Technologie appropriée et besoins essentiels - article ; n°100 ; vol.25, pg 779-786
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Description

Tiers-Monde - Année 1984 - Volume 25 - Numéro 100 - Pages 779-786
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 6
Langue Français

Extrait

Philippe Adair
Technologie appropriée et besoins essentiels
In: Tiers-Monde. 1984, tome 25 n°100. pp. 779-786.
Citer ce document / Cite this document :
Adair Philippe. Technologie appropriée et besoins essentiels. In: Tiers-Monde. 1984, tome 25 n°100. pp. 779-786.
doi : 10.3406/tiers.1984.4369
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1984_num_25_100_4369TECHNOLOGIES APPROPRIEES
ET BESOINS ESSENTIELS
par Philippe Adair*
Encore trop souvent saisi sous l'angle productiviste, le développe
ment ne peut se réduire à la croissance économique simplement mesurée
par un indicateur biaisé (le pnb) ; il embrasse tant les externalités que les
institutions non marchandes (économie domestique, troc.) qui assurent
la création et l'échange d'une grande part des richesses1. Ainsi appré
hendée, l'économie du développement fait appel à la sociologie, à l'éco
logie; son caractère scientifique procède alors paradoxalement de la
perte de sa spécificité. Elle devient partie prenante d'une démarche inter
disciplinaire qui s'attache aux dimensions institutionnelles du problème
qui retient son attention2.
Nous nous proposons d'illustrer cette démarche au regard du choix
des techniques appropriées, s'agissant des problèmes de la satisfaction
des besoins essentiels des populations rurales du Tiers Monde qui se
trouvent particulièrement affectées par la crise. En premier lieu, nous
soulignons quelques aspects négligés ou pervertis par la croissance uni-
dimensionnelle, induisant ce que, faute de mieux, nous qualifierons de
« maldéveloppement ». Puis, nous mettons l'accent sur les priorités
qu'implique la stratégie des besoins essentiels, laquelle s'inscrit dans la
perspective d'un « développement endogène », Enfin, nous présentons,
sans prétendre à l'exhaustivité, quelques illustrations des technologies
appropriées destinées à répondre à ces besoins.
* Université de Picardie. Economiste.
1. Cette richesse, outre les carences de l'enregistrement propres à l'appareil statistique
dans les pays du Tiers Monde, ne peut être pleinement mesurée sinon selon des conventions
très disparates.
2. D. Seers, Pour une nouvelle orientation des recherches sur le développement, Eco
nomie et Humanisme, n° 241, 1978.
Revue Tiers Monde, t. XXV, n° 100, Octobre-Décembre 1984 780 PHILIPPE ADAIR
1. Croissance perverse et « maldéveloppement »
Nous n'épousons pas ici la vision apocalyptique du Club de Rome
dont le modèle initial a d'ailleurs été remanié pour faire place à des
scénari prospectifs (J. Tinbergen) et à une approche, non pas globale,
mais par zones, qui s'avère plus pertinente (W. LeontiefF). Toutefois, s'il
n'y a pas d'ici l'an 2000 de limites physiques à la croissance économique,
le problème de Faeces aux ressources et de leurs usages demeure posé en ce qui
concerne l'alimentation, l'environnement, l'énergie et les matières pre
mières industrielles3.
La baisse des rendements agricoles menace l'approvisionnement en
denrées des populations et se conjuguant à la sécheresse et aux ravages
des parasites fait resurgir le spectre de la famine. Manifeste depuis une
dizaine d'années au Sahel, la récurrence du phénomène anticipée par
R. Dumont4 prend aujourd'hui une ampleur catastrophique.
L'environnement subit des nuisances dont certaines sont probable
ment réversibles (pollution), mais d'autres s'avèrent irrémédiables (stéri
lisation des sols, désertification, déchets toxiques...).
Le problème de l'énergie ne se pose pas en termes de disponibilité
des ressources, mais en termes de choix de société.
Les matières premières industrielles sont relativement abondantes à
l'échelle de la planète, mais leur répartition est très inégale sur le plan
géographique.
Alimentation et environnement sont liés à travers les activités agro
pastorales par la mise en œuvre de techniques agronomiques intensives
qui ne sont pas nécessairement efficientes. Les techniques provenant des
