L'évolution de la vie rurale en Basse-Bretagne - article ; n°73 ; vol.14, pg 36-51

Camille Vallaux

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Annales de Géographie - Année 1905 - Volume 14 - Numéro 73 - Pages 36-51
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié le: 01 janvier 1905
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Camille Vallaux
L'évolution de la vie rurale en Basse-Bretagne
In: Annales de Géographie. 1905, t. 14, n°73. pp. 36-51.
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Vallaux Camille. L'évolution de la vie rurale en Basse-Bretagne. In: Annales de Géographie. 1905, t. 14, n°73. pp. 36-51.
doi : 10.3406/geo.1905.6498
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1905_num_14_73_6498OGRAPHIE GIONALE 3t
VOLUTION DE LA VIE RURALE
EN RASSE RRETAGNE
Quels sont hui les facteurs dominants de évolution rurale
en Basse Bretagne Assisterons-nous un nivellement de la vie sociale
et économique qui entraînerait avec lui la disparition définitive non
seulement du type général mais des types particuliers armoricains si
curieusement différenciés nos jours Est-il exact que avenir
au point de vue du progrès de la richesse appartienne tout entier au
littoral Ar Mor) aux dépens de intérieur de ancien pays des bois
Ar hoat Voilà les questions que nous nous proposons de résoudre
dans le présent travail peut-être nous permettront-elles au moyen
de quelques données précises de restituer en partie la moderne
Armorique sa figure vraie si longtemps embrumée de légendes
CONDITIONS NATURELLES ET FRICHEMENT PRIMITIF
il est exact que la vie maritime sur la vie rurale en Basse
Bretagne une répercussion médiocre puisque la première con
sacrée entièrement la pêche côtière au petit cabotage et au service
de tat est limitée un mince ruban littoral et ne se montre pas
sous la forme puissante et agissante du grand commerce maritime
il est cependant vrai que la mer en isolant la Basse Bretagne sur trois
côtés est une cause déterminante et essentielle du développement
particulier de toute la région intérieure La mer joué et joue encore
dans une certaine mesure le rôle une barrière cette pointe du conti
nent Au temps de là navigation voiles elle isolait entièrement Car
malgré le nombre abris offrent la côte rias du Nord la côte
anses de Ouest et même les côtes alluviales du Sud1 la navigation était
extrêmement difficile pour les caboteurs sur ces côtes où en dehors des
nombreux coups de vent les courants de marée suivant une direction
perpendiculaire entrée des baies des estuaires et des ports cou
rants trâversiers) atteignent uds sur la côte Sud uds
sur la côte Ouest uds sur la côte Nord au milieu des dangers
créés par émiettement infini des roches granitiques du Léon et des
Sur les côtes de Bretagne voir DE MARTONNE Le développement îles côtes
bretonnes et leur étude morphologique Travaux du Laboratoire de géographie de
Université de Rennes extrait du Bulletin de la Société scientifique et médi
cale de Ouest XII no 1903) DE LA VIE RURALE EN BASSE BRETAGNE 37 VOLUTION
Cornouailles Aucune pénétration continue était donc possible
venant par mer de extérieur
Quant intérieur il était divisé géographiquement en comparti
ments bien séparés
Dans le pays qui étend de la ligne Vannes-Saint-Brieuc
aux pointes du Finistère accentue extrêmement par suite de
énergie des plissements dans les roches eruptives et dans les strates
paléozoïques de plus en plus minces et pressées cette structure rayée
des roches orientées en bandes de qui est le caractère géo
logique essentiel de tout le massif armoricain sur plus de de latitude
des Mendips la Vendée2 Presque partout les strates tendent vers la
verticale en rapprochent touchent souvent Roches sédimen-
taires eruptives et métamorphiques se succèdent en tranches allongées
dont la continuité établit aisément de travers la Basse
Bretagne mais dont la largeur du au est en moyenne que de
km et atteint 10 km que une manière exceptionnelle3 La
denudation et érosion ont décoiffé les anticlinaux et mis au jour les
éléments constituants du sol dus aux influences tectoniques et aux
forces eruptives anciennes La proximité du niveau de base marin
jointe imperméabilité des roches donne aux eaux courantes un
