Vers une typologie des situations de contacts linguistiques - article ; n°1 ; vol.43, pg 65-89
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Description

Langage et société - Année 1988 - Volume 43 - Numéro 1 - Pages 65-89
Towards a typology of situations of language contacts.
A typology of situations with interactions between native and allophone speakers or between bilingual speakers is built up on the basis of the incidence of trans-codic marks, by crossing of two dimensions: unilingual/bilingual and endolingual/exolingual - an exchange being exolingual when the difference of repertories of the participants plays a constituent role in the interaction. This typology is evaluated, and discussed in relation with the other approaches of language contacts.
Une typologie des situations d'interaction entre locuteurs natifs et allophones ou entre bilingues est construite sur la base de l'incidence des mar- ques transcodiques, par le croisement de deux dimensions : unilingue-bilingue et endolingue-exolingue, un échange étant exolingue lorsque la différence des répertoires des participants de l'échange joue un rôle constitutif dans l'interaction. Evaluation de la portée de cette typologie et sa mise en rapport avec les autres approches du contact des langues.
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-François de Pietro
Vers une typologie des situations de contacts linguistiques
In: Langage et société, n°43, 1988. Conférences plénières du colloque de Nice : Contacts de langues : quels
modèles. pp. 65-89.
Abstract
Towards a typology of situations of language contacts.
A typology of situations with interactions between native and allophone speakers or between bilingual speakers is built up on the
basis of the incidence of trans-codic marks, by crossing of two dimensions: unilingual/bilingual and endolingual/exolingual - an
exchange being exolingual when the difference of repertories of the participants plays a constituent role in the interaction. This
typology is evaluated, and discussed in relation with the other approaches of language contacts.
Résumé
Une typologie des situations d'interaction entre locuteurs natifs et allophones ou entre bilingues est construite sur la base de
l'incidence des mar- ques transcodiques, par le croisement de deux dimensions : unilingue-bilingue et endolingue-exolingue, un
échange étant exolingue lorsque la différence des répertoires des participants de l'échange joue un rôle constitutif dans
l'interaction. Evaluation de la portée de cette typologie et sa mise en rapport avec les autres approches du contact des langues.
Citer ce document / Cite this document :
de Pietro Jean-François. Vers une typologie des situations de contacts linguistiques. In: Langage et société, n°43, 1988.
Conférences plénières du colloque de Nice : Contacts de langues : quels modèles. pp. 65-89.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lsoc_0181-4095_1988_num_43_1_3002VERS UNE TYPOLOGIE DES SITUATIONS DE
CONTACTS LINGUISTIQUES l
Jean-François de PIETRO
Séminaire des langues romanes
Université de Bale
0. UN POINT DE VUE LINGUISTIQUE
Nous ne prétendons pas présenter ici un véritable modèle des contacts de
langues, mais plutôt une réflexion sur les possibilités et les conditions d'un
tel modèle. Il serait en effet prématuré, en l'état actuel de nos recherches, de
proposer un modèle achevé, dont «le fonctionnement puisse rendre compte
de tous les faits observés» (Lévi-Strauss,1958,p.3O6 ). Il nous paraît plus
important, dans un premier temps, de cerner plus précisément notre objet -
autrement dit de choisir un point de vue qui le définisse et qui, parmi la
multitude des faits, délimite ceux qui sont pertinents- et de proposer un cadre
explicatif cohérent.
Il y a d'ailleurs plusieurs modèles possibles car les contacts de langues
peuvent être appréhendés de plusieurs points de vue : modèles «linguisti
ques», «cognitifs», «sociolinguistiques», «taxinomiques», «simulatifs», etc.
Chacun d'entre eux fournit, d'une même réalité, un éclairage spécifique, à la
fois irréductible -parce que fondé sur des choix théoriques différents-, partiel,
et nécessaire -parce que partie prenante d'une compréhension globale qui ne
soit ni trop réductrice ni totalitaire!
