Fraternité Matin du 20/07/2023

Fraternité Matin

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Informations

• Publié par: Frat Mat Presse
• Date de parution: 20 juillet 2023
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 5 Mo

Extrait

Développement
investisseurs
américains
Jeudi 20 juillet 2023 / N° 17 568 www.fratmat.info Prix: 300 Fcfa • Cedeao : 450 Fcfa • France: 1,70 € à Abidjan P. 432PREMIER QUOTIDIEN IVOIRIEN D’INFORMATIONS GÉNÉRALES
Vente de noix de cajou
Pourquoi ça coince
Pp. 2-3
Plusieurs tonnes bloquées
dans les magasins
Élections locales 2023
régions 4
divisent
Bédié
Pp. 6 et 7et
Révision de la Constitution Gbagbo
La ruée des Le projet adopté par les députés indépendants sur la CeiP. 5
Reportage
PHOTO : PORO DAGNOGOR eportage Jeudi 20 juillet 20232
Regard Commercialisation de la noix de cajou
Respecter Plusieurs tonnes bloquées dans les magasins
le prix
epuis plusieurs dé- et maisons des producteurscennies,
l’anacardier était vu comme
une simple plante. Nonobstant le mécanisme de « la vente groupée » à l’eff et de faire respecter le prix DQui, pour embellir
les habitations. Qui, pour fi xé par le gouvernement, des paysans peinent à écouler toute leur production.
barrer la route à la
désertif cation qui sévissait, à
cette époque, dans la partie
septentrionale de la Côte
d’Ivoire. Et puis,
graduellement, cette plante s’est
inscrite sur la liste des cultures
d’exportation ivoiriennes.
Ainsi, du Grand nord qui
était considéré comme une
zone propice à sa culture,
l’anacardier est planté
dans toutes les régions du
pays. Si au nord, les
paysans font de l’anacarde une
culture de leur
épanouissement socio-économique au
même titre que le coton et
la mangue, ailleurs, elle a
été privilégiée par rapport
au café, au cacao et au
palmier à huile. Aujourd’hui,
partout, que ce soit au
nord, au centre, à l’ouest,
au sud et à l’est du pays,
l’on voit l’extension des
verSilué Nawa, un jeune producteur d’anacarde, déplore Chargement d’un camion à Korhogo pour acheminer le produit à Abidjan, tout en espérant qu’il gers de nouvelles
exploil’absence d’acheteurs.sera accepté par les exportateurs. (PHOTOS : PORO DAGNOGO)
EMMANUEL KOUASSI afoun est une ville ter 20 ha d’anacarde. Selon montées. « Faute d’argent », duit est de bonne qualité. En coup d’argent.
de la région du Poro, lui, cette année, au début de souligne-t-il. Il ajoute ceci : « mars et avril 2023, j’ai vendu Silué Dotéhé et Silué
Yébétations d’anacarde. Grâce au Nord de la Côte la campagne, il a vendu 5 L’anacarde ne se vend plus. environ trois tonnes, à 200 F guinan ont aussi des
quanà l’anacarde, nombre de d’Ivoire, dans le dé- tonnes de noix de cajou. Et Je suis vieux. Comment Cfa le Kilogramme. J’ai en- tités importantes stockées paysans ont construit des Npartement de Korho- après, les acheteurs ne ve- avoir l’argent pour construire core trois tonnes stockées dans leurs maisons. A Na-logements décents,
achego dont elle est l’une des nant plus régulièrement, il a la maison et entretenir ma dans le magasin. Je suis à foun, tous les producteurs té de grosses motos, se
sous-préfectures. Elle est si- été obligé de vendre le reste cour ? », S’interroge-t-il, la recherche d’un acheteur d’anacarde sont dans le sont mariés à plusieurs
tuée à 17 km de Sirasso, et à de sa production en détail. la main tendue vers le ciel, qui va prendre mon pro- désarroi, à cause de la femmes, parce que cette
82 km de Korhogo. Si jadis, Surtout quand un décès pour implorer Dieu. duit à 315 F/kg. Af n que je mévente de leurs produits. culture leur rapportait gros.
C’était, pourrait-on dire, le pour parcourir ces 17 km qui frappe la famille. Son souhait Mme Soro Silutianwan est puisse faire face aux
nombon vieux temps. A cause la séparent de Sirasso, une : la mise en place d’une coo- veuve. Pour s’occuper de breuses charges liées à la A Fronan, la situation
du prix d’achat qui n’est piste, il fallait suer sang et pérative. « Quand il y a un ses enfants et petits-enfants, scolarisation de mes enfants n’est pas reluisante
plus respecté, l’intérêt que eau, aujourd’hui, ce n’est ou des décès, nous sommes elle a décidé de s’adonner à », raconte-t-il. Marié à deux
les producteurs vouaient plus le cas. Cette voie est obligés de vendre l’anacarde cette culture. Elle exploite femmes, Silué Nawa est Fronan, une sous-préfecture
à cette culture est en train praticable. Toute chose qui à n’importe quel prix : 200 F, 1,5 ha qui lui rapporte 4, 5 ou père de sept enfants dont de Katiola, chef-lieu de la ré-de disparaître peu à peu.
achève de convaincre que 150 F ou 100 F Cfa/le kg, 6 sacs d’anacarde. Ce qui deux sont admis, cette an- gion du Hambol dont elle est Si les plus courageux
s’acles paysans ne doivent pas au lieu des 315 francs f xés lui permet de se prendre en née, à l’entrée en 6e. distante de 7 km, sur le tron-crochent toujours à
l’anapeiner pour écouler leurs par le gouvernement », ren- charge. Malheureusement, Avec 10 ha, Soro Tangadinin çon routier menant à Ferkes-carde, malgré les diff
