Les différences de carrières salariales à partir du premier emploi - article ; n°1 ; vol.351, pg 31-63
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Economie et statistique - Année 2002 - Volume 351 - Numéro 1 - Pages 31-63
Les trajectoires salariales dans le secteur privé se différencient dès le premier emploi durable. Les salariés ont, en effet, des débuts de carrière très différents, soit parce qu’ils reflètent certaines caractéristiques qui leur sont propres et sur lesquelles on ne dispose pas d’informations, soit du fait du hasard et de la date d’insertion sur le marché du travail, parce que les emplois qui leur sont proposés peuvent être très différents. Quelles que soient les raisons de ces différences initiales, certaines d’entre elles persistent comme le fait de débuter à temps partiel ou la qualification du premier poste occupé. Une description des trajectoires des salariés du secteur privé permet de différencier les effets sur la trajectoire salariale des changements de situation d’emploi («effets liés à l’emploi») de ceux qui sont liés aux salaires (évolution des purs différentiels de salaire entre professions, entre hommes et femmes à type d’emploi donné). Ces changements ont été analysés dans deux dimensions, en étudiant des cohortes de débutants sur le marché du travail de 1976 à 1992: inter-générationnelles (évolution des effets entre cohortes), et intragénérationnelles (évolution des écarts au cours de la carrière). En découlent certains constats nouveaux. Par exemple, les écarts de rémunération entre hommes et femmes en cours de carrière se creusent plus pour les générations récentes que pour les générations anciennes sous un double effet: d’une part, les purs écarts de rémunération mensuelle entre hommes et femmes à caractéristiques des emplois donnés diminuent d’une génération à l’autre; d’autre part, les disparités de revenu entre hommes et femmes s’accroissent entre générations du fait de conditions d’emploi de moins en moins rémunératrices pour les femmes relativement aux hommes.
Differences in Wages over an Entire Career from the First Job
Private-sector wage trajectories differ right from the first stable job. Wages are influenced by extremely different career starts. They may reflect certain careerspecific characteristics about which we have no information. Conversely, they may be random and due to the date of integration into the labour market, because the jobs offered may be very different. Whatever the reasons for these initial differences, some of them persist, such as the fact of starting out in a part-time job and the skills required for the first position held. A description of private-sector wage trajectories can be used to differentiate the effects of employment situation changes (“ employment-associated effects”) from wage changes (growth in pure wage differentials between occupations and between men and women in a given type of employment) on the wage trajectory. These changes have been analysed by studying cohorts of 1976-1992 labour market entrants from two points of view: inter-generational (growth in numbers between cohorts) and intra-generational (growth in deviations over the career). Some new findings emerge from this analysis. For example, wage deviations between men and women over a career are wider for recent generations than for older generations. The reason for this is twofold. Firstly, the pure monthly wage deviations between men and women with given employment characteristics narrow from one generation to the next. Secondly, income disparities between men and women widen between generations due to employment conditions that are decreasingly lucrative for the women compared with the men.
Unterschiede in der Berufslaufbahn der Erstbeschäftigten
Die Laufbahnen der Arbeitnehmer im Privatsektor unterscheiden sich ab dem ersten dauerhaften Arbeitsverhältnis. Denn die Berufsanfänge der Arbeitnehmer unterscheiden sich sehr, weil sie bestimmte Merkmale, die für sie spezifisch sind und über die keine Informationen vorliegen, widerspiegeln, weil sie zufallsbedingt oder vom Datum der Eingliederung in den Arbeitsmarkt abhängig sind oder auch weil die ihnen angebotenen Arbeitsplätze sehr unterschiedlich sein können. Ungeachtet der Gründe für diese anfänglichen Unterschiede bestehen manche von ihnen fort, wie beispielsweise die Teilzeitbeschäftigung oder die Qualifikation des ersten Arbeitsplatzes. Anhand einer Beschreibung der Laufbahnen der Arbeitnehmer des Privatsektors lassen sich die Auswirkungen auf die Berufslaufbahn des Arbeitsplatzwechsels («arbeitsplatzbedingter Effekt») von denjenigen der Löhne (Entwicklung der reinen Lohnunterschiede zwischen den Berufen, zwischen Männern und Frauen bei gleicher Beschäftigung) differenzieren. Analysiert wurden diese Veränderungen im Hinblick auf zwei Dimensionen, wobei Kohorten von Erstbeschäftigten am Arbeitsmarkt zwischen 1976 und 1992 untersucht wurden: generationsübergeifend (Entwicklung der Effekte zwischen Kohorten) und innerhalb der Generationen (Entwicklung der Abweichungen während der Berufslaufbahn). Hieraus ergeben sich einige neue Feststellungen. Zum Beispiel vergrößern sich die Lohn-und Gehaltsunterschiede zwischen Männern und Frauen während der Laufbahn bei den jüngeren Generationen mehr als bei den älteren Generationen, was eine zweifache Ursache hat: einerseits sinken die Unterschiede der monatlichen Entlohnung zwischen Männern und Frauen bei gleichen Beschäftigungsmerkmalen von einer Generation zur anderen; andererseits nehmen die Einkommensdisparitäten zwischen Männern und Frauen zwischen den Generationen zu, da die Frauen im Vergleich zu den Männern eine geringere Entlohnung erhalten.