caractère supra-torrentiel que révèlent des pentes moyennes oscillant
pour la majeure partie des cours eau entre et 17 000 Les
points origine des rigoles érosion se multiplient dans un chevelu
inextricable et serré en pays granitique ils établissent nombreux et
voisins les uns des autres sur les lignes intersection des grandes
strates siluriennes et dévoniennes entre lesquelles existent de notables
différences de pente et de porosité humidité excessive du climat
résultant une répartition presque égale de la pluie entre toutes les
saisons se joignent le grand nombre des sources imperméabilité du
sol et le régime fréquent des tourbières pour faire comprendre que
eau dans ce pays est autant un obstacle un adjuvant pour la colo
nisation rurale exploitation opposent hui encore les
roches dénudées sur les plateaux et sur les crêtes érosion les tour
bières au fond des vallées La zone intermédiaire apparaît comme la
seule exploitable encore cette exploitation est-elle difficile quand le
profil en travers des rigoles érosion accentue faire tendre
les deux pentes vers la verticale
Cette zone intermédiaire elle-même dut être disputée dans le
défrichement primitif la forêt qui la couvrait en grande partie Il
Cartes du service hydrographique de la Marine Courants de la Manche et de
la côte Ouest de France cartes A-L et 11 A-L Instructions nautiques 785
ED SUESS La Face de la Terre trad EMM DE MABGERIE II 137
Largeur des schistes carbonifères de Châteaulin sur le méridien de Carhaix
Calcul fait notamment poar Elorn la Penze Odet Elle le Blavet le Leff 58 OGRAPHIE GIONALE
gérait intéressant de reconstituer aide de documents étendue pri
mitive de la région forestière mais si les sont insuffisants
étude des conditions naturelles de la forêt peut nous fournir quelques
lumières Sur le littoral la violence des vents de la partie Ouest
chargés émanations marines exclut une distance variant de
5àl0 km la région forestière sauf sur quelques points tels que Locro-
nan forêt du Duc) où le relief du sol protège les bois en pente contre
les vents marins intérieur les deux doubles lignes de grès et de
quartzites formées par la montagne Arrée et par la montagne Noire
sont réfractaires la for naturelle et primitive seules les sapinières
artificielles prospèrent de nos jours sur les grès La forêt était donc
exclue de la zone littorale et des sommets Mais elle couvrait peu
près tout le reste du pays Elle était particulièrement épaisse dans
cette légendaire forêt de Brocéliande le Brécilien ou le Pontrocoët des
cartulaires du ixe siècle qui selon Mr Loth arrêtait la
paroisse de Paule près de Carhaix1 incline croire elle allait
plus loin la base de la montagne Arrée comme semblent
indiquer plusieurs noms de lieu empruntés la forêt2 la toponymie
bretonne est ordinaire aussi exacte que riche et pittoresque Le Pon
trocoët allait donc vers aux limites de la zone montagneuse
qui de ce côté confine elle-même la zone littorale autre part
extension ancienne de la forêt en Cornouailles est hui peu
près démontrée3 Ainsi est une zone forestière très étendue que
est attaqué le défrichement primitif là où la surabondance de eau
et le roc fleur de terre ne arrêtaient pas du premier coup
Par conséquent les conditions naturelles en Basse Bretagne ména
geaient la colonisation rurale de longs alvéoles modelés sur les
strates ouïe défrichement était relativement facile il ne agis
sait que abattre des bois tandis entre ces alvéoles les parties
inondées et les crêtes rocheuses mettaient des remparts de séparation
que les moyens simples une cul ture rudimentaire ne pouvaient sup
primer est pourquoi les colonies humaines déterminées avec
rigueur dans leur activité par les conditions géographiques prati
quèrent le défrichement fragmentaire par exploitation simple des
parties du sol les plus faciles défoncer Dans cette catégorie rentraient
les rares plaines alluvions côtières Plounéour-Trez et Lesneven)
les granités de la zone littorale cause de la rapidité relative de leur
décomposition superficielle bordure côtière du Léon et des Cor
nouailles les schistes du bassin de Châteaulin est aussi dans ces
LOTI! émîgration bretonne en Armorique 1883) 66
Moulin ar h