Investissement des entreprises et contraintes financières en France et aux États-Unis - article ; n°1 ; vol.341, pg 67-84
18 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Investissement des entreprises et contraintes financières en France et aux États-Unis - article ; n°1 ; vol.341, pg 67-84

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
18 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Economie et statistique - Année 2001 - Volume 341 - Numéro 1 - Pages 67-84
Mit diesem Artikel wird ein zweifaches Ziel verfolgt : Überblick über die Entwicklung der Strategie bei der Modellierung und Schatzung der Investitionstatigkeit anhand individueller Unternehmensdaten sowie Vergleich des Investitionsverhalten der französischen und US-amerikanischen Unternehmen in den beiden Schatzungszeitraumen 1971-1979 und 1985-1993. Wichtigstes Ergebnis des Vergleichs ist, dass in beiden Landern die Nachfrage nach wie vor die bedeutendste Investitionsdeterminante ist, wahrend die Gewinnquote in den letzten Jahren eine wesentlich geringere Rolle ais in den 70r Jahren spielte. Dieser Rückgang des Einflusses der Gewinne ist in Frankreich wesentlich ausgepragter ais in den Vereinigten Staaten. Somit hat es den Anschein, dass die französischen Unternehmen weniger finanziellen Belastungen als ihre amerikanischen Kollegen ausgesetzt sind.
L’objectif de cet article est double: donner un aperçu de l'évolution de la stratégie de modélisation et des méthodes d'estimation du comportement d’investissement des entreprises sur des données de panels; et comparer les comportements d’investissement des entreprises en France et aux États-Unis sur les deux périodes d'estimation 1971-1979 et 1985-1993. Le résultat principal de la comparaison est que la demande constitue toujours, dans les deux pays, le déterminant primordial de l’investissement, alors que le taux de profit jouerait dans les années plus récentes un moindre rôle que dans les années 70. Cette perte d'influence du profit est nettement plus marquée et paraît plus assurée en France qu'aux États-Unis. Il semble ainsi que les entreprises françaises soient moins contraintes financièrement que leurs homologues américaines.
The purpose of this paper is twofold. Firstly, it reviews developments in the strategy for modelling and estimating investment using individual company data. Secondly, it compares corporate investment behaviour in France and the United States over the two estimation periods (1971-1979 and 1985-1993).
The main finding of this comparison is that demand remains the key investment determinant in both countries, whereas the profit rate is thought to have played a lesser role in recent years than in the 1970s. The lesser effect of profit is much more marked and seems more entrenched in France than in the United States. French companies would therefore seem to be less financially constrained than their American counterparts.
El objetivo de este articulo es doble : dar cuenta de la evolucion de la estrategia de modelizacion y de estimacion de la inversion sobre unos datos individuales de empresas, y comparar los comportamientos de inversion de las empresas en Francia y en Estados Unidos sobre los dos periodos de estimacion 1971-1979 y 1985-1993. El resultado principal de la comparacion es que la demanda sigue constituyendo en ambos paises el determinante principal de la inversion, pero la tasa de provecho desempenaria un papel menor en los arios mas recientes que en los setenta. Esta pérdida de influencia dei provecho es mucha mas fuerte y garantizada en Francia que en Estados Unidos. Parece que las empresas francesas son menos apremiadas financieramente que las norteamericanas.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 61
Langue Français

