Y a-t-il un « autre » Balzac ? (H. de Balzac, Oeuvres diverses, t. II, p. p. P.-G. Castex, R. Chollet, Chr. et R. Guise, Gallimard, « Bibl. de la Pléiade », 1996). - article ; n°96 ; vol.27, pg 83-97
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Y a-t-il un « autre » Balzac ? (H. de Balzac, Oeuvres diverses, t. II, p. p. P.-G. Castex, R. Chollet, Chr. et R. Guise, Gallimard, « Bibl. de la Pléiade », 1996). - article ; n°96 ; vol.27, pg 83-97

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Description

Romantisme - Année 1997 - Volume 27 - Numéro 96 - Pages 83-97
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Stéphane Vachon
Y a-t-il un « autre » Balzac ? (H. de Balzac, Oeuvres diverses, t.
II, p. p. P.-G. Castex, R. Chollet, Chr. et R. Guise, Gallimard, «
Bibl. de la Pléiade », 1996).
In: Romantisme, 1997, n°96. pp. 83-97.
Citer ce document / Cite this document :
Vachon Stéphane. Y a-t-il un « autre » Balzac ? (H. de Balzac, Oeuvres diverses, t. II, p. p. P.-G. Castex, R. Chollet, Chr. et R.
Guise, Gallimard, « Bibl. de la Pléiade », 1996). In: Romantisme, 1997, n°96. pp. 83-97.
doi : 10.3406/roman.1997.3210
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/roman_0048-8593_1997_num_27_96_3210LECTURE
(Honoré de Balzac, Œuvres diverses, tome II, édition publiée, sous la direction de Pierre-
Georges Castex, par Roland Chollet et René Guise, avec la collaboration de Christiane Guise,
Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1996, 1852 p.)
Y a-t-il un « autre » Balzac ? l
par Stéphane Vachon
Le deuxième volume des Œuvres diverses d'Honoré de Balzac a paru en 1996,
dans la collection de la « Bibliothèque de la Pléiade », six années après le premier,
qui ne contenait pas, à proprement parler, d' œuvres diverses, mais deux ensembles
homogènes et distincts : les Cent Contes drolatiques, une sorte de Décaméron inte
rrompu après la parution de trois dixains, et les « Premiers Essais » (1818-1823) d'un
jeune littérateur dont les gammes dramatiques, poétiques, philosophiques et roma
nesques servirent d'exercice au futur auteur de La Comédie humaine. Le critère de
rassemblement était, pour ces premières œuvres inachevées, celui de la non-publicat
ion, qui découpe dans la masse de l'écrit balzacien un domaine privé, intime, inconnu
des contemporains.
Le tome II des Œuvres diverses de Balzac constitue donc, de fait, et véritablement,
le premier volume des « œuvres diverses » du romancier. Un troisième poursuivra ce
programme de publication dont nous souhaitons qu'il ne l'achève pas. Aux douze
volumes de La Comédie humaine 2 et aux trois volumes prévus d' Œuvres diverses, un
Balzac éditorialement « complet » exigera l'adjonction d'un volume de théâtre et d'un
volume de « romans de jeunesse ». Rappelons - pour nous en plaindre - qu'il n'existe
actuellement, dans le commerce, aucune édition de ces ensembles essentiels à une
pleine connaissance de l'œuvre balzacienne. Ne boudons toutefois pas notre plaisir : si
la publication de ces Œuvres diverses de Balzac comble d'abord un manque editorial,
elle satisfait aussi, et surtout, un immense besoin scientifique.
Se trouvent, par leur nature même exclus de cette publication, parce qu'il s'agit
d' œuvres et d'entreprises parallèles, cohérentes et concertées : le théâtre, la correspon
dance, les Cent Contes drolatiques, les romans de jeunesse publiés sous pseudonymes
entre 1822 et 1825 qui possèdent une indéniable originalité, et des caractéristiques
esthétiques propres. Ces massifs mis de côté, rangés à part (et, pour l'heure, redisons-le,
1. Notre titre fait écho à celui de l'article que nous avons consacré au tome I de ces Œuvres diverses :
« Y a-t-il un "jeune" Balzac? », Romantisme, n° 80, 1993-2, p. 107-114. Les renvois au tome I sont abré
gés en « O.D. » suivi de l'indication du tome et de la page; au tome II, par la seule indication de la page.
2. La Comédie humaine, nouvelle édition publiée sous la direction de Pierre-Georges Castex,
Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1976-1981, 12 vol. (désormais abrégé en « PI. »).
ROMANTISME n° 96 (1997-2) 84 Stéphane Vachon
s 'agissant du théâtre et des romans de jeunesse, dans les limbes du commerce des
livres), reste une extraordinaire quantité d' œuvres, ni secondes ni secondaires, ni
complémentaires, ni circonstancielles — tout ce qui, de Balzac, pour des raisons que
