Les entreprises et la baisse du prix des ordinateurs suivi d un commentaire de Philippe Askenazy - article ; n°1 ; vol.355, pg 3-25
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Economie et statistique - Année 2002 - Volume 355 - Numéro 1 - Pages 3-25
Les entreprises et la baisse du prix des ordinateurs
Une analyse microéconomique par la fonction de production
Les entreprises ont bénéficié de fortes baisses des prix des équipements informatiques dans les dernières décennies. L’objet de cet article est de mesurer l’effet de ces baisses sur un ensemble de caractéristiques de l’entreprise. Quelle est l’ampleur du choc d’offre associé? Comment en sont modifiées les demandes des facteurs de production? Travailleurs qualifiés et non qualifiés sont-ils en particulier affectés de manière identique? La méthode adoptée repose sur l’estimation d’une fonction de production à partir de laquelle on calcule les élasticités du coût marginal de production, de la demande de travail agrégée et de la demande relative de qualification au prix des ordinateurs. Il apparaît d’abord que la baisse du prix des ordinateurs constitue un choc d’offre important, en termes de réduction du coût marginal de production. Une baisse de 15 % du prix des ordinateurs (moyenne annuelle sur longue période) induit ainsi une baisse du coût marginal de l’ordre de 0,7 %, les prix des autres facteurs étant fixés. On trouve ensuite des effets importants sur les demandes de facteurs. L’accumulation d’ordinateurs engendrée par la baisse de leur prix apparaît biaisée vers le capital au détriment du travail, et au sein de ce dernier, vers le travail qualifié au détriment du travail non qualifié. Une baisse de 15 % du prix des ordinateurs engendre une hausse de l’ordre de 3,5 % du ratio de l’emploi qualifié sur l’emploi non qualifié, les prix des autres facteurs étant fixés. Cet effet est spécifique au capital informatique: aucun effet analogue n’a pu être mis en évidence pour les autres biens de capital. La méthode traditionnelle d’estimation directe d’une demande de travail à capital quasi fixe fournit une évaluation du biais de qualification associé aux ordinateurs beaucoup moins forte que l’approche par la fonction de production développée ici. Enfin, les effets trouvés, tant sur le coût marginal que sur la demande relative de qualification, apparaissent plus forts dans l’industrie manufacturière que dans les services.
Companies and the Drop in Computer Prices
A Microeconomic Analysis by Production Function
Companies have benefited from sharp drops in IT equipment prices in recent decades. This article sets out to measure the effect of these drops on a set of company characteristics. What is the magnitude of the associated supply shock? How does this change demand for inputs? Are skilled and unskilled workers, in particular, affected in the same way? The method adopted estimates a production function used to calculate the computer price elasticities of the marginal production cost, aggregate demand for labour and the relative demand for skills. Firstly, the drop in computer prices would appear to constitute a considerable supply shock in terms of cutting the marginal production cost. A 15% drop in computer prices (annual average over a long period) hence induces an approximately 0.7% cut in marginal costs when the prices of the other factors are fixed. We then find substantial effects on the demand for factors. The build-up of computers prompted by the fall in their prices would seem to be biased towards capital at the expense of labour, and within this latter area, biased towards skilled labour at the expense of unskilled labour. A 15% drop in computer prices prompts an approximately 3.5% increase in the ratio of skilled to unskilled employment, when the prices of the other factors are fixed. This effect is specific to IT capital: no similar effect is found for the other capital goods. The traditional method of directly estimating the demand for labour with virtually fixed capital produces a much weaker evaluation of the skills bias associated with computers than the approach by production function developed here. Lastly, the effects found on both the marginal cost and the relative demand for skills seem to be stronger in the manufacturing industry than in services.
Die Unternehmen und der Rückgang der Computerpreise
Eine mikroökonomische Analyse durch die Produktionsfunktion
In den letzten Jahrzehnten profitierten die Unternehmen von den starken Preissenkungen für EDV-Systeme. In diesem Artikel werden die Auswirkungen dieser Preissenkungen auf eine Reihe von Unternehmensmerkmalen analysiert. Wie groß ist der daraus resultierende Angebotsschock? Wie wird dadurch die Nachfrage nach Produktionsfaktoren verändert? Sind insbesondere die qualifizierten und die nicht qualifizierten Arbeitnehmer in gleichem Maße hiervon betroffen? Angewendet wird eine Methode basierend auf der Schätzung einer Produktionsfunktion, anhand derer die Elastizität der Produktionsgrenzkosten, der aggregierten Arbeitsnachfrage und der relativen Qualifikationsnachfrage zu den Computerpreisen errechnet wird. Zunächst wird deutlich, dass die Senkung der Computerpreise im Hinblick auf die Reduzierung der Produktionsgrenzkosten zu einem erheblichen Angebotsschock führt. Ein Rückgang der Computerpreise um 15 % (langfristiger Jahresdurchschnitt) bewirkt bei fixen Preisen der anderen Faktoren somit einen Rückgang der Grenzkosten um 0,7 %. Danach sind bedeutende Auswirkungen auf die Faktornachfrage festzustellen. Die Anhäufung von Computern infolge deren Preissenkung ist verzerrt hin zum Kapital auf Kosten der Arbeit und bei der Arbeit hin zur qualifizierten Arbeit auf Kosten der nicht qualifizierten Arbeit. Ein Rückgang der Computerpreise um 15 % führt bei fixen Preisen der anderen Faktoren zu einem Zuwachs um 3,5 % der qualifizierten Beschäftigung im Vergleich zur unqualifizierten Beschäftigung. Dies ist eine spezifische Auswirkung des EDV-Kapitals; denn bei den anderen Kapitalgütern lässt sich ein entsprechender Effekt nicht beobachten. Die herkömmliche Methode der direkten Schätzung einer Arbeitsnachfrage bei quasi fixem Kapital ergibt eine Bewertung der computerbedingten Produktionsverzerrung, die nicht so aussagekräftig wie bei der hier verwendeten Methode der Produktionsfunktion ist. Die beobachteten Effekte auf die Grenzkosten und die relative Qualifikationsnachfrage sind im verarbeitenden Gewerbe größer als im Dienstleistungssektor.

