Fraternité Matin n°16905 - du mercredi 28  avril 2021
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Fraternité Matin n°16905 - du mercredi 28 avril 2021 , magazine presse

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Date de parution 28 avril 2021
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Extrait

Jeux olympiques 2021
Patrick Achi engage
les athlètes
à honorer la nation Mercredi 28 avril 2021 / N° 16 905 www.fratmat.info / FratMat Mobile #129# (orangeCi) Prix: 300 Fcfa • Cedeao : 450 Fcfa • France: 1,70 € P. 18 PREMIER QUOTIDIEN IVOIRIEN D’INFORMATIONS GÉNÉRALES Fête du travail Le Premier ministre et les syndicats s’accordent sur l’organisation P. 5
Treichville - Biafra, Adjamé-Dallas, Koumassi…
Ces enfants pour qui tout a changPP.é2- 3
Les recettes du centre de resocialisation de M’Bahiakro qui ont fait baisser le phénomène des enfants en conflit avec la loi
Lutte contre la corruption
Jobst von Kirchmann (Ue) :“ La création d’un ministère est un signal politique très fort ” P. 4
pr sit
2
Re por t a ge
Mercredi 28 avril 2021
Enfants en conflit avec la loi En voici qui ont complètement changé!
Les habitants de certains quartiers d’Abidjan, qui ont souffert du phénomène des enfants qui attaquaient à la
machette dans un passé récent, jugent l’impact du Programme de resocialisation du centre de M’Bahiakro.
L’ex-pensionnaire du Centre de resocialisation B-A, apprenti-mécanicien à Koumassi...
e jeune S. S a 20 ans. Il est apprenti à l’atelier de soudure de Sana 20L21, il est en plein boulot. La Idrissa, à Koumassi. Ce mardi matin, 13 avril particularité de S. S. est qu’il est un ancien pensionnaire du Centre de resocialisation de Ouokoukro (sous-préfec-ture de M’Bahiakro). C’est donc un ex-enfant en conit avec la loi, communément appelé « enfant microbe ». Il a été placé dans cet atelier en 2017 par les agents de la Cellule de coordination, de suivi et de réinsertion (Ccsr) – c’est le cheminement nor-mal de tous les enfants pris en compte par le programme de resocialisation. S. S n’est pas avare de pa-roles. Il explique avec beau-coup de liberté son histoire : «J’ai été conïé à la Ccsr par mon grand frère, parce que j’étais parmi les enfants qui agressaient. C’est comme cela que j’ai été envoyé au Centre de resocialisation de M’BahiakroC’est là-bas ». qu’il a compris qu’il était un danger non seulement pour la population, mais aussi pour lui-même. D’où sa dé-cision de changer de com-portement. Depuis qu’il a quitté le centre en 2017, il s’est complètement éloigné de ses anciens camarades qui n’ont pas fait la resocia-lisation.« Je les évite parce que je sais qu’ils sont sur une voie dangereuse. D’ailleurs, j’ai appris que certains sont morts et que d’autres sont en
prison »,Une explique-t-il. assertion, du reste, conr-mée par l’artisan-formateur, qui le trouve même«respec-tueux et travailleur ». Les choses n’ont pas pour autant été faciles au début, reconnaît Sana Idrissa.« Il était un peu violent, même s’il n’était pas cité dans des affaires d’agression ou de vol. Il y a des jours où il ne venait pas au travail. Face à cette situation, je suis entré en contact avec ses parents et ensemble, nous l’avons sensibilisé. Il s’est alors res-saisi et s’est mis au travail »,déclare-t-il. Aujourd’hui, S. S est heu-reux d’apprendre la soudure. Il est d’autant plus heureux que quand il arrivait dans cet atelier, il ne savait rien de ce métier. Maintenant, il sait confectionner, entre autres, les portes, les grilles et les fenêtres. L’enfant de 16 ans, qui en a maintenant 20, pense désor-mais à avoir son propre ate-lier« aïn de me prendre en charge et me marier », dit-il. Toujours à Koumassi, B. A est un autre bénéciaire du Programme de resocialisa-tion. Il a 21 ans. Il apprend la mécanique auto dans le garage de Diomandé Mous-tapha Daleb depuis 2017. Il se souvient qu’avant son admission au centre de reso-cialisation, il faisait« de mau-vaises choses »avec ses ca-marades.« Nous agressions les gens »,révèle-t-il. Aujourd’hui, B. A considère
