Un exemple de sidérurgie maritime : la sidérurgie japonaise - article ; n°4 ; vol.38, pg 257-313
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Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1963 - Volume 38 - Numéro 4 - Pages 257-313
57 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Jean Bienfait
Un exemple de sidérurgie maritime : la sidérurgie japonaise
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 38 n°4, 1963. pp. 257-313.
Citer ce document / Cite this document :
Bienfait Jean. Un exemple de sidérurgie maritime : la sidérurgie japonaise. In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 38 n°4, 1963.
pp. 257-313.
doi : 10.3406/geoca.1963.1758
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1963_num_38_4_1758UN EXEMPLE DE SIDÉRURGIE MARITIME
LA SIDÉRURGIE JAPONAISE
par Jean Bienfait
Le Japon est maintenant le quatrième pays producteur d'acier. Après
avoir dépassé la sidérurgie britannique en 1961, l'industrie nipponne tend
à rejoindre celle de l'Allemagne de l'Ouest. S'il est dans la ligne tradi
tionnelle de leur économie que les Japonais soient parvenus au premier
rang pour les transistors ou les cameras, les motocyclettes ou les jouets,
voire, depuis 1956, pour la construction navale, la récente expansion de
leur sidérurgie est le plus significatif des « miracles industriels » du
Japon d'après-guerre. Avec 8 % de la production mondiale, au lieu de
3 % voici dix ans, les aciéries y connaissent un développement dont
l'ampleur et la rapidité semblent ailleurs inégalées, même en Union Sovié
tique et, sans doute, en Chine (fig. n° 1).
L'archipel, à peu près dépourvu de matières premières, dépend pour
tant trois mois sur quatre des fournitures de l'étranger. Dans des condi
tions assez comparables, Italiens et Hollandais ont édifié des sidérurgies
aussi dynamiques, mais beaucoup moins puissantes 1. Au Japon, depuis
1953, se multiplient les « usines sur l'eau », à cycle intégral, bâties sur
des terrains gagnés en fond de baie, accessibles aux grands navires miné-
raliers, appliquant les techniques les plus évoluées. Quatre « Dunker-
que » japonais ont déjà été construits, deux autres seront bientôt achevés,
et six sont en projet.
Il n'y a pas de Ruhr japonaise. Fixées sur le littoral ou dans les
« métropoles industrielles », les usines sont assez dispersées pour consti
tuer six ou sept bassins sidérurgiques, réunissant 230.000 salariés,
personnel le mieux payé et, avec les mineurs, fraction la plus
organisée du prolétariat nippon. Les « Zaibatsu », qui dominent à nou
veau l'économie", ne s'étaient lancés dans l'aventure sidérurgique que
forts de l'appui d'un gouvernement militariste et s'intéressent plutôt à
l'exploitation des mines, au commerce maritime et aux industries légères.
Mais, derrière la façade des grandes banques d'affaires, ils exercent leur
1. Quotient individuel de la production d'acier brut (année 1961) : 300 kg. au Japon
contre 180 en Italie et 170 aux Pays-Bas.
2. H. Brochier, Les groupes financiers dans le capitalisme japonais d'après guerre.
Tiers Monde. Tome III, n° 12, octobre-décembre 1962/ pp. 199-223. 258 JEAN BIENFAIT
contrôle sur une activité indispensable à leurs entreprises de transfor
mation.
Dans l'économie du Japon, la sidérurgie se place désormais au premier
plan. Ne mobilise-t-elle pas 6 % de la masse des investissements, tandis
que ses achats de matières premières représentent 1 8 % des importations
totales, valeur compensée aux deux-tiers par les expéditions d'aciers ?
La production sidérurgique nourrit d'ailleurs d'autres industries, cons
truction navale ou mécanique, dont les ventes atteignent le quart des
exportations.
Japon 25a
Années 1956 58 59 I960 61 62
Fig. 1. — Evolution comparée de la production d'acier dans les principaux
pays industriels {période 1956-1962)
Dépassant en économie de paix 3 un niveau que seul l'effort de guerre
avait permis d'atteindre entre 1934 et 1943 4, la sidérurgie japonaise, en
pleine transformation, méritait une étude dans le cadre de la géographie
économique de l'archipel. Mais, par son caractère exemplaire, au moment
où les sidérurgistes européens en se « littoralisant » 5 de Dunkerque à
Tarente se mettent à l'école du Japon, cette industrie appelle encore
d'opportunes comparaisons.
