L émigration temporaire des peigneurs de chanvre du Jura méridional avant les transformations des XIXe et XXe siècles - article ; n°3 ; vol.21, pg 166-178
14 pages
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L'émigration temporaire des peigneurs de chanvre du Jura méridional avant les transformations des XIXe et XXe siècles - article ; n°3 ; vol.21, pg 166-178

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Description

Les Études rhodaniennes - Année 1946 - Volume 21 - Numéro 3 - Pages 166-178
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1946
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Abel Chatelain
L'émigration temporaire des peigneurs de chanvre du Jura
méridional avant les transformations des XIXe et XXe siècles
In: Les Études rhodaniennes. Vol. 21 n°3-4, 1946. pp. 166-178.
Citer ce document / Cite this document :
Chatelain Abel. L'émigration temporaire des peigneurs de chanvre du Jura méridional avant les transformations des XIXe et
XXe siècles. In: Les Études rhodaniennes. Vol. 21 n°3-4, 1946. pp. 166-178.
doi : 10.3406/geoca.1946.5254
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_1164-6268_1946_num_21_3_5254cercle d'études 166
SEANCE DU 22, MAI 1946
Présidence de M. Jean-Charles Leclerc, M. Paul Guiot, secrétaire. 28 présents
L'EMIGRATION TEMPORAIRE DES PEIGNEURS DE CHANVRE
DU JURA MERIDIONAL
AVANT LES TRANSFORMATIONS DES XIX" ET XXe SIECLES
par M. Abel Châtelain
Professeur agrégé au Lycée Decour à Paris
M. Abel Châtelain n'ayant pu assister à la séance, lecture est donné du texte de sa
communication.
Comme la plupart dés montagnes françaises, Alpes ou Massif Central, le Jura a
connu le surpeuplement né de l'insuffisance des ressources tirées du sol et l'émi
gration temporaire ou définitive qui en découle presque inévitablement. Phénomènes
démogéographiques classiques mais combien nuancés. Il a déjà été étudié maintes
migrations comme celles des colporteurs de l'Oisans ou celle des maçons du Massif
Central (1). Le Jura méridional a connu aussi ces déplacements saisonniers avec les
peigneurs de chanvre aujourd'hui presque oubliés mais qui ont tenu leur place dans
l'histoire et la géographie des migrations temporaires françaises.
Avant les transformations économiques dès xix" et xx* siècles, le Jura méridional
était constitué de pays aux ressources très inégales. Alors que le Bas-Bugey, au sud
de la cluse des Hôpitaux vivait assez largement, le Haut-Bugey et les abords de la
cluse de Nantua restaient pauvres et surpeuplés. Si la vigne a permis de résoudre le
problème démographique du Bas-Bugey, le travail du chanvre a donné avant le xixe
siècle une des solutions les plus intéressantes à la grave question de la surcharge de
population de ces pays montagnards déshérités.
1
I. — L'inégalité des ressources tirées du sol au nord-ouest et au sud
de la cluse des Hôpitaux
Le Bas-Bugey est un pays de montagnes mais les vallées et les bassins y tiennent
une large place. Aussi les cultures y sont variées ; elles rappellent celles du Bas-
Dauphiné ou du couloir rhodanien. La polyculture, au début du xixe siècle reposait
avant tout sur les céréales, les fruits et la vigne. Le pays pouvait se nourrir suff
isamment sans faire appel aux régions voisines ; il avait même une renommée d'aisance
et de bonne chère que Brillât-Savarin, originaire du Bas-Bugey a vulgarisé dans sa
« Physiologie du Goût » publiée en 1825.
Au contraire, jusqu'au milieu du xix" siècle, la pauvreté caractérise la région située
au nord de la cluse des Hôpitaux, exceptions faites du Bas-Valromey et du Val du
Rhône jusqu'à Seyssel.
Il suffit pour se convaincre de ce contraste de se reporter aux rapports des pré
fets, rédigés au début du xix" siècle et particulièrement à la publication du préfet
(1) Les Alpes en particulier ont donné lieu à de nombreuses analyses menées
à l'Institut de Géographie Alpine. A titre d'exemple, retenir surtout: A. Allix
et С Robert Muller: Les Colporteurs de l'Oisans (1 vol., 1925 ou Revue de Géo
graphie Alpine, XI, 1925, fasc. HT, p. 577-634), .
.
:
.

