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Publié par | DEVIANCE_ET_SOCIETE |
Publié le | 01 janvier 1990 |
Nombre de lectures | 27 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Extrait
Benoit Bastard
Laura Cardia-Vonèche
Noëlle Languin
Monsieur Malik von Allmen
Recours à l'alcool et automédication chez les femmes dans les
situations de rupture familiale
In: Déviance et société. 1990 - Vol. 14 - N°3. pp. 295-312.
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Bastard Benoit, Cardia-Vonèche Laura, Languin Noëlle, von Allmen Malik. Recours à l'alcool et automédication chez les
femmes dans les situations de rupture familiale. In: Déviance et société. 1990 - Vol. 14 - N°3. pp. 295-312.
doi : 10.3406/ds.1990.1191
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1990_num_14_3_1191Zusammenfassung
Eine Untersuchung, welche in Genf unter ca. 100 getrennt lebenden und geschiedenen Muttern
unternommen wurde, zeigt, dass der Konsum von Alkohol und Beruhigungsmitteln — zumindest was
die Frauen betrifft — von einer sehr unterschiedlichen Logik bestimmt wird. Die Vorstellung, derzufolge
der Alkohol einen Trost in Situationen einer familiaren Trennung darstellt, konnte nicht bestàtigt werden.
Dieser wird nicht als Heilmittel angesehen und die Gelegenheit zum Verbrauch nimmt sogar ab durch
das Verschwinden des «Trainingseffekts», welcher mit der Gegenwart eines Mannes verbunden ist, ab.
Dagegen findet man bestätigt, dass das Zurückgreifen auf Beruhigungsmittel als eine individuelle
Praktik, welche der Geselligkeit fremd ist, oft zu den Mitteln zählt, mit welchen die mit der Scheidung
verbundenen Schwierigkeiten uberwunden werden sollen.
Een onderzoek ondernomen in Genève bij een hondertal gescheiden moe- ders brengt ons in
herinnering dat het verbruik van alcohol en dat van kalme- rende middelen gekenmerkt worden door
zeer verschillende logica's — tenminste bij vrouwen. De gangbare idee volgens de welke alcohol heil
brengt in situaties van ontbinding van het gezin werd niet bevestigd. Het wordt niet ervaren als een
remedie en de gelegenheden om te drinken verminderen, inzonderheid door het verdwijnen van het
effect dat mannelijke aanwezigheid meebrengt. Daarentegen wordt de idée bevestigd dat de toevlucht
tot kalmerende middelen een individuele praktijk is, die lostaat van inter menselijke bindingen et die
dikwijls een der is om de moeilijkheden veroorzaakt door de scheiding te boven te komen.
Résumé
Une enquête faite à Genève auprès d'une centaine de mères séparées ou divorcées rappelle que la
consommation d'alcool et celle de tranquillisants sont régies par des logiques très différentes — du
moins chez les femmes. L'idée reçue selon laquelle l'alcool deviendrait un réconfort dans les situations
de rupture familiale n'est pas confirmée. Il n'est pas perçu comme un remède et les occasions d'en
consommer diminuent, en particulier par la disparition de l'effet d'entraînement lié à une présence
masculine. Il se confirme en revanche que le recours aux tranquillisants — pratique individuelle
étrangère aux rapports de convivialité — figure souvent parmi les moyens de surmonter les difficultés
entraînées par le divorce.
Abstract
A survey carried out in Geneva into a group of about 100 divorced or separated mothers reminds that
alcohol and tranquilizer consumption are governed by very different logics — at least for women. The
idea according to which alcohol is a relief in situations of family breakings is not confirmed. It is not
perceived as a cure and the opportunities of consumption decrease, particularly with the disappearance
of the masculine presence. But on the other hand, it has been confirmed that the use of tranquilizers, an
individual habit not related to social relations ranks among the means to overcome the difficulties
caused by divorce.Déviance et Société , 1990. Vol. 14, No 3, pp. 295-312
RECOURS À L'ALCOOL ET À L'AUTOMÉDICATION
CHEZ LES FEMMES
DANS LES SITUATIONS DE RUPTURE FAMILIALE
B. BASTARD, L. CARDIA-VONÈCHE, N. LANGUIN et M. VON ALLMEN*
I. Introduction
Le but de ce travail est d'examiner comment se présentent, chez les femmes,
la consommation d'alcool et celle de tranquillisants dans les situations de rup
ture familiale. On peut, en effet, se demander si le recours à l'alcool ou aux
médicaments est une manière de répondre aux perturbations qu'engendrent la
séparation ou le divorce. Il importe, pour répondre à cette question, de mieux
comprendre les significations que ces diverses consommations peuvent prendre
dans de telles circonstances.
