Rousseau contre Rameau : musique et nature dans les articles pour l Encyclopédie et au-delà - article ; n°1 ; vol.17, pg 133-148
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Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie - Année 1994 - Volume 17 - Numéro 1 - Pages 133-148
Michael O'Dea : Rousseau Against Rameau. Music and Nature in the Encyclopédie Articles and beyond.
This study suggests that Rousseau's four hundred articles on music for the Encyclopédie have been unjustly neglected. After sketching Rousseau's musical education and recounting his humiliation by Rameau in 1745, the author goes on to argue that Rousseau devoted considerable energy and skill to sustained attacks on Rameau in these articles. Instances of such attacks, some covert and some relatively open, are given, and it is argued that Rousseau is the first to identify certain weaknesses in Rameau's universal theories. The study ends by suggesting that Rameau's constant evocation of nature leads Rousseau to a contrary view of music as a product of human culture and more generally to delimit narrowly the realm of nature in a way that looks forward to the Second Discourse.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 64
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Michaël O'Dea
Rousseau contre Rameau : musique et nature dans les articles
pour l'Encyclopédie et au-delà
In: Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, numéro 17, 1994. pp. 133-148.
Abstract
Michael O'Dea : Rousseau Against Rameau. Music and Nature in the Encyclopédie Articles and beyond.
This study suggests that Rousseau's four hundred articles on music for the Encyclopédie have been unjustly neglected. After
sketching Rousseau's musical education and recounting his humiliation by Rameau in 1745, the author goes on to argue that
Rousseau devoted considerable energy and skill to sustained attacks on in these articles. Instances of such attacks,
some covert and some relatively open, are given, and it is argued that Rousseau is the first to identify certain weaknesses in
Rameau's universal theories. The study ends by suggesting that Rameau's constant evocation of nature leads Rousseau to a
contrary view of music as a product of human culture and more generally to delimit narrowly the realm of nature in a way that
looks forward to the Second Discourse.
Citer ce document / Cite this document :
O'Dea Michaël. Rousseau contre Rameau : musique et nature dans les articles pour l'Encyclopédie et au-delà. In: Recherches
sur Diderot et sur l'Encyclopédie, numéro 17, 1994. pp. 133-148.
doi : 10.3406/rde.1994.1272
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rde_0769-0886_1994_num_17_1_1272Michael O'DEA
Rousseau contre Rameau :
musique et nature dans les articles
pour V Encyclopédie et au-delà*
Une lente réévaluation des écrits musicaux de Jean- Jacques Rousseau
est en cours depuis de nombreuses années déjà : c'est sans doute grâce à
des études de Jean Starobinski (1966) et de Jacques Derrida (1967) que
ce processus s'engage. Une fois sorti de l'obscurité, un des écrits musicaux,
Y Essai sur l'origine des langues, connaît un sort exceptionnel : longuement
étudié par Derrida, V Essai est rapidement reconnu comme une des
œuvres majeures. Une édition critique en est procurée en 1968 par
Charles Porset, et quelques années plus tard des recherches entreprises
à Neuchâteî par Marie-Elisabeth Duchez et Robert Wokler, travaillant
indépendamment, mettent fin à une vieille controverse en permettant
de dater la version définitive de V Essai au début des années 1760 l.
* Une première version de cette étude a été donnée au Colloque franco-britannique
de 1990, Nature, droit, justice, organisé à Toulouse Le Mirail par le professeur Georges
Lamoine sous le titre « La formation de l'idée de nature chez Jean-Jacques Rousseau :
l'apport des écrits sur la musique». Voir les Actes du colloque (Université de Toulouse
Le Mirail, 1991).
1. Jean Starobinski, «Rousseau et l'origine des langues», étude publiée dans
Europàische Aufklàrung - Festschrift fur Herbert Dieckmann, Munich, 1966 et reprise
dans Jean-Jacques Rousseau, la transparence et l'obstacle, 2e édition, Paris, 1971 ; Jacques
Derrida, De la grammatologie , Paris, 1967, 2e partie, chapitre 3 ; Jean-Jacques Rousseau,
Essai sur l'origine des langues, édition de Charles Porset, Bordeaux, 1968 et Paris, 1970 ;
Marie-Elisabeth Duchez, « Principe de la mélodie et Origine des langues : un brouillon
inédit de Jean-Jacques Rousseau sur l'origine de la mélodie», Revue de musicologie,
60, 1974, 33-86; Robert Wokler, «Rameau, Rousseau and the Essai sur l'origine des
langues», SVEC, 117, 1974, 179-238, voir aussi Corrigenda in SVEC, 132, 1975, 112.
