Sécurité alimentaire et question agraire : les risques de la libéralisation - article ; n°153 ; vol.39, pg 9-24
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Tiers-Monde - Année 1998 - Volume 39 - Numéro 153 - Pages 9-24
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Georges Courade
Maxime Haubert
Sécurité alimentaire et question agraire : les risques de la
libéralisation
In: Tiers-Monde. 1998, tome 39 n°153. pp. 9-24.
Citer ce document / Cite this document :
Courade Georges, Haubert Maxime. Sécurité alimentaire et question agraire : les risques de la libéralisation. In: Tiers-Monde.
1998, tome 39 n°153. pp. 9-24.
doi : 10.3406/tiers.1998.5214
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_1998_num_39_153_5214INTRODUCTION
SÉCURITÉ ALIMENTAIRE
ET QUESTION AGRAIRE :
LES RISQUES DE LA LIBÉRALISATION
par Georges Courade* et Maxime Haubert**
La libéralisation des économies nationales et des échanges mondiaux a
renouvelé la problématique de l'accès aux aliments et de l'accès à la terre.
Dans le premier cas, elle conduit à rechercher l'équilibre entre l'offre et la
demande d'aliments non plus par des politiques dites d'« autosuffisance »,
mais par un développement des échanges entre pays excédentaires et pays
déficitaires, que ces échanges relèvent du commerce ou de l'aide aliment
aire. Dans le second cas, elle conduit à abandonner des politiques plus ou
moins « radicales » de réforme des structures agraires au profit de la pro
motion d'exploitations privées pleinement intégrées au marché.
On s'interroge ici sur la pertinence de ces politiques de libéralisation du
point de vue de l'équité et de la capacité qu'ont les pays et groupes sociaux
les plus démunis défaire valoir leurs droits : le problème de l'accès aux al
iments et à la terre n 'est-il pas d'abord un de pouvoir politique ?
Les termes dans lesquels se posent la question alimentaire et la
question agraire dans les pays du Sud ont profondément évolué au
cours de la période récente sous l'impact de plusieurs facteurs. Le pre
mier d'entre eux est bien évidemment le changement de mode de régu
lation économique et sociale qui s'est produit à l'échelle globale, avec
le renforcement de plus en plus affirmé des politiques de libéralisation
et de la mondialisation des échanges. En liaison avec ce premier fac-
* Directeur de recherche à l'Institut français de recherche scientifique pour le développement en coo
pération (ORSTOM).
** Professeur de sociologie à l'Institut d'étude du développement économique et social (IEDES) de
l'Université de Paris I Panthéon-Sorbonne.
Revue Tiers Monde, t. XXXIX, n° 153, janvier-mars 1998 10 Georges Courade et Maxime Haubert
teur, mais agissant cependant de façon relativement autonome, se sont
également opérées des transformations importantes des modes de pro
duction et de consommation des produits agricoles, et particulièrement
des produits alimentaires. Enfin, et pour ne citer que les facteurs prin
cipaux, les problèmes écologiques soulevés dans la production par
l'exploitation des ressources naturelles se sont souvent fortement
aggravés tandis que, du côté de la consommation, la détérioration de
la qualité des produits a suscité des inquiétudes de plus en plus vives.
L'action combinée de ces différents facteurs va de pair avec une modif
ication des rapports de force entre les acteurs - qu'ils soient natio
naux ou extérieurs - des systèmes agraires et alimentaires, modifica
tion qui met en jeu la survie des petits producteurs et des
consommateurs les plus démunis.
Les articles réunis ici portent plus particulièrement sur les problèmes
de sécurité alimentaire et de sécurité foncière, entendues au sens large.
La plupart d'entre eux (articles d'O. Delahaye, Du Van Chau,
M. P. Lama, R. Meunier et A. Mubarik) proviennent de communicat
ions présentées à un colloque international sur Agriculture paysanne et
question alimentaire organisé à Chantilly en février 1996 par le Centre
d'études comparatives sur le développement (cecod), laboratoire de
recherche en sociologie de l'Institut d'étude du développement écono
mique et social (iedes)1. D'autres contributions sur les mêmes thèmes
complètent ce dossier (articles de P. d'Aquino, G. Azoulay, A. Franque-
ville et H. Oh).