Las diferencias de las carreras salariales a partir del primer empleo
Las trayectorias salariales en el sector privado se diferencian ya con el primer empleo duradero. Los asalariados tienen unos inicios de carrera muy distintos, sea porque éstos son el reflejo de ciertas características que les son propias y sobre las cuales no se tiene información, sea porque entran en juego la suerte propia y la fecha de inserción en el mercado laboral, dado que los empleos propuestos pueden ser muy diferentes. Sea cual sea el motivo de esas diferencias iniciales, algunas de ellas van persistiendo tales como el hecho de empezar a tiempo parcial o la cualificación del primer puesto ocupado. Una descripción de las trayectorias de los asalariados del sector privado permite diferenciar los efectos sobre la trayectoria salarial de los cambios de situación de empleo («efectos relacionados con el empleo») de aquellos relacionados con los salarios (evolución de los diferenciales de salario entre profesiones, entre hombres y mujeres). Estos cambios han sido analizados en dos dimensiones, estudiando cohortes de principiantes en el mercado laboral de 1976 a 1992: inter-generacionales (evolución de los efectos entre cohortes), e intrageneracionales (evolución de las diferencias durante la carrera). De ello se derivan algunas constataciones nuevas. Por ejemplo, las diferencias de remuneración entre hombres y mujeres durante la carrera van aumentándo más para las generaciones recientes que para las generaciones antiguas bajo un doble efecto: por una parte, las diferencias puras de remuneración mensual entre hombres y mujeres para un mismo empleo van disminuyendo de una generación a otra; por otra parte, las disparidades de renta entre hombres y mujeres aumentan entre generaciones por unas condiciones de empleo cada vez menos remuneradoras para las mujeres en comparación con los hombres.
33 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 36
Langue Français

Extrait

Les différences de carrières salariales à partir du premier emploi Sylvie Le Minez et Sébastien Roux*
SALAIRES
Les trajectoires salariales dans le secteur privé se différencient dès le premier emploi durable. Les salariés ont, en effet, des débuts de carrière très différents, soit parce qu’ils reflètent certaines caractéristiques qui leur sont propres et sur lesquelles on ne dispose pas toujours d’informations, soit du fait du hasard et de la date d’insertion sur le marché du travail, parce que les emplois qui leur sont proposés peuvent être, à niveau de formation équivalent, différents. Quelles que soient les raisons de ces différences initiales, certaines d’entre elles persistent comme le fait de débuter à temps partiel ou la qualification du premier poste occupé. Une description des trajectoires des salariés du secteur privé permet de différencier les effets sur la trajectoire salariale des changements de situation d’emploi (« effets liés à l’emploi ») de ceux qui sont liés aux salaires (évolution des purs différentiels de salaire entre professions, entre hommes et femmes à type d’emploi donné). Ces changements ont été analysés dans deux dimensions, en étudiant des cohortes de débutants sur le marché du travail de 1976 à 1992 : inter-générationnelles (évolution des effets entre cohortes), et intra-générationnelles (évolution des écarts au cours de la carrière). En découlent certains constats nouveaux. Par exemple, les écarts de rémunération entre hommes et femmes en cours de carrière se creusent plus pour les générations récentes que pour les générations anciennes sous un double effet : d’une part, les purs écarts de rémunération mensuelle entre hommes et femmes à caractéristiques des emplois données diminuent d’une génération à l’autre ; d’autre part, les disparités de revenu entre hommes et femmes s’accroissent entre générations du fait de conditions d’emploi de moins en moins rémunératrices pour les femmes relativement aux hommes.
