Renouveau urbain et marginalisation. Le cas du centre-ville de Ouagadougou, Burkina-Faso - article ; n°185 ; vol.47, pg 57-78
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Renouveau urbain et marginalisation. Le cas du centre-ville de Ouagadougou, Burkina-Faso - article ; n°185 ; vol.47, pg 57-78

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Tiers-Monde - Année 2006 - Volume 47 - Numéro 185 - Pages 57-78
Alexandra Biehler - Urban renewal and marginalization : The case of residents in downtown Ouagadougou, Burkina Faso.
In Ouagadougou, State planning for the downtown represents the new urban order. Invited to move out of old inner-city neighbourhoods to a site and service on the outskirts, the inhabitants experience life on the physical fringe, confirming, for some, their status at the fringes of society. But these urban shifts are leading relocated residents to take a new look at the capital and adopt new ways of living in the city and their neighbourhood. The desire to take action so that the neighbourhood will be acknowledged and valorized as part of the urban space may be evidence that a process of citizen-making is underway.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2006
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Alexandra Biehler
Renouveau urbain et marginalisation. Le cas du centre-ville de
Ouagadougou, Burkina-Faso
In: Tiers-Monde. 2006, tome 47 n°185. pp. 57-78.
Abstract
Alexandra Biehler - Urban renewal and marginalization : The case of residents in downtown Ouagadougou, Burkina Faso.
In Ouagadougou, State planning for the downtown represents the new urban order. Invited to move out of old inner-city
neighbourhoods to a site and service on the outskirts, the inhabitants experience life on the physical fringe, confirming, for some,
their status at the fringes of society. But these urban shifts are leading relocated residents to take a new look at the capital and
adopt new ways of living in the city and their neighbourhood. The desire to take action so that the neighbourhood will be
acknowledged and valorized as part of the urban space may be evidence that a process of citizen-making is underway.
Citer ce document / Cite this document :
Biehler Alexandra. Renouveau urbain et marginalisation. Le cas du centre-ville de Ouagadougou, Burkina-Faso. In: Tiers-
Monde. 2006, tome 47 n°185. pp. 57-78.
doi : 10.3406/tiers.2006.5650
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_2006_num_47_185_5650DOSSIER
RENOUVEAU URBAIN ET MARGINALISATION.
LE CAS D'HABITANTS DU CENTRE-VILLE
DE OUAGADOUGOU - BURKINA FASO
Alexandra Biehler *
À Ouagadougou, le projet que l'État élabore pour le centre-
ville représente le nouvel ordre urbain. Invités à quitter les
vieux quartiers centraux pour une trame d'accueil à la
périphérie, les habitants font l'expérience de la marge spa
tiale qui confirme pour certains l'appartenance à la marge
sociale. Mais ces mutations urbaines conduisent les habitants
délocalisés à porter un regard neuf sur la capitale et à
adopter de nouveaux modes d'habiter la ville et leur quart
ier. L 'envie de s 'engager pour que le quartier soit reconnu et
valorisé au sein de l'espace urbain peut témoigner d'un
processus de citadinisation en marche.
La ville se construit et se renouvelle continuellement, tel un palimpseste dont
le décryptage des « couches » successives permet de reconstituer l'histoire de la
ville et des hommes qui y vivent et la fabriquent dans un processus souvent lent, à
peine perceptible à l'échelle d'une vie humaine. Mais il arrive que la constitution
de la ville subisse des soubresauts plus brutaux, où l'usure lente laisse la place à la
table rase et à la reconstruction. Nous nous demandons alors ce qu'il advient des
hommes qui faisaient vivre les espaces urbains concernés, en observant sur le cas
du centre-ville de la capitale burkinabé.
Le 14 mars 2001, le ministre burkinabé des Infrastructures, de l'Habitat et de
l'Urbanisme annonce la création du projet d'aménagement de la Zone d'Activités
Commerciales et Administratives (Zaca) lors d'une conférence de presse radioté-
* Doctorante, UMR 85-86 Prodig.
Je tiens à remercier Marie Morelle qui a coordonné ce dossier avec beaucoup d'énergie et a réussi à
maintenir motivés les membres de l'équipe, dispersés sur des terrains très divers, pour que ce travail
puisse voir le jour.
№ 185 - MARS 2006 - p. 57-78 - REVUE TIERS MONDE 57 Alexandra Biehler
Figure 1 : Situation des quartiers concernés par le projet Zaca : Koulouba ;
Tiedpalogo ; Zangouettin ; Peuloghin ; Kamsaoghin et le Camp fonctionnaire
Source : A. Biehler
lévisée 4 C'est ainsi que les habitants de plusieurs quartiers anciens du centre- ville
de Ouagadougou apprennent que leurs quartiers sont voués à disparaître.
