Les effets des allégements de cotisations sociales sur l’emploi et les salaires : une évaluation de la réforme de 2003 - article ; n°1 ; vol.429, pg 77-105
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Economie et statistique - Année 2009 - Volume 429 - Numéro 1 - Pages 77-105
The French reform of 17 January 2003 unified the procedures for exemption from social contributions between firms applying 35-hour work weeks and 39-hour work weeks. At the same time, over a three-year period from 2003 to 2005, it achieved convergence between the hourly minimum wage (SMIC) and the various monthly wage guarantees that existed hitherto side by side. We assess the effects of the reform on jobs and wages by matching data extracted from the files of the national agency in charge of collecting social-insurance contributions (URSSAF). These data make it possible, for the first time, to determine employers’ perceptions of social-contribution relief. The assessment takes two factors into account: first, the endogeneity of the reduction in the cost of labour brought about by the reform (the cost of labour decreases more sharply in firms that have increased their share of low-wage jobs after the reform); second, the differences between firms that were initially on a 35-hour or 39-hour work week when the reform was introduced. The key variable is the variation in the cost of labour directly due to the changes in social-contribution scales and the rise in minimum-wage levels, irrespective of post-2002 adjustments by the firm itself. We compute the variation for each firm on the basis of wages paid in 2002. We then use parametric and non-parametric methods to estimate the variation’s effects on jobs and wages. The results indicate that the 2003 reform generated a mild increase in jobs in firms that stayed on a 39-hour work week, but had the opposite effect on firms that moved to a 35-hour work week. The reform’s net effect on total employment is ambiguous, whether measured by the number of jobs or in full-time-equivalent terms. It has, however, contributed to wage increases in both categories of firms.
La réforme du 17 janvier 2003 a unifié les dispositifs d’exonération de cotisations sociales entre les entreprises à 35 heures et celles à 39 heures tout en réalisant sur une période de trois ans, de 2003 à 2005, la convergence entre le Smic horaire et les différentes garanties mensuelles de rémunération qui coexistaient jusque-là. Nous évaluons les effets de cette réforme sur l’emploi et les salaires au moyen d’un appariement de données issues des fichiers de l’Urssaf et de l’Insee. Ces données permettent, pour la première fois, d’appréhender les baisses de cotisations sociales effectivement perçues par les entreprises. L’évaluation tient compte à la fois de l’endogénéité de la baisse du coût du travail induite par la réforme (le coût du travail diminue davantage dans les entreprises qui ont fait une plus large place aux emplois à bas salaires à la suite de la réforme) et des différences entre les entreprises initialement à 35 heures ou à 39 heures. La variable clé est la variation du coût du travail directement liée aux changements de barèmes et à la hausse des minima salariaux (indépendamment des ajustements opérés par l’entreprise après 2002). Elle est calculée pour chaque entreprise sur la base des rémunérations versées en 2002 et des hausses du salaire minimum. Les effets sur l’emploi et les salaires de cette variation sont ensuite estimés à l’aide de méthodes paramétriques et semi-paramétriques. Selon ces estimations, la réforme de 2003 a permis d’accroître légèrement l’emploi dans les entreprises restées à 39 heures mais elle a conduit à l’effet inverse pour les entreprises à 35 heures. Au total, son effet sur l’emploi total s’avère ambigu, qu’il soit mesuré en effectif ou en équivalent temps plein. Elle a cependant contribué à la hausse des rémunérations dans les deux catégories d’entreprises.