* Au moment de la rédaction de cet article, Sylvie Le Minez était chargée d’études à la division Exploitation des fichiers admi nistratifs et Sébastien Roux chargé d’études à la division Salaires et revenus d’activité, à l’Insee. Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article.
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’objet de cet article est de caractériser les Lsituations d’emploi et de salaire des débu-tants sur le marché du travail au cours de leurs premières années de vie professionnelle et de commenter les évolutions à l’œuvre depuis le milieu des années 70. Les conditions d’embau-che des jeunes se sont modifiées. L’allongement de la scolarité, l’insertion plus tardive et plus précaire sur le marché du travail, le rôle de plus en plus déterminant du diplôme (niveau et spé-cialité de formation) sur le risque de chômage ont été soulignés dans de nombreux travaux (Insee, 1995 et 1997 ; Lecheneet al., 1995). En particulier, pour les jeunes ne possédant pas le baccalauréat général, la période allant de la fin de la formation au premier emploi « durable » s’est considérablement allongée (Balsan, Han-chane et Werquin, 1996). Aussi peut-on se demander, rétrospectivement, quelle est la persistance au cours de la carrière des caractéristiques du premier emploi et com-ment elle varie en fonction de la date d’entrée sur le marché du travail. Entre des salariés débu-tants à de faibles niveaux de salaire sur des emplois à temps partiel et des salariés débutants sur des emplois à temps complet bien rémuné-rés, les différentiations de trajectoire se sont-elles accrues pour les générations du début des années 90 relativement aux générations plus anciennes ? Quels sont les facteurs explicatifs de ces différentiations ? Comment ont-ils évo-lué au cours des générations ? Les débutants dans le champ de l’emploi salarié du secteur privé On se propose d’aborder ces questions à partir de l’analyse des trajectoires professionnelles et salariales de cohortes de débutants sur le mar-ché du travail étalées de 1976 à 1992. Les don-nées sont extraites du panel des Déclarations annuelles de données sociales (DADS) (1). On ne cherche pas à décrire ni à expliquer la période d’insertion professionnelle, mais à apprécier l’impact sur la trajectoire future des caractéristi-ques du premier emploi relativement stable. La nature des données mobilisées explique en partie l’orientation retenue : on ne dispose d’informations que sur les individus en emploi salarié dans le secteur privé ; la durée écoulée depuis la sortie du système scolaire, le niveau de formation, les périodes de chômage, de forma-tion ou d’emplois aidés sont inconnus. Néan-moins, on considère que les caractéristiques des premiers emplois salariés sont pour partie
révélatrices des conditions d’insertion et des niveaux de formation des jeunes. Les entrants considérés sont des jeunes salariés ayant une première expérience professionnelle d’au moins six mois dans le champ de l’emploi salarié du secteur privé. Certains de ces salariés seront de « faux débutants », dans le sens où ils auront déjà accumulé une expérience professionnelle (apprentissage ; CDD de moins de six mois ; emploi dans les collectivités locales). Ainsi, 54 % des débutants retenus dans l’étude ont exercé auparavant une activité salariée de courte durée dans le secteur privé, qui dans près d’un quart des cas a consisté en un stage (y compris un emploi d’étudiant rémunéré pendant l’été) ou un emploi en apprentissage.(1) Par ailleurs, comme la source de données recense tous les emplois salariés du secteur privé, les périodes d’emploi peuvent correspon-dre à des individus travaillant ponctuellement dans ce champ, y compris pour une durée de six mois. De fait, de nombreux salariés ne sont plus présents dans les données un an plus tard comme cinq ans plus tard. Aussi, a-t-on con-servé uniquement les salariés débutants une année donnée également présents l’année sui-vante dans le champ des DADS. On s’assure ainsi que ce premier emploi constitue le point de départ bien identifié de la suite de la carrière. Pour tous ces débutants, on dispose des séquen-ces de salaires dans les différentes entreprises du secteur privé dans lesquelles ils ont été employés entre 1976 et 1998. Les trajectoires des entrants en 1976 sont observées sur vingt-deux ans, celles des entrants en 1992 sur six ans. Il s’agit de la seule source de données françaises permettant de suivre autant d’individus sur une aussi longue période. Au total, les trajectoires professionnelles de 365 000 individus sont exa-minées, représentant 9,1 millions de salariés (le taux d’échantillonnage du panel DADS est égal à 1/25). Les tailles des cohortes étudiées varient de 16 900 en 1980 à 45 700 en 1991 (2) en fonc-tion du mode de sélection (cf. tableau 1). On ne considère pas les cohortes de débutants entrant sur le marché du travail après 1992 car on n’a plus assez de recul pour observer leur devenir quelques années plus tard. De plus, la rupture de série des DADS en 1993, suite à 1. Pour une description complète et précise des données utili-sées, des traitements effectués et du champ retenu, se reporter à l’annexe 1. 2. La taille des cohortes dépend en grande partie du mode de sélection des données, en particulier sur 4 des 15 cohortes, du fait de la non-collecte des données au cours des années 1981, 1983 et 1990.
