La réduction du temps de travail et les tensions sur les facteurs de production - article ; n°1 ; vol.359, pg 123-147
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Economie et statistique - Année 2002 - Volume 359 - Numéro 1 - Pages 123-147
Réduction du temps de travail et tensions sur les facteurs de production
De 1997 à fin 2000, l’accroissement des performances de l’économie française s’est accompagné d’une augmentation des tensions sur les facteurs de production. Si ces tensions sont normales dans une période de forte croissance de la production, il est intéressant d’analyser dans quelle mesure l’application des 35 heures dans ce contexte a pu accroître les contraintes sur les capacités de production. Les réponses des entreprises aux enquêtes trimestrielles sur la situation et les perspectives dans l’industrie montrent que les entreprises passées aux 35 heures depuis moins d’un an ont plus de tensions que des entreprises comparables en termes de taille, de chiffre d’affaires, de secteur d’activité et de caractéristiques propres à l’entreprise et constantes dans le temps, mais n’ayant pas réduit leur temps de travail. Parmi ces tensions à court terme, les difficultés de recrutement sont d’autant plus fortes pour les établissements passés aux 35 heures que la main-d’oeuvre recrutée est qualifiée. Elles connaissent également davantage de goulots de production. En revanche, à moyen terme, cette différence disparaît, et cette absence de tensions particulières ne semble pas due à une diminution de leurs commandes. L’existence possible de biais de sélection concernant les entreprises passées aux 35 heures invite cependant à nuancer ces résultats.
The Shorter Working Week and the Strain on Inputs
From 1997 to late 2000, the upturn in the French economy’s performances was accompanied by increased strain on inputs. Although such strain is normal in a period of high production growth, it is interesting to analyse the extent to which the application of the 35-hour working week may have increased the constraints on production capacities in these circumstances. Businesses’ answers to the quarterly industrial situation and outlook surveys show that companies applying the 35-hour working week for less than a year have more constraints than companies that are comparable in terms of size, turnover, activity sector and businessspecific characteristics constant over time, but which have not reduced their working week. Of these shortrun constraints, the establishments that have switched to 35 hours have more recruitment problems when the recruited manpower is skilled. These establishments also have more production bottlenecks. However, the difference disappears in the medium run and this absence of particular constraints does not appear to be due to a downturn in orders. Yet the possible existence of selection biases among the companies that have switched to 35 hours calls for these findings to be qualified.
Arbeitszeitverkürzung und Druck auf die Produktionsfaktoren
Von 1997 bis Ende 2000 ging der Anstieg der Leistungsfähigkeit der französischen Volkswirtschaft mit einer Zunahme des Drucks auf die Produktionsfaktoren einher. Ein solcher Druck ist zwar in Zeiten eines starken Produktionswachstums normal; interessant ist es jedoch zu analysieren, inwiefern die Einführung der 35-Stundenwoche in diesem Kontext den Druck auf die Produktionskapazitäten vergrößerte. Die Antworten, die die Unternehmen auf die vierteljährlichen Erhebungen über die Lage und die Perspektiven der Industrie abgeben, zeigen, dass die Unternehmen, die vor weniger als einem Jahr die 35-Stundenwoche einführten, mehr Spannungen ausgesetzt sind als die Unternehmen, die hinsichtlich ihrer Größe, ihres Umsatzes, des Wirtschaftszweiges und der unternehmensspezifischen und zeitlich konstanten Merkmale mit ihnen vergleichbar sind, aber die Arbeitszeit nicht verkürzt haben. Unter diesen kurzfristigen Spannungen nehmen die Rekrutierungsschwierigkeiten für die Betriebe, die die 35-Stundenwoche eingeführt haben, mit der Qualifizierung der zu rekrutierenden Arbeitskräfte zu. Ferner verzeichnen sie mehr Produktionsengpässe. Mittelfristig fällt dieser Unterschied dagegen weg; und dieses Fehlen besonderer Spannungen scheint nicht auf eine Abnahme ihrer Aufträge zurückzuführen zu sein. Da möglicherweise eine Selektionsverzerrung hinsichtlich der Unternehmen, die die 35-Stundenwoche eingeführt haben, vorliegt, müssen diese Ergebnisse jedoch nuanciert werden.
