Variations de la production textile aux XVIe et XVIIe siècles - article ; n°5 ; vol.18, pg 939-955
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1963 - Volume 18 - Numéro 5 - Pages 939-955
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Deyon
Variations de la production textile aux XVIe et XVIIe siècles
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 18e année, N. 5, 1963. pp. 939-955.
Citer ce document / Cite this document :
Deyon Pierre. Variations de la production textile aux XVIe et XVIIe siècles. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 18e
année, N. 5, 1963. pp. 939-955.
doi : 10.3406/ahess.1963.421071
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1963_num_18_5_421071TRAVAUX EN COURS
VARIATIONS DE LA PRODUCTION TEXTILE
AUX XVIe ET XVIIe SIÈCLES :
Sources et premiers résultats
On ne peut manquer d'être frappé par le retard de l'historiographie
française en ce qui concerne la statistique de la production textile aux
xvie et xvii0 siècles, depuis que des historiens belges, anglais et italiens
ont apporté de précieuses contributions à la connaissance de cette
question \ II est temps de seconder leurs efforts et de joindre aux études
d'histoire des prix qui se multiplient en France, les compléments et les
confirmations révélés par les variations quantitatives de la production.
Nous disposons cependant depuis 1922 d'un livre pionnier, celui
d'Emile Coornaert sur la draperie- sayetterie d'Hondschoote, dont il est
surprenant qu'il n'ait pas suscité davantage d'études comparatives ;
sans doute les sources qu'il a utilisées demeurent-elles peu prospectées
par nos historiens. Les archives municipales les fonds de
la chambre des comptes de Lille constituaient l'essentiel de sa docu
mentation ; c'est dans les séries analogues, comptabilités municipales,
papiers et comptes des communautés de métiers, qu'il convient de recher
cher les matériaux pour l'enquête à entreprendre sur le mouvement de la
production manufacturière en France. Déjà Pierre Goubert dans son
Beauvais et le Bcauvaisis a rassemblé et commenté une importante moisson
d'informations 2 ; poursuivant cet effort, nous voudrions dans ce bref
article examiner quelques problèmes de méthode et présenter les
résultats de recherches entreprises dans plusieurs dépôts d'archives du
Nord de la France.
1. Nous pensons tout particulièrement aux travaux de E. Sabbe pour l'industrie du
lin en Belgique, à ceux de J. Fisher, В. E. Supi't,^, pour l'Angleterre, de D. Sella,
C. M. Cipolla, G. Ale ATi, et R. Romano, peur l'Italie.
2. Voir en particulier « Métiers battant et mises en apprentissage dans les métiers
du textile à Beauvais », p. 185 de Beauvais et le Beauvaisis (1С(Ю), et cartes et gra
phiques p. 116 à 119.
S39 ANNALES
Trois types de documents, souvent retrouvés de ville en ville, nous
ont paru susceptibles de fournir des séries statistiques représentatives :
les dénombrements de métiers, les registres d'apprentissage, et les octrois
municipaux. Les comptages effectués dans les ateliers par les soins des
autorités corporatives fournissent pour la période qui nous intéresse les
renseignements les plus sûrs ; ils servaient généralement à la répartition
des taxes professionnelles levées pour couvrir les dépenses de la commun
auté. Chaque maître payait autant de fois une cotisation unitaire, qu'il
possédait de métiers actifs dans son ouvroir 4 Les gardes établissaient la
liste des fabricants et, après inspections des ateliers, inscrivaient, en
face de chaque nom, le nombre de métiers correspondants. Ces listes qui
rendent possibles d'intéressantes études de conjoncture industrielle,
offrent aussi une image de la répartition de l'outillage et permettent
d'apprécier l'évolution de la structure corporative. Pierre Goubert a
montré, dans sa thèse, que ces comptages, mentionnés régulièrement
dans les rapports des inspecteurs des manufactures au xvine siècle,
constituaient en réalité une tradition corporative plus ancienne : il en a
trouvé à Beauvais dès 1620, et à Amiens les archives mentionnent leur
existence au milieu du xvie siècle 2. Les manufactures picardes ne sont
certainement pas les seules à connaître cette institution ; les archives
municipales de Troyes et ď Arm entières la signalent, et nous avons trouvé
à Reims des rôles identiques, rédigés par les « maîtres jurés et les députés
de la communauté des sergers drappiers et peigneurs de la laine 3.