culproduits. Le seul hic, c’est chérit Soro Wahodiguénan, ses sacs ne sont pas encore a récolté 4 tonnes cette an- sédougou... et Korhogo, est tés, d’autres pensent à leur
que des quantités énormes chef de famille. Il dit avoir vendus. née. Ayant vendu la grande une localité essentiellement reconversion. Pratiquer
d’autres cultures, vivrières ne sont pas encore vendues. récolté plus de 10 tonnes Silué Nawa est un produc- partie, au détail, à des prix agricole. Outre le vivrier, on
par exemple, pour leur Il est 8 heures, lorsque nous d’anacarde, dont 9 vendues teur d’anacarde. 20 ha : c’est dérisoires, il a un stock de y cultive en grande quantité
auto-consommation. Une y arrivons, ce mercredi 28 au détail, cette année. Il la superf cie de sa plantation 700 kg. Père de 12 enfants l’anacarde. Ici, tout comme à
situation délicate. Quand juin, en provenance de Ko- a encore une tonne sous qui devrait lui procurer un dont cinq vont à l’école, Soro Nafoun, nombreux sont les
on sait que le problème de rhogo. Heureux de recevoir la main. Depuis des mois, gain substantiel. Mais hélas, Tangadinin qui envisage de producteurs d’anacarde qui
terres cultivables se pose notre équipe de reportage, il attend, désespérément, il en parle avec désolation construire une grande mai- attendent d’évacuer leurs avec acuité dans
beaule chef du village de Nafoun, un acheteur. Dans sa cour, : « On n’achète pas bien son, reconnaît que l’ana- produits. Rencontré, le mar-coup de zones productrices
Yéo Donikan, aff rme exploi- des briques attendent d’être l’anacarde. Pourtant, le pro- carde ne rapporte plus beau- di 27 juin 2023, au quartier d’anacarde.
Nangbôtôkaha, Coulibaly Ce n’est point un problème
Pégagnan Didier, président de procédés à trouver pour
du Conseil d’administration sauvegarder les noix de
cajou contre les attaques d’une coopérative d’achat de Environ 100 000 tonnes encore aux mains des paysans
d’insectes. Ce n’est pas un produits agricoles,
principaproblème de rendement, ni e directeur général aff rmé : « La campagne environ 100 000 tonnes ». Il a également aff rmé que lement l’anacarde et le maïs,
de qualité. L’Agence natio- du Conseil du co- de commercialisation de Adama Coulibaly a indi- sur cette quantité, 1 102 s’est voulu formel : « La
nale d’appui au dévelop- ton et de l’anacarde, la noix de cajou qui s’est qué qu’environ 1 150 000 000 tonnes ont été effec- campagne 2023 ne s’est pas
pement rural (Anader) a Adama Coulibaly, ouverte le 10 février der- tonnes de noix brutes de tivement déchargées dont bien déroulée. Après son
ouintensif é, il y a belle lurette, Létait, le 21 juin, face nier, avec un prix plancher cajou ont été achetées 853 000 tonnes dans les verture, nous avons fait trois l’encadrement par rapport à à la presse, à Abidjan. obligatoire de 315 F Cfa / auprès des producteurs, magasins portuaires. Le semaines et, c’est la chute la production, à la produc- Objet : communiquer sur kg aux producteurs, est depuis l’ouverture de la reste se trouve dans les des prix. Au départ, certains tivité. Si rien n’est fait pour
le bilan de la campagne presque f nie. La quanti- campagne. Soit 100 000 usines de transforma- exportateurs ont, à cause respecter le prix d’achat, au
2023 qui, selon lui, est té de produits encore aux tonnes de plus que la tion. de la concurrence, monté bout de deux à trois ans,
presque f nie. Au cours mains des producteurs quantité prévisionnelle qui l’anacarde ne pourra plus le prix. Ils achetaient à 375
E. KOUASSIde cette rencontre, il a est estimée, au 21 juin, à était de 1 050 000 tonnes. nourrir son homme.R eportageJeudi 20 juillet 2023 3
• Se départir de ces hectares
d’anacardier ?
’est peu dire que
d’affrmer que le
prix d’achat du
kilogramme de noix de Ccajou bord champ fxé
à 315 F Cfa par le
gouvernement n’est pas respecté
dans beaucoup de localités.
Des acheteurs proposent
plutôt la moitié ou moins aux
producteurs, 150 ou 100 F
Cfa. Cette situation
aura-telle un impact négatif sur
Coulibaly Pégagnan se dit inquiet quant à l’avenir de la flière. l’avenir de la flière ? Les
producteurs de la noix de
taine d’enfants, il exploite cajou seront-ils obligés de F/le kg, au lieu de 315 F/kg 15 hectares d’anacarde. Il se départir de ces hectares
fxés par le gouvernement. d’anacardier qu’ils se sont révèle que quand la
camAprès les trois semaines, je évertués à créer ? Ceux qui pagne est bonne, il réalise
le répète, on a assisté à une y pensent sont nombreux. un revenu de plus de trois
chute du prix. Aujourd’hui, il Ils se demandent pourquoi millions. Son souhait le plus Un champ d’anacarde auparavant rentable. Aujourd’hui, les producteurs ne gagnent rien.y a des acheteurs qui pro- la noix de cajou produite ardent : l’amélioration du en Côte d’Ivoire, jugée de posent 150 F ou même 100 cette culture pour faire les de transformation. A Fronan, de remboursement lourds. prix d’achat de l’anacarde. bonne qualité gustative, ne F/kg. Conséquence : il y a produits vivriers. Avec l’ana-l’on s’inquiète de l’avenir de D’autres, en revanche, ont Ouattara Crôgnion, un autre s’achète pas bien. Ils veulent encore de nombreux sacs car