Fraternité Matin du 19/07/2023
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Date de parution 19 juillet 2023
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Révision de la Constitution
Députés et sénateurs ouvrent la procédureP. 4 Mercredi 19 juillet 2023 / N° 17 567 www.fratmat.info /Prix: 300 Fcfa • Cedeao : 450 Fcfa • France: 1,70 € PREMIER QUOTIDIEN IVOIRIEN D’INFORMATIONS GÉNÉRALES Dossier /Après la fermeture de la pêche Le poisson va-t-il manquerP?p. 2-3
Petroci Fatou Sanogo, parcours du nouveau Dg P. 13
Armée ivoirienne Faci,la reconquête de la fierté Pp. 20-21
2
Dossier
Mercredi 19 juillet 2023
Fermeture de la pêche dans les eaux ivoiriennes Le poisson va-t-il manquer dans les assiettes?
Conformément à la décision du gouvernement, la pêche industrielle, semi-industrielle et artisanale est er suspendue dans les eaux ivoiriennes, en particulier dans l’Océan atlantique, depuis le 1 juillet 2023. Cette mesure vise la régénération du bassin halieutique national.
u port de pêche d’Abi-djan, les activités sont au ralenti depuis une LesAsont en va armateurs -dizaine de jours. Les navires sont à quai. cances. Leurs employés s’occupent, depuis quelques jours, à réparer les filets de pêche usagés ou à nettoyer les navires pour les remettre à flot, au moment opportun. Pareil au débarcadère de Locodjro, où mareyeuses et pêcheurs artisanaux se tournent les pouces depuis quelques jours et attendent impatiemment la reprise de leurs activités. La mesure du gouvernement interdi-sant la pêche dans les eaux ivoiriennes et dans la zone économique maritime est ef-fectivement appliquée sur le terrain. Ce repos biologique, décidé en Conseil des ministres, a pris effet, depuis le 1er juil-let. Il s’étendra au 31 juillet pour la pêche artisanale et au 31 août pour la pêche se-mi-industrielle et industrielle (chalutier et sardinière). Du-rant cette période, seuls les navires thoniers ont le droit de pêcher. La pêche du thon étant régie par un moratoire international qui fixe la pé-riode de repos biologique de janvier à mars de chaque année. A part le thon, toutes les autres espèces de poissons sont concernées par cette fermeture des eaux. C’est une grande première dans l’histoire de la Côte d’Ivoire.
En attendant la reprise des activités, les pêcheurs s’attellent à réparer les embarcations.(PHOTO : JULIEN MONSAN)
Selon le colonel Kodjo Alain, ingénieur des Eaux et Fo-rêts, conseiller technique en charge des pêches du ministre des Ressources animales et halieutiques, deux groupes d’espèces de poissons sont concernés par
cette mesure. A savoir les espèces pélagiques, c’est-à-dire celles vivant en surface ou proches de la surface (les sardinelles, les chinchards, les maquereaux, les japo-nais ou caranx, les mulets,etc.) et les espèces démer-
sales qui sont les espèces vivant près des fonds. No-tamment les Sosso (bars), capitaine, soles, pageots, mérous. A l’intérieur de chaque groupe, on retrouve beaucoup d’espèces. A l’en croire, cette mesure
Objectif final : renverser la tendance ur un besoin de que cette mesure vise à importateurs dans le cadre consommation de pois-changer la donne. « Si nos de cette mesure. Nous leur son estimé à 650 000 eaux arrivent à produire avons demandé de renfor-tonnes pour la Côte davantage, le pays n’aura cer leur stock durant cette duSit annuellement que 100 Mieux, le ministère du Compoisson. Il ne s’agit donc -d’Ivoire, le pays ne pro-plus besoin d’importer du période », a-t-il assuré. 000 tonnes, soit 15% de son pas d’encourager l’impor-merce, de l’Industrie et de besoin. Le déficit est donc tation. C’est une mesure la Promotion des Pme a estimé à 550 000 tonnes. Ce qui, à terme, va changer la engagé des pourparlers gap est comblé par des pro-avec ces opérateurs afin dedonne. L’importation est déjà duits d’importation, notam-là. Nous sommes en train de parvenir à un plafonnement ment les poissons congelés. trouver les voies et moyens des prix, pour que ceux-ci Ces chiffres démontrent pour juguler progressive-ne prennent pas le prétexte que la Côte d’Ivoire est dé-ment les importations, en de cette période pour faire pendante de l’extérieur en vue de donner la priorité de la spéculation. « Il y a un matière de consommation aux