Réformer l'intermédiation financière en Russie : des options - article ; n°2 ; vol.46, pg 433-455

Laurence Scialom, Hélène Clément-Pitiot

Description

Revue économique - Année 1995 - Volume 46 - Numéro 2 - Pages 433-455
Réformer l' intermediation financière en Russie : des options
La promotion d'un mode décentralisé d'allocation des ressources en Russie rend imperative la promotion d'une véritable intermédiation financière. Notre analyse en ce domaine concilie l'approche théorique en matière d'intermédiation et la prise en compte des réalités russes. Pour ce faire, nous organisons la réflexion autour de deux grands axes : les relations bancaires bilatérales et l'organisation du système bancaire à un niveau plus macro-économique. Sur cette base, nous proposons quelques pistes de réflexions quant à l'orientation des réformes à mettre en œuvre dans la Fédération de Russie pour promouvoir une véritable inter-médiation financière.
Reforming financial intermediation in Russia : the options
The establishment in Russia of a decentralized resource-allocation system requires the urgent promotion of effective banking intermediation. It is urgent to consider what steps should be taken to promote a true financial intermediation. Any examination of the options must reconcile the theoretical approach to intermediation with Russian realities — which is what we propose to do. Our discussion will center on two major topics, the bilateral banking relationships and the organization of the banking system at a more macroeconomic level. On this basis we propose some guidelines for the reforms that should be implemented in the Russian Federation to introduce a genuine banking intermediation function.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_ECONOMIQUE
• Publié le: 01 janvier 1995
• Nombre de lectures: 20
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Madame Laurence Scialom
Madame Hélène Clément-Pitiot
Réformer l'intermédiation financière en Russie : des options
In: Revue économique. Volume 46, n°2, 1995. pp. 433-455.
Résumé
Réformer l' intermediation financière en Russie : des options
La promotion d'un mode décentralisé d'allocation des ressources en Russie rend imperative la promotion d'une véritable
intermédiation financière. Notre analyse en ce domaine concilie l'approche théorique en matière d'intermédiation et la prise en
compte des réalités russes. Pour ce faire, nous organisons la réflexion autour de deux grands axes : les relations bancaires
bilatérales et l'organisation du système bancaire à un niveau plus macro-économique. Sur cette base, nous proposons quelques
pistes de réflexions quant à l'orientation des réformes à mettre en œuvre dans la Fédération de Russie pour promouvoir une
véritable inter-médiation financière.
Abstract
Reforming financial intermediation in Russia : the options
The establishment in Russia of a decentralized resource-allocation system requires the urgent promotion of effective banking
intermediation. It is urgent to consider what steps should be taken to promote a true financial intermediation. Any examination of
the options must reconcile the theoretical approach to intermediation with Russian realities — which is what we propose to do.
Our discussion will center on two major topics, the bilateral banking relationships and the organization of the banking system at a
more macroeconomic level. On this basis we propose some guidelines for the reforms that should be implemented in the Russian
Federation to introduce a genuine banking intermediation function.
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Scialom Laurence, Clément-Pitiot Hélène. Réformer l'intermédiation financière en Russie : des options. In: Revue économique.
Volume 46, n°2, 1995. pp. 433-455.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1995_num_46_2_409653Réformer F intermediation financière
en Russie : des options
Hélène Clément-Pitiot *
Laurence Scialom**
La promotion d'un mode décentralisé d'allocation des ressources en Russie
rend imperative la promotion d'une véritable intermédiation financière. Notre anal
yse en ce domaine concilie l'approche théorique en matière d'intermédiation et la
prise en compte des réalités russes. Pour ce faire, nous organisons la réflexion
autour de deux grands axes : les relations bancaires bilatérales et l'organisation
du système bancaire à un niveau plus macro-économique. Sur cette base, nous
proposons quelques pistes de réflexions quant à l'orientation des réformes à mett
re en œuvre dans la Fédération de Russie pour promouvoir une véritable inte
rmédiation financière.
Classification JEL : E4, E5, P2
Depuis 1988, les réformes bancaires en Russie ont été présentées comme un
volet essentiel du programme de transformation économique visant à assurer le
passage d'une économie planifiée à une économie de marché. Cependant, en
dépit des ambitions affichées au cours de la période s' échelonnant entre janvier
