Revue de psychologie comparée - article ; n°1 ; vol.12, pg 428-460
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Description

L'année psychologique - Année 1905 - Volume 12 - Numéro 1 - Pages 428-460
33 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1905
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Georges Bohn
Revue de psychologie comparée
In: L'année psychologique. 1905 vol. 12. pp. 428-460.
Citer ce document / Cite this document :
Bohn Georges. Revue de psychologie comparée. In: L'année psychologique. 1905 vol. 12. pp. 428-460.
doi : 10.3406/psy.1905.3725
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1905_num_12_1_3725VII
REVUE GENERALE SUR LA PSYCHOLOGIE
COMPARÉE
A. — TENDANCES GÉNÉRALES
I. Protestations contre la négation de la psychologie comparée.
— L'an dernier, alors que V Année psychologique consacrait pour la
première fois une revue générale à la comparée, un
certain nombre de biologistes, Nuel en tête, faisaient une guerre
à mort à la psychologie comparée. Comme on le devine, cette
n'a pas été sans soulever les plus vives protestations; la plus
éloquente et la plus convaincante est celle de Claparède; je l'ana
lyserai ici, à la place même où j'exposais l'an dernier les idées de
Nuel.
Ed. Claparède. La psychologie comparée est-elle légitime? (1) —
Parmi ceux qui soutiennent la légitimité de la psychologie comparée
s'en trouvent beaucoup qui, comprenant mal de quoi il s'agit, se
figurent que c'est à l'intelligence des animaux que l'on porte atteinte
et qu'on les rabaisse injustement aux yeux du monde en voulant
expliquer tous leurs actes par la physiologie. Claparède n'est point
de ceux-là. Il examine la question à tous les points de vue, d'une
façon très judicieuse, et dans ce compte rendu je citerai souvent
ses propres paroles.
§ i . Confusion constante entre la complexité et la conscience des phé
nomènes. — Une réaction contre l'anthropomorphisme est très néces
saire, mais elle ne doit pas aller jusqu'à la suppression de la psychol
ogie comparée. Le tort des biologistes anthropomorphisants n'est
pas en effet d'avoir formulé leurs descriptions en langage psycho
logique, mais rendu compte des phénomènes qu'ils obser
vaient en faisant appel à des facultés d'un ordre plus élevé qu'il
n'était besoin, en d'autres termes d'avoir violé le Principe de Morgan :
« En psychologie animale, il ne faut dans aucun cas interpréter
une action comme étant le résultat d'une faculté mentale élevée,
si elle peut être considérée comme la conséquence du jeu d'une
faculté siégeant plus bas dans l'échelle psychologique ». S'il est
scientifique de ramener, lorsque c'est possible, le complexe au
simple, il est indifférent que ce complexe et ce simple soient
exprimés en termes psychologiques ou en termes physiologiques.
Le simple ne s'oppose pas au conscient. Romanes a tort d'expliquer
les tropismes par la « curiosité », parce qu'on peut rendre compte BOHN. — PSYCHOLOGIE COMPARÉE 429 G.
de l'attraction exercée sur certains animaux par la lumière d'une
façon plus simple. D'autre part, Forel a su éviter et combattre les
erreurs de l'anthropomorphisme sans pour cela s'être départi du
langage psychologique. La confusion du complexe et du conscient
est faite à chaque instant par Nuel, qui est un de ceux qui voudraient
que l'on supprimât la psychologie comparée.
§ 2. Obscurité du nouveau langage proposé. — Ceux-ci ont tout
d'abord créé un vocabulaire d'où est exclu « tout ce qui sent de
près ou de loin la vie subjective », et Nuel a été jusqu'à excom
munier des, termes aussi peu entachés de subjectivisme que « exci
tation », « irritation », mais qui ont eu le tort d'avoir été employés
quelquefois par des psychologues. Claparède nous donne une liste
de mots barbares employés par cet auteur et s'élève vivement
contre l'emploi d'un langage qui rend ses ouvrages illisibles :
« A vouloir remplacer des termes très clairs par leurs équivalents
mécanico-objectifs, on en arrive à des circonlocutions longues,
mal commodes, obscures et souvent inexactes, parfois naïves,
comme lorsque la réforme ne porte que sur le mot et non sur le
fait qu'il exprime ».