Extrait

067-084 Article 6 - Invest 29/06/2001 09:28 Page 67
INVESTISSEMENT
Investissement des entreprises
et contraintes financières
en France et aux États-Unis
Jacques Mairesse, Benoît Mulkay et Bronwyn H. Hall*
L’objectif de cet article est double : donner un aperçu de l'évolution de la stratégie de
modélisation et des méthodes d'estimation du comportement d’investissement des entre-
prises sur des données de panels ; et comparer les comportements d’investissement des
entreprises en France et aux États-Unis sur les deux périodes d'estimation 1971-1979 et
1985-1993.
Le résultat principal de la comparaison est que la demande constitue toujours, dans les
deux pays, le déterminant primordial de l’investissement, alors que le taux de profit
jouerait dans les années plus récentes un moindre rôle que dans les années 70. Cette
perte d'influence du profit est nettement plus marquée et paraît plus assurée en France
qu'aux États-Unis. Il semble ainsi que les entreprises françaises soient moins contraintes
financièrement que leurs homologues américaines.
* Jacques Mairesse appartient à l'Insee (Crest). Benoît Mulkay est professeur à l’Université des Antilles et de la Guyane à la Martinique.
Bronwyn H. Hall est professeur à l’Université de Californie à Berkeley.
Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article. Cet article s’appuie sur un travail antérieur des mêmes
auteurs (1999).
67ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 341-342, 2001 - 1/2067-084 Article 6 - Invest 29/06/2001 09:28 Page 68
revanche, théoriquement justifié que s'il tra-es trente dernières années ont connu de
duit une imperfection des marchés financiersLnombreux développements dans l'analyse
conduisant certaines entreprises à être contrain-économique et la modélisation de l'investis-
tes par un manque de fonds pour investir.sement, notamment sur le plan microécono-
mique. Ces différents développements, souvent
justifiés par le manque de succès des essais pré- Les progrès des théories de l'investissement
cédents, témoignent de l'importance qui s'at- ont conduit par la suite les économètres à
tache à une analyse satisfaisante de l'investisse- estimer des modèles basés sur la théorie Q de
ment, mais aussi des difficultés de cette analyse. l'investissement proposée par Tobin (1969) (2).
Sous l'hypothèse d'une maximisation inter-
Avec la disponibilité croissante de bases de temporelle de la valeur de l'entreprise avec
données individuelles sur les entreprises dans coûts d'ajustement, l'investissement est une
de nombreux pays, les études microéconomé- fonction d'une variable Q définie comme le
triques sur l'investissement mettant en œuvre ratio de la valeur marginale de l'entreprise
des spécifications empiriques et des modèles résultant de l'investissement d'une unité sup-
théoriques différents se sont multipliées. Cette plémentaire de capital sur le coût de cette
imposante littérature a fait l'objet de plusieurs unité de capital. Dans la pratique cependant,
articles de synthèse tels notamment Chirinko les estimations ne sont pas faites avec le Q de
(1993), Schiantarelli (1996) et Hubbard (1998). Tobin marginal, mais plutôt avec le Q de Tobin
Les données d'entreprises, dans la mesure moyen calculé comme le ratio de la valeur de
même où elles font apparaître la très grande l'entreprise, observée sur les marchés boursiers,
variabilité des décisions individuelles, permet- sur le coût de remplacement de son stock
tent de mieux étudier les comportements d'in- de capital. Les résultats empiriques de ces
vestissement que les données agrégées, tant modèles se sont révélés très peu probants, car
dans le détail que dans leurs aspects structurels. les données d'évaluation boursière des entre-
Elles offrent également l'opportunité d'effec- prises ne résument en fait qu'imparfaitement
tuer des comparaisons internationales et d'ana- l’ensemble des informations sur les opportu-
lyser l'influence de l'environnement institution- nités futures des entreprises, et ignorent lar-
nel sur les déterminants fondamentaux de l'in- gement les contraintes financières pouvant
vestissement, et notamment celle des liens affecter les décisions d'investissement des
entre le système financier et les entreprises. entreprises. Une nouvelle approche promet-
teuse, encore peu explorée, a toutefois été pro-
Le premier objectif de cet article est de donner posée par Abel et Blanchard (1986) dans la
un aperçu de la stratégie de modélisation et des ligne de celle du Q de Tobin (3). Elle consiste
méthodes d'estimation de l'investissement sur à essayer de distinguer dans les données
données de panels d'entreprises au cours des observées de profit, au moyen d'un modèle
trente dernières années, et de justifier ce faisant autorégressif, d’une part des composantes fon-
une spécification dynamique à correction d'er- damentales traduisant des opportunités véri-
reurs du modèle d'accélérateur-profit. Le second tables de profit, et d’autre part des compo-
objectif est de comparer les comportements santes transitoires indiquant des contraintes
d'investissement des entreprises françaises et de financement.
américaines sur les deux périodes (1971-1979 et
1985-1993), et de chercher à caractériser leurs
Dans les années 90, de nombreuses tentatives
différences et ressemblances, notamment en ce
d'estimation des comportements d'investis-
qui concerne le rôle du profit et corrélativement
sement ont été faites suivant l'approche dite
celui des contraintes financières.
de l'équation d'Euler. Cette équation, bien que
dérivée de la maximisation intertemporelle
de la valeur actuelle des profits de l'entreprise
Les différentes approches économétriques
de l’investissement
1. Voir Grunfeld (1960), Kuh (1963) ou Eisner (1978) pour lesLes premières études de l'investissement sur
États-Unis, ou Echard et Hénin (1970) et Oudiz (1978) pour la
des données individuelles ont débuté avec des France.
2.Voir, par exemple, Schaller (1990) pour les États-Unis,spécifications simples fondées le plus souvent
Blundell, Bond, Schiantarelli et Devereux (1992) pour le
sur le modèle d'accélérateur-profit (1). L'accé- Royaume-Uni, Hayashi et Inoue (1991) pour le Japon. Pour une
présentation pédagogique des modèles théoriques de l'investis-lérateur de demande trouve une justification
sement, voir le livre de Villieu (2000).
directe simple dans la théorie économique
3. Cette approche a été appliquée récemment sur données d'en-
(cf. encadré 1). Le rôle du profit n'est, en treprises américaines par Gilchrist et Himmelberg (1997).
68 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 341-342, 2001- 1/2
067-084 Article 6 - Invest 29/06/2001 09:28 Page 69
Encadré 1
LE MODÈLE À CORRECTION D’ERREURS DE L’INVESTISSEMENT
On modélise dans un premier temps la demande optimale de capital au niveau de l’entreprise en se fondant sur
la théorie néo-classique de l'investissement telle qu'elle a été presentée par Jorgenson (1963). Du fait de la maxi-
misation intertemporelle de la valeur de l'entreprise, le stock de capital optimal est obtenu en égalisant sa produc-
tivité marginale en valeur avec son coût d'usage. En conséquence, sous l'hypothèse d'une entreprise prenant
les prix comme donnés sur un marché de concurrence parfaite, ou bien faisant face à une demande de biens à
élasticité-prix constante sur un marché de concurrence imparfaite, et sous l'hypothèse où elle a une fonction de
production à élasticité de substitution constante, le stock de capital optimal est proportionnel à l'output, soit pour
l'entreprise i à l'année t la relation :
*k = θqit+hitit [1]
où k dénote le logarithme du capital (une étoile indiquant le stock de capital optimal) et q le logarithme de it it
la production ou des ventes, et où h désigne une fonction du coût d'usage réel du capital et des paramètres de it
la fonction de production (1). Le paramètre représente l’élasticité du capital aux ventes ; celle-ci est unitaire si la
fonction de production est à rendements d'échelle constants, ou si elle est à élasticité de substitutio

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents