Remarques sur les doctrines de la population depuis deux siècles - article ; n°3 ; vol.2, pg 481-495
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Remarques sur les doctrines de la population depuis deux siècles - article ; n°3 ; vol.2, pg 481-495

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Population - Année 1947 - Volume 2 - Numéro 3 - Pages 481-495
L'histoire des doctrines de la population est surtout l'histoire des erreurs qui ont été émises au sujet de la population, la formule s'applique à la plupart des théories examinées dans l'étude qui suit et qui présente cependant un intérêt, dégagé dans la conclusion.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1947
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Bourdon
Remarques sur les doctrines de la population depuis deux
siècles
In: Population, 2e année, n°3, 1947 pp. 481-495.
Résumé
L'histoire des doctrines de la population est surtout l'histoire des erreurs qui ont été émises au sujet de la population, la formule
s'applique à la plupart des théories examinées dans l'étude qui suit et qui présente cependant un intérêt, dégagé dans la
conclusion.
Citer ce document / Cite this document :
Bourdon Jean. Remarques sur les doctrines de la population depuis deux siècles. In: Population, 2e année, n°3, 1947 pp. 481-
495.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1947_num_2_3_1820REMARQUES
SUR LES DOCTRINES
DE LA POPULATION
DEPUIS DEUX SIÈCLES
L'histoire des doctrines de la population est surtout l'his
toire des erreurs qui ont été émises au sujet de la population,
ha formule s'applique à la plupart des théories examinées
dans l'étude qui suit et qui présente cependant un intérêt,
dégagé dans la conclusion.
LE POINT DE VUE ECONOMIQUE
Les populationnistes Deux doctrines de la population se parta-
au XVIIIe siècle. geaient au XVIIIe siècle presque tous les
philosophes. Les uns, continuateurs des mer-
cantilistes, pensaient, comme W. Temple au siècle précédent, que
l'augmentation de la population devait entraîner celle de la richesse.
Les autres estimaient avec Mirabeau père que les hommes « mult
iplient comme les rats dans une grange s'ils ont les moyens de
subsister » : pour eux l'accroissement de la population n'était pas
la cause, mais la conséquence de la prospérité, qui selon certains
réduisait la mortalité et selon les autres favorisait le nombre et
la précocité des mariages. Qu'on adoptât l'une ou l'autre de ces
explications, l'augmentation de la population, liée à la prospérité,
en était le signe et prouvait l'excellence du gouvernement.
Avant les recensements périodiques quand la population ne
pouvait qu'être évaluée par des indices, on devait être tenté de dire :
puisque ce gouvernement me semble mauvais, la a dû
diminuer dans l'état qu'il régit. Ce raisonnement devait satisfaire
l'esprit par sa simplicité et le sentiment parce qu'il servait la polé
mique. On ne songeait point à discuter les apparences lorsqu'elles
s'accordaient avec les idées préconçues : en Chine, la partie méri
dionale était la mieux connue des Européens et ils n'en parcouraient REMARQUES SUR LES DOCTRINES DE LA POPULATION 482
guère que les vallées, où grouille une population abondante et par
endroits prodigieuse ; on ne songeait pas aux montagnes, à peu près
désertes, et on concluait hardiment que toute la Chine était très
peuplée, comme on pouvait l'attendre d'un gouvernement que les
philosophes proposaient en modèle (1)*. On généralisait abusive
ment : il semble bien que la population française ait diminué pen
dant les vingt dernières années du règne de Louis XIV, notamment
par les deux grandes famines de 1693-1694 et de 1709-1710 ; bien
des philosophes affirmèrent que cette dépopulation continuait et
leur assertion doit frapper d'autant plus qu'en 1778 Moheau, qui
avait l'esprit scientifique, reconnaissait au contraire l'augmentation,
qui était réelle, de la population française. Les populations antiques
ne peuvent être évaluées que très imparfaitement, d'après des
indices très incertains et grâce à des raisonnements dont les hom
mes du XVIIIe siècle ne soupçonnaient pas même la complexité ;
l'admiration pour la Grèce et Rome, entretenue par les collèges,
inspirait des exagérations fantastiques : « II y a à peine sur terre,
écrivait Montesquieu, la dixième partie des hommes qui y étaient
dans les anciens temps. » (2).
