Structure du mythe et races d Hésiode - article ; n°106 ; vol.28, pg 51-57
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Description

L'Homme - Année 1988 - Volume 28 - Numéro 106 - Pages 51-57
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 26
Langue Français

Extrait

Bernard Mezzadri
Structure du mythe et races d'Hésiode
In: L'Homme, 1988, tome 28 n°106-107. pp. 51-57.
Citer ce document / Cite this document :
Mezzadri Bernard. Structure du mythe et races d'Hésiode. In: L'Homme, 1988, tome 28 n°106-107. pp. 51-57.
doi : 10.3406/hom.1988.368969
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1988_num_28_106_368969c
1
Bernard Mezzadri
Structure du mythe et races d'Hésiode
égards Bernard dans renversement J.-P. fer Le » l'armature (étape Vernant mythe modèle problématique. Mezzadri, à apparaît venir qui de a structurelle donnée l'anneau rappellent de Structure l'humanité, alors du de comme en mythe ceux Möbius tant du tout de mythe des qu'envers un la permet tout entière races « et formule clos chez races de livrée sur préciser l'âge Hésiode, canonique d'Hésiode. lui-même à la d'or. démesure) à la le fois grâce » statut — proposée sa Dans demeure à nature du une « l'analyse torsion par vieil à et plusieurs C. sa âge Lévi- place et que un du
Strauss.
Jean-Pierre Vernant a proposé voici plus de vingt-cinq ans une lecture struc
turale du mythe des races chez Hésiode, laquelle, pour l'essentiel, a résisté aux
critiques qui lui furent depuis lors adressées (Vernant 1985 : 19-47). Sans
remettre en cause l'édifice d'ensemble, nous voudrions dans ces quelques lignes
examiner et tenter de résoudre, selon la même méthode, quelques difficultés
qui subsistent dans l'interprétation de la race de fer.
Pour simplifier à l'extrême, rappelons que Vernant situe les cinq races sur
trois plans correspondant aux trois niveaux fonctionnels dégagés par Georges
Dumézil, chacun scindé en deux selon qu'y domine la dikè ou 1' hubris :
DIKE HUBRIS
Niveau 1 Royauté Argent (2) Or(l) 2 Guerre Héros (4) Bronze (3)
Niveau 3 Production Fer actuel (5a) Vieux Fer (5b)
C'est le troisième niveau qui fait problème. Il n'est pas question bien sûr de
revenir à la vieille objection de J. Defradas accusant J.-P. Vernant d'avoir
inventé une sixième race (Defradas 1965) : il en a été fait justice (Vernant
1985 : 71-76). Le texte impose bien la distinction entre un état actuel de l'human
ité et un état à venir pire encore : sans qu'il y ait nouvelle race, il y a nouvelle
L'Homme 106-107, avril-sept. 1988, XXVIII (2-3), pp. 51-57. BERNARD MEZZADRI 52
condition (ce que nous notons 5a/5b). Le problème pour nous serait plutôt
l'exact inverse de celui soulevé par J. Def radas. Loin que ce vieil âge de fer
apparaisse comme une aubaine répondant au « besoin de symétrie » dont est
créditée l'analyse structurale, il semblerait plutôt superfétatoire.
Les deux premiers niveaux en effet ont été caractérisés par l'alternance
— en un sens ou l'autre — de dikè et d' 'hubris. Or ce qui définit notre monde
tel que le décrit Hésiode, c'est précisément le mélange, la possibilité de choix
entre ces deux principes présents simultanément. L'âge de fer actuel, par cette
mixité, suffirait donc à lui seul pour faire pendant à chacun des autres doubles-
plans. Mais il y a en plus le vieil âge de fer. Même si l'on considère que notre
monde ambigu (composé à' hubris + dike) est relativement plus juste que le
vieil âge de fer (voué entièrement à Y hubris), et s'oppose donc à lui comme la
dikè à Yhubris, force est de constater une complexité qui n'apparaît pas aux
autres niveaux :
Dikè / hubris ; hubris / dikè ; dikè (hubris + dikè) / hubris (pure)
A cela s'ajoute quelque inquiétude concernant la coloration fonctionnelle
du troisième niveau, et ce tout particulièrement dans sa phase finale.
J.-P. Vernant l'exprime ainsi en 1985 : « Certes la race de fer, la cinquième,
celle d'Hésiode, est vouée au dur labeur, à l'activité agricole. Elle forme avant
tout un monde de paysans. Mais les rois y sont présents eux aussi ; la guerre,