que ces vilaines choses sont un passé lointain.« Dieu merci, aujourd’hui, ça va chez moi. J’ai appris quelque chose. Et mon patron m’en-voie même seul en dépan-nage ». Son patron, Diomandé Moustapha Daleb, afrme effectivement qu’il a changé. Et qu’« il a abandonné son passé d’enfant microbe ».Depuis que le jeune homme est arrivé dans son atelier, il a remarqué qu’il n’a jamais été impliqué dans des pa-labres, encore moins dans des agressions. Il ne fré-quente pas d’autres amis en dehors des apprentis de son atelier.« Pour B. A, la reso-cialisation a été une réussite. Grâce à la Ccsr, il a été remis sur les rails », explique-t-il. M. Diomandé note que son apprenti« se débrouille bien»– il a atteint la catégo-rie 3. Mais il estime qu’il n’a pas encore le niveau qui lui permettrait de s’installer à son propre compte. Il pense qu’il devra attendre un an encore pour pouvoir voler de ses propres ailes. Pour l’heure, il bénécie du sou-tien nancier de son patron. Le jeune homme, qui se sent en conance, veut même sensibiliser ses camarades. « Je demande à mes anciens camarades et tous ceux qui sont encore dans ce phéno-mène d’en sortir. Car tout ce que nous faisons dans la vie nous rattrape à un moment ou à un autre. La vie d’agres-sion, c’est la voie pour aller
...et l’ex-pensionnaire S.S apprenti soudeur à Koumassi, suscitent l’admiration de leur entourage.(PHOTOS: DR)
en prison ou pour se faire tuer. Il vaut mieux l’abandon-ner. Il n’est pas encore tard, la Ccsr peut les resocialiser », lance-t-il. Ailleurs, notamment à Adja-mé-Dallas, Treichville-Biafra, Port-Bouët-Gonzagueville, Jean-Folly, des quartiers qui ont défrayé la chronique re-lativement au phénomène des « enfants microbes », les habitants clament que beaucoup parmi ces enfants difciles ont changé. A Adjamé-Dallas, ce sont 19 enfants qui sont passés au centre de resocialisation en 2017.« A leur retour, ils ont été accueillis comme des pèlerins du Hadj », se sou-vient l’imam Traoré Amadou Tidiane, imam principal de la mosquée Al Amine d’Adja-mé-Dallas. Il est l’une des chevilles ouvrières de l’opé-ration dans ce quartier. 17 sur les 19 continuent d’apprendre leur métier. Tan-dis que les 2 autres ont inté-gré le milieu des transports en commun. Le changement des jeunes gens est tel que« les parents nous félicitent et nous remer-cient d’avoir tiré leurs enfants de la violence. Car ils sont conscients que cela pouvait se passer autrement s’ils y restaient », soutient l’imam Traoré Amadou Tidiane. Et pourtant, ces parents avaient peur au début quand il s’est agi d’accepter de donner les enfants. Certains craignaient que leurs petits
ne reviennent plus.« Nousfaires d’agression causées les avons mis en conïance.par des enfants microbes.« Finalement, ça a marché »,Pour nous, le projet de reso-explique l’imam.cialisation a porté ses fruits à A Treichville-Biafra,Gonzagueville.« nous témoignons qu’ils ont tous Au Marché de Jean-Folly changé en bien. Ils ont aban- (Port-Bouët), les commer-donné les agressions et çantes remarquent que les les vols. Ils sont sortis de enfants qui sont revenus de la violence organisée. A la M’Bahiakro n’agressent plus. maison, ils ont aussi chan- Certains font du transport gé. Avant, il était impossible en brouette dans le mar-aux parents de les envoyer ché. Le projet qui les a en-acheter quoi que ce soit. Ils voyés à M’Bahiakro est bon. disparaissaient avec l’argent. Il a beaucoup arrangé les Aujourd’hui, ce n’est plus le femmes du marché que nous cas », soutient Diarrassou-sommes. Au nom de mon as-ba Maméry, président dessociation, je remercie le gou-jeunes du quartier.vernement »,Ka- explique A Gonzagueville, le chefmagaté Mariam, présidente central, Esso Lath Aimé, de l’association Solidarité du est heureux de ne plus être marché de Jean-Folly. réveillé de nuit pour des af-ALAKAGNI HALA Repères
RESOCIALISATION. Placé sous l’égide du Conseil natio-nal de sécurité (CNS), le programme de resocialisation des enfants en conit avec la loi a été mis en place en septembre 2016. Il est mis en opération par la Cellule de coordination, de suivi et de réinsertion (CCSR).