pays occidentaux ou spécialement conçues pour promouvoir le dévelop
pement agricole du Tiers Monde (Révolution verte) obéissent au seul
critère du rendement; elles s'avèrent inappropriées, car trop onéreuses,
peu durables voire contre-productives dans les cas illustrés par les
exemples suivants.
La forte mécanisation et le recours massif aux engrais chimiques
n'ont pas contribué à l'élévation des rendements agricoles en Algérie5.
Les grands projets d'irrigation sont souvent coûteux mais également
contre-productifs. Le pompage de la nappe phréatique favorise la
remontée des minéraux (sel, calcaire...) qui stérilisent les terres. Les
barrages font parfois obstacle aux dépôts des alluvions, rendant ainsi
les berges totalement incultes. Le barrage d'Assouan, d'ailleurs de concep-
3. J. Lesourne, cf. bibliogr.
4. R. Dumont, B. Rosier : cf. bibliogr.
5. P. Adair, thèse in bibligr. TECHNOLOGIES APPROPRIÉES 78 1
tion non pas occidentale mais soviétique, illustre malheureusement
l'existence d'externalités négatives importantes.
L'usage systématique de semences à haut rendement (vhs) appauvrit le
patrimoine végétal qui devient alors très vulnérable aux attaques des paras
ites6. L'essor des cultures de rente destinées au marché mondial lequel
est largement contrôlé par l'agribusiness, voire celui des cultures appro
visionnant le marché intérieur, se traduit par la diminution des produits
vivriers sécrétant ainsi la malnutrition, accélérant l'exode rural...7.
2. Ecodéveloppement et technologies appropriées
Le développement est au confluent de trois exigences interdépen
dantes : l'utilité des biens produits, la répartition de ces biens, la tech
nique de production combinant les ressources naturelles et humaines.
Si la fonction du progrès technique est incontestablement d'économiser
des ressources, dont le travail, elle ne doit pas viser à réduire Г emploi mais
l'effort humain. La mise en œuvre de la technologie doit être appréhendée
au regard des effets qu'elle induit : c'est-à-dire les modalités de satisfac
tion des besoins qu'elle permet et le bouleversement des structures qu'elle
engendre. La notion de technologies appropriées privilégie le contexte,
l'approche locale en vertu de laquelle la satisfaction des besoins doit d'abord
procéder de la mobilisation des ressources internes, du développement
endogène. Inscrire la perspective écologique dans le développement endo
gène, promouvoir « l'écodéveloppement », implique que l'utilisation des
ressources n'obéisse pas seulement à l'agencement des flux mais com
mande la gestion patrimoniale des stocks.
La correspondance entre ressources et besoins relève alors d'une
rationalité élargie. Le calcul économique n'est plus simplement guidé par
la maximation de la valeur ajoutée... même enrichi par une analyse multi-
critères8. L'élaboration d'un projet de développement s'avère complexe :
il doit intégrer les externalités qui seront engendrées selon les techniques
employées. Le calcul relève alors d'une procédure de planification dont la
cohérence à l'échelle locale sera d'autant mieux assurée qu'elle saisira
6. P. Fabre, La révolution des semences, L'économiste du Tiers Monde, in Problèmes
économiques, n° 1684, 1980.
7. G. Arroyo, cf. bibliogr. ; cf. également E. de la Rovere, Impacts sociaux et écolo
giques du plan alcool brésilien, Economie et Humanisme, n° 261, 1981.
8. L'analyse multicritères permet d'appréhender les effets d'un projet au regard de la
répartition (emploi, revenu) et du choix des inputs ; cf. M. Chervel, Pour une autre pro
grammation du développement, Critiques de Г économie politique, n° 20, 1982. Cette analyse
demeure néanmoins prisonnière du calcul coûts-avantages ; elle occulte la reconstitution du
patrimoine. Sur ce dernier point, cf. l'analyse de projet de A. K. N. Reddy in I. Sachs. 782 PHILIPPE ADAIR
l'interdépendance entre la vocation des espaces qu'elle aménage et les
besoins des populations qui les occupent.
Planifier le développement à l'échelle du village, de la commune exige
une procédure décentralisée. Notre propos n'envisage pas ici l'articulation
nécessaire entre projets localisés, planification régionale et plan national :
ce

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