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l’exploitation exhaustive des données, aurait L’analyse proposée consiste en l’étude descrip-certainement entraîné une rupture dans la défi- tive des variabilités des trajectoires profession-nition et la caractérisation des débutants, ce qui nelles et salariales en fonction des caracté-aurait rendu plus difficile encore l’interprétation ristiques du premier emploi (cf. encadré 1). des résultats. Pour chaque cohorte de débutants, on étudie pour chaque année écoulée depuis l’année du premier emploi « durable » la probabilité d’être Trajectoires d’emploitoujours en emploi et le salaire perçu en fonc-et carrières salarialestion des caractéristiques du premier emploi. selon les caractéristiquesCette analyse permet de décrire les évolutions à du premier emploide la carrière et de les com-l’œuvre tout au long parer d’une cohorte à l’autre. Elle prend en Les carrières salariales sont souvent analysées compte des effets de génération (via le premier du point de vue du rendement du capital humain emploi) et tente d’intégrer les effets de sélection initial, de l’expérience professionnelle et de (via la probabilité de quitter le champ des l’ancienneté (Guillotin, 1988 ; Baudelot et DADS). Glaude, 1989 ; Lollivier et Payen, 1990 ; Goux et Maurin, 1994 ; Bayet, 1996 ; Lhéritier, 1992 ; Dans un second temps, la description des salai-Guillotin et Sevestre, 1994). Elles font interve- res perçus chaque année écoulée depuis l’entrée nir de plus en plus souvent des données longitu- dans le champ des DADS est enrichie des chan-dinales et tentent de neutraliser les biais liés à gements intervenus en cours de trajectoire l’hétérogénéité des caractéristiques non obser- (changements de condition d’emploi, de temps vées des individus comme des pratiques salaria- non complet, compris ici au sens temps partiel les spécifiques des employeurs. ou intermittent, à temps complet notamment ; mobilités socioprofessionnelle, géographique, Cet article s’inscrit davantage dans le champ de sectorielle ; changements d’entreprise). Cet arti-la littérature économique consacrée aux débuts cle a une vocation descriptive et factuelle. On ne de carrière (essentiellement Topel et Ward cherche pas à étudier un effet particulier (tel que (1992) sur données américaines et Simonnet les rendements de l’ancienneté ou les effets de (1996) sur données françaises) et à l’analyse des la mobilité professionnelle par exemple) mais à déterminants de la mobilité et des salaires et de décrire les différentiations de trajectoire à partir leur interaction en début de vie professionnelle. du premier emploi. Tableau 1 Effectif des cohortes débutants À temps complet Hommes CohortesModedesélection(N1eorn)%durableemploi«)»(e(eed%e)rnbm 1976 normal 20 360 86,7 56,7 1977 normal 25 841 85,0 52,5 1978 normal 25 386 82,8 51,0 1979 normal 24 644 82,1 52,2 1980 (1) 16 884 82,0 52,6 1982 (1) et (2) 32 021 83,9 53,5 1984 (2) 38 840 78,1 53,8 1985 normal 22 109 73,7 53,6 1986 normal 21 578 73,7 55,4 1987 normal 22 749 73,3 54,9 1988 normal 23 787 71,9 55,3 1989 (1) 20 740 74,1 56,1 1991 (2) 45 673 72,1 53,1 1992 normal 24 330 69,9 54,6 1976-1992 364 942 77,6 53,8 1. Comme les années 1981, 1983 et 1990 sont manquantes dans les DADS, on a imposé que les débutants en 1980, 1982 et 1989 soient présents non pas un an plus tard mais deux ans plus tard dans les DADS. 2. Pour la même raison, les débutants en 1982, 1984 et 1991 sont plus nombreux, car parmi eux se glissent des débutants (non observés) en 1981, 1983 et 1990. Source : panel desDéclarations annuelles de données sociales(DADS), Insee. ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 351, 200233
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