Reducciones de la duración laboral y tensiones sobre los factores de producción
De 1997 a finales de 2000, el crecimiento de los resultados de la economía francesa va a la par con un aumento de las tensiones sobre los factores de producción. Si bien tales tensiones son lo normal en un periodo de fuerte crecimiento de la producción, es interesante analizar en qué medida la aplicación de las 35 horas semanales en ese contexto ha podido aumentar las rigideces en las capacidades de producción. Las respuestas de las empresas a las encuestas trimestrales sobre la situación y las perspectivas en la industria muestran que las empresas que han adoptado las 35 horas desde hace menos de un año, han sufrido más tensiones que aquellas empresas equivalentes en cuanto a tamaño, volumen de negocios, sector de actividad y características propias de la empresa, y constantes en el tiempo, que no han reducido su duración laboral. Entre esas tensiones de corto plazo, las dificultades de contratación resultan tanto más fuertes para aquellos establecimientos que han adoptado las 35 horas, cuanto más cualificada es la mano de obra. También se dan en ellos más estrangulamientos de producción. En cambio, a medio plazo, esa diferencia desaparece, y esa ausencia de tensiones particulares no parece debida a una disminución de sus pedidos. La posible existencia de un sesgo de selección que afecte a las empresas que han adoptado las 35 horas invita sin embargo a matizar estos resultados.
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 30
Langue Français

Extrait

FACTEURS DE PRODUCTIO
Réduction du temps de travail et tensions sur les facteurs de production
Marie Leclair*
De 1997 à fin 2000, l’accroissement des performances de l’économie française s’est accompagné d’une augmentation des tensions sur les facteurs de production. Si ces tensions sont normales dans une période de forte croissance de la production, il est intéressant d’analyser dans quelle mesure l’application des 35 heures dans ce contexte a pu accroître les contraintes sur les capacités de production.
Les réponses des entreprises aux enquêtes trimestrielles sur la situation et les perspectives dans l’industrie montrent que les entreprises passées aux 35 heures depuis moins d’un an ont plus de tensions que des entreprises comparables en termes de taille, de chiffre d’affaires, de secteur d’activité et de caractéristiques propres à l’entreprise et constantes dans le temps, mais n’ayant pas réduit leur temps de travail. Parmi ces tensions à court terme, les difficultés de recrutement sont d’autant plus fortes pour les établissements passés aux 35 heures que la main-d’œuvre recrutée est qualifiée. Elles connaissent également davantage de goulots de production. En revanche, à moyen terme, cette différence disparaît, et cette absence de tensions particulières se semble pas due à une diminution de leurs commandes. L’existence possible de biais de sélection concernant les entreprises passées aux 35 heures invite cependant à nuancer ces résultats.
