Sur la méthode de l'économie - article ; n°3 ; vol.33, pg 602-622

Serge-Christophe Kolm

Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1978 - Volume 33 - Numéro 3 - Pages 602-622
The question of method in economics
This article first mentions the increasingly widespread application of economic analysis, and also notes the consequences of the fact that the amelioration of social ills is one of main aims of economics. It then focuses on certain methodological questions relating to this discipline. The nature of the scientific method is analyzed, and possible differences between so-called exact and social sciences are discussed from this point of view (apart from knowledge gained by empathy, the differences are simply a matter of degree on several parameters). The success of economics as a science stems from its having chosen, right at the start, a set of variables which is both quite simple and quite rich : quantities, but of several different kinds (commodities and prices). This led to mathematization, the degree and usefulness of which is discussed, notably using the examples of Walras, Keynes, and Marx. The author then turns to the question of experimentation in economics. Although this is a minor mode of information in the discipline, there does exist by now a large number of cases of experiments in the strict sense, of experimental policies, of experimental, data-gathering, and of experiments on models of various types.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: ANNALES_ECONOMIES_SOCIETES_CIVILISATIONS
• Publié le: 01 janvier 1978
• Nombre de lectures: 20
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Serge-Christophe Kolm
Sur la méthode de l'économie
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 33e année, N. 3, 1978. pp. 602-622.
Abstract
The question of method in economics
This article first mentions the increasingly widespread application of economic analysis, and also notes the consequences of the
fact that the amelioration of social ills is one of main aims of economics. It then focuses on certain methodological questions
relating to this discipline. The nature of the scientific method is analyzed, and possible differences between so-called exact and
social sciences are discussed from this point of view (apart from knowledge gained by empathy, the differences are simply a
matter of degree on several parameters). The success of economics as a science stems from its having chosen, right at the start,
a set of variables which is both quite simple and quite rich : quantities, but of several different kinds (commodities and prices).
This led to mathematization, the degree and usefulness of which is discussed, notably using the examples of Walras, Keynes,
and Marx. The author then turns to the question of experimentation in economics. Although this is a minor mode of information in
the discipline, there does exist by now a large number of cases of experiments in the strict sense, of experimental policies, of
experimental, data-gathering, and of experiments on models of various types.
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Kolm Serge-Christophe. Sur la méthode de l'économie. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 33e année, N. 3, 1978.
pp. 602-622.
doi : 10.3406/ahess.1978.293951
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1978_num_33_3_293951SUR LA THODE DE CONOMIE
La méthode scientifique
Les sciences sociales ne peuvent réussir cet appui mutuel dont nous devons
beaucoup attendre au prix un minimum de compréhension par chacune de
ce que sont et font les autres
Toute science toute création élaborée de connaissance trois aspects son
objet son intention et sa méthode Pour la science économique ai déjà parlé
dans cette revue de son objet et de son intention
De objet ce il en faut abord savoir est il étend vue il
Rappelons quelques tendances importantes de ce développement Déjà la science
politique est moitié investie ou plus exactement sa partie la plus théorique est
devenue une application de concepts théories et modes idées forgés par les
économistes dans la lignée de la théorie du bipartisme électoral de Downs
mauvaise application une bonne idée) de échange politique de Buchanan et
Tullock de la revue Public Choice et de cole de Virginie de Arrow et des
développements de la théorie des choix sociaux de la théorie des jeux des
analyses logiques des procédures de vote de la proto-théorie venue elle de la
science politique des ressources politiques Dahl) etc Alors que
incapacité prévoir évolution de la natalité était le scandale de la démographie
les chiffres démontrent la bonne qualité du pouvoir explicatif et prédictif des
modèles de choix de procréation élaborés par des économistes Becker et son
école Les théories du mariage au sens de choix du conjoint par la
méthodologie économique constituent le ur de la théorie des systèmes de
parenté dits complexes les nôtres ceux de immense majorité de la
population du globe Des branches de la philosophie politique et de éthique sont
renouvelées par des travaux économistes choix sociaux justice sociale) et on
commence plus pouvoir deviner origine intellectuelle des jeunes
chercheurs La théorie des organisations et de la bureaucratie est un domaine
évident application de approche micro-économique et rythme lent mais
depuis assez longtemps les résultats accumulent Je souhaite prédire que
analyse de interaction sociale par des méthodes économistes bien que fort
mal commencée par certains sociologues Hörnans et autres) sera un des
domaines intellectuels excitants des quinze années venir2 Ce gagnent tous
ces est notamment la précision et grâce la formalisation la
possibilité de tirer parti des immenses capacités du cerveau humain en opérations
de déduction et induction ces méthodes ne sont pas tout mais la connaissance
602 S.-C. KOLM LA MÉTHODE DE L'ÉCONOMIE
et la compréhension ont de sévères limites si Ton ne peut pas, ou ne veut pas, les
utiliser. Mais, bien sûr, ce sont les questions économiques au sens le plus habituel
qui continuent à retenir le gros, et de loin, du temps et des efforts des économistes,
et elles ne manquent ni en nombre, ni en importance, ni en difficultés stimulantes
(et parfois désespérantes) ; en particulier, la macro-économie, qui constitue plus
de la moitié de la littérature économique actuelle, ne s'occupe que d'économie.