acteurs nationaux. Et prix plancher pour l’importa-de poisson. Selon le colonel donc créer de la richesse », teur, un prix plancher pour le Séraphin Dédi, expert régio-soutient-il. Selon lui, les ma-grossiste et un prix plancher nal des pêches, coordonna-pour le détaillant. Le reposreyeuses n’ont pas besoin teur des points de débarque-de s’inquiéter. Elles peuvent biologique ne devrait donc ment aménagés, ces chiffres poursuivre leur activité se-pas agir sur le prix final du constituent aussi la preuve reinement, en attendant poisson », insiste-t-il. qu’en réalité, le repos biolo-D’autant plus que le minisla réouverture des eaux. -Cl Séraphin Dédi, expert des gique décidé par le gouver-tère assurait une veille per« Dans cette période, les -pêches, coordonnateur des points nement n’aura pas d’impact opératrices et mareyeuses manente sur le marché, bien de débarquement aménagés. réel sur la disponibilité du peuvent continuer à s’appro-avant l’annonce de cette me-poisson dans les assiettes. les populations n’ont pas à visionner auprès des impor-sure. C’est pourquoi il estime que s’inquiéter. Mieux, il affirme tateurs. Nous avons reçu lesC. DJÉZOU
est nécessaire et même sa-lutaire pour le pays. En effet, dira-t-il, le stock de poissons dans les eaux ivoiriennes a commencé à diminuer de façon drastique. Cela se tra-duit, selon lui, par le temps passé sur l’eau. « Les na-vires chalutiers qui passaient trois jours sur l’eau, dans les années 1990, font au-jourd’hui entre 8 et 10 jours. Les sardiniers qui faisaient 15h à 24 h, au plus, sur l’eau, passent aujourd’hui entre 48 h et 72h. Et les zones de pêche sont devenues lointaines. A cela s’ajoute la qualité des débar-quements. Ils ont baissé en volume et la taille des pois-sons a également diminué », soutient-il. De 70 000 tonnes en 2003, la production de poisson par la Côte d’Ivoire a dégringolé jusqu’à 42 000 tonnes en 2022. Soit une baisse de 38%.
Juillet-août, la meilleure période... Le choix de la période de juillet à août, pour le repos biologique, n’est pas fortuit. Selon le conseiller technique du ministre Sidi Touré, cette période est la plus appro-priée. « Présentement, nous sommes en saison froide.
C’est une période favorable. Pendant cette période, il y a une montée des eaux froides et la plupart des poissons femelles portent des œufs. 80% des reproductions dans la mer se font pendant cette période », a-t-il précisé. Il a ajouté que si cette mesure est maintenue chaque an-née, à la même période, et que tout est bien aménagé avec un renforcement des mesures, d’ici deux à trois ans, la Côte d’Ivoire pourra remonter significativement sa production en la portant à 120 000 tonnes et même à 150 000 tonnes. Contre 42 000 tonnes présentement. Selon lui, pour ces deux mois cumulés, le manque à gagner en termes de pêche est estimé à 15 000 tonnes de poissons. Mais, précise-t-il, ces 15 000 tonnes repré-sentent seulement 2,5% de la consommation nationale. En effet, note-t-il, la Côte d’Ivoire est dépendante de l’extérieur. La production na-tionale ne couvre que 18%de la consommation. Les 82% sont comblés par les importations. Il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter. Il y aura toujours du poisson dis-ponible durant cette période. Le choix d’un mois pour la
Mercredi 19 juillet 2023
Cl Kodjo Alain, Conseiller tech-nique en charge des pêches du ministre des Ressources animales et halieutiques
pêche artisanale et de deux mois pour la pêche indus-trielle et semi-industrielle s’explique par le fait que la pêche artisanale qui est es-sentiellement côtière n’a pas de véritable impact sur le fond marin. Les engins ne vont pas au fond. Contrairement aux chalutiers et aux sardiniers qui ont des moyens de dé-tection plus importants. La décision a été prise sur la base d’études scientifiques. Il a aussi précisé que pour cette phase expérimentale, seule la pêche en mer est in-terdite. On peut pêcher dans la lagune, les fleuves, les ri-vières et les lacs. Dans le même sens, le co-lonel Séraphin Dédi, expert régional des pêches, coor-donnateur des points de débarquement aménagés (débarcadères), confie que le Ghana applique cette me-sure depuis 2016. Pour lui, elle permettra, à terme, de renverser la tendance.
