Qu’est-ce qu’être pauvre aujourd’hui en Europe ? L’analyse du consensus sur les privations - article ; n°1 ; vol.421, pg 3-27
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Economie et statistique - Année 2009 - Volume 421 - Numéro 1 - Pages 3-27
La encuesta Estándares de vida realizada por el Insee en 2006 y el Eurobarómetro 67. I, financiado en 2007 por la Comisión Europea, permiten analizar el modo en que franceses y europeos se representan la pobreza y las privaciones que conlleva. En efecto, la pobreza puede definirse como el hecho de ser víctima de un determinado número de privaciones. Se habla entonces de pobreza en las condiciones de vida. En la encuesta francesa, aunque más del 50% de los encuestados considera inaceptable la mitad de las privaciones propuestas, solo se alcanza un consenso claro en un pequeño número de privaciones, demostrando una visión restrictiva de la pobreza, limitada a las privaciones severas de alimentos, a las carencias funcionales relacionadas con el vestirse, a la muy mala calidad de la vivienda y a las dificultades de acceso a los cuidados sanitarios. Los ítems que expresan la privación de necesidades no vitales aparecen con menor frecuencia como inaceptables. En Francia, como también en Europa, las opiniones son muy variadas: nadie pone en el mismo saco las privaciones inaceptables. Los descriptores sociodemográficos habituales tienen solo un impacto débil en las respuestas. No permiten determinar grupos de encuestados en los que reinaría un consenso sobre una norma de pobreza particular muy distinta a la norma global. En cambio, existen grandes diferencias entre países. Se dibuja así un efecto «nacional», lo que destaca la dificultad de utilizar la noción de pobreza en las condiciones de vida en las comparaciones internacionales.
Anhand der vom INSEE 2006 durchgeführten Erhebung
Lebensverhältnisse und der von der Europäischen Kommission 2007 in Auftrag gegebenen Eurobarometer-Umfrage 67.1 kann analysiert werden, welches Bild sich Franzosen und Europäer von der Armut machen und welche Entbehrungen diese zur Folgt hat. Armut kann in der Tat als Opfer einer Reihe von Entbehrungen definiert werden. Man spricht dann von Armut im Hinblick auf die Lebensverhältnisse. In der französischen Erhebung wird zwar die Hälfte der vorgeschlagenen Entbehrungen von über 50 % der Befragten als inakzeptabel betrachtet; ein Konsens besteht aber lediglich bei einer geringen Zahl von Entbehrungen, was von einer restriktiven Sichtweise der Armut zeugt, die sich auf schwere Entbehrungen bei der Ernährung, die funktionalen Mängel bei der Bekleidung, die überaus schlechten Wohnverhältnisse und die Schwierigkeiten bei der Gesundheitsversorgung beschränkt. Die Entbehrungen bei nicht lebensnotwendigen Bedürfnissen scheinen weniger inakzeptabel zu sein. In Frankreich wie auch in Europa scheinen die Meinungen weit auseinander zu gehen: Hinsichtlich der akzeptablen Entbehrungen werden völlig unterschiedliche Ansichten vertreten. Die üblichen soziodemografischen Deskriptoren haben nur eine begrenzte Auswirkung auf die Anworten. Sie ermöglichen es nicht, die Gruppen von Befragten zu identifizieren, in denen ein Konsens über eine besondere Armutsnorm besteht, die sich von der allgemeinen Norm erheblich unterscheidet. Dagegen gibt es große Unterschiede zwischen den einzelnen Ländern. So zeichnet sich ein nationaler“ Effekt ab, der die Schwierigkeit verdeutlicht, den Begriff der Armut in Bezug auf die Lebensverhältnisse bei internationalen Vergleichen zu verwenden.
L’enquête Standards de vie réalisée par l’Insee en 2006 et l’Eurobaromètre 67.1 commandité en 2007 par la Commission européenne permettent d’analyser la manière dont Français et Européens se représentent la pauvreté et les privations qu’elle entraîne. La pauvreté peut en effet être définie comme le fait d’être victime d’un certain nombre de privations. On parle alors de pauvreté en conditions de vie. Si dans l’enquête française, la moitié des privations proposées sont jugées inacceptables par plus de 50 % des enquêtés, le consensus n’est net que sur un petit nombre de privations, témoignant d’une vision restrictive de la pauvreté limitée aux privations alimentaires sévères, aux manques fonctionnels relatifs à l’habillement, à la très mauvaise qualité du logement et aux difficultés à se soigner. Les items exprimant la privation de besoins non vitaux apparaissent moins souvent inacceptables. En France comme en Europe, les opinions sont très diverses: personne ne s’accorde sur le même panier de privations inacceptables. Les descripteurs sociodémographiques usuels n’ont qu’un faible impact sur les réponses. Ils ne permettent pas de déterminer des groupes d’enquêtés où règnerait un consensus sur une norme de pauvreté particulière très différente de la norme globale. En revanche, il existe de grandes différences entre pays. Un effet «national» se dessine ainsi, soulignant la difficulté d’utiliser la notion de pauvreté en conditions de vie dans les comparaisons internationales.
The 2006 INSEE Living Standards” survey and the 2007 Eurobarometer 67.1 conducted on behalf of the European Commission offer insights into how France and the other EU countries view poverty and its attendant deprivations. Indeed, poverty may be defined as the fact of suffering from various deprivations. This is known as living-conditions poverty”. Although more than 50% of respondents to the French survey regard one-half of the listed deprivations as unacceptable, clearcut consensus is found only for a small number of deprivations. This indicates a restrictive vision of poverty confined to severe lack of food and functional deprivation regarding clothing, very poor quality of housing, and difficulty in obtaining healthcare. Items expressing deprivation of non-vital needs often seem less unacceptable. In France as in the rest of Europe, opinions are highly diverse: there is no agreement on an identical basket of unacceptable deprivations. The standard socio-demographic descriptors have a weak impact on responses. They do not allow the identification of respondent groups in which consensus prevails about a specific poverty standard substantially different from the general standard. By contrast, there are wide differences between countries. We can thus discern a national” effect, which underscores the difficulty of using the concept of living-conditions poverty” in international comparisons.
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2009
Nombre de lectures 59
Langue Français

Extrait

CONDITIONS DE VIE
Qu’est-ce qu’être pauvre aujurd’hu en Eurpe ? L’analyse du cnsensus sur les prvatns Jérôme Accard et Thbaut de Sant Pl*
L’enquêteStandards de vieréalisée par l’Insee en 2006 et l’Eurobaromètre67.1 com-mandité en 2007 par la Commission européenne permettent d’analyser la manière dont Français et Européens se représentent la pauvreté et les privations qu’elle entraîne. La pauvreté peut en effet être définie comme le fait d’être victime d’un certain nombre de privations. On parle alors de pauvreté en « conditions de vie ». Si dans l’enquête française, la moitié des privations proposées sont jugées inaccepta -bles par plus de 50 % des enquêtés, le consensus n’est net que sur un petit nombre de privations, témoignant d’une vision restrictive de la pauvreté limitée aux privations ali -mentaires sévères, aux manques fonctionnels relatifs à l’habillement, à la très mauvaise qualité du logement et aux difficultés à se soigner. Les items exprimant la privation de besoins non vitaux apparaissent moins souvent inacceptables. En France comme en Europe, les opinions sont très diverses : personne ne s’accorde sur le même panier de privations inacceptables. Les descripteurs sociodémographiques usuels n’ont qu’un faible impact sur les réponses. Ils ne permettent pas de déterminer des groupes d’enquêtés où règnerait un consensus sur une norme de pauvreté particu -lière très différente de la norme globale. En revanche, il existe de grandes différences entre pays. Un effet « national » se dessine ainsi, soulignant la difficulté d’utiliser la notion de pauvreté en conditions de vie dans les comparaisons internationales.