PARENTS.La CCSR a instauré l’Ecole des parents. C’est à travers cette initiative qu’on apprend aux parents à édu-quer leurs enfants an qu’ils ne deviennent pas ou ne tombent pas dans la violence.
GONZAGUEVILLE.habitants de ce sous-quartier de Les Port-Bouët sont soulagés du retour de la quiétude dans l’ensemble. Mais, certains déplorent tout de même « des agressions isolées » perpétrées par des enfants au Car-refour Casier.
Mercredi 28 avril 2021
Re por t a ge
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 Treichville-Biafra, Adjamé-Dallas, Koumassi, Gonzagueville... Laquiétude est revenue u secours, ils m’ont pi-de Port-Bouët. On y respire qué », « Ils m’ont bles-mieux depuis que de nom-sé », « Ils ont arrachébreux enfants appelés « en-pelAs au secours de personnesLes fréquentes guerres des mon sac… ». Ce sont làfants microbes » ont été récu-des expressions d’ap-pérés par la Ccsr. agressées par des jeunesmachettes, les agressions à délinquants très tôt le matinla machette et au couteau, qui ou dans la nuit qu’on enten-avaient lieu, même en plein dait, à Adjamé-Dallas. L’imamjour, ont quasiment disparu, de la mosquée principale deobserve-t-on du côté des ha-ce quartier, Al Amine, Traorébitants. Amadou Tidiane, qui en a sou-Le chef central de la commu-vent été témoin, en parle avecnauté Adjoukrou et de la Ce-beaucoup de gravité.deao de ce quartier, Esso Lath Il s’agit des enfants en conitAimé, se réjouit de la nouvelle avec la loi, connus sous l’ap-donne. Il constate que « de-pellation de « microbes » quipuis plus d’un an, nous avons ont fait leur apparition après laretrouvé notre quiétude d’an-crise post-électorale de 2011,tan ». Fini donc les remarques agressant à la machette et auque la gendarmerie lui faisait couteau.sur le phénomène des agres-Qui ne se souvient pas de lasions dans son quartier. terreur qu’ils ont imposée auxA Jean-Folly, un autre quartiers d’Abobo, d’Attécou-sous-quartier de la commune bé, d’Adjamé, de Yopougonde Port-Bouët, les commer-? En tout cas, l’imam TraoréL’imam principal de la mosquée Al Amine d’Adjamé-Dallas, Traoré Amadou Tidiane et dame Kamagaté Mariam,çantes applaudissent le pas-Amadou Tidiane s’en sou-sage du programme de re-présidente de l’association Solidarité du marché de Jean-Folly constatent que le programme de resocialisation a vient. «Ces enfants nous ontsocialisation des enfants en ramené la sécurité dans leur quartier respectif.(PHOTOS: DR) mené la vie dure ici. A un mo-conit avec la loi. Leur marché ment donné, il était très risquéinquiété.le calme est revenu » grâce au n’est plus le théâtre de bary, se souvient de la mauvaise Même bonheur du côté de -pour nos ïdèles de se rendreFaut-il le noter, c’est enprogramme de resocialisation Treichville-Biafra. Là-bas aus-réputation de leur secteur d’ha-garres à la machette et autres à la mosquée à partir de 4h,2016-2017 que les agents dudes enfants en conit avec si, la quiétude y règne depuis bitation. «Avant, notre quartieragressions. Une situation qui pour la prière du matin. Lesla loi que mène la Cellule de Ccsr ont pu disposer d’uneque le Programme de resocia-avait une mauvaise réputationleur était très préjudiciable. agressions étaient monnaiecoordination, de suivi et de ré-vingtaine d’enfants difcileslisation des enfants en conità cause des agressions qui yDans la mesure où nombre courante à Dallas. Après leurinsertion (Ccsr). d’Adjamé-Dallas en vue deavec la loi est passé par là. Leétaient perpétrées par ceuxde clients avaient peur de s’y forfait, ils disparaissaient duleur éducation dans le cadreC’est le mois de Ramadan. quartier est redevenu fréquen-qu’on appelle les enfants mi-rendre. « C’était compliqué côté du gros fumoir au quar-Nombre de dèles prennent dudit programme.table. Les gens qui refusaientcrobes. C’était difïcile. Il étaitpour nous. Il arrivait même, tier Rouge voisin. C’était inte-leur repas du matin à partir ded’y aller, entrent désormais, àL’imam soutient que dès leur honteux de dire que nous ha-des jours, où on fermait le mar-nable», dit-il. 4h dans les kiosques à cafédépart, la quiétude est reve-n’importe quelle heure.bitons à