* Marie Leclair est chargée d’études à la division Marchés et stratégies d’entreprises de l’Insee. Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 359-360, 2002
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L’accroissement des performances de l’éco-nomie française depuis 1997 s’est accom-pagné d’une augmentation des tensions sur les facteurs de production : les indicateurs conjonc-turels de ces tensions ont, fin 2000, des niveaux voisins, voire supérieurs à ceux observés à la fin des années 1980. Si ces tensions physiques sont normales dans une période de forte croissance de la production et sont, en partie, dues à un investissement insuffisant des entreprises dans les années 1990, on peut se demander si l’appli-cation des 35 heures dans ce contexte de forte reprise a pu accroître les contraintes sur les capacités de production (Artus, 2002). Les entreprises signataires d’un accord de réduction du temps de travail auraient-elles pu, à court terme, produire plus si elles n’avaient pas eu à absorber le choc de l’aménagement et de la réduction de leur temps de travail ? À long terme et au-delà de ces effets transitoires, la réduction du temps de travail a-t-elle modifié profondément la situation de ces entreprises en termes de coût des facteurs de production et, en particulier, du travail ? Les enquêtes trimestrielles sur la situation et les perspectives dans l’industrie fournissent un cer-tain nombre d’indications sur la situation des entreprises industrielles, notamment sur leurs difficultés de recrutement, leurs goulots de pro-duction (c’est-à-dire leur capacité à augmenter leur production à facteurs constants) et leurs marges de capacité (cf. encadré 1). On utilise ces données entre le premier trimestre 1995 et le troisième trimestre 2001 pour les entreprises appartenant aux secteurs de l’industrie agro-alimentaire, de l’énergie, de l’industrie des biens de consommation, de l’industrie automo-bile, de l’industrie des biens d’équipement et de l’industrie des biens intermédiaires, c’est-à-dire pour les entreprises appartenant au champ de l’enquête trimestrielle de conjoncture. En appa-riant ces enquêtes avec le fichier des entreprises ayant signé un accord de réduction du temps de travail, on examine ici la corrélation éventuelle, au niveau individuel, de la réduction du temps de travail et des tensions sur l’utilisation des facteurs de production des entreprises de l’échantillon ayant signé un accord de réduction du temps de travail (1). Les indicateurs de tensions ne peuvent fournir qu’une réponse indirecte, quoique avancée, sur la situation économique des entreprises passées aux 35 heures. Ils ne permettent de conclure, en effet, ni sur l’ampleur des créations d’emplois dues aux entreprises passées aux 35 heures, ni sur une
éventuelle perte de rentabilité de ces entreprises. Leur interprétation doit donc être nuancée. On compare ensuite des indicateurs agrégés et microéconomiques de ces tensions obtenus pour les entreprises passées aux 35 heures avec ceux des entreprises restées aux 39 heures.(1) Des effets théoriques complexes, parfois contradictoires La réduction du temps de travail a pu avoir un impact sur les tensions des facteurs de pro-duction. Néanmoins, qu’elle génère une aug-mentation systématique de ces tensions dans les entreprises signataires est loin d’être avéré. Les effets théoriques sur le recrutement ou sur l’uti-lisation du capital du passage aux 35 heures sont complexes et parfois opposés. Ils dépendent de la manière dont la réduction du temps de travail a été mise en œuvre, des canaux privilégiés de l’effet des 35 heures et des notions que recou-vrent réellement les indicateurs de tension utili-sés. Par ailleurs, la réduction du temps de travail peut également générer des externalités dans toute une branche qui expliqueraient l’augmen-tation des tensions à un niveau agrégé sans qu’on n’en observe rien au niveau de l’entreprise. Les difficultés de recrutement n’augmentent pas systématiquement Les difficultés de recrutement peuvent être accrues pour les entreprises passées aux 35 heures si elles augmentent leur nombre d’embauches : la probabilité de pourvoir tous les postes à une date donnée diminue avec l’aug-mentation du nombre d’embauches et l’évalua-tion subjective de l’entrepreneur, présente dans les enquêtes de conjoncture, peut se détériorer. Toutefois, l’augmentation de l’emploi n’accom-pagne peut-être pas systématiquement la réduc-tion du temps de travail. Certaines entreprises ont pu favoriser le passage aux 35 heures parce qu’elles étaient en situation de sous-production et que la diminution de leur durée de travail permet-tait de mieux s’adapter à leur faible niveau de pro-duction. La réduction du temps de travail n’affecte pas alors les difficultés de recrutement de l’entreprise : c’est le cas par exemple des 1. Seules les entreprises signataires d’un accord majoritaire de réduction du temps de travail sont ici étudiées, un certain nombre d’entreprises passées aux 35 heures, mais sans accord, sont donc écartées du champ de l’étude.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 359-360, 2002
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