Un « modèle septentrional » : les campagnes parisiennes (XVIe-XVIIe siècles) - article ; n°6 ; vol.30, pg 1397-1413
18 pages
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Un « modèle septentrional » : les campagnes parisiennes (XVIe-XVIIe siècles) - article ; n°6 ; vol.30, pg 1397-1413

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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1975 - Volume 30 - Numéro 6 - Pages 1397-1413
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Emmanuel Le Roy Ladurie
Un « modèle septentrional » : les campagnes parisiennes (XVIe-
XVIIe siècles)
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 30e année, N. 6, 1975. pp. 1397-1413.
Citer ce document / Cite this document :
Le Roy Ladurie Emmanuel. Un « modèle septentrional » : les campagnes parisiennes (XVIe-XVIIe siècles). In: Annales.
Économies, Sociétés, Civilisations. 30e année, N. 6, 1975. pp. 1397-1413.
doi : 10.3406/ahess.1975.293684
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1975_num_30_6_293684UN ff MOD LE SEPTENTRIONAL
LES CAMPAGNES PARISIENNES XVr-XVIla SI CLES)*
est comme si souvent par la démographie que se marque abord étude nova
trice de Jean Jacquart sur le plat pays de la capitale Il est vrai que essor du peuplement
des campagnes parisiennes au xvie siècle plus exactement dans la période 1450-
1560 est plus démontrer Les recherches Yvonne Bézard et de Guy Fourquin
avaient prouvé une lame de fond démographique dans la région qui entoure Paris
comblé en un siècle 1450-1550) le vide causé par les crises circa 1340-1440 Vers
1540-1560 les campagnes parisiennes selon Jacquart atteignent même un niveau de
population nettement supérieur celui qui sera le leur pendant tout le xvne siècle En
1543 pour huit paroisses du bailliage de La Ferié-Alais et du duché tampes on
comptait 970 feux on en trouvera plus que 660 670 selon les années de 1709
1720 Même son de cloche Avrainville Somme toute les campagnes parisiennes sont
nettement surpeuplées vers 1540 par la suite elles amorceront travers les crises tragi
ques du xviie siècle un sage exode rural qui créera une répartition plus moderne entre
les populations citadines concentrées dans la capitale et les populations rurales désor
mais ramenées de plus justes et modestes dimensions Vers 1540 on est bien loin en
core de cet assagissement et de cette modernisation
De là les conditions incroyables de morcellement et entassement parcellaires qui
comme en Languedoc sévissaient autour de Paris en 1550 vers le milieu du xvie siècle
dans sept grandes seigneuries du Hurepoix 133 tenanciers domiciliés de vrais
paysans donc se partagent 493 ha soit 130 ha par tenancier quantité de terre bien
insuffisante pour faire vivre une famille et très en dessous de ce minimum indépen
dance auquel accède là une très faible minorité de rustres Le morcellement in
vraisemblable du sol en Ile-de-Fran compte non tenu des possessions foraines
vastes ou pulvérisées selon les cas que détiennent dans ce même Hurepoix les
bourgeois et petits bourgeois parisiens est bien le fils légitime du grand essor démogra
phique rural on enregistre autour de Paris la fin du xve et au xvie siècle
Simultanément dans cette Ile-de-Fran autres phénomènes se produisent du côté
de la propriété du sol non paysanne Celle-ci qui suivant les cas peut-être noble
ecclésiastique ou roturière parisienne ou simplement citadine grande ou quelquefois
petite quant étendue des surfaces appropriées joue elle aussi le rôle de butoir en
propos de la thèse de Jean JACQUART La crise rurale en Ile-de-Fran 1550-1670 Paris
Armand Colin 1974
1397 MOD LES CONOMIQUES
Hurepoix où elle adjuge la part léonine elle délimite sévèrement aire intérieur de
laquelle exerce la tendance au morcellement indigène
enquête de Jean Jacquart au sud de Paris six terroirs porte sur un échantillon
dispersé de 065 ha De ces 065 ha les paysans avec leurs tenures indigènes ridi
culement exiguës 130 ha en moyenne) ne détiennent en tout que 048 ha 337 96 du
total Le reste soit 021 ha les deux tiers du total est accaparé par des non-paysans
au sens le plus large du terme Là-dessus 938 ha soit la moitié de la portion non
paysanne et le tiers de échantillon total reviennent de grandes réserves
seigneuriales dont chacune peut contenir en cultures et surtout en bois plusieurs cen
taines hectares Enfin le reste autrement dit 038 ha qui équivalent la seconde
moitié de la portion non paysanne et au dernier tiers de échantillon total appartient
