Robert le Diable : le premier opéra romantique - article ; n°28 ; vol.10, pg 147-166
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Description

Romantisme - Année 1980 - Volume 10 - Numéro 28 - Pages 147-166
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 44
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Catherine Join-Diéterle
Robert le Diable : le premier opéra romantique
In: Romantisme, 1980, n°28-29. pp. 147-166.
Citer ce document / Cite this document :
Join-Diéterle Catherine. Robert le Diable : le premier opéra romantique. In: Romantisme, 1980, n°28-29. pp. 147-166.
doi : 10.3406/roman.1980.5348
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/roman_0048-8593_1980_num_10_28_5348JOIN-DIETERLE Catherine
Robert le Diable: le premier opéra romantique
On connaît le succès de Robert le Diable monté sur la scène de
l'Académie royale de Musique pour la première fois le 21 novembre
1831, quelques mois après la mise en place de la nouvelle administra
tion dirigée par le célèbre Dr. Veron ( 1 ) Robert ne fut pas l'objet d'un en
gouement passager, mais bien au contraire, une des œuvres majeures
dans l'histoire de l'Opéra du XIXème siècle puisqu'il ne quitta pas l'af
fiche pendant plus de quarante ans. Dès la première année de sa mise,
Robert est représenté cinquante fois (2). La ferveur du public se maint
ient les années suivantes. En 1845, il atteint les deux cent
soixante et une représentations, en 1854, trois cent cinquante quat
re (3). Il est remis plusieurs fois à la scène, comme en 1832, avec des
interprêtes nouveaux, en 1870, avec des décors neufs. Mais avec l'ins
tallation de l'Opéra au palais Garnier, on inscrit beaucoup moins sou
vent Robert au programme. Pourtant, à sa mise, jamais un ouvrage
n'avait rencontré un tel accueil auprès du public, bien que Guillaume
Tell, l'ouvrage de Rossini monté à l'Opéra en 1829, ait suscité l'enthou
siasme et que la Muette de Portici ait eu un réel et durable succès à part
ir de 1828. Mais Robert fit plus et mieux, il rapporta de l'argent à l'A
cadémie de Musique et à son directeur ; après des années très difficiles,
cela apparut comme une révolution. Néanmoins, entre 1830 et 1870,
Robert le Diable n'est pas l'ouvrage le plus souvent joué. Un autre opé
ra de Meyerbeer, Les Huguenots, le dépasse largement, puisqu'il atteint
en 1827 la cinq centième représentation et que son indice de fréquenta
tion est plus élevé (4).
Le jour de la première, ne croyant pas le succès assuré, les auteurs
et organisateurs du spectacle sont très inquiets. Le nouveau directeur,
le Dr. Véron, sait qu'il va être jugé sur Robert. Sans doute, depuis la
signature de son contrat avec le gouvernement en février 1831, on a
monté quelques spectacles nouveaux, en avril, Eurianthe (5), en juin
Le Philtre (6), en juillet L 'Orgie (7), mais Véron peut avec raison ne pas
1 . Voir notamment A. Dumas, Mes Mémoires, Lévy, 1863, chap. CCXVII, p.8.
2.« Le journal de l'Opéra », manuscrit en deux tomes, conservé à la
Bibliothèque de l'Opéra, qui donne le programme quotidien du théâtre.
Ъ. Ibid.
4. Archives nationales, AJ 13 201, Robert le Diable, résultats des œuvres
de Meyerbeer. Recette moyenne par représentation obtenu par Robert jusqu'en
1854 : 7 093, 80 F. et pour les Huguenots, 7 1 15,47 F.
5. Eurianthe : opéra en trois actes, musique de Weber, paroles de Castil-Blaze ;
première représentation 6 avril 1831.