Au moment de la rédaction de cet article, Jérôme Accardo et Thibaut de Saint Pol appartenaient à la division Conditions de vie des * ménages de l’Insee. Les auteurs remercient Daniel Verger et les deux rapporteurs anonymes dont les conseils et suggestions ont contribué à améliorer cet article.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 421, 2009
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La pauvreté est un phénomène complexe à saisir à partir de données quantitatives. Si le seuil de pauvreté monétaire est l’outil le plus classiquement utilisé, il ne traduit qu’un aspect de ce phénomène multidimensionnel (Verger, 2005). La pauvreté peut également être défi -nie plus subjectivement, en considérant comme pauvre celui qui déclare ne pas arriver à boucler ses fins de mois avec le revenu dont il dispose ou qui déclare avoir du mal à équilibrer son budget. Cet article s’intéresse à une troisième approche, complémentaire des deux précédentes : la prise en compte des privations, c’est-à-dire le fait de désirer un bien sans avoir les moyens de l’ache -ter, également appelée « pauvreté en conditions de vie ». Cette approche, consistant à recenser les pri -vations d’ordre matériel que subit le ménage, est apparue dans les années 1970 (Townsend, 1979). Considérer les privations permet de défi -nir la pauvreté les états, par opposition à par une définitionpar les moyens, la notion dont usuelle de pauvreté monétaire est l’exemple le plus évident, mais qui est aussi l’angle adopté par Sen dans ses analyses visant à dépasser la vision strictement monétaire de la pauvreté (Sen, 1987). Au-delà d’un certain nombre de priva -tions, le ménage est ditpauvre en conditions de vie. Choisir ce nombre de privations est certes une question délicate, mais au même titre que le choix du seuil de pauvreté monétaire. Cette définition de la pauvreté présente d’ailleurs des avantages par rapport à celle de la pauvreté monétaire, notamment d’un point de vue prati -que. Elle ne nécessite en effet que le décompte des privations subies par le ménage, opération statistiquement plus simple et aux résultats en principe plus robustes que la mesure des reve -nus. La mise en œuvre pratique desenquêtes sur les privations cependant une difficulté soulève majeure : la sélection préalable des privations à prendre en compte. Il est en effet impossible de passer en revue avec chaque ménage enquêté tous les biens et services qu’il est susceptible de consommer pour établir ceux dont il est privé. La détermination d’une liste des privations pertinentes est un problème difficile. Les listes qui sous-tendaient les premières mesures de la pauvreté en conditions de vie ont été élaborées par des experts, chercheurs en sciences socia -les, qui, pour justifier leurs choix, se référaient essentiellement à l’intuition commune de ce qu’était la norme dominante de consommation dans la société considérée. Cette intuition pou -vait néanmoins se fonder sur des critères objec -tifs, en particulier lecontrôle par la fréquence 
(Lollivier et Verger, 1997), selon lequel la priva -tion doit se rapporter à une pratique (liée à une consommation) diffusée dans la majorité de la population et participant donc à un « standard objectif » (Townsend, 1979). Des travaux ulté -rieurs ont poursuivi cet effort d’objectivation (Dickès, 1992). Ce dernier auteur, en particu -lier, met en avant un second critère opérationnel essentiel, celui ducontrôle par le consensusqui consiste à ne retenir que les privations considé -rées comme défavorables par une large majorité de la population. La diffusion objective des pratiques est sou -vent relativement bien connue, le thème étant depuis longtemps et régulièrement l’objet d’en -quêtes auprès des ménages (1). En revanche le degré de consensus sur le caractère défavorable d’une privation a été beaucoup moins examiné. En 2005, à notre connaissance, seules quatre « enquêtes sur le consensus » avaient été réali-sées auprès d’échantillons de grande taille (plu -sieurs milliers de personnes). La première a été effectuée en Grande-Bretagne en 1983 et visait à recueillir l’opinion d’un échantillon d’individus sur les privations qu’ils jugeaient constitutives de la pauvreté (Mack et Lansley, 1985). Cette opération a été reconduite en 1990, puis en 1999 lors du « »Poverty and Social Exclusion Survey (PSE), en Grande-Bretagne toujours. Les résul -tats de ces enquêtes ont effectivement contribué à déterminer le contenu des listes employées dans les diverses enquêtes de privation réalisées ultérieurement, en Grande-Bretagne comme ailleurs. Le principe de sélection était de retenir les items indiqués comme inacceptables par une majorité de répondants (Gordonet al., 2000 ). Enfin, en 2003, le Goskomstat russe a conduit sa propre enquête, en s’inspirant de l’approche britannique.12 En France, depuis plus d’une dizaine d’années, des enquêtes de privation (2) sont réalisées annuellement, en se fondant sur des listes de privations inspirées des enquêtes étrangères. La diffusion objective des privations retenues per -met de déterminer si elles satisfont au « contrôle par la fréquence ». En revanche, faute d’enquête spécifique, on ne disposait pas jusqu’à présent d’information précise sur le degré de consensus concernant le choix de ces privations. L’enquête
1. En France, comme dans la plupart des pays, différentes enquêtes sur la consommation, sur le logement, sur les vacan -ces, sur les biens durables, etc. fournissent ce type d’informa -tion. 2. Successivement dans le panel européen des ménages, les enquêtes permanentessur les conditions de vie et le panel Statistiques sur les Ressources et les Conditions de vie (SRCV).
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