des bourgeois de Paris 416 ha) des bourgeois locaux du Hurepoix 356 ha) aux
curés 82 ha) et puis des nobles possesseurs ou acquéreurs de parcelles 190 ha
situées hors des réserves seigneuriales quelques divers 37 ha Arrêtons-nous
abord sur la distinction initiale réserve/non-réserve autrement dit reserve/tenures
on est ici en pays de droit coutumier où les alleux sont rarissimes La proportion
qui donne un tiers des terres aux réserves et deux tiers aux tenures semble au premier
abord humaine et relativement favorable au paysan la pire époque de la seigneurie
oppressive et corvéeuse du temps Irminon et de Charlemagne dans des terroirs situés
eux aussi en région parisienne ou non loin elle le seigneur en effet ne arrogeait pas
moins de 50 du sol pour ses réserves cultivées époque coup de services et
il ne laissait que 50 des terres le reste aux tenanciers cf les statistiques éla
borées ce propos par Louis Halphen elles portent quant au polyptyque Irminon sur
32 748 ha dont 16 728 ha de tenures et 16 020 de réserves)
Une remarque tout de même pour qui aime théoriser propos des rythmes du
social change évolution pas été bien rapide Il aura fallu travers des vicissi
tudes et des allers et retours plus de 700 ans depuis le début du vine siècle au
milieu du xvie siècle pour que la réserve de la dislocation de laquelle on nous rebat sans
cesse les oreilles propos du Moyen Age tombe de 50 96 33 du sol total..
Et puis ce que la réserve ainsi perdu les paysans ne ont pas nécessairement
gagné ou du moins finalement gardé Bien loin de là En 1550 on vu la réserve ne
tient plus un tiers du sol mais les paysans tenanciers un tiers seulement eux aussi
Le dernier tiers échappe aux mains traditionnelles qui le détenaient paysannes ou
seigneuriales Il est allé des non-paysans généralement des bourgeois des villes en
occurrence et surtout ceux de la très grande ville aux Parisiens qui possèdent désor
mais eux seuls près du quart du sol total et en laissent que 96 aux autres rassem-
bleurs de terres qui ne sont ni paysans ni réservistes
Le fait durable est la double aliénation paysanne par rapport la majorité des
terres appropriables aliénation ancienne origine due la structure des réserves
seigneuriales et de seconde origine elle dérive dans ce cas de impérialisme des citadins
Cette aliénation deux tranchants coexiste avec émiettement parcellaire extrême
ment poussé du secteur terrien qui demeure aux mains paysannes Elle pose un triple
problème répartition sociale du sol annexé vocation culturale des propriétés mises en
cause chronologie enfin
Ventilation sociale abord échantillon foncier utilise Jacquart est sans doute
de avis même de historien quelque peu biaisé du fait du caractère essentiellement
ecclésiastique des seigneuries étudiées Compte tenu des corrections il convient de
faire pour cette raison sur les pourcentages bruts obtenus par enquête documentaire
on peut penser avec auteur des Campagnes au sud de Paris que les indigènes ruraux
dans ensemble de la région mise en cause tiennent environ 40 du sol Le reste
60 des terres allant raison de 12 aux communautés religieuses et ecclésiasti-
1398 LE ROY LADURIE LES CAMPAGNES PARISIENNES
quês de toutes sortes aussi la noblesse ancienne race 20 aux officiers qui
sont souvent dans cette région des bourgeois parisiens en voyage vers le statut noble
20 pour finir aux bourgeois ou marchands pur sang non-officiers qui résident
Paris ou dans les petites villes Donc en gros 40 aux paysans 40 96 aux bourgeois
espèces diverses 20 96 seulement aux groupes les plus traditionnels de Ancien
Régime clergé et noblesse de souche La part très importante détenue par les bourgeois
est suggestive les paysans ainsi dépossédés de leurs terres par les hommes de la ville ne
sont pas seulement opprimés par des institutions médiévales et par les grands proprié
taires privilégiés ils sont aussi et peut-être davantage des victimes du progrès au
sens le plus classique que prendra ce terme victimes de urbanisation et de la croissance
de tat incarné par les officiers
Culturalement les performances des deux types de propriété la paysanne et la non-
paysanne sont assez contrastées Les ruraux indigènes du Hurepoix sont fondamentale
ment des céréaliers et des vignerons ils détiennent 41 96 des champs et 69 96 des vignes
alors ils ne possèdent on vu que 33 du sol total de échantillon Jacquart
Il

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