Une tombe princière chinoise du Ve siècle avant notre ère - article ; n°2 ; vol.130, pg 393-413

Thote Alain

Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1986 - Volume 130 - Numéro 2 - Pages 393-413
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: COMPTES-RENDUS_DES_SEANCES_DE_L-ACADEMIE_DES_INSCRIPTIONS_ET_BELLES-LETTRES
• Publié le: 01 janvier 1986
• Nombre de lectures: 36
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Monsieur Alain Thote
Une tombe princière chinoise du Ve siècle avant notre ère
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 130e année, N. 2, 1986. pp. 393-
413.
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Thote Alain. Une tombe princière chinoise du Ve siècle avant notre ère. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 130e année, N. 2, 1986. pp. 393-413.
doi : 10.3406/crai.1986.14396
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1986_num_130_2_14396COMMUNICATION
UNE TOMBE PRINCIÈRE CHINOISE DU Ve SIÈCLE
AVANT NOTRE ÈRE, PAR M. ALAIN THOTE
L'archéologie en Chine repose sur une tradition de près d'un
millénaire. Après avoir surtout favorisé les développements de l'épi-
graphie, elle s'est considérablement enrichie au cours du xxe siècle
grâce à l'introduction de méthodologies empruntées à l'Occident.
Nous ne sommes donc plus seulement tributaires des textes anciens
légués par la tradition pour connaître l'histoire et la civilisation
chinoises. Mais aussi, la confrontation des sources textuelles et des
résultats de l'archéologie s'avère extrêmement profitable à l'étude
de ce passé.
Sans les découvertes archéologiques faites à partir des années
trente dans la région de Changsha, puis dans une grande partie de la
plaine du Fleuve Bleu où s'étendait autrefois le royaume de Chu,
nous ne saurions presque rien d'une civilisation qui, aux ve et
ive siècles av. J.-C, rivalisait en splendeur avec toutes les cours
princières de la Chine du Bassin du Fleuve Jaune (voir carte p. 394).
Les quelque trois mille cinq cents tombes fouillées révèlent dans leurs
pratiques funéraires et leur mobilier tout à la fois la sinisation très
profonde des habitants de Chu et le caractère singulier de leur culture.
Notre connaissance reste cependant fragmentaire malgré l'abondance
du mobilier exhumé : peu de tombes sont antérieures à l'époque des
Royaumes Combattants (env. 481-221 av. J.-C), et rares sont les
tombes de grande taille. Aussi, la découverte dans l'ancien territoire
de Chu de deux grandes sépultures du ve siècle qui, sans être de Chu,
présentent d'évidentes relations avec sa culture n'est-elle que plus
surprenante. Il s'agit des tombes du marquis de Cai à Shouxian
(début ve s. ?) dans le Anhui et du marquis de Zeng à Leigudun dans
le Hubei1).
Découverte en 1977, la tombe n° I de Leigudun constitue un des
1. La tombe du marquis de Cai à Shouxian n'a fait l'objet d'aucun article
en langue occidentale. Sur la tombe du marquis de Zeng à Leigudun, nous di
sposons de la traduction en anglais par le Professeur Robert Thorp du rapport
préliminaire de fouilles et d'un article de synthèse du même auteur : R. L. Thorp
(trad.), « Brief excavation report of Marquis Yi Zeng at Suixian, Hubei »,
Chinese Studies in Archaeology : A Journal of Translations. Winter 1979-1980,
vol. I, n° 3, p. 3-45. — R. L. Thorp, « The Sui Xian tomb : re-thinking the fiftlu
century », Artibus Asiae, vol. XLIII, 1/2, 1981-1982, p. 67-92. '
COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 394
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Légende:
f. -f. -(--|- limites approximatives du royaume de Chu vers 350 av. J.-^J. des principautés de l'époque. des provinces actuelles (h S N A N, H U B B I, etc.).
HU(498) principauté anéantie par Chu. iSntre parenthèses, date de son annexion.
