzanie veut construire un Etat socialiste où « les ouvriers et les paysans
détiennent le pouvoir, où les moyens de production appartiennent à ceux qui
travaillent » (1).
Quels sont les fondements essentiels du socialisme Ujamaa, sa pratique et
les perspectives qu'il offre dans le domaine rural ?
* Docteur es sciences économiques, assistant à la Faculté de Science économique
d'Abidjan.
(1) Julius К. Nyerere, interview donné à la revue Jeune Afrique, 9 février 1967, n° 319.
Revue Tiers Monde, t. XVI, n« 64, oetobre-décembre 75 805 ALY TRAORÉ
A) Fondements et traits caractéristiques du socialisme Ujamaa
i° De /'Ujamaa traditionnel au socialisme tan^anien. — Le socialisme que la
Tanzanie désire construire se fonde sur la famille « Ujamaa » de la société
traditionnelle tanzanienne dont les principes étaient (i) :
1. Le respect mutuel entre tous les membres de la société et de la famille
quels que soient l'âge et le rang social de chacun;
2. Les biens matériels de production et de consommation étaient détenus en
commun et répartis entre tous les membres de la communauté, y compris
les enfants, les vieillards et les infirmes qui ne pouvaient pas travailler;
3. Tous les membres valides de la communauté contribuaient à la production
et au bien-être collectif de la société.
Mais la société Ujamaa avait deux défauts. D'une part elle était pauvre.
Sa production était basse — à cause de l'ignorance et des méthodes archaïques.
D'autre part, certains membres, les femmes par exemple, occupaient une
position subalterne et travaillaient plus que les hommes. Ces deux défauts,
auxquels il faut ajouter le féodalisme, ont été aggravés sous la colonisation,
les plantations européennes ayant demandé une main-d'œuvre masculine
importante.
De plus, estime le Président Nyerere, la colonisation européenne est venue
bouleverser l'ensemble du système traditionnel africain en y introduisant, au
besoin par la force, la monnaie, la propriété privée, l'individualisme effréné
et, somme toute, l'exploitation capitaliste. De toute façon, puisque le
capitalisme a des principes étrangers à ceux des sociétés traditionnelles afri
caines, il faut utiliser les valeurs saines de ces pour construire le
socialisme en Afrique.
En fin de compte, celui-ci doit être caractérisé par l'absence d'exploi
tation de l'homme par l'homme, l'élimination progressive mais radicale de la
féodalité et du capitalisme et le contrôle des moyens de production, d'échange
et de distribution par les travailleurs, les paysans ou l'Etat qui les représente.
Nous verrons en effet comment le gouvernement et le parti sont parvenus
à contrôler les points stratégiques de l'économie : les terres, les minerais, l'eau
et l'énergie d'une part, et d'autre part les banques, les assurances, Pimport-
export, les grands magasins et les usines.
Cependant, étatisation n'est pas forcément socialisme, Nyerere insiste donc
sur la nécessité d'une réelle « démocratie », la foi dans le socialisme et l'abandon
des dépenses de luxe des leaders tanzaniens (2).
(1) Voir entre autres, Julius К. Nyerere, Ujamaa, Essays on Socialism, sutout la première
partie : « Ujamaa. The Basis of African Socialism », Dar es-Salaam, 1970.
(2) On sait qu'en octobre 1966, avant même la Déclaration d'Arusha, le Président
Nyerere et ses ministres réduisirent de 20 % leurs traitements. Ce qui eut pour conséquence
806 AGRICULTURE-INDUSTRIE EN TANZANIE RAPPORTS
2° Priorité à Г agriculture sur Г industrie. — L'industrialisation exige beaucoup
d'argent et selon le Président Nyerere : « II est stupide de considérer l'argent
comme le principal instrument du développement alors que nous savons très
bien que notre pays est pauvre » (i).
Dans ces conditions, vouloir gagner en Tanzanie et en Afrique la guerre
contre le sous-développement, en comptant principalement sur l'argent, c'est
choisir l'arme la plus inopérante en ce sens qu'elle est rare. En effet, la Tanzanie
manque d'argent et ne peut en obtenir suffisamment de l'extérieur sans comprom
ettre ses objectifs socialistes de développement rural et d'industrialisation.
Par conséquent, ce serait une grande erreur de donner priorité à l'industrie
que l'on sait coûteuse, sur l'agriculture.
En Tanzanie, l'agriculture compte encore en 1971 pour 60 % du P.N.B.
et 80 % de la valeur totale des exportations. L'agriculture fait vivre près de
90 % de la population totale tanzanienne. On ne peut donc que donner
priorité au développement rural intégré (2). Car le développement économique,
une fois réalisé, donne l'argent et l'industrialisation. Ce développement ne
peut commencer uniquement et même forcément par l'argent ou l'industrie
d'autant plus que les ressources essentielles du pays, qui sont en grande partie utilisées
dans les régions urbaines sont obtenues par des prélèvements souvent abusifs sur les
productions agricoles. Il faut donc mettre fin à Г exploitation de la campagne par la
ville en aidant les zones rurales à tirer profit de leurs larges potentialités agri
coles. L'Etat doit y contribuer en fournissant aux coopératives et aux villages
Ujamaas l'infrastructure socio-économique (eau, engrais, tracteurs, enca
drement, etc.). Cependant, contrairement à l'erreur commise au cours de
l'élaboration des deux premiers plans de 1961 à 1969 et de leur application
partielle, l'essentiel des ressources à investir à la campagne viendrait non plus
de l'Etat, mais des communautés rurales. Ces dernières doivent donc pratiquer
le self-help (s'aider soi-même) et le self-reliance (compter sur ses propres forces)
et ceci grâce à Г augmentation importante de la productivité agricole. Autrement
dit, le self-reliance , c'est pouvoir subvenir, par le travail, aux besoins élément
aires : se nourrir, se vêtir et avoir un logement décent. Tout le monde en
Tanzanie, de l'individu jusqu'à la nation en passant par la famille, le village, etc.,
doit travailler pour réaliser le self-reliance. Car, selon le Président Nyerere, la
route du développement passe nécessairement par l'exploitation de quatre
richesses : la terre, l'agriculture, le dur travail des hommes, le tout organisé
la réduction de 10 % des salaires de Zanzibar qui suivit l'exemple des leaders du T.A.N.U.,
Tanganyika African national Union, parti du Président Nyerere, devenu parti unique.
(1) Julius К. Nyerere, Ujamaa..., op. cit., p. 22.
(2) Au cours de notre séjour de trois semaines en Tanzanie, en décembre - début jan
vier 1972, grâce à la bourse de voyage de 1T.D.E.P., tous les responsables tanzaniens ont
insisté devant nous sur cette nécessité de donner priorité au développement rural.
807 TRAORÉ ALY
par une politique socialiste et un bon leadership. L'argent, m&

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