Quant à l'intention, si bien des heures-économistes visent à savoir pour savoir,
pour le plus grand nombre la connaissance n'est qu'un moyen au service de
l'amélioration du sort des hommes. Puisque toute activité de recherche a une
motivation, celle-ci n'est sans doute pas une de celles dont on doive rougir. Elle a
le mérite d'être clairement explicitée, et de n'être pas égoïste. Les misères
humaines de tous types ne sont que trop réelles et fréquentes, et la science des
besoins, des désirs et des moyens de les satisfaire est nécessairement au premier
rang du combat contre elles. D'où plusieurs conséquences sur le contenu de cette
discipline. Tout d'abord, cela incite à choisir d'utiliser son temps à étudier un
problème actuel plutôt qu'un problème d'histoire plus ancien, parce que l'on peut
quelque chose sur le premier, on peut agir sur le réel présent pour améliorer la
situation 3. Sauf quand les « leçons de l'histoire » sont vraiment claires pour
l'économiste, ce que certains pensent voir pour le « développement » (Kuznets et
autres) ou la monnaie (Friedman et autres). D'autre part, cette déontologie impose
l'obligation éthique d'utiliser la méthode de connaissance la plus efficace, et dans
certaines directions. L'Économie * n'est certainement pas un genre littéraire. Et
elle n'est pas généralement non plus un simple moyen de satisfaire une curiosité.
Ni le « discours » économique, ni même le plus souvent la connaissance
économique, ne sont des consommations finales, des fins en elles-mêmes. Trop de
malheurs existent, à quoi cette pensée peut quelque chose, pour qu'on puisse se le
permettre.
La méthode de connaissance efficace est, pour la plus grande part, celle qui
permet de prévoir au mieux 4. Car elle permet de prévoir en particulier le résultat
d'actions. C'est aussi celle qui explique au mieux puisque l'explication n'est autre
chose qu'une prévision a posteriori 5. Ce n'est cependant pas tout pour
l'Économie, car il reste le choix du critère de choix d'action, qui relève de la
« spéculation » philosophique et éthique, et dont la partie développée par
l'Économie est la théorie du choix social (Arrow et suivants) et la théorie de la
justice sociale 6.
L'exigence de prévision-explication la meilleure possible a imposé d'essayer
de tirer tout le parti possible de ce que l'on appelle la méthode scientifique 7. La
raison en est simple. Pour prévoir à partir de la connaissance que fournit
l'observation de divers cas réels, il faut s'efforcer de déceler, à partir de ceux-ci, les
phénomènes (faits, relations, etc.) qui existeront encore dans la situation dont on
veut prévoir des traits, de façon à pouvoir en déduire ces derniers. Or c'est
justement cette opération, quand elle est faite de façon consciente, réfléchie,
systématique, que tout le monde appelle méthode scientifique. Certes, cet
ensemble d'inductions et de déductions largement inconscientes que l'on appelle
l'intuition donne parfois de meilleurs résultats, pour la prévision, que les efforts
analytiques en l'état où ils en sont. Cela dépend du sujet et de l'avancement de la
* Nous utiliserons une majuscule pour désigner la discipline par opposition à l'ensemble des
faits économiques.
603 MOD LES CONOMIQUES
science en ce domaine Mais celle-ci grignote sans cesse le terrain et histoire de
la pensée humaine est celle du remplacement du tir instinctif par le radar pour
cause de supériorité en efficacité champ après champ Et en