Wokler commente la découverte faite à Neuchâteî dans L'Essai sur l'origine des langues
en tant que fragment du Discours sur l'inégalité : Rousseau et ses "mauvais" interprètes »
dans Rousseau et Voltaire en 1978. Actes du Colloque international de Nice (juin 1978),
Genève, 1978. Un autre commentaire important est fourni par Charles Porset, dans
« L'" inquiétante étrangeté" de V Essai sur l'origine des langues : Rousseau et ses exégètes »,
SVEC, 154, 1976, 1715-1758. Une nouvelle édition de V Essai, annotée par Jean Staro
binski, est parue plus récemment en format de poche, Paris, 1990.
Recherches sur Diderot et sur V Encyclopédie, 17, octobre 1994 134 MICHAEL O'DEA
D'autre part, Duchez et Wokler publient pour la première fois, chacun
de son côté, un très riche fragment manuscrit de 1755 qui permet de
mieux suivre l'évolution de la pensée musicale de Rousseau. La redécou
verte par les lecteurs, même par les spécialistes, des écrits sur la musique
est cependant encore loin d'être terminée ; pour cela il faudra sans doute
attendre la publication du cinquième tome des Œuvres complètes de
Rousseau dans la Bibliothèque de la Pléiade.
Parmi les écrits qui demeurent relativement mal connus, les articles
sur la musique que Rousseau fournit à Y Encyclopédie sont, sinon les
plus importants, en tout cas à mon avis les plus révélateurs, puisqu'ils
datent d'une période formatrice mais relativement mal connue de sa vie,
avant le début de sa "carrière littéraire. Une lettre à Mme de Warens
donne quelques précisions sur la rédaction de ces articles. Le 27 janvier
1749 il lui écrit : « Je me suis chargé de quelques Articles pour le grand
dictionnaire des Arts et des Sciences qu'on va mettre sous presse, la
besogne croit sous ma main, et il faut la rendre à jour nommé... »2. Les
Confessions apportent des précisions supplémentaires : Diderot avait
accordé trois mois à tous ses collaborateurs pour la rédaction de leurs
articles, mais, dit Rousseau, «je fus le seul qui fût prêt au terme prescrit »3.
Ses articles, au nombre de quatre cents, sont donc rédigés pendant
l'hiver 1748-49. Mais la lettre à Mme de Warens, si elle insiste sur la
difficulté de la tâche, est intéressante pour une autre raison aussi.
Rousseau y cite Boileau : « La colère suffit et vaut un Apollon ». D'autres
se vengent de leurs ennemis par des chansons ; lui se vengera par ses
articles. Il trouve donc la force d'accomplir un travail écrasant dans
l'espoir de triompher de ses ennemis.
Rousseau écrit bien ennemis au pluriel, mais il ne peut s'agir que
d'un seul homme, Jean-Philippe Rameau. Et pourtant, avant d'être
l'ennemi du grand compositeur et théoricien, Rousseau avait été son
disciple. C'est à Chambéry, vers 1733, qu'il entend parler de lui pour la
2. Correspondance complète (Genève et Oxford, 1965-1991), édition de R.A. Leigh,
tome II, lettre 146, 27 janvier 1749.
3. Confessions, livre 7, Œuvres complètes, édition de B. Gagnebin et M. Raymond,
Pléiade, 1959, notre édition de référence, tome I, 348. Voir aussi les Dialogues, I, 680.
Rousseau a-t-il pu modifier ses articles entre leur première rédaction et leur publication ?
Rien ne permet de croire à une révision systématique. C'est ainsi que l'article sonate,
paru en 1765, porte encore les traces d'une esthétique de l'imitation que Rousseau
abandonne en 1751 à la lecture du Discours préliminaire de d'Alembert. Pourtant, il se
présente un cas difficile : c'est celui du dernier paragraphe de l'article musique, signalé
par Robert Wokler, où Rousseau semble faire allusion aux Élémens de musique de
D'Alembert, parus en 1752. Il n'est pas exclu, comme le fait remarquer M. Wokler, que
ce paragraphe soit de la main de D'Alembert lui-même. Voir Robert Wokler, Rousseau
on Society, Politics, Music and Language, New York, 1987, 279, note 117. Dans la Préface
du Dictionnaire de musique, Rousseau déclare catégoriquement : « . . .au bout de trois mois
mon manuscrit entier fut écrit, mis au net & livré; je ne l'ai pas revu depuis». Voir le de Hildesheim, 1969, reproduction photographique de l'édition
originale, Paris, 1768, p. iv. ROUSSEAU CONTRE RAMEAU 135
première fois. Cette année-là, à l'âge de 50 ans, Rameau fait jouer son
premier opéra, Hippolyte et Aride, à Paris. Le bruit en court jusqu'en
Savoie, et Rousseau apprend qu'il est aussi l'auteur d'un Traité de
l'harmonie, paru en 1722 (Confessions, livre 5, 184). Il se le procure, et,
malade, le dévore pendant une longue convalescence. A cette époque,
Rousseau était loin de savoir vraiment la musique, malgré la passion
croissante qu'elle lui inspirait. Il avait passé quelques mois à la maîtrise
d'Annecy, avait subi l'influence du mystérieux Ventur

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