.
'
PEIGNEUKS DE CHANVRE DU JL'KA 167/
de l'Ain Bossi U).. D'après le. recensement qui; fut- fait.en 1806, on peut j constater-
combien .l'arrondissement de Btlley situé de part et d'autre de la cluse des Hôpitaux
était plus riche de ressources que celui de.Nantua ayant pour axe Est-Ouest la cluse:
d" même nom. Dans:le premier; arrondissement , les terres labourables comprenaient
45.275 ha, soit 32, 4 % de la surface totale alors que dans le second les 16.920 ha ne
constituaient que JO, 6 % (3). La différence s'explique par le relief- plus marquée et
la plus grande étendue forestière au Nord ; (la forêt occupe 24,7 % de l'arrondisse
ment de : Nantua contre 18,- 3 % de celui.de Belley). Mais en tenant = compté alors *
des jachères (13.367 ha dans l'arrondissement de Belley et 5.823 dans celui de Nantua),
la population, ne disposait \ donc annuellement que de 31.908 -ha (arrondissement de:
Belley) et г 1.097 ha (celui de Nantua), suit uns moyenne par habitant de 0 ha- 38 pour,
kpremier. et de 0 h. 26: pour le second. Orle rendement' était beaucoup plus faible .
dans la partie septentrionale très montagneuse que dans le Bas-Bugey bien ouvert, de
plus- faible altitude -et plus chaud particulièrement1 dans ses bassins fertiles comme
celuide Belley. Cela est démontré par la production- de céréales sèches (froment et
maïs): l'arrondissement de Belley tire- de son. sol une moyenne annuelle de г hl. 32
par habitant alors que celui de Nantua ne peut donner que о hl. 52, si bien que ce
dernier, doit, se rabattre sur les céréales paiwrcs (méteil, orge, avoine) au pouvoir
nutritif 'beaucoup plus faible: 1 hl. 59-par :tète: pour l'arrondissement, de; Nantua;;
í hl." il- s'y ajoute le. 63 pour celui de Belley. Or si -pour le premier arrondissement
sarrasin, absent des statistiques du second, la part de céréales pauvres données à chaque
habitant: devient alors de 2 hl. 20, .ce qui: caractérise bien la. situation; économique de
l'arrondissement, de Nantua ; (4). Cette production ne pouvait d'ailleurs- suffire,- car
dans les montagnes la population ne cesse d'augmenter ; . il y a un: fort excédent de
naissance sur ks décès. Il ' faut importer chaque année du 'grain dans l'arrondissement-
dt Nantua (5).
Si le Bas-Bugey; peut tirer quelque argent de la vente des produits- du sol, il n'en .
est pas , de même pour les : pays plus septentrionaux. La vigne a toujours été pour r
celui qui Ла cultive une source de profit qui lui permet de mettre de côté une certaine:
(2) Cf. 1, Archives Nationales et 2, Bosài (Les chiffres renvoient à la Bibliogra
phie in fine). L'enquête de 1808 publiée sous le nom de Bossi, préfet, a sans cloute
été rédigée par Riboud.,
(3) Ces ■ proportions ont . été . calculées d'après ■ les - renseignements - de l'enquête - de
1808; Si l'on retient: les. <ur faces totales cadastrées des- deux arrondissements et -.
publiées en 1876 (Annuaire: Statistique de: la. France) on obtient : 34,5 . °;> de terres
labourables dans- l'arrondissement, de Belley et 18,1 ";, dans celui de Nantua . pour.
1808.
(4)Dans les • montagnes, les produits de l'élevage :• comme le lait, le beurre •- et les ■ ' fromages tiennent • une grande place dans l'alimentation. Il s'agit de fromages faits
dans chaque ferme: « chevret » avec le lait de chèvre, fromage . « bleu » ou « pers
illé » avec du; lait de vache. Si l'on f abrique du gruyère à proximité de la r Suisse,
qu'au cours du cette nouvelle ressource n'apparaît dans le reste du J ura : méridional
xix" siècle. E. Dubois (cf. 9) a, publié les Mémoires de . С A. Bellod (déposés aux -
Archives de l'Ain F F 1),. mémoires rédigées de 1770 à 1S28 par un cultivateur en;
même temps : menuisier et instituteur et qui: apportent: beaucoup* de renseignements
économiques sur. la période. C. A... Bellod ? signale l'installation .- d'une ■ fabrique de
fromage dans son village au Grand-Abergement, dans le Haut-Valromey en 1827.
(5) Cf. 2, Bossi, p. 612: « L'arrondissement de Nantua- tire du département* du
Jura une partie des grains , qui lui manquent p*>ur la nourriture de ses habitants »>. •

.
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-
.
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■.
68 cercle . d'études ■ 1
somme d'argent.. S'il a quelques bons crûs réputés comme Seyssel,. Anglefort,- Cuîoz,
Talissieux, Machura, Virieti-le-Grand; la > plus _ grande partie du • vin * est ; de ■: qualité ,
médiocre. On parvient pourtant à l'écouler, aisément „dans -les cabarets de villages ou ■:
dans les auberges situées dans les cluses sur les grandes routes de passage. , Enfin,
selon les ; moments,-, on expédie vers Genève

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