Une nouvelle acquisition du musée du Louvre : une tête de cheval archaïque en marbre (note d information) - article ; n°1 ; vol.149, pg 159-172
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Une nouvelle acquisition du musée du Louvre : une tête de cheval archaïque en marbre (note d'information) - article ; n°1 ; vol.149, pg 159-172

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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 2005 - Volume 149 - Numéro 1 - Pages 159-172
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2005
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Alain Pasquier
Une nouvelle acquisition du musée du Louvre : une tête de
cheval archaïque en marbre (note d'information)
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 149e année, N. 1, 2005. pp. 159-
172.
Citer ce document / Cite this document :
Pasquier Alain. Une nouvelle acquisition du musée du Louvre : une tête de cheval archaïque en marbre (note d'information). In:
Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 149e année, N. 1, 2005. pp. 159-172.
doi : 10.3406/crai.2005.22844
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_2005_num_149_1_22844NOTE D'INFORMATION
UNE NOUVELLE ACQUISITION DU MUSÉE DU LOUVRE :
UNE TÊTE DE CHEVAL ARCHAÏQUE EN MARBRE,
PAR M. ALAIN PASQUIER, CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE
C'est au début de l'été 2004 que j'ai été averti de la présence
étonnante d'un objet hors du commun dans une jolie petite
galerie d'antiquités du quai Malaquais. M'étant rendu sur place,
je découvris en effet, dans le sous-sol enténébré d'un espace tout
entier consacré aux arts de l'Orient ancien, posée à même le sol
sur un socle en bois, une tête de cheval en marbre d'une grandeur
naturelle (fig. 1 A et B) dont le premier coup d'œil rappela immé
diatement à ma mémoire les têtes de certains chevaux exposés au
musée de l'Acropole d'Athènes.
Ma stupéfaction passée, j'appris que la sculpture appartenait à
une collection privée dont les propriétaires se disposaient à
mettre en vente aux enchères publiques, à l'Hôtel Drouot, un lot
important au cœur duquel se trouvait le marbre qui était sous
mes yeux : ils avaient désigné comme expert auprès de Maître
Boisgirard la propriétaire de la galerie où l'objet était déposé,
Mme Annie Kevorkian, laquelle avait eu la courtoisie de m'en pré
venir1. D'emblée, elle m'avertit que ceux-ci, pour des raisons per
sonnelles, souhaitaient garder l'anonymat, et qu'ils ne voulaient
en aucune manière prendre contact avec le Louvre. Toutefois,
malgré cet écran de fumée dont il ne m'appartenait pas de dis
cuter le bien-fondé, j'ai vite su que les propriétaires concernés
étaient des descendants du grand marchand d'antiquités Félix-
Bienaimé Feuardent, dont l'activité multiforme est bien connue
dans la seconde moitié du xixe siècle2.
1. Catalogue de vente Arts d'Orient, Vente Boisgirard et associés (expert : Annie
Kevorkian), Paris, Hôtel Drouot, 7-8 octobre 2004, p. 44-46, n° 136.
2. Sur Félix-Bienaimé Feuardent, voir l'introduction au catalogue d'une vente anté
rieure qui s'était tenue le 26 mars de la même année, à l'Hôtel Drouot, sous les auspices du
même commissaire-priseur et sous la responsabilité du même expert : Bijoux, camées,
intailles, objets de parure et montres, ancienne collection Feuardent, Paris, 2004. Voir aussi
G. Schlumberger, Mes souvenirs 1, 1844-1928, Paris, 1934, p. 177-178. 160 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
Originaire de Cherbourg, ce petit commis de librairie qui se
passionne pour les monnaies romaines attire l'attention d'un col
lectionneur normand, M. de Gerville, qui, séduit par son érudi
tion, en vient à lui léguer sa collection. Feuardent la publie,
mettant ainsi en évidence des compétences de numismate qui
finissent par le mettre en contact avec Camille Rollin, principal
négociant en médailles sur la place de Paris. Il en devient l'as
socié, avant de reprendre seul le cabinet de la rue Louvois,
lorsque Rollin meurt. C'est désormais l'ensemble des objets
archéologiques qu'il traite dans le champ de ses activités, comme
marchand mais aussi comme expert national et international.
Citons ici un passage de sa notice nécrologique publiée par la
Revue Numismatique de 19073, date de son décès, une revue dont
Rollin et Feuardent étaient les éditeurs depuis 1860 : .