Le thème proposé par les organisateurs du colloque nous a lancé un
véritable défi. Mais, par l'exigence de réflexion épistémologique qu'il
comportait, il nous appelait surtout à revenir sur nos propres recherches afin
de dépasser leur caractère ponctuel et d'esquisser le modèle plus général qui
les sous-tend. Nous appartenons depuis quelques années à une équipe de
recherche qui a travaillé successivement sur le bilinguisme de diverses
populations migrantes en Suisse (Liidi et Py,1986) puis sur des interactions
1 - Ce texte, qui n'engage que son auteur, s'appuie sur les recherches menées, dans le cadre du
Fonds national de la recherche scientifique, par une équipe des Universités de Bale et
Neuchâtel (Suisse), sous la responsabilité des professeurs G.Liidi et B.Py. Nous tenons à
remercier toutes les personnes concernées, et en particulier R.Franceschini, G.Granegger,
G.Liidi, M.Matthey, B.Miinch, C.Oesch-Serra, L.Papaloïzos et B.Py pour leurs critiques,
leurs suggestions et leurs encouragements. Nous sommes également très reconnaissant à
P.Achard et J.Simonin pour les réactions dont ils nous ont fait part à la lecture d'une version
provisoire du texte.
langage et société n° 43 mars 1988 66
exolingues entre des ressortissants des diverses régions linguistiques de notre
pays (Alber et Py,1986; de Pietro,1987; Liidi, sous presse; Py,1987); nous
avons récemment commencé une nouvelle recherche qui porte sur la migrat
ion interne en Suisse et la façon dont cohabitent chez ces migrants les
diverses langues en contact. Ce faisant, nous avons abordé plusieurs des
thèmes «classiques» du bilinguisme, tels l' interlangue et l'acquisition d'une
L2 (Alber et Py,1985; Py,1987), le changement de langue et l'alternance,
codique (Del Coso-Calame, de Pietro et Oesch-Serra,1985; Liidi 1985 et
1986; Liidi [éd.], 1987; Oesch-Serra,1986), les attitudes et représentations
des locuteurs à l'égard des langues et cultures en présence (de Pietro, à
paraître; Miinch, à paraître), etc. Toutes ces recherches concernent des
situations de contacts fle langues, soit qu'elles en étudient un aspect précis,
soit qu'elles portent sur un type particulier ce contact.
Mais quel est finalement le modèle qui s'en dégage? Celui-ci nous
semble fondamentalement «sémiotique», interprétatif, en ce sens que nous
partons généralement de produits discursifs, divers, que nous analysons, que
nous classons et que nous essayons d'expliquer. Nous tâcherons dans cet
article de démontrer l'intérêt d'une telle démarche, de montrer qu'elle est
nécessaire à une compréhension globale des contacts de langues et qu'elle
permet d'appréhender des faits qui échapperaient à une approche purement
cognitiviste, interactionniste ou autre! Nous essayerons également de mettre
un peu d'ordre dans nos interprétations en analysant le type d'explications
qu'elles mettent en jeu et en leur attribuant ainsi un statut plus clair... Pour ce
faire, nous suivrons un plan qui correspond à notre manière de travailler. Nous
examinerons successivement, dans un va-et-vient permanent entre discus
sion d'exemples et réflexion théorique: les matériaux qui nous servent de
base, les «observables» qui constituent l'objet de nos analyses, une typologie
des situations de contact de langues et une tentative d'explication de nos
observables.
1. LES MATERIAUX DISCURSIFS
Notre matière, au sens saussurien du terme, est essentiellement consti
tuée par des données discursives de nature diverse (principalement des
conversations ordinaires, mais aussi des discours monologiques, oraux ou
écrits, des slogans publicitaires, etc.) qui ont été produites au cours d'événe
ments langagiers impliquant tous, quoique sous des modalités diverses, un
contact de langues (soit que le destinatetir et/ou le destinataire soient
bilingues, soit que l'un et l'autre n'appartiennent pas à la même communauté
linguistique, etc.), . Ce choix découle, de notre part, d'une volonté de fonder
i 67
nos réflexions sur des faits concrets, survenus dans des conditions socio-
historiques précises. De plus, c'est au cours de tels événements que vont se
réaliser, sous des expressions sémiotiques multiples (mimogestuelles, li
nguistiques, vestimentaires), les phénomèmes révélateurs du contact, de
langues et de cultures, ces derniers constituant des traces par l'étude desquell
es le linguiste peut tenter de reconstituer les dimensions sous-jacentes d'une
explication. C'est là que s'actualisent les systèmes linguistiques, que se
réalise et se transforme, au travers de l'interparole, l'interlangue d'un
apprenant; c'est là, également, que s'expriment les représentations sociales
des participants (Garmiryan 1985, Miinch 1987) et les rapports de force entre
langues - entre les locuteurs qui les parlent - au moyen de diverses activités
linguistiques (alternances codiques, allocation des tours de parole, etc.)
Ainsi, nous faisons donc l'hypothèse que les pratiques qui se manifestent
dans des événements langagiers caractérisés par la rencontre, sous diverses
modalités, de langues différentes nous permettent d'accéder aux d
imensions constitutives d'un «contact de langue»: elles en sont l'expression
concrète. Et nous définissons le contact de langues

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