Le gouvernement veille Il a souligné que des me-sures sont prises pour évi-ter que la suspension de la pêche ait un impact sur le panier de la ménagère. Les importateurs ont été invités à prendre les dispositions idoines pour mieux approvi-sionner le marché. Selon le colonel Kodjo, de-puis la mise à exécution de cette mesure, des enquêtes de prix sont menées. « Nous avons informé les acteurs que nous prendrons un acte de plafonnement. Un arrêté de plafonnement sera mis, dans les prochains jours, à la disposition des acteurs par le ministère du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des Pme. Il y a environ 10 espèces ma-joritairement consommées par les ménages qui feront l’objet d’un suivi particulier », a-t-il révélé.
CASIMIR DJEZOU
Dossier 3 Ce que risquent les contrevenants tionner des acteurs. C’est u Centre de surveil-tème satellitaire qui nous pour le renouvellement des lance des pêches si-permet de cartographier stocks. Mais si des contre-tué dans la zone por-l’ensemble des activités des venants se font prendre, ils Asonnement de un à cinq ans tuaire de Treichville, navires sur toute la zone risquent une peine d’empri-on veille au grain, économique exclusive de la Côte d’Ivoire. Ainsi, depuis 24h/24, grâce à un dispositif et/ou une amende allant de notre bureau, nous avonsde surveillance moderne et 50 millions à 300 millions de une vue panoramique sur les modèle. Aucun contrevenant F Cfa », a-t-il prévenu. 200 000 km2 qui constituent ne saurait passer entre les A l’en croire, avant la mise en la zone économique exclu-mailles du filet. œuvre du repos biologique, En effet, selon Maxime Dio-sive de la Côte d’Ivoire », a-t-le système a permis d’inter-il expliqué. mandé, chef de service peller plusieurs navires. Es-et coordonnateur du pro-Selon lui, c’est un système sentiellement des bateaux très performant car il utilise jet d’amélioration du suivi nationaux qui pratiquent une les outils satellitaires. Il per-contrôle et surveillance des pêche non homologuée. Ils pêches au Centre de sur-met d’identifier tout navire qui ont été condamnés à payer pénètre dans notre zone, de veillance des pêches, le des amendes. connaître sa position réelle, système de surveillance des Cependant, depuis le dé-sa vitesse, les activités qu’il eaux ivoiriennes s’articule en but de la mise en œuvre mène. Il permet même de deux phases. La première du repos biologique, aucun s’appuie sur des technolo-faire ressortir l’historique du Maxime Diomandé, chef de service du Centre de surveillancecontrevenant n’a été enre-navire en termes de trajec-gies satellitaires et permet des pêches, coordonnateur du projet d’amélioration du suivigistré. « Nous travaillons en -de maintenir une surveil-toire. Ce qui permet de sa contrôle et surveillance des pêches.collaboration avec la Marine voir s’il s’agit d’un contreve-lance accrue des activités nationale et l’arrondissement nant ou non. « Ce système de pêche dans les eaux ivoi-système, on a pu mettrede réduire, sinon de freiner maritime de la direction gé-nous permet d’avoir l’assu-riennes. les activités illicites dans les la main sur des bateaux qui nérale des Affaires maritimes Et la seconde, c’est la pré-ont été condamnés à payerrance que nos eaux sont eaux ivoiriennes depuis son qui nous appuie dans les bien surveillées jusqu’aux lation en 2016. sence physique sur les eaux instal des amendes », a-t-il noté. Il eaux lagunaires et côtières frontières maritimes, (Côte-de la marine et autres forces Avant 2016, il y avait beau ajoute que la loi sur la pêche », a-t-il poursuivi. d’Ivoire - Ghana ou Côte coup d’activités illicites dans pour renforcer les contrôles. est très claire. « Ce n’est «Nous disposons d’un-nos eaux. Mais grâce à ced’Ivoire - Liberia). Il a permis C. DJEZOU  sys pas une mesure pour sanc-
Annan Kwessi (chef pêcheur à Vridi Cocotier):
‘‘Cette mesure est salutaire’’
Je suis d’accord avec cette mesure. Je suis Ghanéen, mais je pêche dans les eaux ivoiriennes. Actuellement, le stock de poissons ont trop diminué dans les eaux ivoi-riennes. Cette mesure est salutaire. C’est bon pour nous les pêcheurs. Elle va permettre d’augmenter le stock de poissons. Il y en aura beaucoup après cette période.