C'est naturellement dans la série ЫН des Archives municipales qu'il
convient de rechercher ces documents ; ils y sont généralement classés
avec les autres pièces comptables des communautés de métiers ; mais
1. Il nous a semblé préférable de choisir comme cadre chronologique de la statis
tique des métiers battant, l'année récolte du 15 septembre au 15 septembre suivant.
A Amiens, les recensements avaient lieu généralement en octobre-novembre, puis en
mars, avril, ou mai. Nous avons considéré comme également représentatifs de Tannée-
récolte septembre 1627-septembre 1628 les dénombrements de novembre 1627 et
d'avril 1628. Les rapports semestriels des inspecteurs des manufactures pour le
xvnie siècle nous ont en effet montré qu'à Amiens tout au moins, et contrairement à
ce qui se passait dans les manufactures rurales, il n'existait pas généralement entre
les chiffres du premier semestre de l'année civile et ceux du second, de différence
sensible ; lorsque de telles inégalités apparaissaient, en période de crise particulièrement,
elles se manifestaient tantôt au profit de l'un, tantôt au profit de l'autre des deux
semestres.
2. Archives municipales Amiens, communautés de métiers, saiteurs, HH 315
à 319, mais aussi dans les Archives de la police municipale, FF 1 101 et 1 102.
3.Reims, 678-9, 680 et 804, et dans le fonds non classé de
la lieutenance générale du baillage aux Archives départementales de la Marne ; Archives
municipales, Armentières, HH 19, 1593, relevé des estilles trouvées à Armentières,
Tournai, Tourcoing ; HH 25, 1734, recueil des métiers existant en la ville.
départementales de l'Aube, E 1 136 : compte des marchands drapiers de Troyes,
1699-1700, « pour les quatre visites de l'année faites chez 237 particuliers fabricants ».
940 TEXTILE PRODUCTION
il ne faut pas limiter la prospection à eette série, puisqu'à Amiens certains
rôles se trouvaient rangés avec les sentences de police de l'échevinage,
tandis qu'à Reims plusieurs figuraient dans les archives du Lieutenant
général : l'intervention d'une autorité de police était en effet indispensable
pour donner force exécutoire au rôle, et cette autorité a souvent gardé
par devers elle l'original ou le double. Sa sanction contribue à donner aux
dénombrements corporatifs une plus grande valeur de témoignage, car
des requêtes en décharge, des dénonciations d'abus, pouvaient être intro
duites auprès des magistrats avant la mise en recouvrement. Les procès-
verbaux des « recherches ou des visites » paraissent avoir été souvent
raturés à la demande des contribuables ou surchargés à la suite d'une
nouvelle inspection d'un garde trop consciencieux.
D'autres considérations invitent à accorder confiance à ces données
statistiques : le démontage d'un métier demandait du temps, il ne pouvait
intervenir sans dommage avant l'achèvement d'une pièce 1, et l'ensemble
de la profession exerçait un contrôle vigilant sur les aspirants fraudeurs
puisque le tricheur risquait de surcharger ses confrères. Reprenant les
conclusions de P. Goubert, nous nous croyons donc fondés à considérer
ces relevés comme les sources les plus solides de toute statistique manuf
acturière au xvne siècle : ils donnent une mesure très approchée du
niveau d'activité et d'emploi 3, alors que les comptages de pièces comport
ent toujours, comme nous le verrons plus loin, des incertitudes relatives
à la longueur et à la qualité des tissus.
L'enregistrement des apprentis fournit une autre mesure de l'emploi
dans la manufacture, mais beaucoup moins fidèle, et d'une interprétation
plus délicate. A cette formalité, prescrite dès 1480 par le règlement
amiénois de la sayetterie 3, et répétée dans tous les règlements postérieurs *
nous devons une série régulière des inscriptions d'appren

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