§ 3. Exagération mécaniste. — Ce langage a entraîné l'exagération
mécaniste. « Les savants de la nouvelle école se voient dans la
nécessité, pour satisfaire à l'engagement qu'ils ont pris envers leur
nomenclature dite objective, de rabaisser les faits au niveau de
leur vocabulaire. » Pour eux, les tropismes résultent de réflexes très
simples, alors que les recherches récentes de Jennings et de Bohn
ont montré que ces prétendus tropismes sont des processus beaucoup
plus complexes qu'on ne l'avait affirmé tout d'abord
§ 4. La suppression de la psychologie comparée conduit à celle de la
psychologie humaine. — On rencontre une tendance tout opposée
chez Nuel qui va jusqu'à ramener à l'héliotropisme les mouvements
que fait l'homme pour se rapprocher de la lumière. C'est là une
tentative vraiment originale et pour laquelle l'auteur a raison de
revendiquer un incontestable droit de priorité, mais qui peut
donner lieu à beaucoup de critiques. Si Nuel a fait cette tentative
un peu téméraire, c'est sans doute qu'il a compris que les mêmes
raisons qui plaident en faveur de la suppression de la psychologie
comparée devraient obliger à supprimer la psychologie humaine,
car la vie mentale des hommes autres que nous-mêmes nous est
aussi inconnue que celle des animaux.
Nuel est logique en cela avec lui-même, mais cela ne veut pas dire
qu'il a raison. « La vérité, c'est que la psychologie et la physiologie
sont, au point de vue du droit, logées exactement à la même
enseigne : chacune de ces sciences opère sur des faits immédiate
ment constatés et sur des inductions plus ou moins exactes. La
physiologie des centres nerveux emprunte des faits surtout à la vie
des animaux, mais personne ne lui conteste le droit d'induire de ses
observations, conformément à la méthode ascendante, ce qui se passe
dans le cerveau de l'homme. Pourquoi défendrait-on à la psychol
ogie d'utiliser la méthode descendante, et, partant des faits de T*wi"njT&^Tyv. '■"'^ '""
430 REVUES GÉNÉRALES
conscience, qui sont les seules données à l'expérience immédiate
de chacun de nous, d'inférer des processus analogues chez nos
semblables, chez l'enfant, chez l'animal? » D'ailleurs, en ce qui
concerne les sensations de couleurs, Nuel s'est vu obligé de se
servir du langage psychologant, et il le reconnaît lui-même.
§ S. La substitution du langage physiologique au langage psycholo
gique n'est, le plus souvent, qu'un grossier trompe-Vœu. — Le langage
« physiologique » n'est le plus souvent que la traduction... en grec
du langage psychologique : au lieu de « lumière », on dit photo; au
lieu de « forme », on écrit icono. « Au fond la réforme se borne sim
plement à cela. Dès qu'on cherche à se représenter ce qu'il y a sous
ces vocables, on retombe sur les faits de conscience qui en ont été
l'origine, pour la bonne raison que les mécanismes objectifs qui
distinguent ces différentes classes de « réceptions » nous sont
encore inconnus... Dans la plupart des cas, sous les mots objectifs,
la pensée reste psychologique. »
§ 6. La suppression de la psychologie comparée rend impossible toute
comparaison de l'activité humaine avec l'activité animale. — II est
difficile de résumer en quelques lignes la longue et ingénieuse
discussion par laquelle Claparède montre la légitimité, la nécess
ité de la psychologie comparée, même au cas où l'on serait en
possession d'une explication physico-chimique ou mécanique des
principales activités des animaux. Il faudrait alors faire bénéficier
l'étude de l'homme des succès remportés dans l'étude des animaux,
et cela ne pourrait se faire qu'en comparant la mentalité de
l'homme et celle des animaux; or, la vie mentale de l'homme ne
nous est connue que sous sa face consciente.
En terminant, Claparède fait observer que les biologistes « phy-
siologants » sentent de temps à autre cette nécessité de parler en
termes de conscience, car ils s'efforcent

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