Le projet Zaca qui va transfigurer les quartiers de Zanguettin, Peuloghin,
Tiedpalogo, le camp fonctionnaire et une partie de Koulouba et de Kamsaoghin
est en fait le projet d'extension de la Zaca créée en 1990. La zone d'extension de
« portant 1 - Le 2 extension novembre de 2000, la Zone le Conseil d'Activités des ministres Commerciales adopta et un Administratives décret (décret à 2000-522/PRES/PM/MIHU) Ouagadougou et création
d'un projet d'aménagement de la Zaca ».
58 REVUE TIERS MONDE - № 185 - MARS 2006 Renouveau urbain et marginalisation
80 hectares est constituée de 1 600 parcelles occupées majoritairement par des
cours traditionnelles avec un bâti en banco dans lesquelles on compte 12 500 habi
tants 2.
Après trois années de manifestations, de luttes et de négociations entre le
bureau de projet représentant l'État et les habitants, ces derniers déménagent
entre les mois de septembre 2003 et de janvier 2004. Ils s'installent sur la trame
d'accueil construite à cet effet, mais aussi dans d'autres quartiers de la capitale ou
dans les quartiers non lotis.
Ce nouveau projet est en partie né du constat de l'évolution du centre-ville et
des quartiers contigus à la première Zaca. Ces mutations se traduisent par des
investissements immobiliers importants le long des avenues goudronnées, et se
concrétisent par des constructions à étages à vocation de commerces et services.
La ville change et l'État met tout en œuvre pour convaincre les Ouagalais de la
nécessité de maîtriser cette évolution pour qu'elle se fasse dans les meilleures
conditions. Car les enjeux sont grands ; la Zaca va constituer un gisement fiscal de
première importance, et la mise en œuvre d'un tel projet est la preuve de son
dynamisme et de son pouvoir. La capitale acquiert une image de ville moderne
capable d'accueillir les investisseurs étrangers. Pour les sociétés qui vont venir y
installer leur siège, c'est une « mise en visibilité » importante. L'effet vitrine est
double : il consiste en l'installation de l'enseigne dans une capitale de l'Afrique de
l'Ouest, mais il s'agit aussi d'afficher sa présence un quartier central dont la
réputation de « quartier d'affaires » moderne et innovant précède sa réalisation.
Pour les habitants le défi est d'un autre ordre, il leur faut quitter les cours familiales
où ils sont enracinés et reconstruire ailleurs leurs cours et leurs réseaux de
sociabilité, le plus souvent à la périphérie de la ville.
À partir de la capitale burkinabé et plus spécifiquement les Ouagalais habitant
les vieux quartiers centraux, cet article étudie le rôle du renouvellement urbain et
de l'injonction à obéir aux normes urbaines dans le processus de marginalisation
et/ou de citadinisation des habitants concernés par un déguerpissement. Par le
terme de « marginalisation » nous entendons ce qui est conduit aux bords, aux
limites, ainsi que ce qui est résiduel, le périphérique et le non conforme ; tout ce
qui n'entre pas dans ce que l'idéologie majoritaire s'accorde à choisir comme
normal (Courade, 1985 : 139-140).
Les données présentées ici font partie d'un travail de thèse conduit depuis
2002 à Ouagadougou, portant sur « Les modes de constitution des espaces publics
à Ouagadougou . »
2 - « Le contexte de la Zaca à Ouagadougou », texte pour le concours international d'urbanisme pour
l'aménagement de la Zaca. Février 2003. Projet Zaca - p. 20.
№ 185 - MARS 2006 - REVUE TIERS MONDE 59 Alexandra Biehler
I. HABITER LA VILLE A UN PRIX. UNE NOUVELLE NORME
URBAINE POUR OUAGADOUGOU.
1 - Zanguettin : la marge au cœur de la ville
Après l'annonce du projet Zaca, les réactions des habitants des quartiers de
Zanguettin, Tiedpalogo, Koulouba, Kamsaoghin et Peuloghin ont été immédiates
et vives. L'ampleur de la mobilisation est certainement proportionnelle au choc
qui a été éprouvé à l'écoute d'une telle déclaration par « petit écran interposé ». Ce
mode d'information a été ressenti par la population comme une preuve du peu de
considération que l'État a pour eux, sentiment d'humiliation mû en critique
renouvelée dans tous les argumentaires de la population pour le refus du projet.
Habiter le centre le centre-ville et bénéficier de la proximité de nombreux services,
administrations et commerces, c'est être privilégié. Les habitants des quartiers
concernés par le projet en ont conscience et les paroles de Boumeira 3 en témoi
gnent :
«Je réside ici, j'y travaillais jusqu'à ce que le projet voie le jour. Nous avons tout ici
pour être contents. Nous avons un marché et le grand marché Rood Woko n'est pas
loin d'ici. Il y a des restaurants, des maquis, et des boîtes de nuit où nous pouvons
aller danser. Si vous empruntez l'avenue Kwam

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