parfois, peut y sévir. Surtout, le tableau de cette race à son déclin, quand rien
ne sera plus comme auparavant parce que hubris aura envahi tout le champ de
l'existence humaine et que, faute de justice, il n'y aura plus désormais aucun
remède contre le mal — , ce tableau déborde largement le cadre de la troisième
fonction ; les hommes qu'il dépeint ne sont pas seulement des producteurs ;
leurs erreurs, leurs crimes, ne relèvent pas exclusivement d'activités liées aux
nourritures, à la richesse, à la fécondité » (Vernant 1985 : 89).
Le premier aspect de cette restriction n'est pas dirimant : le monde
d'Hésiode ou de Prométhée est celui de l'agriculture, des mangeurs de pain, et
connote donc sans ambiguïté la troisième fonction. La présence des rois s'y
manifeste sous l'un des avatars de celle-ci : l'avidité. Ils sont dits en effet
dorophagoi : cette notation à laquelle on attache une valeur trop exclusive de
critique sociale vaut aussi comme définition structurale dans son contraste avec
ploutodotai. Ce n'est pas tant la présence ou l'absence de telle activité ou type
de personnage que la façon dont ils se manifestent qui est pertinente : les
hommes d'or et les souverains de dikè font naître royalement des richesses ; les de bronze labourent militairement ; les rois de fer rendent gloutonne
ment la justice.
Restent les réflexions concernant le vieil âge de fer qui nous semblent,
comme à Vernant (il les introduit par surtout), plus importantes : c'est
l'impiété et l'injustice qui causent la perte des hommes d'argent (fautes de pre
mière fonction), la folie guerrière qui fait se tuer réciproquement les hommes Structure du mythe hésiodique 53
de bronze (faute de deuxième fonction). Si donc le vieil âge de fer représente
l'aspect « hubris » de notre monde de producteurs, on attendrait un péché de
lasciveté, de vénalité, voire de gourmandise, alors que l'on se heurte plutôt à
une hubris tous azimuts.
Enfin, le mythe des races ne s'achève pas exactement comme celui de Pro-
méthée, sur le contraste entre âge d'or et âge de fer : le mythe de Prométhée
s'arrête au monde du mélange ; celui des races ajoute une étape — à venir il est
vrai — avec le vieil âge de fer. Il couronne donc le précédent non seulement de
ce qu'il le récapitule mais aussi de ce qu'il le prolonge.
En résumé, cet âge de fer en son déclin est triplement gênant : il déséquil
ibre le système d'opposition hubris / dike ; il s'intègre mal dans l'armature
fonctionnelle ; il forme un appendice inattendu si l'on superpose mythe des
races et histoire de Prométhée. On pressent toutefois que ces trois caractéris
tiques sont solidaires et que, comme souvent en histoire des religions, une seule
solution pourrait les intégrer simultanément. C'est à la proposer que nous vou
drions nous risquer.
Cela sera possible à condition de tirer toutes les conséquences d'une
remarque formulée par Vernant en vue de confirmer que le mythe des races
constitue un cycle complet de dégénérescence, allant de la dikè parfaite des
hommes de la race d'or à Yhubris sans mélange de ceux du vieil âge de fer :
alors que ceux-là vivent toujours jeunes dans la justice et le bonheur, ceux-ci
naissent vieux pour une existence de malheur et d'injustice. Autrement dit, le
vieil âge de fer est l'envers pur et simple de l'âge d'or. Mais ce renversement se
produit sur un axe autre que celui de l'opposition hubris / dikè telle qu'elle
charpente le mythe. Sur celui-ci en effet l'antithèse de la race d'or est la race
d'argent, caractérisée par son hubris, mais tout aussi royale et également jeune
quoique différemment (puérilité ^ absence de sénilité). D'ailleurs, nous
l'avons déjà noté, Yhubris du vieil âge de fer n'apparaît pas comme la caracté
ristique d'un niveau fonctionnel précis ; bien plutôt est-elle la cause de l'état de
décrépitude de l'humanité d'alors, décrépitude conçue selon l'image inversée de
l'âge d'or. En effet, les hommes du vieux fer n'exercent pas d'activité propre
dont Yhubris ou la dikè pourrait n'

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