Mit der Reform vom 17. Januar 2003 wurden die Maßnahmen zur Befreiung von den Sozialbeiträgen für Unternehmen mit einer wöchentlichen Arbeitszeit von 35 Stunden und Unternehmen mit einer Arbeitszeit von 39 Stunden vereinheitlicht und wurde gleichzeitig in einem Zeitraum von drei Jahren (von 2003 bis 2005) eine Harmonisierung zwischen dem Mindeststundenlohn und den bis zu diesem Zeitpunkt bestehenden verschiedenen monatlichen Lohngarantien vollzogen. Wir bewerten die Auswirkungen dieser Reform auf die Beschäftigung und die Löhne anhand einer Verknüpfung von Daten aus den Dateien der für die Erhebung der Sozialabgaben zuständigen Stelle (URSSAF). Mit diesen Daten kann erstmals analysiert werden, wie die Unternehmen die Senkung der Sozialbeiträge beurteilen. Bei der Bewertung werden der endogene Charakter der Senkung der Arbeitskosten infolge der Reform (die Arbeitskosten sinken stärker in den Unternehmen, die nach der Reform den Niedriglohnsektor ausgeweitet haben) sowie die Unterschiede zwischen den Unternehmen mit einer ursprünglichen Wochenarbeitszeit von 35 oder 39 Stunden berücksichtigt. Die wesentliche Variable ist die Schwankung der Arbeitskosten, die in direktem Zusammenhang mit den Änderungen der Lohntarifen und der Erhöhung der Mindestlöhne (die von den Anpassungen der Unternehmen nach 2002 unabhängig sind) stehen. Berechnet wird die Variable für jedes Unternehmen anhand der 2002 gezahlten Löhne. Danach werden die Auswirkungen dieser Schwankung auf die Beschäftigung und die Löhne mit Hilfe parametrischer und nicht parametrischer Methoden geschätzt. Diesen Schätzungen ist zu entnehmen, dass die Reform von 2003 in den Unternehmen, die eine Wochenarbeitszeit von 39 Stunden beibehielten, die Beschäftigung geringfügig erhöhte, während sie in den Unternehmen mit einer Wochenarbeitszeit von 35 Stunden die gegenteilige Wirkung entfaltete. Ihre Auswirkung auf die Beschäftigung ist insgesamt ambivalent, gemessen an der Beschäftigtenzahl oder in Vollzeitäquivalent. Dennoch hat sie in beiden Arten von Unternehmen zur Lohnsteigerung beigetragen.
La reforma de 17 de enero de 2003 unificó las disposiciones de exención de cotizaciones sociales entre las empresas de 35 horas y las de 39 horas, realizando asimismo en un período de tres años, de 2003 a 2005, la convergencia entre el salario mínimo de crecimiento horario y las diferentes garantías mensuales de remuneración que coexistían hasta el momento. Evaluamos los efectos de esta reforma sobre el empleo y los salarios mediante un emparejamiento de datos de los archivos del Urssaf. Estos datos permiten, por primera vez, comprender la manera en la que las empresas perciben las reducciones de las cotizaciones sociales. La evaluación tiene en cuenta al mismo tiempo la endogeneidad del descenso del coste del trabajo inducida por la reforma (el coste del trabajo disminuye más en las empresas que han priorizado los empleos con salarios bajos después de la reforma) y las diferencias entre las empresas inicialmente de 35 horas o de 39 horas. La variable clave es la variación del coste del trabajo directamente relacionada con los cambios de baremos y con el incremento de los mínimos salariales (independientemente de los ajustes efectuados por la empresa después de 2002). Se calcula para cada empresa basándose en las retribuciones pagadas en 2002. Los efectos sobre el empleo y los salarios de esta variación se estiman después con la ayuda de modelos paramétricos y no paramétricos. Según estas estimaciones, la reforma de 2003 ha permitido incrementar ligeramente el empleo en las empresas que se quedaron en 39 horas, pero ha conducido al efecto inverso en las empresas de 35 horas. En total, su efecto sobre el empleo total resulta ambiguo, tanto si se mide en personal como en equivalente a tiempo completo. No obstante, ha contribuido al incremento de las retribuciones en ambas categorías de empresas.
