Tiya. Une campagne de fouilles (1982) - article ; n°1 ; vol.13, pg 69-84
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Description

Annales d'Ethiopie - Année 1985 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 69-84
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Roger Joussaume
Tiya. Une campagne de fouilles (1982)
In: Annales d'Ethiopie. Volume 13, année 1985. pp. 69-84.
Citer ce document / Cite this document :
Joussaume Roger. Tiya. Une campagne de fouilles (1982). In: Annales d'Ethiopie. Volume 13, année 1985. pp. 69-84.
doi : 10.3406/ethio.1985.921
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ethio_0066-2127_1985_num_13_1_921T I Y A
Une campagne de fouilles (1982)
par
Roger JOUSSAUME
I — LE SODDO ET LES STELES (Fig.l)
Au Sud d 'Addis-Abeba, passé le gué de l'Aouache à Melka-
Kunturé célèbre par les sites paléolithiques que fouille J.
Chavaillon, on entre dans le Soddo.
En fait il faut distinguer deux "Soddo", l'un géographique
limité aux cantons de Bouy et Souten, l'autre, archéologique, s'étend
de l'Aouache au canton de Silté: c'est le pays des pierres dressées.
Certains pensent d'ailleurs que le nom de Soddo viendrait de
l'existence même de toutes ces pierres (F.Anfray, 1976).
C'est en 1905 que V.Chollet et H.Neuville apprennent au
monde savant la nature de ces stèles plus longuement décrites par
R.P.Azaïs et R.Chambard en 1931 à la suite de "cinq années de
recherches archéologiques en Ethiopie". Depuis 1974, F.Anfray
et l'Institut d'Archéologie à Addis-Abeba ont entrepris une étude
systématique de toute la région portant à plus de 150 le nombre
de sites connus jusqu'alors limité à 27. C'est à dire l'important
travail de prospection, accompagné de plans, dessins et photog
raphies, accompli par cette équipe dans des conditions parfois
pénibles dues à de longues marches dans un territoire très accidenté,
à plus de 2000m d'altitude et sous un soleil souvent ardent.
Ces travaux ont permis de définir deux régions archéologiques
à stèles: celle du Sud sur les cantons de Meskan et de Silté et celle
du Nord, le Soddo à proprement parler.
Le Sud est le domaine des stèles figuratives (fig.2). En fait
cinq types de pierres façonnées ont été reconnus sur cette aire
géographique :
— 69 — — Stèles plates présentant un grand nombre de dessins
figuratifs (arcs, lances, flacons...) et des tracés géométriques
symbolisant une sorte de draperie (fig.2b). Elles représentent un
personnage dont la tête a souvent disparu.
— Stèles anthropomorphes avec collier, fréquemment en forme
de peigne, qui paraît lié à un contrepoids (en forme d'épée) dans
le dos du personnage (fig.2a). Des figurations symboliques accom
pagnent les décors de ces deux types de stèles: sorte de plante avec
deux cercles et un signe en X ou en W renversé.
— Stèles-colonnes, fut cylindrique de 0,50m à 1,80m de hauteur-
— Stèles phalloïdes qu'il faut rapprocher des milliers connues
plus au Sud en pays Sidamo.
— Des monolithes de forme hémisphérique ou conique à
surface plane ou légèrement bombée, qui semblent souvent liés à
des tumulus assez bas qu'ils circonscrivent.
Le Nord est le domaine des pierres à épées. Une quarantaine
de sites ont été recensés lors des dernières prospections, auxquels
il faut ajouter les stèles anthropomorphes — faites d'une dalle
de pierre d'où une tête se dégage alors que deux évidements oblongs
latéraux libèrent des bras; ou représentent un personnage aux
bras levés — , les sites à pierres hémisphériques et coniques ainsi
que des cimetières plus ou moins vastes dont les tombes sont mar
quées par des pierres dressées de chant sans stèles d'accompagnement.
Tant au Nord qu'au Sud, ces pierres, selon la tradition, seraient
l'oeuvre de Mahomed Gragne (Le Gaucher) chef musulman qui,
au XVIe siècle, parti de Harar, faillit détruire le pouvoir des Emper
eurs éthiopiens. Mahomed Gragne est considéré comme un géant
qui, lorsqu'il avait à descendre de cheval, fichait une pierre en terre
afin d'y attacher sa monture. On notera avec intérêt cette notion
de gigantisme en relation, un peu partout dans le monde, au mé-
galithisme (les Arias bâtisseurs des cistes dolméniques du Harar;
Gargantua qui édifia les dolmens de la France atlantique...)