3. The Iron and Steel Industry goes ahead, symbolizing Pacifist Japan. Tokyo
Mail. Vol. I, n° 3, mars 1961, pp. 12-17.
4. Mazaffer Erselcuk, Iron and Steel Industry in Japan. Economic Geography,
avril 1947. pp. 105-129.
5. Paul Mingret, Quelques problèmes de l'Europe à travers l'exemple de Liège
et ď* s=» région. Revue de Géographie de Lyon, XXXVII, n° 1. 1962, principalement
pp. 22-33. LA SIDÉRURGIE JAPONAISE 259
I. — Les caractères traditionnels de la sidérurgie au Japon.
La sidérurgie japonaise est née de l'impulsion conjuguée de l'Etat et
des intérêts privés, au service d'un impérialisme économique et militaire.
Rareté des matières premières et longue médiocrité du marché intérieur
rendent compte des difficiles débuts d'une industrie que seule l'expan
sion de l'Empire finit par justifier, et des menaces qui, jusqu'après 1950,
ont pesé sur son avenir.
1. — Une origine « volontaire ».
Avec l'ouverture du Japon, une sidérurgie nationale devenait utile à la
défense du pays et à sa modernisation. Dès 1874, le gouvernement impér
ial crée au N-E de Hondo l'usine à fonte de Kamaishi, dont l'échec
démontre bientôt le caractère prématuré, en dépit d'une implantation
toute traditionnelle (utilisation des sources locales de minerai et de
charbon de bois) 6. Mais, la dépendance du Japon en matière d'armement
ayant entraîné l'humiliant recul du traité de Shimonoseki 7, la pression
populaire, orchestrée par les militaires, force la Diète à dégager les
crédits nécessaires à l'édification de l'usine intégrée des Aciéries Impér
iales de Yawata, achevée en 1901 8. Le capitalisme nippon, en effet, ne
semblait guère tenté par la sidérurgie.
En reprenant Kamaishi en 1887, et en y installant le premier haut
fourneau au coke, Tanaka Seikosho fait une expérience encore décevante.
L'aciérie, un temps réservée aux arsenaux 9, est plus à la portée des inté
rêts privés, surtout après l'établissement d'une protection douanière en
1899. Les Aciéries de Kobé sont fondées en 1905, tandis que Mitsui et
des firmes britanniques installent, en 1907, les Aciéries du Japon {Nippon
Seikosho) à Muroran, dans Hokkaido.
Bien que demeurent très bas les tarifs sur les entrées de fonte brute,
le succès des Aciéries Impériales entraîne le développement de la sidé
rurgie intégrée. En 1909, Mitsui se décide à construire une usine comp
lète à Muroran et, en 1912, sur la zone portuaire de Yokohama fonc
tionnent les hauts fourneaux de Tsurumi. Dans la fièvre de la première
guerre mondiale se multiplient les compagnies, six en 1915, mais 42
quatre ans plus tard. En quelques années, beaucoup sont éliminées. Les
« Zaibatsu » eux-mêmes doivent combler le déficit de leurs entreprises
6. Sadao Yamaguchi, The Locational Changes ot Iron and Steel Industry of Japan.
Proceeding of I.G.U Regional Conference in Japan. 1957. Tokyo, 1959, pp. 529-535.
7. En 1896, l'industrie nipponne n'a pu fournir que 26.000 tonnes de fonte et
1.000 d'acier.
8. Yawata portera, entre 1901 et 1919, sa capacité de production d'acier de
90.000 à 750.000 tonnes.
9. Le premier four Martin est monté, en 1890, dans l'enceinte de l'arsenal mari
time de Yokosuka. 260 JEAN BIENFAIT
sidérurgiques. En 1926, 80 % de la fonte et 65 % de l'acier proviennent
de Yawata.
Les difficultés de Mitsui, qui souhaite limiter une concurrence ruineuse
et profiter des investissements de l'Etat, ainsi que l'ingérence des mili
taires dans la politique nipponne après l'incident de Mandchourie, condui
sent à la fusion des entreprises à cycle intégral10. Dès 1932, les droits
sur les fontes d'importation sont fortement relevés tandis qu'est constitué
en 1934 le puissant ensemble des Hauts Fourneaux et Aciéries du Japon
(Nippon Seitetsu). L'Etat reçoit 80 % des actions en échange de l'apport
des aciéries de Yawata, Mitsui plus de 10 % contre les usines de Muro-
ran et Kamaishi, et Mitsubishi 3,5 %. Les

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