Nos données quant aux habitudes de consommation d'alcool et de médica
ments sont tirées d'une étude sur la gestion de la santé dans les familles monop
arentales. L'enquête a été réalisée auprès d'une centaine de mères séparées ou
divorcées de la région genevoise. Notre recherche a porté sur une population de
femmes dans la mesure où ce sont elles qui, dans l'immense majorité des cas,
assument la charge quotidienne des enfants à la suite des divorces1.
Précisons d'emblée que ce travail ne porte pas sur l'alcool comme cause des
ruptures familiales. Il ne cherche pas non plus à mesurer des niveaux de
consommation d'alcool ou de tranquillisants. On sait, d'ailleurs, que toute situa
tion d'enquête induit des effets de mise en scène et que, s'agissant de pratiques
souvent stigmatisées comme la consommation d'alcool, la sincérité de certaines
Institut de médecine sociale et préventive. Université de Genève.
Cette population est constituée par un ensemble de femmes qui ont répondu positivement à
des appels de participation à l'étude qui leur sont parvenus soit à travers l'Association des
mères chefs de famille et des familles monoparentales, soit par l'intermédiaire du Service can
tonal d'avance et de recouvrement des pensions alimentaires, soit par le truchement de directri
ces de garderies d'enfants ou de crèches. Quelques enquêtées ont en outre été sollicitées plus
directement, par des femmes qui avaient déjà répondu à nos questions. La population de
l'enquête est donc constituée par des femmes qui ont répondu à divers types de sollicitations.
Sans être représentative de la population genevoise des mères séparées ou divorcées, elle pré
sente une diversité suffisante si on l'envisage sous l'angle des variables socio-démographiques
usuelles.
Cette recherche, financée par le Fonds national suisse de la recherche scientifique (Subside
No 3.981-0.86), a également bénéficié d'un subside de la Fondation suisse de recherche sur
l'alcool.
295 réponses peut être mise en doute. Il est possible que les déclarations des person
nes interrogées sur leurs consommations médicamenteuses masquent aussi cer
taines situations extrêmes. Ces biais éventuels ne remettent toutefois pas en
cause l'objectif d'un travail qui s'attache à comprendre le sens de telles consom
mations et non à repérer d'éventuels abus.
IL Hypothèses
Certains travaux montrent que le recours à l'alcool constitue un moyen de
faire face à des situations émotionnelles perturbantes (Pearlin et Radabaugh,
1976; Honkasalo, 1979). On peut supposer que cette perspective se justifie dans
le cas des ruptures familiales, souvent marquées par des sentiments d'échec et
d'anxiété devant l'avenir. La consommation d'alcool, en réduisant les tensions
éprouvées, peut alors intervenir comme une façon de s'encourager ou comme
un adjuvant favorable aux besoins du fonctionnement individuel. A la limite,
dans cette logique, elle pourrait intervenir comme un moyen de se soustraire aux
soucis de la vie quotidienne.
D'autres auteurs, sans rejeter cette première perspective où la consommat
ion d'alcool est en quelque sorte comparable à celle d'un «médicament», souli
gnent l'existence d'une autre logique de recours à l'alcool, dans laquelle il appar
aît comme un «catalyseur» dans les relations sociales (Cahalan et al, 1969).
Ce point de vue nous semble également pertinent lorsqu'il s'agit — comme c'est
souvent le cas à la suite d'un divorce — d'instaurer un réseau de nouvelles rela
tions. Il s'agit alors d'une conception «positive» de la consommation d'alcool,
en tant qu'élément de sociabilité.
On pourrait enfin objecter à l'une et à l'autre de ces perspectives que la ques
tion du recours à l'alcool n'a pas de fondement dans les situations de rupture
envisagées, puisque rien ne permet d'affirmer que celles-ci sont toujours vécues
comme événements perturbants. Les r