« Ce que la numismatique et l'archéologie doivent à M. Feuardent,
c'est ce que savent les numismates et les antiquaires du monde
entier. Il n'est pas un grand collectionneur ni un musée d'État qui ne
soit redevable à M. Feuardent d'un grand nombre de ses pièces maît
resses. Combien de milliers de médailles sont passées par ses mains !
Combien de marbres, de bronzes, de terres cuites, de bijoux, de vases
peints, de pierres gravées ! Que de catalogues de vente ont été
rédigés par lui ! Que de chefs-d'œuvre archéologiques ont été
adjugés par le marteau du commissaire-priseur sous le contrôle de sa
vigilante expertise ! »
Ce personnage s'est donc trouvé placé au centre de toutes
sortes de mouvements et de transactions d'œuvres qui, venant de
l'Italie et de l'Orient, mais aussi de la Grèce, affluaient dans les
divers circuits commerciaux qui les acheminaient jusqu'à Paris.
Une consultation de nos inventaires nous a rappelé que plus de
200 objets conservés dans notre département du Louvre y sont
parvenus par l'entremise de Feuardent. Comment et où s'est-il
procuré la tête de cheval en marbre ? Peut-être les archives de la
famille, si un jour elles deviennent accessibles, en diront-elles
quelque chose. Outre une photographie ancienne promise et
remise à l'acquéreur4, un tirage sépia dont la technique remonte
assurément à une date antérieure aux années 30 et très probable
ment à la période charnière entre les deux dernières décennies du
3. Revue de Numismatique 1907, p. 419-422.
4. Elle est reproduite sur la page de garde du catalogue cité ci-dessus, n. 1. UNE TÊTE DE CHEVAL ARCHAÏQUE AU LOUVRE 161
Illustration non autorisée à la diffusion
Fig. 1. - La tête de cheval Feuardent. A : profil gauche. B : profil droit.
© D. Lebée/Musée du Louvre. COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 162
xixe et la première du xxe siècle, j'ai seulement pu voir une petite
fiche manuscrite que l'expert a eu l'amitié de faire passer sous
mes yeux et qui portait cette simple mention, si ma mémoire est
bonne : « trouvé à 10 kilomètres d'Athènes ». Il faut savoir que,
de 1870 à 1910 environ, les divers documents que l'on peut
consulter ici ou là sur le commerce des objets archéologiques et
leur exportation font parfois apparaître les noms de personnal
ités grecques telles que Rhousopoulos, Xacoustis, Triantaphyllos
et bien d'autres encore.
Quoi qu'il en soit, la question vient immédiatement à l'esprit :
pourquoi Feuardent, marchand d'antiquités, a-t-il conservé cette
sculpture par-devers lui, en sorte qu'elle se trouvait encore, un
siècle plus tard, dans la demeure qui était la sienne ? Peut-être
parce que Feuardent, collectionneur et amateur d'art, avait un tel
attachement pour elle qu'il n'avait pas voulu s'en séparer trop
vite, et que sa mort survenant, ses nombreux enfants avaient
désiré conserver ce à quoi il tenait. Telle est, parmi d'autres, une
réponse possible, je voudrais même croire probable, à une telle
interrogation. En tout cas même si, au-delà de la disparition de
son fondateur, la maison Feuardent a continué ses activités jus
qu'en 1950, la tête de cheval qu'il avait acquise y est restée
jusqu'à la quatrième génération. C'est ainsi qu'elle a pu entrer
dans les collections du Louvre5.
Mais tournons-nous vers l'objet lui-même, dont l'apparition
soudaine a pu faire naître toutes sortes de sentiments, y compris
celui de l'incrédulité. La tête (fig. 1A et B) est taillée dans un
marbre blanc à grains moyens, sans doute cycladique : on a pensé
à l'un de ces marbres que l'on peut rencontrer dans les diverses
carrières de l'île de Paros, en tout cas distinct du fameux lychnites.
L'état de conservation du fragment, brisé au milieu de l'encolure
selon une cassure qui n'a emporté que la partie basse de la cri
nière partiellement reprise au moment du soclage, est relativ
ement satisfaisant. Outre ces petits éclats qui parsèment la surface
sans trop troubler le regard, un seul accident a brisé la lèvre infé
rieure (fig. 2), replacée tant bien que mal au moyen de deux rivets
modernes

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