Dion Micheline (présidente de l’Union des sociétés coopératives des femmes de la pêche et assi-milées de Côte d’Ivoire):
‘‘Nous ne pouvons qu’accompagner le gouver-nement’’ Je dis merci au gouverne-ment pour cette mesure. Tout début est difficile. C’est la toute première fois, dans l’histoire de la pêche artisa-nale en Côte d’Ivoire, que nous observons un repos
Des acteurs se prononcent biologique. Mais en tant désormais vendus à 75 000. dant la Covid-19. qu’acteur, nous connaissons J’avoue que je suis inquiète, Surtout que c’est une pre-l’importance d’une telle ac-de l’activité de avec l’arrêt mière expérience. Présen-pêche. Je crains que les prix tement, je ne sais vraiment grimpent davantage. pas comment faire pour tenir durant toute cette période.Nous avons d’énormes charges. Rester sans activi-té durant un mois, c’est vrai-ment pénible. C’est ma seule source de revenus. On doit nous donner un fonds pour faire face au mois.
tion. Et nous ne pouvons qu’accompagner le gouver-nement dans cette action. Certes, c’est difficile, mais vu la réduction du stock, il fallait qu’à un moment don-né, cette décision soit prise. Nous nous inscrivons dans cette dynamique et nous ap-pelons nos collègues à être très coopérants et à soutenir le gouvernement dans cette décision.
Komenan Nicole(vendeuse de poisson à Abobodoumé):
‘‘Le prix du poisson commence à grimper sur le marché’’ Depuis qu’on a arrêté la pêche, le prix du poisson a commencé à grimper sur le marché. Que le gouver-nement veille au contrôle du prix du poisson congelé. La mesure est rigoureuse. Les cartons de poissons qui étaient vendus, il y a 5 ans, à 25 000, sont, depuis quelques mois, à 40 000 FCfa. Ceux de 35 000 sont
Gueu Patricia (marayeuse au débarcadère de Locodjro):
‘‘Il faut des mesures d’accompagnement’’
Cette décision est salutaire. Mais je pense qu’il devrait avoir des mesures d’accom-pagnement. Comme pen-
Kra Aya Marie Gisèle (Mareyeuse, transformatrice au débarcadère de Locodjro):
‘‘Je souhaite qu’on nous aide à pénétrer le marché du faux thon’’
Je suis d’accord avec cette mesure. Certes, nous en souffrons actuellement. Mais une fois cette période pas-sée, nous aurons beaucoup de poissons. Honnêtement, nous avons été prévenues, mais nous n’avons pas les moyens d’entreprendre. J’aurais souhaité des me-sures d’accompagnement pour nous. Malheureuse-ment, ce n’est pas le cas. Cela pèse sur nous, car c’est
de ce métier que nous vi-vons. Je souhaite qu’on nous aide à pénétrer le marché du faux thon. Cela agit sur notre fonds de commerce.
Bakayoko Mamadou (pêcheur): ‘‘La situation est compliquée’’
C’est une première expé-rience. Nous allons observer et en tirer les conclusions plus tard. Certes, nous avons été informés. Mais person-nellement, je n’ai pas pu prendre de dispositions. D’ailleurs, quelles disposi-tions aurais-je pu prendre ? La situation est compliquée. On va s’endetter pour sup-porter cette période. J’em-ploie plus de 40 personnes. Je suis le principal fournis-seur du débarcadère de Locodjro. Il faut les payer pendant cette période. C’est compliqué. Mais nous allons faire avec. A partir de cette expérience, on pourra mieux se préparer pour l’année prochaine.
PROPOS RECUEILLIS PAR
CASIMIR DJEZOU
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