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Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2009
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Langue Français

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TRAVAIL-EMPLOI
Les effets des allégements de ctsatns scales sur leml et les salares :  Une évaluatn de la réfrme de 2003 Mattheu Bunel*, Fabrce Glles**, Yannck LHrty***
La réforme du 17 janvier 2003 a unifié les dispositifs d’exonération de cotisations sociales entre les entreprises à 35 heures et celles à 39 heures tout en réalisant sur une période de trois ans, de 2003 à 2005, la convergence entre le Smic horaire et les diffé- rentes garanties mensuelles de rémunération qui coexistaient jusque-là. Nous évaluons les effets de cette réforme sur l’emploi et les salaires au moyen d’un appariement de données issues des fichiers de l’Urssaf et de l’Insee. Ces données permettent, pour la première fois, d appréhender les baisses de cotisations sociales effectivement perçues par les entreprises. L’évaluation tient compte à la fois de l’endogénéité de la baisse du coût du travail induite par la réforme (le coût du travail diminue davantage dans les entreprises qui ont fait une plus large place aux emplois à bas salaires à la suite de la réforme) et des différences entre les entreprises initialement à 35 heures ou à 39 heures. La variable clé est la varia-tion du coût du travail directement liée aux changements de barèmes et à la hausse des minima salariaux (indépendamment des ajustements opérés par l’entreprise après 2002). Elle est calculée pour chaque entreprise sur la base des rémunérations versées en 2002 et des hausses du salaire minimum. Les effets sur l’emploi et les salaires de cette variation sont ensuite estimés à l’aide de méthodes paramétriques et semi-paramétriques. Selon ces estimations, la réforme de 2003 a permis d’accroître légèrement l’emploi dans les entreprises restées à 39 heures mais elle a conduit à l’effet inverse pour les entreprises à 35 heures. Au total, son effet sur l’emploi total s’avère ambigu, qu’il soit mesuré en effectif ou en équivalent temps plein. Elle a cependant contribué à la hausse des rému-nérations dans les deux catégories d’entreprises.
* Université de technologie de Belfort Montbéliard (Utbm), CEE et TEPP (FR CNRS n° 3126) ** Université de Lille 1, EQUIPPE et CEE *** ERUDITE, Université de Paris-Est, CEE et TEPP (FR CNRS n° 3126) Ce travail a bénéficié du soutien de la Dares et s’inscrit dans un projet plus vaste réalisé au sein du centre d’études de l’emploi (CEE) auquel Richard Duhautois, Patrick Kwok, Marianne Pauchet et Corinne Perraudin ont également participé. Nous remercions l’Insee et l’Acoss pour la mise à disposition des données. Une première version de cet article a bénéficié des remarques et des suggestions de Dominique Goux, Alain Gubian, Nadia Halibay, Cyrille Hagneré, Stéphanie Jamet, Etienne Lehmann, Benoît Ourliac, Cyril Nouveau, Alain Trannoy, Elena Scancanelli, Henri Sterdyniak, ainsi que celles de deux rapporteurs anonymes et des participants aux journées Louis-André Gérard Varet, JMA, AFSE, EALE, T2M et des séminaires de l’EPEE-Université d’Evry, du CLERSE-université de Lille 1, de l’Acoss, du CEE et de la Dares. Les erreurs et les omissions restent de la responsabilité des auteurs. Cet article n’exprime pas le point de vue des institutions citées.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 429-430, 2009
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L a ioL2 °n-300 d4717u an jervi2 00 3eralitev«  aux salaires, a u temps de travail et au déve-loppement de l’emploi » a unifié les dispositifs d’exonération de cotisations sociales employeurs entre les entreprises à 35 heures et celles à 39 heu-res. Les exonérations atteignent alors un maxi-mum, pour un montant de plus de 20 milliards d’euros à partir de 2004. Avec l’unification du Smic horaire et des Garanties mensuelles de rému-nération (GMR) qu’elle organise également, cette réforme a fortement affecté l’évolution du coût du travail entre janvier 2003 et juillet 2005. Ces chan-gements ont eu deux conséquences : d’une part une redistribution des exonérations de prélèvements sociaux entre les entreprises, avec moins d’exo-nérations données aux entreprises à 35 heures et davantage d’exonérations données aux entreprises aux 