1988 et décembre 1990 — période d'intense activité juridique en matière de
réformes de l'organisation du système bancaire russe dont la finalité était de
créer un système hiérarchisé — il convient de reconnaître la distance qui per
siste entre ces ambitions des réformateurs et la réalité. Le système bancaire
russe actuel n'a pas su véritablement se démarquer de son héritage historique, à
savoir le modèle de la monobanque. Celle-ci perdure sous une forme
dégénérée : la Banque de Russie ne contrôle pas les banques commerciales et
ces dernières n'exercent pas leur rôle de supervision sur les firmes (Pitiot, Scia
lom [1993]). Or l'avènement d'un mode décentralisé d'allocation des ressour
ces rend imperative la promotion d'une véritable intermédiation bancaire.
Ce faisant, partant d'une analyse théorique de l' intermédiation, nous nous
attacherons à proposer quelques pistes de réflexion quant à l'orientation des
réformes à mettre en œuvre dans la Fédération russe pour promouvoir une véri
table intermédiation bancaire. Nos propositions seront assez largement centrées
* MODEM URA 1697 CNRS, Paris X, Institut international de Paris La Défense, 57
Esplanade du Général-de-Gaulle, 92031 Paris La Défense, Cedex 102.
** M.IN.I-FORUM URA 1700 CNRS, Paris X, 200 avenue de la République, 92001
Nanterre Cedex.
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Revue économique — vol. 46, n° 2, mars 1995, p. 433-455. Revue économique
sur les options d'organisation bancaire les mieux à même d'assurer l'adaptabi-
lité du système durant la transition. Plutôt que de présenter de manière ad hoc
l'approche théorique sous-jacente aux propositions que nous avançons, nous
rappellerons brièvement les caractéristiques du système antérieur de planifica
tion centralisée1 ainsi que certains traits du système actuel susceptibles d'éclai
rer nos choix théoriques et propositionnels.
Les banques, dans les économies de type soviétique, fournissaient des prêts
aux entreprises de sorte que celles-ci puissent réaliser leurs objectifs de product
ion et d'accumulation de stocks conformément aux directives du plan central de
production matérielle. Les firmes bénéficiaient de la garantie de vente, ce qui cor
respondait, de fait, à une garantie de validation sociale de leur production. La sup
pression de tout risque en termes de commercialisation permet de comprendre
que, dans ce type de système, les banques n'étaient pas mandatées, ni même inci
tées à évaluer la qualité des actifs. Ce faisant, le rôle des asymétries d'information
et des services de supervision et de contrôle délégués ne saurait être mis en avant
pour expliquer l'existence de banques dans les économies centralement plani
fiées. En réalité, la clarification sémantique voudrait que l'on cesse d'appeler ban
ques des institutions qui n'étaient que les antennes administratives de l'organe de
planification central. En l'absence de marché des capitaux, la Banque centrale qui
refinançait automatiquement les prêteurs était la seule source de liquidité. L'exis
tence d'intermédiaires financiers n'avait donc aucun sens, ceux-ci étaient réduits à
n'être que des agences de la Banque centrale dans la distribution des crédits. En
fait, le taux d'intérêt n'ayant que peu de relation avec le rendement du capital ou
la structure de maturité des prêts, se voyait privé de toute fonction allocative et, le
crédit à court terme voyait son rôle réduit à celui d'une distribution de monnaie.
La monobanque doit donc s'analyser comme une institution cumulant les fonc
tions de Banque centrale et de banque commerciale et vidant donc de son sens le
concept même d' intermédiation financière (Sapir [1990]).
Le système bancaire russe actuel ne se conforme évidemment pas à la des
cription rapide que nous venons de mener. Il est notamment doté depuis décemb
re 1990 de lois bancaires censées fonder juridiquement un système bancaire à
deux niveaux. Cependant, en dépit de ces réformes et de la prolifération de ban
ques commerciales , la fonction d' intermédiation financière reste encore
embryonnaire dans la Fédération de Russie. La Banque de Russie n'assume pas
son rôle de supervision et de contrôle du système bancaire, et les banques, pour
la plupart, ne remplissent pas leurs fonctions d'évaluation financière et de sur
veillance des débiteurs.
Il est donc impératif de réfléchir sur ce qu'il conviendrait de faire pour pro
mouvoir une véritable intermédiation financière en Russie. Les analyses en ce
domaine doivent concilier l'approche théorique en matière d' intermédiation et la
prise en compte des réalités russes. C'est à cet exercice que nous allons nous con
sacrer. Pour ce faire, nous organiserons la réflexion autour de deux grands axes :
- les relations bancaires bilatérales ;
- l'organisation du système bancaire à un niveau plus macro-économique.
1. Cela notamment en raison de l'importance des caractér