Sur le Laos - article ; n°1 ; vol.8, pg 41-58
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1885 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 41-58
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1885
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Paul Néis
Sur le Laos
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, III° Série, tome 8, 1885. pp. 41-58.
Citer ce document / Cite this document :
Néis Paul. Sur le Laos. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, III° Série, tome 8, 1885. pp. 41-58.
doi : 10.3406/bmsap.1885.6361
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1885_num_8_1_6361PAUL NÉIS. — SUR LE LAOS. 41
riers, et certainement l'usage du scalpe et d'autres encore
sont la survivance des anciennes coutumes d'anthropophagie.
Sur le Laos ;
PAR M. PAUL NÉIS.
Messieurs, je vous prie de m'excuser si je ne viens pas
vous exposer en ce moment tous les renseignements anthro
pologiques que j'ai pu recueillir depuis cinq ans sur la pres
qu'île indo-chinoise. Outre les nombreux voyages qui m'ont
conduit chez les sauvages des montagnes, les Laotiens, les
Cambodgiens, les Siamois, etc., un séjour de six mois comme
médecin-major du pénitencier de Poulo-Gondor, et de trois
mois à l'hôpital indigène de Choquan , m'a ' permis - de
prendre de nombreuses mensurations sur les Annamites et
de rassembler un certain nombre de Jcrânes d'Indo -Chinois.'
Tout cela fera l'objet d'un mémoire, que j'espère vous pré
senter dans quelques mois.
Aujourd'hui, je veux vous donner seulement quelques im
pressions de voyage sur Jes populations que j'ai rencontrées
pendant l'exploration que je viens d'accomplir en 1882, 1883
et 1884.
Je ne vous parlerai donc pas ici, de la population du
Delta, composée des Annamites, des Cambodgiens ou Kmers^
et des Mois ou sauvages des montagnes, avec quelques en
claves de Tsiam ou Ciampa, principalement du côté de Tay-
ninh et sur les frontières du Bin-thuân. Quant aux autres po
pulations que l'on rencontre dans les villes : les Indiens, les.
Malais, les Tagals, et même les Chinois, malgré leur grand
nombre, on ne peut pas plus les considérer comme des habi
tants du sud de l'Indo-Ghine que Jes Français et-les autres
Européens.
Après avoir passé la frontière septentrionale du Cambodge,
on traverse. pendant trois jours, au-dessus de Sambor, une
région habitée seulement par quelques sauvages, qui fuient
à l'approche des barques, et par des bandes de pirates, ra-1 SÉANCE DU. 22 JANVIER J88o. \%
roassis de Chinois, de Cambodgiens et de, sauvages. Kouys,.
qui reconnaîtraient, dit-on, l'autorité de. Cyvatha, l'un des
frères révoltés de Noroddom. A 12 ou 15 kilomètres avant
d'arriver à Stung-treng,- on -aperçoit la petite île de Som-
péaï, premier point habité par des Laotiens.
Ce serait peut-être le moment d'essayer de donner une
description générale du type laotien; mais ce type est si va
riable, tellement mélangé avec les populations limitrophes,
qu'il vaut mieux rechercher d'abord le point où nous avons
quelque chance de le trouver moins mélangé.
Dans tout le sud du Laos, jusqu'au-dessus de Bassac, le
type cambodgien, le type kmer se < retrouve partout. Le roi
de Bassac lui-même, dont je vous présente ici une mauvaise
photographie, est- un véritable type de Kmer, légèrement
mélangé de Siamois, et cependant;* au Laos comme au Cam<
bodge,on tient beaucoup à la pureté de la race dans les fa
milles nobles. C'est ainsi que Cyvatha, le frère de Noroddom;
dont je parlais tout à l'heure, est frère aîné de celui-ci, mais
n'a pu monter sur le trône parce que sa mère n'était pas 'de
race royale.
A mesure qu'on s'avance vers le nord, le teint s'éclâiroiti à
part dans quelques enclaves de Khas ou sauvages des mont
agnes, qui, établis sur la rive gauche du Mékong, ont oublié
leur langue, se sont croisés avec des Laotiens, mais n'ont
perdu presque aucun de leurs caractères de race.