QINde Qin.
Wuhan ville moderne.
> région où de très nombreuses tombes caractéristiques de la culture de
--^---""'*\_^ Chu ont été exhumées.
Les numéros 1 h 22 (sauf le 16 et le 19) correspondent à des sites de tombes
de Chu relativement importants. Le numéro 16 désigne la tombe n°I de Leigudun,
J.e numéro 19, celle du marquis de Cai à Shouxian.
Fig. 1. — Le royaume de Chu : limites vers 350 av. J.-C,
principautés anéanties, localisation des tombes typiques de Chu. UNE TOMBE PRINCIÈRE CHINOISE 395
rares sites de l'époque des Zhou (env. 1100-221 av. J.-C.) à être
daté avec une bonne précision, 433 av. n.è. ou peu après. Le proprié
taire de la tombe, le marquis Yi de Zeng, a pu être identifié grâce
à de nombreuses inscriptions portées sur le mobilier funéraire. Mis
à part la partie supérieure de la tombe, l'ensemble s'est très bien
conservé. Le mode d'ensevelissement du défunt et des vingt et une
victimes sacrifiées est à la fois bien préservé et original. Enfin le mobil
ier funéraire, avec plus de 7 000 pièces d'une qualité souvent excel
lente apporte une contribution décisive tant sur le plan des rites
funéraires que pour la connaissance de la vie matérielle, des sciences
et des techniques de la Chine ancienne (cf. PL I à V).
Le hasard a voulu qu'une grande exposition soit consacrée au
mobilier de cette tombe au moment précis où j'arrivais à Pékin pour
un séjour d'études de deux ans à l'Université, à la section d'art et
d'archéologie de la Chine. C'était en octobre 1979 et, pour la première
fois, ces pièces étaient présentées au public. Puis, à plusieurs reprises,
il m'a été possible de les revoir, de les étudier de près et de m'entre-
tenir avec les archéologues qui ont procédé à la mise au jour de la
tombe. Malheureusement, comme le site est compris dans l'enceinte
d'un terrain militaire, il est difficilement accessible aux étrangers qui
désireraient le reconnaître.
Le rapport complet de la fouille n'ayant pas été publié, l'étude
détaillée du mobilier est encore malaisée. C'est pourquoi j'ai préféré
centrer mes recherches sur un domaine plus général et sur lequel les
données disponibles sont plus fiables : le mode de sépulture pris
dans une acception large.
Ce domaine comprend l'organisation de la tombe dans son
ensemble, le mode d'ensevelissement du défunt, les pratiques sacrif
icielles, la composition et la disposition dans la tombe du mobilier
funéraire.
A Leigudun, deux questions sont étroitement liées à ce thème de
recherche :
— celle de l'existence d'une principauté de Zeng dont le marquis
serait le chef, dans l'aire géographique correspondant au royaume de
Chu. A savoir, comment cette a pu se maintenir au cœur
des territoires conquis par Chu, quel était le statut de son chef :
vassal ou allié de Chu.
— la seconde question est celle des relations entre cultures diffé
rentes à l'époque des Zhou. La Chine se compose alors de nombreux
royaumes qui s'opposent non seulement par les luttes qu'ils mènent
constamment entre eux, mais encore par des traditions culturelles
parfois très marquées. Celui de Chu, après avoir conquis une à une
les principautés voisines (cf. carte) est devenu au ve siècle le royaume -
COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 396
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Fig. 1. — Le plafond du cercueil extérieur
et les rebords de la fosse vus de haut.
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ohaate* du nord . eharbon d* bol*
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Fig. 2. — Plan du cercueil extérieur et de la fosse;
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ebanbra funaraira obaabra du oantra
Fig. 3. — Vue en coupe de la tombe dans le sens est-ouest.
La tombe n° 1 de Leigudun : plan et coupe est-ouest.
(nota : documents établis à partir des photographies publiées dans le rapport