nous nous efforcerons d'expliciter, demeura aux marges de La Comédie humaine —
mais il ne s'agit ni de ses chutes ni de ses copeaux 3. La première et la seule spécifi
cité commune des textes réunis ici est de ne pas être liés à La Comédie humaine.
Balzac n'a jamais parlé d'œuvres diverses, mais il beaucoup parlé de son œuvre comp
lète, et de ses œuvres complètes. En 1842, au seuil de La Comédie humaine,
concluant son « Avant-propos », il affirmait : « Je ne reconnais pour mes ouvrages
que ceux qui portent mon nom. En dehors de La Comédie humaine, il n'y a de moi
que les Cent Contes drolatiques, deux pièces de théâtre 4 et des articles isolés qui
d'ailleurs sont signés. J'use ici d'un droit incontestable » (PI., t. I, p. 20). « Des
articles isolés » : c'est dire des textes divers qui n'appartiennent pas au système archi
tectural de la grande œuvre complète. Il y a, ici, pourtant, du meilleur Balzac; et un
autre Balzac, nous voudrions l'indiquer.
La période de dix années couvertes par ce volume (1824-1834) est sans doute
aucun la plus décisive, et la plus cruciale, dans l'itinéraire, la formation et la carrière
de Balzac. Cette décennie au terme de laquelle il ne restera au futur auteur de La
Comédie humaine que quatorze années d'écriture pour achever son œuvre, va d'une
crise existentielle et d'un abandon de la littérature à la rédaction et à la publication du
Père Goriot; elle va aussi d'un échec romanesque à la conception du liber mundi qui
rivalisera avec le réel en accompagnant la société moderne dans son mouvement ; elle
va encore d'une (incertaine 5) tentative de suicide à la volonté de dominer l'Europe.
En avril 1824, le jeune romancier, qui vient, sous les pseudonymes de Lord
R'Hoone puis d'Horace de Saint- Aubin, de publier, en vingt-sept mois, sept romans
composant vingt-sept volumes in- 12 (dits « romans de jeunesse »), doute de ses
moyens et traverse une sévère crise de confiance, plus profonde qu'une simple, mais
réelle, insatisfaction devant la littérature marchande des cabinets de lecture 6. Ce
malaise est tout à la fois religieux et spirituel (en témoigne le Traité sur la prière 7),
3. Les « Ébauches rattachées à La Comédie humaine » ont paru au tome XII de La Comédie humaine
dans la collection de la « Bibliothèque de la Pléiade ».
4. Balzac n'assume que la paternité des deux pièces qui furent représentées avant la rédaction de cet
« Avant-propos » (juillet 1842) : Vautrin (théâtre de la Porte Saint-Martin, mars 1840), Les Ressources de
Quinola (second Théâtre-Français, mars 1842).
5. Et vague parce que tardivement rapportée par un témoin indirect. Dans Le Temps du 28 mai 1892,
Jules Claretie raconte une lecture qu'Etienne Arago lui fit de ses Mémoires inédits, et de la scène suivante :
Arago aurait, un soir, sur l'un des ponts de la Seine, rencontré et interpellé un Balzac regardant couler l'eau;
celui-ci aurait répondu : « Je regarde la Seine et je me demande si je ne vais pas me coucher dans ses draps
humides... » (L.-J. Arrigon, Les Débuts littéraires d'Honoré de Balzac, Perrin, 1924, p. 184-185).
6. Sur cette crise, deux articles sont essentiels; celui de Pierre Barbéris : « Les adieux du bachelier
Horace de Saint- Aubin », L'Année balzacienne 1963, p. 7-30; et celui de Roland Chollet : « Du premier
Balzac à la mort de Saint- Aubin. Quelques remarques sur un lecteur introuvable », L'Année balzacienne
1987, p. 7-20.
7. Qui révèle un auteur à un curieux carrefour où se croisent l'abandon de ses premières positions matér
ialistes, une tentation mystique, un ralliement au catholicisme (O.D., t. I, p. 601-610); débats et tension entre
laïcité et foi (ou religieux) qui se prolongent et se perpétuent, en lui donnant sa couleur personnelle, dans
F Histoire impartiale des Jésuites, brochure rédigée en 1824 à la demande d'un libraire (p. 17-96).
ROMANTISME n° 96 (1997-2) a-t-il un « autre » Balzac ? 85 Y
politique (en témoigne l'éreintement que subit l'un de ses romans dans le Feuilleton
littéraire - un journal libéral auquel il collabore avec des idées qui ne le sont pas;
nous y reviendrons); et littéraire enfin : en témoigne la « Post-face » d'un roman
achevé, Wann-Chlore, qui ne paraîtra qu'en septembre 1825 : « Si je n'ai point fait un
ouvrage d

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