Une autre remarque qui s'impose en remontant le Mékong^'
c'est que, plus on s'avance vers le nord; plus les gens sont
civilisés.' Les habitants des provinces du Sud : Stung-treng,
Khong, et même Bassac, sont de véritables sauvages compar
és à ceux des provinces de Nonkay, de Luang-prabang, et
surtout du Laos occidental : Xieng-maï,' Lakone et Lampoun,'
si' le où l'on doit, je crois, trouver les véritables Laotiens,
type pur existe. Au sud, c'est à peine si tous les mandarins
savent lire 'le laotien, et un petit nombre dans chaque pro
vince savent lire le siamois ; plus au nord,; presque tous les
hommes et'ungrand nombre de femmes savent lire lelao-' — SUR LE UOS.-, 43, PAUL^NÉIS.
tien,' et les plus petits fonctionnaires connaissent l'écrituret
laotienne*
siamoise. L'écriture ne diffère ; guère, d'ailleurs,
que par un nombre moindre de caractères, et parce que
quelques caractères semblables n'ont pas. la. même valeur..
Les pagodes ou wat, où les jeunes gens apprennent à lire,
intervertissent aussi très souvent le sens des lettres, y ajou
tent des caractères siamois ou des notations variées, de ma
nière à avoir une écriture spéciale pour la pagode, différente
de l'écriture vulgaire ; parfois ce nangseu wat (écriture de la
pagode) est le même pour un grand nombre de temples,
parfois il change d'un village à l'autre.
Les. habitants du sud cultivent fort peu eux-mêmes; les-
mandarins possèdent de nombreux esclaves, et les gens qui
n'en.ontpas s'adonnent à divers commerces, dont le plus,
lucratif est celui des esclaves. D'ici longtemps,1 peut-être;
nous n'avons rien à voir à l'esclavage des Khas-Bolovens ou
autres; mais il en est un autre dont l'humanité doit nous:
forcer à nous occuper ;< je < veux dire l'esolavage des Annam
ites.; De petites troupes armées parcourent la frontière de.
l'Annam; pourchassent les Annamites qui vont commercer,
avec les- Khas, les font ; prisonniers et les amènent sur 'les;
marchés du Laos, dont les principaux sont Attopeu*eti Bas-
sac. Un Annamite se vend le prix de deux Laotiens ou deï-
deux Khas ; on le force à couper ses cheveux à la'mode lao
tienne et à porter le vêtement -laotien. Ces pauvres gens
s'échappaient le soir pour venir se traîner à mes pieds et me
supplier de Jes délivrer; et le roi, qui en possède plus de
trois cents, et qui savait fort bien ce qui se passait ohez moi,'
m'affirmait, en souriant, quand je lui en parlais, « qu'iln'y
avait pas un seul esclave annamite dans son royaume ».
On. vante avec raison, je crois, l'hospitalité des Laotiens ;
je n'ai pas toujours eu à m'en louer ; mais, chaque -fois, il
était facile de voir d'où provenait le mauvais vouloir.-A Bas-
sac,- où l'on fut1 correct, mais sans affabilité, malgré les ser
vices que j'ui pu rendre au roi, l'attitude des mandarins pro
venait de la question des esclaves. Dans le Laos > moyen, de-1 i
44 SÉANCE DU 22 JANVIER 1885.
Banemouk à Saniaboury, où je trouvais la population affolée
de peur par. une violente épidémie de choléra, je ne puis
m' étonner d'avoir éprouvé quelques difficultés. Je dois ex
cepter cependant le pays de Phoueuns, sur lesquels je revien
drai tout à l'heure. Chez les Laotiens de l'ouest, ou Laotiens
à ventre noir, je n'ai jamais éprouvé les difficultés qu'avait
trouvées, un an avant moi, le voyageur Karl Bock ; je n'ai
point trouvé comme lui de gens défiants et peu expansifs;
ils m'ont, au contraire, fort longuement 'raconté leurs griefs
contre M. Karl Bock, et surtout son ami, le docteur améri
cain Cheek, en les exagérant fort probablement ; aussi, mal
gré les ennuis qu'aurait pu me causer la conduite de ces
prédécesseurs, je n'y aurais pas fait allusion, si M. Bock ne
s'était plaint lui-même amèrement, à la Société de géogra
phie de Paris, d'avoir fait douze jours de prison à Muong-phan
pour s'être approprié une statue de Bouddha, qu'il déclare
d'un fort beau travail.
Depuis la ruine de.Vienchan, en 1827, et l'expédition du
Phya-Bodin, dont on ne parle encore qu'en tremblant dans
le Laos, toutes ces principautés sont soumises au royaume
de Siam; Elles ne dépendent pas directement du roi, mais
d'un haut dignitaire de la couronne de Bangkok, le Somdet
Khromhaprah (pour m'en tenir à ses deux premiers

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