Un pont à travers le Sud : le Système pilote d'information technique - article ; n°138 ; vol.35, pg 375-389

Anthony Giffard

Description

Tiers-Monde - Année 1994 - Volume 35 - Numéro 138 - Pages 375-389
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: TIERS-MONDE
• Publié le: 01 janvier 1994
• Nombre de lectures: 24
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Anthony Giffard
Un pont à travers le Sud : le Système pilote d'information
technique
In: Tiers-Monde. 1994, tome 35 n°138. pp. 375-389.
Citer ce document / Cite this document :
Giffard Anthony. Un pont à travers le Sud : le Système pilote d'information technique. In: Tiers-Monde. 1994, tome 35 n°138. pp.
375-389.
doi : 10.3406/tiers.1994.4881
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1994_num_35_138_4881UN PONT A TRAVERS LE SUD :
LE SYSTÈME PILOTE D'INFORMATION
TECHNIQUE (SPIT)
par C. Anthony Giffard*
Un des objectifs centraux de ceux qui cherchent à promouvoir le
développement dans le Tiers Monde a été d'ouvrir des voies de commun
ication et de stimuler le commerce au sein des nations en développe
ment. Ces nations, qui comptent environ 70 % de la population mond
iale, ne représentent environ que 1 1 % de la production industrielle et
20 % du commerce mondiaux1. En outre, les échanges entre ped ne
constituent qu'une petite partie de leurs exportations totales — la pro
portion a été estimée à moins de 10 %, dont une bonne part est formée
par les échanges de produits pétroliers2. Cet article analyse un projet ori
ginal, le Système pilote d'information technique (SPIT), qui doit stimuler
le commerce en améliorant les liens de communication et en fournissant
des informations utiles aux exportateurs.
LE BESOIN DE COMMERCE
Selon certains économistes, il est vital pour les ped d'augmenter les
échanges commerciaux entre eux. Un nombre croissant de fabricants du
monde en développement cherchent à avoir accès aux marchés d'Amér
ique du Nord, du Japon et d'Europe. Mais la demande dans ces pays
industrialisés n'est pas à même d'absorber les exportations dont ont
besoin les PED pour atteindre leurs objectifs de croissance. Dès lors, il
* School of communications, University of Washington, Seattle, Etats-Unis.
1. Nicolas Jequier et Stevan Dediger, Information, knowledge and intelligence : a general overview, in
Intelligence for economic development, Oxforf, Berg, 1987.
2. OU Havrylyshin et Engin Ovan, Intra-industry trade among developing countries, Journal of develop
ment economics, 18 (2-3), 1985, p. 253-271.
Revue Tiers Monde, t. XXXV, n° 138, avril-juin 1994 376 С. Anthony Giffard
faut beaucoup insister sur le commerce Sud-Sud comme moyen propre
à accomplir la croissance économique.
Cependant, un certain nombre de facteurs s'opposent à un commerce
accru. Parmi eux, il y a les barrières tarifaires et non tarifaires restrictives,
le manque de système de préférences commerciales parmi les ped, et des
schémas de financements gouvernementaux inadéquats pour les exportat
eurs. Mais les mauvaises communications constituent aussi un handicap
important. Malgré l'avènement de satellites de communication, les liens
directs entre pays en développement sont souvent faibles ou n'existent
même pas. En conséquence, certains pays peuvent ne pas être au courant
des besoins et des possibilités existant dans d'autres nations. En plus, il y a
peu de tradition dans l'utilisation de l'information, de sorte que même
quand les données sont disponibles, elles sont rarement transformées en
savoir utilisable1. La plus grande partie de l'information scientifique et
commerciale est produite dans le monde industrialisé, et n'est pas tou
jours pertinente pour les pays en développement.
Dès 1974, le Programme d'action pour un Nouvel Ordre écono
mique international de l'Assemblée générale des Nations Unies propos
ait un plan global pour combler l'écart croissant entre le Nord et le
Sud. Le programme recommandait aux nations en développement de
« promouvoir et d'établir des instruments efficaces de coopération dans
les domaines de l'industrie, de la science et de la technologie, des trans
ports, de la navigation et des moyens de communication de masse »2. Le
concept de coopération technique entre pays en développement (Technic
al Cooperation among Developing Countries, tcdc) fut à nouveau st