Les philosophes attaquaient l'Eglise catholique plus encore que
les gouvernements. C'était pour eux une bonne raison de présenter
la dépopulation comme le mal par excellence et le célibat ecclésias
tique comme une de ses principales causes (3). Il avait alors bien
plus d'extension qu'aujourd'hui, non pas tant cependant qu'au
siècle précédent : le nombre des moines avait beaucoup diminué
en France au XVIIIe siècle, mais à l'ordinaire on attaque les inst
itutions quand elles sont à leur déclin et déjà abandonnées par une
partie de l'opinion, non quand elles sont dans leur pleine force et
entourées du respect général. Parmi les « populationnistes » de ce
temps, les uns, on Га vu, tenaient l'accroissement de la population
pour la cause du développement de la richesse et les autres pour
sa conséquence. En attaquant le célibat ecclésiastique, les premiers
étaient logiques, mais non les seconds : si la population se pro
portionne nécessairement aux subsistances, l'infécondité de certains
hommes sera compensée par une fécondité plus grande chez les
gens mariés (4) ou par une réduction de la mortalité parce que
les subsistances seront moins disputées. Mirabeau père avait évité
cette erreur de raisonnement : au contraire il soutenait que les
moines cultivateurs, produisant en consommant peu, laissaient des
subsistances disponibles pour le reste de la population et en per
mettaient l'accroissement.
Les antipopulationnistes. F. X. de Feller, un jésuite belge, grand
adversaire des philosophes, les a contre
dits sur la question de la population
comme sur toutes les autres, soit dans divers articles, parus entre
1771 et 1786 dans son Journal historique et littéraire, soit dans son
* Les numéros renvoient aux notes placées en fin de l'article, page 493. SUR LES DOCTRINES DE LA POPULATION 483 REMARQUES
Dictionnaire géographique, publié à Bruxelles en 1791-92. Son souci
de les réfuter le conduisit à deux idées intéressantes :
« On s'exagère l'importance des populations qu'on connaît
mal. » Inutile de dire que c'est surtout à la Chine qu'il applique ce
principe, pour ne point lui reconnaître la nombreuse population
dont les philosophes lui faisaient honneur. « Toute multitude,
assemblée ou dispersée, présente une apparence très supérieure à
son nombre effectif ; et on dira avec Quinte Curce : majorem
quam pro numero speciem gerit. »
II s'oppose également aux philosophes par ses appréciations
sur la valeur de la population : il ne croit pas qu'elle aille toujours
avec la prospérité : l'Espagne, dit-il, gagnerait à avoir moins d'ha
bitants et, partant, moins de mendiants.
Arthur Young (5) soutint en 1769 dans son Tour through the
North of England, « que ce n'est pas le seul chiffre de la population
qui rend une nation riche et puissante, que c'est seulement son
activité qui constitue la force d'un royaume. » En 1774 il écrivait
dans sa Political Arithmetic (t. I, p. 47) : « la population est un
objet secondaire ; l'important, c'est de faire produire au sol le plus
possible, sans s'inquiéter du reste. » En 1791 il applique à la France
ces principes, opposés, dit-il, à ceux de la plupart des auteurs. Les
villages et campagnes sont trop peuplés avec 20.521.138 habitants ;
les villes le sont trop peu avec 5.709.270 : « dans les pays florissants
la moitié de la nation se trouve dans les villes... Une industrie vrai
ment active, proportionnée aux ressources du royaume, aurait dû
depuis longtemps avoir purgé la campagne... de ces bouches superf
lues, je ne dis pas ces bras, car ces gens mangent plus qu'ils ne
travaillent. » Redistribuer la population ne lui semble pas suffi
sant ; il juge son total excessif : la France « serait bien plus puis
sante et infiniment plus florissante si elle avait cinq ou six millions
d'habitants en moins. » Cette nombreuse population ne tient ni aux
mérites de l'ancien gouvernement, ni à la bonté du climat, ni « à
une prospérité extraordinaire des manufactures, car les nôtres sont
beaucoup plus considérables, par rapport au chiffre de la population
des deux pays », mais « surtout à la division des terres en petites
propriétés, qui existe en ce pays à un degré dont nous n'avons guère
idée en Angleterre » et provoque des mariages « dont les enfants
meurent jeunes, faute d&#

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