Biafra», explique-t-il. ché à cause de ces enfants qui Aujourd’hui, les habitants du du quartier. Et tout le mondenue immédiatement dans le Quand certains enfants à l’oriLe président des jeunes de ce -volaient tout sur leur passage quartier et lui constatent que « remarque que personne n’estquartier. quartier, Diarrassouba Mamé-gine de la désolation dans le », explique dame Kamagaté quartier ont été envoyés en Mariam, présidente de l’asso-resocialisation à M’Bahiakro, ciation Solidarité du marché et qu’au même moment, la de Jean-Folly. Aujourd’hui, ses police a accru ses efforts dans collègues vendeuses et elles Désintoxication, civisme, discipline, formation le quartier, il n’y a plus eu disent se sentir « en paix » de d’agressions liées aux « en-vendre leurs marchandises uand les enfants ar-fants microbes ». « en toute sécurité », comme rivent au centre de Idem à Gonzagueville, partout ailleurs. resocialisation de sous-quartier de la commune A. HALA Q Ouokoukro, la pre-mière chose est la phase de désintoxication aux drogues et à l’alcool. L’opération qui dure plu-Action conjuguée, police et sieurs jours est menée par des spécialistes de la Croix resocialisation bleue. Après cette étape, on passe à l’éducation des pension-ans tous les quar-Aimé qui, bien qu’accla-naires. Celle-ci consiste à tiers qui ont souffert mant le programme de re-leur inculquer la discipline, du phénomène des socialisation des enfants D le civisme et à leur donner « enfants microbes en conit avec la loi, invite une formation initiale dans » et qui connaissent à ne pas négliger l’action les métiers de leurs choix. maintenant une certaine de la police et de la gen-La discipline et la morale quiétude, les habitants sa-darmerie. Près de 1 400 enfants ont déjà suivi le programme de resocialisation. 250 autres sont l’affaire des éduca-Il faut rappeler que la poluent les responsables du -viennent d’être admis au centre de resocialisation le 24 avril 2021.(PHOTO: A. HALA) teurs spécialisés recrutés programme de resocia-lice nationale et la gendar-à cet effet. Leur rôle est de lisation de la Ccsr, mais merie nationale ont mené tiers. L’après-midi est réser de resocialisation dure en pendant quatre mois, aussi -leur réapprendre les bonnes n’oublient jamais de rele-des opérations spéciques vé aux cours de civisme, de moyenne entre 4 et 6 mois. bien en famille que sur leurs manières dans la vie de ver l’action des forces de contre le phénomène dans morale et de connaissances Après cette formation ini-lieux d’apprentissage. tous les jours. l’ordre. les années chaudes. On se générales dans des classes tiale, les pensionnaires, Faut-il le noter, les pension-Quant au civisme et aux va-A Treichville-Biafra, le pré-souvient des nombreuses à l’ombre des arbres qui dotés de caisses à ou-naires qui étaient à l’école leurs civiques, ils sont l’af-sident des jeunes, Diarras-« Opérations Épervier » couvrent de leurs feuillages tils sont placés auprès de avant leur admission au faire d’agents de l’unité de souba Maméry, clame que qui ont consisté à lancer de la vaste cour. maîtres-artisans selon leurs centre de resocialisation formation de la gendarmerie si le quartier a une nouvelle gros ratissages à travers Jusque-là, ce sont la méca-métiers, à leur sortie. retrouvent les classes pour nationale. image, c’est aussi en partie les quartiers d’Abidjan et à nique auto, l’électricité auto, Mais, après Ouokoukro, poursuivre leurs études L’emploi du temps est grâce au commissariat qui détruire les fumoirs, lieux l’électricité-bâtiment, la sou-ils ne sont pas pour au-dans leurs établissements constitué de deux parties. échange beaucoup avec la de prédilection de ces dé-dure, la maçonnerie, la me-respectifs.tant lâchés par la Cellule La première partie a lieu le population. linquants. nuiserie et la couture qui ont de coordination, de suivi et matin avec les ateliers de Quant au chef central de été enseignées. de réinsertion. Des agentsA. HALA A. H. formation pratique aux mé-Gonzagueville, Esso Lath La prise en charge au centre sont chargés de les suivre
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