Las empresas y la baja de los precios de los ordenadores
Un análisis microeconómico por la función de producción
Las empresas se han beneficiado de fuertes bajas de los precios de los equipos informáticos en los últimos decenios. El objeto de este artículo es medir el efecto de esas bajas sobre un conjunto de características de la empresa. ¿ Cuál es la amplitud del choque de oferta asociado? ¿ Cómo se han modificado las demandas de los factores de producción? ¿ Afecta ese choque a los trabajadores cualificados y a los no cualificados de idéntica manera? El método adoptado se basa en la estimación de una función de producción a partir de la que se calculan las elasticidades del coste marginal de producción, de la demanda de trabajo agregada y de la demanda relativa de cualificación debidas al precio de los ordenadores. Es cierto que la baja del precio de los ordenadores constituye un choque de oferta importante, en términos de reducción del coste marginal de producción. Una baja del 15 % del precio de los ordenadores (media anual sobre un largo periodo) induce una baja del coste marginal en un 0,7 %, con precios dados de los otros factores. Se dan también importantes efectos sobre las demandas de factores. La acumulación de ordenadores generada por la baja de su precio resulta favorecer el capital en detrimento del trabajo, y el trabajo cualificado en detrimento del trabajo no cualificado. Una baja del 15 % del precio de los ordenadores genera un alza de un 3,5 % del ratio de empleo cualificado sobre el empleo no cualificado, con precios dados de los otros factores. Ese efecto es propio del capital informático: no se ha podido poner de manifiesto ningún efecto análogo para los demás bienes de capital. El método tradicional de estimación directa de una demanda laboral con un capital casi fijo ofrece una evaluación del sesgo de cualificación asociado con los ordenadores mucho menos fuerte que el enfoque por la función de producción desarrollado aquí. En fin, los efectos registrados, tanto sobre el coste marginal como sobre la demanda relativa de cualificación, aparecen más fuertes en la industria manufacturera que en los servicios.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 38
Langue Français

Extrait

ENTREPRISES
Les entreprises et la baisse du prix des ordinateurs Une analyse microéconomique par la fonction de production Pierre Biscourp, Bruno Crépon, Thomas Heckel et Nicolas Riedinger*
Les entreprises ont bénéficié de fortes baisses des prix des équipements informatiques dans les dernières décennies. L’objet de cet article est de mesurer l’effet de ces baisses sur un ensemble de caractéristiques de l’entreprise. Quelle est l’ampleur du choc d’offre associé ? Comment en sont modifiées les demandes des facteurs de production ? Travailleurs qualifiés et non qualifiés sont-ils en particulier affectés de manière identique ? La méthode adoptée repose sur l’estimation d’une fonction de production à partir de laquelle on calcule les élasticités du coût marginal de production, de la demande de travail agrégée et de la demande relative de qualification au prix des ordinateurs. Il apparaît d’abord que la baisse du prix des ordinateurs constitue un choc d’offre important, en termes de réduction du coût marginal de production. Une baisse de 15 % du prix des ordinateurs (moyenne annuelle sur longue période) induit ainsi une baisse du coût marginal de l’ordre de 0,7 %, les prix des autres facteurs étant fixés. On trouve ensuite des effets importants sur les demandes de facteurs. L’accumulation d’ordinateurs engendrée par la baisse de leur prix apparaît biaisée vers le capital au détriment du travail, et au sein de ce dernier, vers le travail qualifié au détriment du travail non qualifié. Une baisse de 15 % du prix des ordinateurs engendre une hausse de l’ordre de 3,5 % du ratio de l’emploi qualifié sur l’emploi non qualifié, les prix des autres facteurs étant fixés. Cet effet est spécifique au capital informatique : aucun effet analogue n’a pu être mis en évidence pour les autres biens de capital. La méthode traditionnelle d’estimation directe d’une demande de travail à capital quasi fixe fournit une évaluation du biais de qualification associé aux ordinateurs beaucoup moins forte que l’approche par la fonction de production développée ici. Enfin, les effets trouvés, tant sur le coût marginal que sur la demande relative de qualification, apparaissent plus forts dans l’industrie manufacturière que dans les services.