imulé par la Conférence TCDC de Buenos Aires en 1978, qui adopta un
plan d'action où s'exprimait la « détermination du monde en développe
ment de parvenir à une indépendance nationale et collective »3. Le plan
de Buenos Aires fut à son tour adopté par l'Assemblée générale en
décembre 1978, et le Programme des Nations Unies pour le Développe
ment (PNUD) chargé de sa mise .en œuvre.
Le principe de base sous-jacent à la coopération technique entre ped
était que la technologie et les modèles de développement du Nord
n'avaient pas tenu leur promesse ; qu'il était temps, pour les peuples du
Sud, de rétablir des liens depuis longtemps perdus et de chercher entre
eux des idées concernant le développement et les technologies propres à
1 . Arnaldo K. Ventura, Jamaica's bauxite battle, in Stevan Dediger and Nicolas Jequier (eds), Intell
igence for economic development, Oxford, Berg, 1987, p. 110.
2. Ruth Seligman, The Buenos Aires plan of action for promoting and implementing technical cooperat
ion among developing countries : ten years after, Cooperation south, décembre 1977, p. 1 1.
3. Technical cooperation conference adopts plan of action : self-reliance stressed, UN Chronicle,
octobre 1978, p. 43-46. Le système pilote d'information technique ЪП
le favoriser. La coopération technique entre ped devait encourager le
contact horizontal, Sud-Sud, promouvoir l'objectif d'indépendance col
lective et aider à réduire la dépendance du Nord.
La campagne pour le nouvel ordre économique mondial et le nouvel
ordre mondial de l'information et de la communication a subi un revers
résultant des contre-attaques occidentales pendant les années 80, qui
culminèrent avec le retrait des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne de
l'Unesco, où avaient eu lieu une grande partie des débats1. Cependant, des
progrès ont été accomplis. Un des meilleurs exemples est celui d'un nou
veau réseau de communication au sein du Tiers Monde qui se consacre
spécifiquement au problème des déséquilibres de l'information.
LE SYSTÈME PILOTE D'INFORMATION TECHNIQUE
Le système pilote d'information technique (SPIT) a pour but de col
lecter, de traiter et de diffuser les informations portant sur les offres
scientifiques, technologiques et commerciales dans les ped. spit est né
de l'idée que le fait d'ignorer les compétences et les besoins des uns et
des autres avait empêché l'établissement et le renforcement de liens éco
nomiques entre ces pays2. L'hypothèse est qu'il existe une demande d'i
nformation, et que celle-ci va croissant. On suppose en même temps qu'il
existe des réserves substantielles d'information technologique et comm
erciale utile dans les PED, « dès lors qu'un effort sérieux et soutenu est
réalisé pour cultiver les sources »3. SPIT cherche à démont
rer que la demande existe, que l'échange d'information est utile, et que
les gens sont prêts à payer pour cela.
A partir du moment où la demande et l'offre existent, le second objectif
du projet est d'élaborer un système d'échange d'information orienté vers
l'utilisateur, disposant de l'organisation nécessaire. De là viendront des
propositions pour des échanges plus larges. Dans cette optique, du per
sonnel issu des pays participants sont formés à la collecte, au traitement et
à la diffusion des données. L'objectif final est de stimuler la coopération
technique et économique entre les PED en créant une conscience mutuelle
des capacités et des besoins. Selon Rustam Lalkaka, directeur du PNUD,
« l'engagement suprême de spit... est de développer un nouveau système
1 . Pour des détails sur le retrait des Etats-Unis, voir Anthony Giffard, Unesco and the media, New York,
Longman, 1984.
2. Narinder K. Aggarwalla, Technical Information Pilot System : terminal report, Rome, PNUD,
mars 1989, p. 5.
3. Ibid., p. 3. 378 С. Anthony Giffard
innovant et efficace pour partager l'information sur la technologie et le
commerce, et créer ainsi un pont solide du Sud vers le Sud »'.
Pour cette raison, les informations de spit sont orientées vers les
affaires. Selon Wilfredo Clémente, le rédacteur en chef de SPIT, « son but
est d'engendrer des transactions commerciales entre des compagnies ou
des organismes de recherche, privés ou publics, des pays en développe
ment. Les principaux utilisateurs