39 heures, d’autre part, au sein des entrepri-ses, une redistribution de ces exonérations entre les salariés selon leur niveau de rémunération. L’objectif de cet article est d’évaluer les effets de cette réforme sur l’emploi et les salaires. Pour ce faire, on assimile l’impact du nouveau disposi-tif aux effets d’un traitement dont on mesure les effets en cherchant à comparer les entreprises qui en ont bénéficié à celles qui n’en ont pas bénéficié. La difficulté de l’évaluation provient du fait que le traitement étudié affecte toutes les entreprises, de manière différenciée et endogène. Les entre-prises qui ont le plus augmenté leur part de sala-riés dont la rémunération est comprise entre 1,2 Smic et 1,4 Smic ont bénéficié d’une baisse plus forte du coût du travail et donc d’un traitement d’une intensité plus fortea posteriori. Pour tenir compte de ces différences, on est amené à distin-guer deux groupes d’entreprises. Le premier est constitué des entreprises, dites « Fillon-Aubry2 », qui bénéficiaient avant 2003 des allègements de cotisations sociales prévus dans le cadre des lois de juin 1998 et janvier 2000 associés au passage aux 35 heures, et qui ont obtenu ensuite les aides prévues par le dispositif Fillon. Le second groupe est constitué des entreprises, dites « Fillon-autres employeurs », restées aux 39 heures avant 2003, qui bénéficiaient pour leur très large majorité de la ristourne sur les bas salaires et qui ont ensuite obtenu les aides Fillon. Pour ces deux groupes d’entreprises, on calcule l’ampleur de la variation du coût du travail liée à la hausse des salaires minimum et au chan-gement des barèmes d’allègementen suppo-sant stable la structure de leur main-duvre avant et après la réforme de 2003. Cette stra-tégie s’inspire de celle retenue par Crépon et Desplatz (2001) pour analyser les effets de la politique d’allègements sur les bas salaires de
1995. Toutefois, notre méthodologie se diffé-rencie sur deux points. D’une part, elle intègre les diverses modifications des barèmes d’allègement et la hausse différen-ciée des salaires minimum : le Smic horaire pour les entreprises restées aux 39 heures et les GMR pour les entreprises ayant mis en œuvre la réduc-tion du temps de travail. D’autre part, elle se base sur les exonérations effectivement perçues par les entreprises et non sur les exonérations théori-ques calculées comme le font la plupart des étu-des existantes. L’écart entre ces deux grandeurs est susceptible d’introduire un biais pour erreur de mesure de grande ampleur (Stewart, 1983). Un échantillon cylindré de près de 90 000 entre-prises issu de l’appariement les fichiers admi-nistratifs Arome, Orme, Sequoia, Suse et DADS gérés par l’Acoss et l’Insee est utilisé. On se foca-lise sur les entreprises de plus de cinq salariés issues du secteur privé non agricole, présentes dans l’échantillon sur la période 2002 à 2005 et bénéficiant des allègements « Fillon-Aubry 2 » et « Fillon-autres employeurs » de manière continue sur la période 2003 à 2004. Plusieurs techniques économétriques paramé-triques puis non paramétriques sont succes-sivement utilisées afin de dégager des effets robustes. L’estimation de base s’appuie sur la méthode des moindres carrés ordinaires (MCO). Cette méthode vise à estimer l’effet moyen du traitement en supposant celui-ci exogène. On a également recours à des régressions quantiles pour tester l’impact du traitement sur l’ensem-ble de la distribution des variables d’intérêt. Finalement, pour lever l’hypothèse de relation linéaire entre les variables expliquées et les variables explicatives, ainsi que l’hypothèse de normalité des résidus, des estimations sont réa-lisées en utilisant les méthodes d’appariement sélectif sur le score de propension. Après un rappel des résultats obtenus par des étu-des empiriques antérieures, on présente l’évolu-tion du coût du travail liée à la réforme Fillon. Mesurer l’évolution du taux d’exonération engen-drée par la réforme de janvier 2003 et la variation du coût du travail lié exclusivement à la réforme Fillon sont deux étapes préliminaires et indispen-sables aux estimations proprement dites. Les études emrques antéreures cndusent à des résultats nuancés Les effets attendus d’une reforme des barèmes de cotisations sociales employeurs dépendent
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