* Pierre Biscourp, Thomas Heckel et Nicolas Riedinger appartenaient à la division Marchés et stratégies d’entreprises de l’Ins ee au moment de la rédaction de cet article. Bruno Crépon appartient au Crest-Insee. Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 355-356, 2002
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epuis plusieurs décennies, les entreprises D ont pu bénéficier des progrès technologi-ques continus réalisés dans les secteurs des technologies de l’information et de la communi-cation. Ils se sont matérialisés à la fois par un accroissement considérable des services rendus par ces technologies et par une baisse de leur prix. La baisse du coût des ordinateurs qui en a résulté peut être vue comme une évolution exogène trouvant son origine dans une vague d’innova-tions technologiques (1). Les entreprises ont en conséquence massivement investi dans les équi-pements informatiques. Dans la plus grande par-tie des pays de l’OCDE les investissements dans les technologies de l’information ont crû à un rythme annuel moyen de 15 % au cours des années 1990 (Colecchia et Schreyer, 2001). Une question importante est de mesurer l’ampleur du choc d’offre associé à cette accumulation ainsi que ses effets sur la demande de travail et la composition de la main-d’œuvre. Les études macroéconomiques ont largement discuté l’ampleur du choc d’offre (Oliner et Sichel, 2000 et Gordon, 2000 sur données américaines ; Crépon et Heckel, 2000 et Mai-resse et al ., 2000, sur données françaises). Elles ont également montré que le développement du commerce international n’était pas la première cause de la baisse de la demande de travail non qualifié. Elles ont ainsi laissé par défaut ce rôle à l’adoption de nouvelles technologies et en par-ticulier celles de l’information. Les études microéconométriques ont de leur côté permis de conclure à un effet positif de l’accumulation de capital informatique sur l’offre des entreprises (Lehr et Lichtenberg, 1998) et sur la demande relative de qualification (Bresnahan, Brynjolfs-son et Hitt, 2002). Elles ont aussi mis en évi-dence que les entreprises qui adoptent les tech-nologies de l’information sont aussi celles qui se réorganisent le plus (Gollac et al. , 2000 ; Cases et Rouquette, 2000). Ce lien est générale-ment expliqué par l’existence d’interactions entre les effets de ces deux types d’innovations (Brynjolfsson et Hitt, 2000, sur données d’entreprises et Askenazy et Gianella, 2000, sur données sectorielles). Dans ces études, l’effet de l’informatisation est appréhendé en examinant l’effet d’une accumu-lation de capital informatique qu’il s’agisse de l’offre ou de la structure des qualifications. La question du biais du progrès technique a ainsi été examinée en général en estimant des équa-tions de demande de travail dites à capital quasi
fixe . Dans cette approche, les stocks de capital et de capital informatique sont considérés comme donnés et on examine la sensibilité de la varia-ble d’intérêt à l’augmentation de l’un de ces fac-teurs. Il est néanmoins préférable d’évaluer directement l’effet de la baisse du prix des ordi-nateurs. En effet, cette baisse est pour les entre-prises l’évolution qui s’impose à elles et à laquelle elles répondent de façons variées. L’objet de cet article est de développer une méthode permettant de relier les évolutions de l’offre de biens et de la structure des qualifica-tions à la baisse du prix des ordinateurs. On adopte ici une définition large des « non-qualifiés », fondée sur la catégorie socioprofes-sionnelle, et englobant tous les ouvriers et tous les employés. Par complément, la catégorie des qualifiés comprend les dirigeants, les cadres et les professions intermédiaires. Une évaluation fondée sur l’estimation d’une technologie de type translog L’identification et la mesure de l’effet de la baisse du prix des ordinateurs sur les décisions des entreprises sont néanmoins complexes. La principale difficulté que l’on rencontre est que la baisse du prix des ordinateurs est la même pour toutes les entreprises. On ne peut donc avoir recours aux traditionnelles équations de demande de facteurs dans la mesure où il n’existe pas de variabilité dans les prix des ordi-nateurs d’une entreprise à l’autre. On développe dans cet article une méthode originale fondée sur l’approche dite primale permettant de con-tourner cette difficulté. (1) Cette méthode consiste à estimer une fonction de production relativement flexible de type translog  faisant intervenir deux qualifications, le capital informatique et le capital usuel. On déduit des paramètres de la technologie et des volumes des facteurs propres à chaque entre-prise la sensibilité de la demande des différents facteurs à une baisse du prix des ordinateurs. Les élasticités-prix des demandes de facteurs sont reliées de façon univoque à la technologie de production et aux volumes des facteurs. On explicite ces relations pour l’élasticité de la demande de travail total de l’entreprise ainsi que pour chacune des deux qualifications que l’on considère. Pour déterminer l’ampleur du 1. Cette baisse du prix des ordinateurs a été parfois interprétée comme une manifestation de la loi dite de « Moore », l’un des fondateurs de Intel, qui prédisait en 1965 que le nombre de tran-sistors par circuit intégré doublerait tous les 18 mois.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 355-356, 2002
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