Les deux volets du dossier sont naturellement étroitement complé
mentaires, chaque catégorie de problèmes ayant, comme on va le voir,
d'importantes répercussions sur l'autre.
1 . Une partie des communications ont été regroupées dans un ouvrage récent : M. Haubert (sous la
dir. de), Les paysans, l'État et le marché. Sociétés paysannes et développement, Paris, Publications de la Sor
bonně, 1997, 381 p. Les relatives au Mexique ont été réunies par Marguerite Bey dans un
ouvrage sous presse aux Éditions L'Harmattan (Le défi rural du Mexique). D'autres communications ont
été publiées sous forme résumée dans le numéro spécial « Sécurité alimentaire : les enjeux » publié par les
Cahiers Agricultures (AUPELF-UREF, vol. 5, n° 5, 1996) à l'occasion du Sommet mondial de l'alimentation.
Les fiches analytiques concernant l'ensemble des communications et des débats ont été réunies dans un
document de la Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l'homme : Marguerite Bey, Ethel del
Pozo, Claire Tarrière-Diop et M. Haubert, L'agriculture paysanne et la question alimentaire, Paris, Fondat
ion pour le progrès de l'homme (Programme « Agricultures paysannes et modernisation »), Document de
travail n° 89, 195 p. Le programme de recherche du CECOD sur « Agriculture paysanne et question aliment
aire » avait donné lieu auparavant à un autre ouvrage : M. Haubert (sous la dir. de), Les paysans peuvent-ils
nourrir le Tiers Monde ?, Paris, Publications de la Sorbonně, 1995, 268 p. Cf. également le numéro spécial
(coordonné par G. Courade et Jacqueline Peltre-Wurtz) « La sécurité alimentaire à l'heure du néo-libéra
lisme » des Cahiers des sciences humaines (ORSTOM, vol. 27, n° 1-2, 1991), ainsi que le numéro spécial (coo
rdonné par Emmanuel Calvo et G. Courade) « Le fait alimentaire : débats et perspectives » de la Revue Tiers
Monde (t. XXXIII, n° 132, octobre-décembre 1992). Introduction 1 1
L'ACCÈS AUX ALIMENTS
S'agissant tout d'abord des problèmes relatifs à la satisfaction des
besoins alimentaires, il faut se rendre à l'évidence que l'heure du bilan a
sonné, non seulement pour l'aide alimentaire, comme l'affirme A. Fran-
queville en ce qui concerne la Bolivie, mais pour l'ensemble des théra
peutiques proposées dans ce domaine. Il suffit à cet égard d'observer
que le chiffre de personnes souffrant de sous-alimentation ou de malnut
rition tourne toujours depuis quelques décennies autour du milliard.
Pourtant, la production d'aliments a globalement connu une forte crois
sance, au point que la planète est statistiquement à même de nourrir
tous ses habitants, le revenu moyen de ceux-ci (y compris dans les pays
du Sud) s'est sensiblement amélioré et les taux de croissance démogra
phique ont amorcé leur décrue.
Le Sommet mondial de l'alimentation, réuni à Rome en 1996, a eu
pour objet d'examiner les moyens de faire face à cette situation et à son
aggravation éventuelle, en fonction des diverses hypothèses (rappelées
ici par G. Azoulay) que l'on peut faire sur les évolutions prévisibles de
l'offre et de la demande de biens alimentaires au cours des prochaines
décennies. Les grandes agences proches de la fao, les centres de
recherche agronomique, comme les États et les organisations de solidar
ité internationale (dites « non gouvernementales »), ont profité de l'o
ccasion pour tirer la sonnette d'alarme, rassurer ou vendre leur savoir-
faire... Si l'on fait la part de ce «lobbying» international (somme toute
naturel et maintenant habituel) pour vendre ses idées et trouver des
financements permettant de se reproduire, il reste que beaucoup d'él
éments de réflexion avancés et discutés au Sommet mondial sont à retenir
pour l'action. Mais il reste aussi que d'immenses divergences existent
quant à l'analyse de la situation et aux politiques à suivre, divergences
qui portent sur l'offre de produits alimentaires, sur la demande corres
pondante, et surtout sur les relations entre l'offre et la demande, c'est-à-
dire sur les écha

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