6. Le Philtre : opéra en deux actes, musique d'Auber, paroles de Scribe ; 20 juin 1831.
7. L'Orgie : ballet-pantomine en trois actes, musique de Carafa, paroles de
Scribe, chorégraphie de Coralli ; première représentation 18 juillet 1831. Catherine JOIN-DIETERLE 148
se reconnaître responsable de ces ouvrages secondaires et programmés
depuis longtemps. Eurianthe est une adaptation, le Philtre un opéra en
deux actes et l'Orgie un ballet. En revanche, Robert le Diable, avec ses
cinq actes, qui rentre dans la catégorie des grands opéras, est attendu ;
on s'interroge sur la musique de Meyerbeer, le livret de Scribe et Dela-
vigne ainsi que sur la mise en scène de Duponchel. Un échec serait très
grave pour la carrière du nouveau directeur. En effet, avec l'avènement
de la Monarchie de Juillet, la situation juridique de l'Opéra se trouve
bouleversée (8). Autrefois dirigé directement par le pouvoir (9), l'Opéra
devient, après la révolution de 1830, une entreprise privée. Depuis plu
sieurs années déjà, la presse, reflétant l'évolution des idées, commente
abondamment la grave question du libéralisme (10). Non seulement les
affaires économiques doivent être confiées à des entreprises indépen
dantes, mais encore la culture, notamment les théâtres, ne doivent plus
dépendre comme précédemment des monarques et des gouvernements.
Le gouvernement se contente de nommer le directeur et de contrôler
l'utilisation de la subvention accordée au théâtre. Aussi Véron n'a-t-il
pas intérêt à perdre de l'argent dans sa nouvelle entreprise.
Ses appréhensions sont d'autant plus justifiées qu'il n'a jamais cru
au succès de l'ouvrage. On ne peut accorder foi à Véron lorsqu'il rap
porte dans ses mémoires, rédigés vingt cinq ans après le triomphe de
Robert : « Je fus frappé de la grandeur et de l'originalité du sujet »(1 1),
même s'il se voulut plus tard le principal artisan de cette réussite. En
1831, en revanche, courent bien des rumeurs qui tendent à montrer
qu'il a monté l'œuvre à son corps défendant. A son arrivée, il trouve
dans les cartons de l'administration le programme établi pour plusieurs
mois, Robert le Diable doit être présenté dans le courant de 1 83 1 . Mais
en raison de la réorganisation juridique et administrative de l'Opéra,
l'ouvrage est repoussé. Acculé par le gouvernement, Véron maintient
Robert. Il est probable, bien que n'en subsiste aucune preuve, que le
pouvoir, lié par des promesses antérieures, aurait dû verser une très
grosse indemnité à Meyerbeer dans le cas où le projet aurait été aban
donné. Des contemporains de Véron et qui le détestaient, se sont fait
un malin plaisir de relater l'événement : « On a prétendu que M. Véron
ne voulait pas de Robert le Diable, c'est une erreur. Il le subit : voilà
la vérité » (12). Il aurait aussi déclaré qu'« il trouvait la partition détes-
8. Pour l'histoire de l'Opéra à cette période, voir entre autres, Castil-Blaze
(François), Théâtres lyriques de Paris, Paris, Castil-Blaze, 1855, t. 2.
9. Du Consulat à l'Empire, l'administration de l'Opéra est rattachée direct
ement au pouvoir. Sous l'Opéra est placé sous la surveillance du Surinten
dant de tous les théâtres, sous la Restauration, l'Opéra revient au Ministère de la
Maison du Roi. De plus, les interventions des monarques et du gouvernement sont
très fréquentes, elles concernent aussi bien la composition du programme que les
engagements du personnel.
10. Voir notamment Le Mercure du XIXème siècle.
1 1. Véron (Dr. Louis-Désiré), Mémoires d'un bourgeois de Paris, G. de Gonet,
1853-1855, t. 3,p. 218.
1 2. Boigne (Ch. de), Petits mémoires de l'Opéra, Librairie Nouvelle, 1 857, p. 7. Robert le Diable > 149 <r
table, et qu'il ne la jouerait que contraint et forcé, ou moyennant suf
fisante indemnité » (13). Dumas n'est pas le seul à se faire l'écho des
exigences financières de Véron, Berlioz le signale aussi (14). Grâce à
une lettre heureusement conservée aux Archives nationales, on sait
aujourd'hui que ces rumeurs étaient fondées. Véron a obtenu du minist
re du Commerce et des Beaux-Arts, le Comte d'Agout, une indemnité
supplémentaire de cent mille francs :
« Bien que l'administration actuelle soit fondée à refuser de reconnaître
les engagements pris par l'ancienne liste civile, des considérations d'équité
vous ont déterminé à consentir à prendre à la charge du ministère les frais
de cet opéra. Le moyen auquel vous vous êtes définitivement arrêté, tant pour
cet objet que pour la salle [il s'agit de la rénovation de la salle] consiste à
traiter à forfait avec moi, moyennant un supplément fixe de subvention qui
serait réparti sur trois exercices ■[...] Une indemnité fixe de cent mille francs
m'est allouée sans retour et répétitions quelconques [...] L'Opéra de Robert

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