Les fouilles sommaires pratiquées par le R.P. Azaïs au pied
d'une stèle à épées de Tiya et au centre d'un groupement de pierres
hémisphériques à Dimbo-Der apportèrent la preuve de l'existence
d'une sépulture en liaison avec les mégalithes, contrairement aux
travaux de Chollet et Neuville dans un autre site où la nature du
sol est probablement à l'origine de la disparition des ossements.
— 70 — Plus récemment F.Anfray et E. Godet effectuèrent quelques
fouilles à Gatera-Demma, site où gisent de nombreuses tombes
dans un cimetière long de 80m pour 20m de large qui présente
également quatre stèles à épées groupées sur une file. Les squelettes
recroquevillés sont à 1,60m de profondeur sous une grosse dalle
de pierre.
Dans le cadre d'une remise en valeur du site de Tiya, le plus
imposant du Soddo par le nombre des stèles gravées, il nous a
été demandé par la Sous - Direction des Sciences Socialistet huma
ines du Ministère des Relations Extérieures, d'entreprendre
l'étude scientifique du gisement.
Une équipe a été formée qui comprend:
. Francis ANFRAY: Chef de la Mission française
d'Archéologie à Addis-Abeba,
responsable administratif à Tiya.
. Roger JOUSSAUME: Chargé de recherches au C.N.R.S.
(E.R.27), responsable scientifique
des travaux de recherche à Tiya.
. Claude BOUVILLE: Chargé de recherches au C.N.R.S.
(L.A.184), Anthropologue.
' . Serge CASSEN: Assistant archéologue (E.R. 27 du
C.N.R.S.)
. Yves BAUDOUIN: Dessinateur- topographe à la
sion française d'Archéologie à
Addis-Abeba.
. TELAHUNG/TSADIK: Commissaire du Gouvernement
éthiopien.
Cinq stagiaires du Service du Patrimoine éthiopien nous a
ccompagnaient dans cette entreprise ainsi qu'une dizaine d'ouvriers
affectés aux travaux de terrassement.
La mission s'est effectuée en mars, avril et mai 1982, dans des
conditions climatiques assez déplorables (pluies et même violente
tornade qui, si elle a emporté de nombreuses toitures du village
voisin, a eu l'obligeance d'épargner notre campement).
— 71 — - TIYA II
1. Le site et les stèles
Situé au passage le plus étroit de la ligne de partage des eaux
entre une série de rivières descendant vers le Nord-Est pour les unes
et le Sud pour les autres (Aleltu, Meki) (fig. 3), Tiya, ou plus exacte
ment le plateau de Dedeba où se trouvent les stèles, présente une
position clé face au massif de Kondaltiti haut de près de 2400m.
Cet emplacement est un passage forcé entre les rivières encaissées
Aleltu et Dedeba qui explique son intense occupation passée et la
limite de territoire qu'il semble marqué depuis longtemps. En
effet, c'est le site à stèles à épées le plus important mais aussi le
plus au Sud de Paire des stèles de ce style; on y trouve encore les
soubassements "seigneuries" jusqu'au de la "kella", siècle sorte dernier. d'octroi Cette qui région existait est entre donc deux pro
fondément marquée par sa géographie. Il en est d'ailleurs pratique
ment de même aujourd'hui où la culture de 1 'inset — cette espèce
de "bananier sans bananes" — se développe essentiellement au
sud de cette limite naturelle.
En 1926, le Père Azaïs et R.Chambard visitèrent le site à stèles
de Tiya qui comptait encore 15 pierres debout. Il n'en reste plus
qu'une aujourd'hui, les autres jonchent le sol selon deux ensembles
au moment de notre venue. Le plan de cette hécatombe de pierres
fut dressé en 1977 par les soins de l'équipe que dirigeait F.Anfray.
Un premier ensemble se développe sur une quarantaine de
mètres de longueur formant une file orientée Sud-Est/ Nord-Ouest.
La majorité des stèles à épées ont leur face ornée tournée vers l'Est.
Au milieu de ces blocs épars des dalles de chant paraissaient limiter
des espaces semblables au cimetière de Gatera-Demma (fig.4).
Le deuxième ensemble se situe à environ 25m de l'extrémité
Nord de la file centrale, en direction du Nord-Est. Il est composé

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